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EAN : 9782259310994
320 pages
Plon (12/05/2022)
4.29/5   53 notes
Résumé :
Appelez-moi César est un roman initiatique. L’histoire d’une bande de garçons partis marcher en montagne au cours de l’été 1994 et qui, de conneries en jeux de pouvoir, vont glisser peu à peu dans une spirale tragique. Pour comprendre leur groupe, il faut s’y immerger, sentir son souffle de liberté, partager sa bêtise joyeuse, se laisser happer par sa mécanique cruelle.

Vingt-cinq ans après les faits, Étienne, le narrateur, exprime le besoin absolu de... >Voir plus
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Un serment si lourd à porter

Quand les gendarmes retrouvent les adolescents perdus dans la montagne, l'un d'entre eux manque à l'appel. Vingt cinq ans après le drame Étienne décide de tout raconter. Boris Marme signe un roman prenant, un suspense étouffant.

Durant l'été 1994 un groupe de onze garçons se perd en montagne, après avoir refusé de suivre leurs accompagnants. le lendemain un peloton de gendarmerie récupérera dix d'entre eux. Dans la nuit, l'un d'entre eux a glissé et n'a plus donné signe de vie. «De jeunes innocents. Un accident regrettable. Un traumatisme puissant. Des adultes irresponsables. Voilà ce que les gens ont retenu, voilà ce qu'ils ont gobé. le reste de l'histoire, le narrateur a voulu l'oublier, s'imposant des années de silence "pour tenter de vivre comme tout le monde, dans le mensonge, mais vivre quand même, devenir quelqu'un. Exister.»
Mais a quarante ans et après avoir perdu sa mère, Étienne décide de rompre le pacte et de raconter ce qui s'est vraiment passé.
Il avait été inscrit par ses parents à ce camp de vacances, mais craignait tout à la fois de quitter ses amis et son domicile et la rencontre avec tous ces jeunes qu'il ne connaissait pas. Des craintes que le voyage en TGV n'ont pas vraiment dissipées. Après avoir monté leurs tentes, le groupe se retrouve au grand complet. «Il y avait Mélodie, la seule fille, qui ne voulait pas être là. Il y avait le sympathique Clément, le cleptomane, avec son plâtre au bras pour une raison que j'ai toujours ignorée, et Bruno que je découvrais presque alors, le visage transparent pour le moment, si ce n'était son duvet de moustache. Il y avait James, dit la Taupe, avec ses petits yeux et son visage criblé de boutons qui fumait de la beuh, et Michaël, avec sa voix basse et érayée, et son caractère de con. Il y avait les jumeaux, Louis et Arnaud, qui ne disaient pas grand-chose, si sérieux, toujours prêts les premiers. Il y avait Charbel qui nous avait tous éclatés au foot en fin d'après-midi, Adama avec ses airs de grand prince, Steve qui semblait sympa mais franchement bête, et Franck, le fameux rouquin avec sa tête à faire peur et qui donnait l'impression de vous agresser quand il parlait. Il y avait Aristote que les autres appelaient la Tronche et Ganaël, le petit, le gamin, le collégien. Enfin, il y avait moi et il y avait Jessy, deux mondes, qu'un océan séparait encore et qui ne tarderaient pas à se rencontrer.»
Au fil des jours et des longues marches éprouvantes, le groupe va apprendre à se connaître. Étienne va se rapprocher de ses compagnons et vouloir partager leurs initiatives souvent stupides, quelquefois dangereuses. Entre larcins, provocations, mises au défi, il s'agit de désigner qui est vraiment César. Un petit jeu qui, on le sait, va virer au drame. Mais le groupe retrouvé au petit matin ne trahira pas le serment scellé après l'accident.
En choisissant, 25 ans plus tard, de confier à Étienne le soin de confesser ce qui s'est vraiment passé, Boris Marme dit tout à la fois la charge émotionnelle ressentie sur le coup et le traumatisme trop lourd à porter au fil des ans. Hantés par la mort et leur silence, les adolescents verront leurs vies brisées. Un roman construit comme un polar, un suspense qui va aller crescendo jusqu'au drame et qui permet à l'auteur de scotcher son lecteur dès les premières pages jusqu'à l'épilogue qui, lui aussi, réservera son lot de surprises. C'est fort, prenant, très réussi!

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Voici un roman au titre accrocheur découvert au salon « Livres en Loire » à Tours le 22 octobre 2022 et présenté par l'auteur comme un récit d'initiation et d'aventure… C'est le premier stand d'écrivains visité ce jour-là. Mes pas m'avaient conduit directement vers ces piles de livres portant un bandeau rouge « Prix Honoré de Balzac ». Avec cette mention il n'étais plus question de reculer. Échange sympathique avec Boris Marme, dédicace, espoir placé dans une histoire dont je ne sais absolument rien. La page blanche en quelque sorte, répondant à une incertitude identique de l'auteur : « J'espère que mon histoire saura vous toucher ».

Quelques semaines plus tard j'ouvre enfin le livre avec ce chapitre « Rien qu'un épilogue » qui curieusement commence le récit, plaçant le lecteur au dénouement ou plutôt son apparence, la vérité viendra bien plus tard... Étienne raconte sa version au policier juste après le drame : la bande d'adolescents, en conflit avec leurs accompagnateurs, s'est retrouvée seule à la tombée de la nuit en montagne et a voulu descendre tout droit à travers la forêt pour gagner du temps. Quand les policiers les ont retrouvés, ils n'étaient plus que dix, un des jeunes manquait à l'appel…

Vingt-cinq ans après ce mois de juillet 1994, Étienne ressent le besoin de raconter ce qui c'était réellement passé. Il nous présente les pièces du puzzle de ces trois semaines de camp itinérant en montagne aboutissant au drame.

J'ai été happé dès les premières pages par le récit. Il y a bien eu la surprise de ces accompagnateurs loin de mon univers personnel, ces Frère Michel et Frère Jean-Marc, professeurs au collège Notre-Dame-de-la-Miséricorde, épaulés par Mireille l'infirmière, ces gamins élèves du collège (NDM comme ils l'appellent), de quartiers « difficiles » du nord de Paris. Étienne détonne, lui vient de la banlieue aisée, plongé trop tôt dans le groupe, sa bêtise joyeuse, sa violence et ses enjeux de pouvoir avec un handicap terrible pour en adopter les codes et y faire sa place, se faire appeler César selon le jeu pratiqué cet été-là.

J'ai vite été pris par le rythme des phrases, collant au parlé jeune ou argumentant dans une écriture plus savante quand il le faut et l'art de distiller le mystère. Boris Marme réussit à émouvoir à chaque page, mélangeant la langue orale, l'érudition des citations latines et les références de la musique des ados à cette époque. Et cela fonctionne à merveille au fil des pages.

J'y retrouve un air de ces récits du Club des Cinq qui ont fait mon bonheur pendant l'enfance mais ici c'est du sérieux, avec une grosse dose de psychologie, de la belle littérature multipliant les thèmes – la Hollande, les premières fois en amour, le foot, la religion qui ne tend pas toujours l'autre joue, les drogues, le sida, le Front national, la guerre du Liban et j'en passe !!! J'y retrouve aussi les sensations vécues pendant les randonnées en montagne, la beauté des paysages, les longues heures de marche avant d'arriver à l'étape, les doutes face au chemin à suivre, le temps et ses caprices. J'ai vécu cette expérience de prendre le mauvais chemin et de devoir passer la nuit en montagne sous la petite tente canadienne, sans provision pour le dîner...

Tous les ados sont bien décrits et les rapports entre-eux convaincants. La mécanique du groupe est savamment examinée, expliquée, démontée. Boris Marme a vécu ces sorties en montagne mais sans le drame qui appartient à la fiction (il le dit dans les interviews…). En tant que professeur de lettres dans un lycée de la région parisienne, il a eu l'occasion d'observer ces adolescents dont il fait si bien l'étude ici.

Oui Boris Marme, votre histoire m'a touché et je vous suis particulièrement reconnaissant d'offrir aux lecteurs de telles émotions. J'aime ces rencontres sans à priori, quand la petite appréhension de départ fait place a un énorme coup de coeur.

Je souhaite vraiment que ce récit soit partagé par beaucoup de lecteurs. Je passe le relais, espérant que cette histoire saura vous toucher si vous l'achetez ou l'empruntez à la bibliothèque.
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Chronique complète avec photos et illustrations sur Bibliofeel. Lien ci-dessous.
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Quoi de plus commun, une bande de jeunes qui partent en colo ! Certes c'est un peu l'inconnu, la découverte des autres, les appréhensions vis-à-vis de ces visages parfois peu enclins à la sympathie.
Des jeunes de la banlieue, d'autres plus gâtés par la vie. Tous prêts pour vivre ce qui doit-être une belle aventure. Les voilà aux prémices d'une épopée dans les montagnes, une lente descente aux enfers.

Le récit de cette bande. L'affrontement des classes sociales.
Les uns ont grandi ensemble, les autres dans des endroits plus rassurants. Comment vont-ils réussir à s'apprivoiser ?
Cette expérience, ce lieu où l'on se mesure, cette pugnacité.
Qui aura l'audace de se surpasser afin de devenir le plus fort ?

Je m'attache à ces jeunes que ce soit les plus érudits ou les âmes blessées. Ils s'apprivoisent tant bien que mal. Chacun livre sa part d'histoire, se meut de sa première bêtise.
Bien souvent mon coeur s'étreint, Ils sont courageux ces mômes car rien ne va se dérouler comme il se doit. Ils vont être mis à rude épreuve, émotionnellement et physiquement.

J'ai aimé traverse à travers leurs yeux, leur opinion sur la société, celle qui les interroge, celle qui les éloigne des adultes.
L'auteur a une magnifique plume faite d'altruisme et ascensionnelle.
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*****

Étienne a 15 ans lorsque ses parents l'inscrivent à la colonie de la Miséricorde. Sa mère en a parlé avec la boulangère, qui lui a vanté les mérites de ces 3 semaines de randonnées, de vie au grand air, d'amitiés viriles… Étienne ne le sait pas encore, mais cette parenthèse estivale changera à jamais ce qu'il est.

Appelez-moi César est un roman sublime, un roman qui touche, qui égratigne, qui marque. C'est l'histoire prenante d'un adolescent qui s'efface, se dissout, s'éteint, après s'être révélé, éveillé et avoir déployé ses ailes.

Être un adolescent cet été 1994, trouver sa place au sein de ce groupe de garçons qui semblent déjà se connaître, s'affirmer et ne pas être isolé, c'est l'objectif d'Etienne. Aristote, Charbel, Michaël, Franck et tous les autres vont devenir son univers, ceux autour de qui tout tournent, ceux qu'ils ne faut pas décevoir. Accepter et réussir des défis idiots, dépasser ses peurs, ses doutes, se cacher derrière un masque ou afficher son vrai visage, Étienne va quitter l'enfance auprès de ces garçons.

Et puis il a Jessy… Sa prestance, son courage, cette révolte qui bouillonne en lui. Étienne voit en lui à la fois un modèle mais aussi un être fragile, qui poussent les limites, qui ne respecte aucune règle, aucun adulte. Est-ce celui qu'il faut suivre, ou celui qu'il faut combattre…

Boris Marme a une écriture si juste, si mélodieuse, si harmonieuse, qu'on est littéralement happé par l'atmosphère de son roman. On porte un regard tendre, parfois incrédule, voire horrifié, sur ces adolescents que rien arrêtent. Rapports de forces, rapports aux corps, ces garçons nous plongent dans leur univers, peuplé de virilités exacerbées et de fragilités cachées.

Qui de tous ces adolescents sera César ? le temps d'une heure, d'une nuit ou d'une vie. Tous espèrent voler cette première place. Peu auront le courage de la garder, car elle n'est pas que fierté, elle est aussi empoisonnée…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Pendant vingt-cinq ans, la mère d'Etienne n'a rien dit, elle n'a pas posé de question. Mais peu de temps avant de mourir, elle a prononcé ces mots surprenants : « Qui es-tu devenu, Étienne ? ». Elle avait compris que pendant plus de deux décennies, son fils ne lui avait pas tout dit. Il n'a pas menti, mais il a omis des détails. A quarante ans, il perçoit que les mots qu'il a gardés en lui, le silence dont il s'est entouré, l'ont empêché d'exister. S'il avait crié que César, c'était lui, il aurait été quelqu'un, mais il l'a juste murmuré. Il sent que le moment est venu de raconter cette aventure « magnifique et terrible à la fois ». Pour se libérer, pour exister, pour reprendre sa place et pour posséder le titre de César.


Juillet 1994. Toute la famille conduit Étienne à la Gare de Lyon. Il a quinze ans et sa mère l'a inscrit à une colo, organisée par la paroisse du Grandin. Si l'adolescent se réjouit de quitter, pendant trois semaines, le cocon familial et de faire du camping sauvage, dans les montagnes, il appréhende la rencontre avec les autres garçons. En effet, ils viennent tous d'une banlieue parisienne, alors que lui habite un quartier aisé : le Quersigny. Sa mère est parvenue à lui transmettre ses angoisses. Les premiers moments sont importants, il ne doit pas montrer qu'il n'appartient pas au groupe. Au départ, il calque ses attitudes sur celles des autres. Dès le premier jour, il est fasciné par le fameux Jessy, que tout le groupe attendait ; en retard, évidemment. Étienne admire sa confiance en lui, sa nonchalance, son regard ténébreux et charmeur, son tatouage et sa présence charismatique qui l'impose comme leader.


Auprès de cette jeunesse cabossée, Étienne vit des moments merveilleux de cohésion masculine et de défis en défis, il expérimente la vie : premières cigarettes, larcins, premières amours, bagarres, discussions pour refaire le monde, règles enfreintes, rébellion envers l'autorité, etc. Il s'affirme, entraîné par l'effet de groupe. Un camp banal, au premier abord, mais hélas, les ados vont toujours plus loin, pour devenir le César du groupe, pour être celui qui aura relevé le défi le plus indécent ou le plus incroyable. le prologue nous l'annonce : l'issue est tragique.


Pourtant, avant le drame, je me sentais bien auprès de ces adolescents en recherche d'identité. Leurs musiques me renvoyaient à des souvenirs, leurs interrogations sur le monde résonnaient avec mon adolescence, leurs paris idiots me rappelaient mes camarades masculins de l'époque. Je plaignais les boucs émissaires, je tremblais lorsque les bêtises étaient grandes, ma raison adulte se disputait à ma fascination adolescente. J'étais envoûtée par l'amitié virile, subjuguée par le souffle de liberté, inquiète du franchissement des limites. Ces semaines qui auraient dû être, pour Étienne, un souvenir nostalgique, celui de l'émancipation, se sont transformées en carcan.


En lisant la quatrième de couverture, je ne savais pas à quoi m'attendre avec cette lecture. La superbe chronique de LabibliothequedeReb a attisé ma curiosité et m'a donné envie de lire très vite ce magnifique roman. Je la remercie.


J'ai eu un coup de coeur pour ce roman initiatique à l'atmosphère ensorcelante. J'ai partagé les troubles d'Etienne, j'ai compris ses atermoiements d'ado qui se cherche, j'ai compati à ses gênes, j'ai été emportée par ses rires de gamin, puis j'ai été foudroyée par ce qui n'aurait jamais dû arriver sans un enchaînement tragique de circonstances.


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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Quinze jeunes adolescents qui débutent leurs vacances. Il y avait Mélodie, la seule fille, qui ne voulait pas être là. Il y avait le sympathique Clément, le cleptomane, avec son plâtre au bras pour une raison que j’ai toujours ignorée, et Bruno que je découvrais presque alors, le visage transparent pour le moment, si ce n’était son duvet de moustache. Il y avait James, dit la Taupe, avec ses petits yeux et son visage criblé de boutons qui fumait de la beuh, et Michaël, avec sa voix basse et érayée, et son caractère de con. Il y avait les jumeaux, Louis et Arnaud, qui ne disaient pas grand-chose, si sérieux, toujours prêts les premiers. Il y avait Charbel qui nous avait tous éclatés au foot en fin d’après-midi, Adama avec ses airs de grand prince, Steve qui semblait sympa mais franchement bête, et Franck, le fameux rouquin avec sa tête à faire peur et qui donnait l’impression de vous agresser quand il parlait. Il y avait Aristote que les autres appelaient la Tronche et Ganaël, le petit, le gamin, le collégien. Enfin, il y avait moi et il y avait Jessy, deux mondes, qu’un océan séparait encore et qui ne tarderaient pas à se rencontrer. p. 62
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« Jai pleuré parce que j'ai pense a mes grands-parents, me dit-il de but en blanc avant de marquer un silence. J'ai prié pour eux. Ils sont morts, il y a quelques années. Là-bas. Au Liban. C'était la guerre avant dans mon pays. Une guerre de merde ! »


Nouveau silence. Nouvelle attente pleine d'ignorance. ce nom de Liban associé à la guerre me rappelait tout juste une vague histoire d'otages et une chanson touchante des années 80, du groupe Gold, ces mots et cet air lancinant "Ville de lumière, j'ai besoin de toi".
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Une société qui n'avait plus de repères et qui voulait changer trop vite sans régler ses propres problèmes, trop de violence, trop de racisme, trop de misère, plus assez de poésie. «
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De jeunes innocents. Un accident regrettable. Un traumatisme puissant. Des adultes irresponsables. Voilà ce que les gens ont retenu, voilà ce qu'ils ont gobé. Rien qu’un épilogue fâcheux, venu clore l'histoire d’un groupe d'adolescents partis marcher en montagne au cours de l'été 1994. Le reste, tout le monde s’en foutait. Nous avons raconté ce qu’ils voulaient entendre, sans mentir. À quelques détails près. Une version officielle derrière laquelle nous nous sommes planqués durant toutes ces années, les gars de la Miséricorde et moi. Il fallait en rester là et tenter de sauver ce qu'il y avait à sauver de nos vies. Le reste de l'histoire était à oublier. C'est ce que je me suis imposé, sans relâche. Des années de silence et de renoncement à lutter contre moi-même pour tenter de vivre comme tout le monde, dans le mensonge, mais vivre quand même, devenir quelqu'un. Exister. p. 18
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Les portes du camion se rouvrirent sur un endroit glauque, près d’un torrent grondant, à l’orée d’une immense forêt de sapins, épaisse et sombre, qui grimpait le long des premières montagnes dont on ne distinguait pas même le haut de la cuisse tant la robe sale du ciel s’était effondrée bas.
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Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/boris-marme-appelez-moi-cesar-53402.html Voilà un nom à retenir, Boris Marme. Ses deux premiers romans, salués par la critique, le placent dans la catégorie des jeunes auteurs qui comptent. Par ailleurs professeur de français en lycée, Boris Marme a publié son premier titre au début de l'année 2020. Dans « Aux armes », il racontait la montée de la violence dans nos sociétés contemporaines, le déferlement des réseaux sociaux, la nécessité du bouc émissaire pour calmer les esprits. Prenant pour point de départ, un massacre dans une université américaine, Boris Marme nous ramenait à la réalité de notre actualité. Pour ce deuxième libre, « Appelez-moi César », retour en France. C'est l'été 1994. Etienne est envoyé par ses parents en colonie de vacances. L'ado quitte pour la première fois le cocon douillet et protecteur de la maison familiale dans une chic banlieue parisienne pour se retrouver avec d'autre jeunes qu'il ne connait pas dans un décor qui ressemble à l'Isère. La colo est encadrée par des religieux, dont le père Michel qui s'est donné pour mission de garder ses jeunes garçons dans le droit chemin. Certains d'entre eux sont effectivement des durs à cuire. Etienne est fasciné par leur comportement tellement éloigné de l'éducation qu'il a reçue. Pour ne pas rester à l'écart et faire bonne figure, la tentation est grande d'entrer dans leurs jeux. Mais dès les premières pages, le drame est là. Un soir de juillet, une randonnée qui tourne mal, la nuit tombe, les jeunes se perdent en montagne, un cri dans la nuit et la frayeur qui s'empare du groupe. Ils ne seront retrouvés que le lendemain matin et l'un manque à l'appel, il a chuté du haut du haut d'une falaise. Vingt-cinq ans plus tard, Etienne, le narrateur, se souvient et, retraçant par le détail les évènements et les jours qui ont précédé la tragédie, il lève le voile et cherche à se défaire de la culpabilité qui lui colle à la peau depuis toute ces années. L'écriture de Boris Marme est crue, vive et littéraire à la fois. L'intrigue est bien menée jusqu'aux toutes dernières pages et les personnages, ces jeunes garçons qui s'ouvrent à la vie, sont parfaitement dépeints, face à ces encadrants, ces adultes chargés de veiller sur eux, complètement dépassés par les évènements. La montagne joue aussi pleinement son rôle dans ce thriller qui n'en est pas un. Car c'est bien un roman sur la jeunesse et la difficile construction de soi qui est ici proposé, ce temps à la fois plein d'impatience et d'incertitude où chacun se rêve César. Roman sur la culpabilité aussi, ce sentiment qui empêche d'avancer, rappelant que la vie n'est pas un film que l'on peut rembobiner et que nous sommes maitres de nos destins. Enfin, roman empreint de nostalgie, tant les années 90 sont ici rappelées par une multitude de détails qui nous rendent cette histoire si proche de nous. Ce livre est un coup de coeur. le talent de Boris Marme est incontestable. « Appelez-moi César » est publié aux éditions Plon
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