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EAN : 9782290335031
96 pages
J'ai lu (29/09/2003)
3.68/5   56 notes
Résumé :
Afin de connaître qui, de l'homme ou de la femme, fut à l'origine de l'infidélité, le prince d'un royaume imaginaire se livre à une bien curieuse expérience.
Quatre enfants, deux garçons et deux filles, sont élevés loin de toute civilisation, en des maisons séparées, de sorte qu'ils ne se sont jamais vus. 18 ans ont passé, et le rideau se lève : " On peut regarder le commerce qu'ils vont avoir ensemble comme le premier âge du monde ; les premières amours vont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La Dispute est l'une des admirables comédies sociales de Marivaux qui se présentent presque sous forme d'expériences scientifiques à scène ouverte. Il y est ici question de l'origine de l'infidélité conjugale. Est-elle chose mâle ou chose femelle ?

À main gauche, Hermiane, convaincue qu'il s'agit d'une malfaçon viscéralement masculine. À main droite, le Prince, qui, somme toute n'en disconvient pas mais considère que la chose doit être analysée plus finement.

Pour ce faire et puisque la controverse avait déjà éclaté du temps de son père, le Prince propose de mettre à exécution une expérience préparée de longue date par son défunt aïeul, qui lui était convaincue que l'inconstance était de sexe féminin.

Le vieil homme avait soigneusement fait élever trois couples de jeunes enfants, trois garçons et trois filles, tous isolément et n'ayant pour seule fenêtre sur le monde extérieur que deux domestiques noirs qui pourvoyaient à leurs besoins, tels des parents adoptifs.

Le temps est donc venu, dix-huit ans plus tard de libérer ces jeunes jouvenceaux et jouvencelles afin d'étudier leurs réactions vis-à-vis de leurs semblables du sexe opposé et d'allure si différente des domestiques qui les ont élevés jusqu'alors.

Il s'agit donc d'une mise en abîme de théâtre dans le théâtre puisque nous sommes spectateurs de la dispute entre Hermiane et le Prince, eux-mêmes spectateur des moindres faits et gestes d'Églé, Azor, Adine, Mesrin, Dina et Meslis.

Je vous laisse le loisir de découvrir les résultats de l'expérience dans cette comédie sociale en un acte, lesquels résultats dont je puis seulement vous dire qu'ils ne se révèleront exactement à la hauteur des spectateurs ni des commanditaires. Toutefois, c'est encore l'occasion pour Pierre de Marivaux d'étriller un peu plus les a priori d'où qu'ils sortent et de nous faire réfléchir sur la condition de l'humain, avec ses qualités et ses travers.

L'Île Des Esclaves prend elle aussi la forme d'une expérimentation scientifique de théâtre. Avec la verve et le mordant gracieux d'un Voltaire ou d'un Beaumarchais, Marivaux met le feu au système de l'aristocratie d'alors avec cette brûlante petite comédie sociale. Ouh ! que ça devait faire mal d'entendre ça ! Car Monsieur Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux sait très bien de quoi il parle et sait également à qui il s'adresse.

Il faut saluer ce beau courage de dire tout haut, dès 1725, à une époque où les Lumières sont encore au stade de l'étincelle, que l'aristocratie se comporte envers le peuple de la façon la plus abjecte, qu'elle est, même vis-à-vis d'elle-même, mesquine, superficielle et viciée. Rien que ça. Chapeau Monsieur de Marivaux.

Elle est petite cette comédie, un seul acte, mais elle est corrosive et l'on y sent comme un avertissement à la classe dirigeante, comme un avant-goût de révolte à la 1789.

Assez parlé ! L'histoire, quelle est-elle ? Au large de la Grèce (On éloigne un peu l'action histoire de ne pas trop s'attirer les foudres de la cour de Louis XV, mais tout le monde s'y reconnaît cependant.), un bateau transportant des personnes de qualité et leurs domestiques fait naufrage.

Or, le naufrage a lieu sur l'Île des esclaves, une île où, des années auparavant des domestiques ou des esclaves (Marivaux emploie le terme esclave pour désigner les domestiques ce qui renforce le trait) mutinés ont trouvé refuge ici bas et ont au passage trucidé leurs maîtres. Depuis lors, dès qu'un arrivage se fait sur l'île, ces compagnons démocrates de l'île (eux-mêmes ex-serviteurs) infligent une inversion des positions sociales aux naufragés.

C'est ainsi qu'Iphicrate, le maître et son serviteur Arlequin ainsi qu'Euphrosine et sa servante Cléanthis vont faire l'expérience d'une inversion des rôles sous la houlette de Trivelin, le grand ordonnateur de l'île. Ceci est bien sûr le prétexte à de nombreuses répliques comiques, mais aussi et surtout à une prise de conscience de l'iniquité avec laquelle les maîtres ont conduit leur destinée jusqu'alors, notamment envers leurs subordonnés.

Je vous laisse savourer la chute et ce qui a bien pu l'inspirer à Marivaux en cet Ancien Régime flamboyant. Il demeure une très belle comédie sociale, pleine d'allant et de sous-entendus, que j'élèverais sans honte au firmament de mes cinq étoiles s'il n'était une impression de trop grande brièveté et, comme pour La Dispute, une fin un peu trop " gentille " à mon goût. (Je ne vous en veux pas mon cher Marivaux, je sais bien que vous n'aviez pas vraiment le choix sous peine de vous faire sérieusement malmener par les gens d'en haut.)

Je vous les conseille néanmoins sans hésitation, mais tout ceci n'est que mon avis, sujet à disputes et dont il ne faut pas trop être l'esclave, c'est-à-dire, bien peu de chose, en somme.
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La dispute
Un théâtre expérimental dans un théâtre. La dispute est celle qui éclate entre le prince et Hermiane sur l'origine de l'infidélité. Aussi s'engagent-ils dans une expérimentation très osée et très controversée.

Quatre enfants dont deux garçons et deux filles sont placés chacun, dès leur naissance, dans un endroit isolé où le monde extérieur leur est totalement inaccessible. Ils ne connaissent que leur coin et une seule personne mise à leur disposition. Quand ils ont atteint 18 ans, les 4 enfants sont jetés expressément dans le monde extérieur.

Cette mise en scène est réalisée par le prince lui-même où les jeunes gens sont placés dans une architecture conçue et délimitée à cet effet, le prince et Hermiane assistent alors à la découverte du monde et même des choses en soi à travers l'impressionnante découverte du monde de ces jeunes gens....

Dans cette expérience, la problématique va au delà de l'infidélité et même sur la question qui de l'homme ou de la femme a été le premier a faire ceci ou ça. Mais là on découvre une cruauté humaine qui s'étend sur tous les aspects. Que cela m'a ramené aux enfants sauvages de Lucien Malson. On se pose des questions sur l'influence de la nature et de la culture sur l'homme. Car cette expérience au lieu de donner des réponses, elle a par contre suscité des questions qui restent bien ouvertes.

Mais est-il que ce que l'on découvre est tout sentiment ressenti par les jeunes gens se manifeste dans leur phase primaire... On assiste à la cruauté de tout acte qu'il soit dit attribué au bien ou au mal, à la morale ou l'immoralité.... si bien que, prise de cour, sans avoir le coeur d'en supporter un peu plus, Hermiane arrête net ce spectacle expérimental!
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Ayant bien apprécié mais sans plus le jeu de l'amour et du hasard, j'ai voulu découvrir une autre pièce de ce dramaturge : L'île des esclaves. Surprise : dans cette édition, j'en ai deux pour le prix d'une ! Mais ça ne m'a pas favorisé la lecture..

J'ai eu peur de m'énerver un grand coup en lisant La dispute. Un prince veut faire une expérience en séparant quatre êtres humains, deux hommes et deux femmes, du monde civilisé où ils vont être éduqués et vont évolués sans connaître l'existence d'autres hommes. L'expérience consiste à savoir lequel de l'homme ou de la femme est le plus prompt à l'infidélité.

L'histoire se révèle intéressante, mais si pas assez exploitée à mon goût. On arrive rapidement à une conclusion, et la facilité de celle-ci a failli me faire péter un plomb. Mais au final, l'auteur évite de l'écrire concrètement et ne nous exprime finalement pas vraiment de résultat. Donc, je suis un peu déçue de la rapidité de cette pièce, elle aurait gagnée à être un peu plus étoffée.

Remarque similaire pour L'île des esclaves que j'ai un peu plus appréciée. Quatre naufragés, deux maîtres et chacun leur valet, arrivent sur une île où les statuts sociaux son inversés, les maîtres deviennent alors les esclaves de leur ancien larbin. Je trouvais l'idée intéressante mais il manquait beaucoup de choses pour que la pièce me plaise.

L'auteur lance de très bonnes idées mais ne va pas au bout, ça finit par des conclusions hâtives, et on se demande alors si ça a servi à l'histoire. Il ne développe pas, passe à une chose sans vraiment avoir fini d'exprimer l'autre. Bref, pour moi ce n'est pas vraiment abouti malgré la renommée de Marivaux. Il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées pour en faire des chefs-d'oeuvre.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
CARISE : Je vous retrouve inquiète, ce me semble, qu’avez-vous ?
MESROU : Elle a même les yeux plus attendris qu’à l’ordinaire.
ÉGLÉ : C’est qu’il y a une grande nouvelle ; vous croyez que nous ne sommes que trois, je vous avertis que nous sommes quatre ; j’ai fait l’acquisition d’un objet qui me tenait la main tout à l’heure.
CARISE : Qui vous tenait la main, Églé ? Eh, que n’avez-vous appelé à votre secours ?
ÉGLÉ : Du secours contre quoi ? Contre le plaisir qu’il me faisait ? J’étais bien aise qu’il me la tînt, il me la tenait par ma permission, il la baisait tant qu’il pouvait, et ne l’aurais pas plus tôt rappelé qu’il me la baisera encore pour mon plaisir et pour le sien.
MESROU : Je sais qui c’est, je crois même l’avoir entrevu qui se retirait ; cet objet s’appelle un homme, c’est Azor, nous le connaissons.

LA DISPUTE, Scène V.
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Savez-vous quelle pièce de théâtre parle pour la première fois du consentement ? Bien avant MeeToo, très exactement 300 ans plus tôt …
« La double inconstance » de Marivaux, c'est à lire en poche dans la collection Etonnants Classiques.
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