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EAN : 9782226402554
290 pages
Albin Michel (27/03/2019)
4.43/5   15 notes
Résumé :
L'Intelligence des plantes a marqué un tournant dans notre façon de regarder les plantes. La révolution des plantes décrit les solutions technologiques qui existent déjà dans le monde végétal et dont nous ne pourrons plus nous passer dans le futur.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
[Livre reçu grâce à Masse critique et les éditions Albin Michel, que je remercie, car il m'a énormément intéressée].

Dans ce livre très accessible, Mancuso, père du concept de neurobiologie végétale, nous fait comprendre par des exemples clairs que les plantes ne sont pas un stade primitif de la vie mais au contraire une forme extrêmement élaborée, sophistiquée, réactive. Dépourvues d'yeux, de nez et d'oreilles, les plantes voient,sentent et entendent.
Et pourtant, elles sont pour l'homme comme une tache aveugle: elles font au mieux partie du paysage, mais restent pour nous fondamentalement non-signifiantes, et donc insignifiantes.
Grave erreur ! Les plantes, qui représentent 80% du poids global de tout ce qui vit, sont tout simplement indispensables à notre survie par leur rôle dans la transformation de l'atmosphère, dans l'alimentation des êtres vivants, les médicaments. Mais plus encore, elles représentent une forme d'intelligence parallèle qui passe aisément inaperçue.

Au sujet de l'alimentation, l'auteur, qui ne reste pas vissé sur son siège labo mais court le monde pour rencontrer d'autres chercheurs et tenter des projets innovants, suggère de résoudre la probable crise alimentaire des décennies à venir en créant des fermes marines: avec l'aide d'autres scientifiques , il a pu tester les jellyfish ("méduses"), sortes de grosses coupoles à la surface de la mer, pourvues de longs cordages en chanvre désalinisant l'eau de mer, et permettant de produire des légumes sans consommer la moindre ressource non renouvelable.

Contrairement aux animaux, qui résolvent quasiment tous leurs problèmes par le mouvement (fuir, trouver à manger, etc), les plantes doivent résoudre les mêmes problèmes sur place, ce qui nécessite en fait une organisation d'une complexité qui nous échappe totalement.
En fait, pour peu spectaculaire qu'il nous semble, il y a bien mouvement chez la plante, et sous des formes très variées :
-phototropisme (lumière)
-gravitropisme (gravité)
-oxytropisme (oxygène)
-électrotropisme (électricité)
et même le phonotropisme, à savoir une croissance régulée par une source sonore, découverte par Mancuso.
Ces mouvements sont mis en évidence de manière époustouflante par la méthode « time lapse » qui filme en accéléré.

Mancuso nous montre à quel point les plantes sont douées pour percevoir leur environnement, l'analyser, en informer toutes les parties qui les composent et réagir en conséquence. Cette perception de l'environnement s'effectue notamment par le système racinaire de la plante, "dont la masse et la longueur, susceptibles d'atteindre des chiffres difficiles à imaginer, sont souvent bien supérieures à celles de ses frondaison"."Une simple plante de blé peut atteindre un développement linéaire supérieur à vingt kilomètres, si l'on prend en compte la longueur totale de ses poils racinaires; quant à leur volume, il tiendrait dans un cube d'un centimètre et demi de côté".

Contre toute attente, les plantes sont dotées d'une mémoire efficace, similaire à celle d'autres êtres vivants, une mémoire sans cerveau mais très performante. Confrontées à certains stimuli répétés qu'elle juge finalement inoffensifs, la plante, comme un animal, n'y réagit plus.

Certaines plantes sont également capables d'en imiter d'autres avec virtuosité. La boquilla foliata est une liane qui pousse dans les forêts du Chili et qui a la capacité fabuleuse de prendre par mimétisme la forme des feuilles sur lesquelles elle se trouve. « Une seule et même plante de boquilla peut changer la forme, les dimensions et la couleur de ses propres feuilles à plusieurs reprises, en fonction de sa proximité avec tel ou tel végétal. »
Cette capacité extraordinaire confirmerait l'hypothèse selon laquelle les plantes sont pourvues d'une faculté de vision primitive, par le biais de leurs « ocelli », des cellules souvent convexes de leur épiderme.
Les plantes sont aussi capables de coopération entre elles ou avec les animaux : en contrepartie d'une défense assurée par les fourmis (y compris sur des gros prédateurs), certains acacias leur fournissent nourriture, hébergement et surtout un nectar riche en alcaloïdes créant une dépendance progressive chez les fourmis. « A la manière de trafiquants expérimentés, [les acacias] commencent par les attirer avec un nectar doux et riche en alcaloïdes ; puis, après les avoir rendues dépendantes, ils contrôlent leurs actions, par exemple en augmentant leur agressivité ou leur mobilité. Tout cela grâce au réglage de la quantité et de la qualité des substances neuroactives qui composent ledit nectar. »

L'auteur conclut son livre par un chapitre intitulé « démocraties vertes ». Les plantes sont des organisations décentralisées. Chaque racine dispose de son propre dispositif de perception et de son propre commandement autonome. Il s'agit d'une intelligence distribuée, par opposition à l'intelligence centralisée des animaux.
Les plantes sont de systèmes modulaires ,des unités répliquées, ce qui les rend bien moins fragiles que les organes uniques d'un animal. L'entomologiste Jean-Henri Fabre disait : « diviser un animal, c'est le détruire ; diviser une plante, c'est la multiplier ». Les plantes se comportent comme des colonies, à la façon des insectes sociaux, telles les abeilles, dont l'intelligence collective dépasse celle additionnée de ses membres.
Et l'auteur de conclure que la démocratie , au sens d'intelligence distribuée, est un système politique qui rejoint la sagesse immémoriale des plantes. « Les décisions prises par un nombre élevé d'individus sont presque toujours meilleures que les décisions prises en petit comité ».

Mémoire sans cerveau, vision sans yeux, locomotion sans muscles, perception ultra efficace de leur environnement, réseau d'information performant, coopération, organisation décentralisée: tout cela c'est la base même de la vie des plantes, ce qui fait donc démentir l'expression péjorative de « plante verte ».
Un livre passionnant, dont on ressort différent et songeur, car c'est troublant de percevoir à quel point les plantes sont une forme de vie intelligente. Autre que la nôtre qui les ignore.
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Merci à masse critique et babelio. Un ouvrage fascinant qui fera culpabiliser de manger de la salade. Petit pied de nez aux végans et végétariens qui se moquaient de moi quand je plaignais également les végétaux et le traitement qu'on leur infligeait.
On y apprend que les plantes peuvent voir, ressentir, et auraient une sorte de conscience et d'intelligence leur permettant de s'adapter à tout milieu et d'évoluer au gré des événements. On y apprend également les travaux qui sont faits en matière d'architecture, d'agriculture, et d'ingénierie appliquée grâce à ces êtres fantastiques dont Aristote disait que ce n'était pas parce qu'ils ne se mouvaient pas comme nous que leur importance n'était pas capitale.
Je préfère ne pas trop en dire tant il y a de jolies perles (notamment des stratégies effectuées par les plantes pour manipuler autrui) mais je vous recommande de lire cet ouvrage te les autres de son auteur. Celui-ci ayant réussi à me passionner pour la botanique si bien que ma libraire sera surprise de mes futures commandes.
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Voila un livre aussi facile a lire que passionnant si l'on est curieux de savoir comment la transposition de stratégies et techniques mises en oeuvre par le monde végétal pour survivre depuis des centaines de millions d'années pourraient donner un précieux coup de main a l'humanité afin de résoudre plein de petits problemes de toute sorte mais aussi ceux de pénurie en eau douce et aliments que provoque le bouleversement climatique. le livre décrit aussi comme l'exploration spatiale est inconcevable sans les plantes nécessaires a assurer la survie physique et mentale des voyageurs et, plus tard, des colons de l'espace.

Le dernier chapitre est particulierement fascinant car l'auteur y fait le rapprochement entre le systeme de "décision" décentralisé des plantes et, entre autres especes animales, des abeilles avec la gouvernance organisée selon la démocratie directe que l'auteur décrit de maniere convaincante comme plus efficace que celle basée sur la concentration du pouvoir entre les mains d'un petit nombre.

En lisant ce livre, on comprend que le monde végétal est non-seulement notre passé puisqu'il a précédé le mon de animal, mais aussi le présent et l'avenir puisque sans lui pas de vie possible ni sur cette planete ni sur celles ou nous irons peut-etre vivre dans le futur. Nous avons beaucoup a apprendre des plantes et commencons seulement a nous en rendre compte.
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Dans cet ouvrage, Stefano Mancuso explique l'incroyable faculté des plantes à innover, à se souvenir et à apprendre, offrant des solutions inespérées aux problèmes écologiques et technologiques contemporains.
Cet ouvrage est très intéressant mais j'ai eu du mal à fixer mon attention. J'ai trouvé que, parfois, le texte aurait pu aller plus droit au but plutôt que d'emprunter des détours qui m'ont quelques peu ennuyés. J'ai fini par lire les derniers chapitres en diagonale... Ayant adoré "La vie secrète des arbres" de Peter Wohlleben, je crois que je m'attendais à un ouvrage du même type alors que ce n'est clairement pas le cas. Il y a des éléments similaires mais l'angle d'approche et la finalité du livre sont clairement différents.
En bref : pas convaincue.
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Un sujet qui m'intriguait pourrait devenir, grâce à un neurobiologiste, une véritable passion ! Les explications et nombreux exemples que donne ce professeur m'ont abreuvée pendant 10 jours. Les questions que tout un chacun se pose à propos de la flore sont bien naïves au regard de tout ce que j'ai appris ! Plongez vous aussi dans ce puits de science pour découvrir la nature qui nous entoure et son utilité à l'homme, en toute simplicité !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En 2050, il y aura sur Terre dix milliards d'êtres humains et demi de plus qu'aujourd'hui. Beaucoup de gens s'inquiètent de cette croissance vertigineuse de la population, car ils estiment que nous ne disposerons alors plus de ressources suffisantes. Je ne partage pas leur pessimisme. Si on n'entrave en aucune façon leur liberté de créer, trois milliards et demi de têtes pensantes ne sont pas un coût mais une formidable ressource. Si on leur laisse toute latitude pour réfléchir et innover, elles seront en mesure de résoudre n'importe quel problème. Et même si cela peut sembler paradoxal, dans un avenir proche nous serons contraints de nous inspirer des plantes pour recommencer à bouger.
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Video de Stefano Mancuso (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stefano Mancuso
STEFANO MANCUSO - SENSIBILIDAD E INTELIGENCIA EN EL MUNDO VEGETAL
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