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EAN : 9782262069889
300 pages
Perrin (14/01/2021)
4.62/5   13 notes
Résumé :
La véritable histoire du procès de Louis XVI.

Le 21 janvier 1793, à Paris, Louis XVI est guillotiné publiquement. L’événement est considérable par sa radicalité. Henri III et Henri IV avaient été assassinés ; Louis XVI est exécuté au terme d’un jugement rendu au nom de la nation et de la République. La Révolution est victorieuse. Elle s’était réalisée peu à peu depuis 1789, quand le roi avait dû réunir les États généraux. D’affrontements en crises, e... >Voir plus
Que lire après L'exécution du roi : 21 janvier 1793Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un essai historique très intéressant.

En 9 chapitres, Jean-Clément Martin, innove sur la chute de la Monarchie :
1- le roi guillotiné
2- le roi contesté 1770-1791
3- La chute de la Monarchie juin-août 1792
4- le roi pris en otage août-novembre 1792
5- le citoyen Capet novembre 1792
6- Sept Cents hommes en colère 1er-4 décembre 1792
7- Les formes de la justice 4-15 décembre 1792
8- La Convention déchirée 15 décembre 1792-4 janvier 1793
9- La République révolutionnée 5-28 janvier 1793

Après un premier temps décrivant la journée du 21 janvier 1793, ce livre retrace les évolutions et les grands évènements de 1790 à 1793 ; il casse les idées préconçues à toutes les légendes : Baptême républicain, divisions entre les courants dans l'Assemblée (appelées plus tard "Montagnards" et "Girondins"), les discours, les votes…
Monsieur Martin classe 6 courants dans l'Assemblée :
- Les Légalistes
- Les Progressistes
- Les Républicains
- Les Hésitants
- Les Intransigeants
- Les Tyrannicides.

Cet historien nous rappelle, après un travail très sérieux, tous les discours, les positions et l'avenir de ces députés, et pas seulement les plus connus.
Il répond à Charles-Éloi Vial, qui dans son livre sur la famille royale au Temple prétendait que les députés avaient été atteints par une malédiction qui entrainait leur mort (ce que j'avais déjà signalé dans ma chronique de cet ouvrage !) ; beaucoup de conventionnels survécurent et firent une carrière sous le Directoire et l'Empire. L'auteur mentionne, même sommairement, les destinées de nombreux députés dont la diversité interdit des classifications binaires.
Ces hommes étaient moins attachés à la République qu'à l'Etat, considéré comme garant de la société révolutionnaire. Pour assurer les institutions nouvelles, ils ont combattu tous ceux qui pouvaient les affaiblir : contre-révolutionnaires ou ultra-révolutionnaires. Ce qui entraine ultérieurement l'exécution de la sans-culotterie, avec Hébert, et après les "Indulgents" avec Danton, le coup d'Etat du 9 Thermidor mais explique aussi leur carrière politique sous le l'Empire où par exemple, le député Cochon des Deux-Sèvres devient ministre de la Police qui réprimera la Conjuration des Egaux en 1796.
Tout ne s'explique par l'affrontement de deux principes : révolution et contre-révolution. Mais fût plutôt le résultat de jeux et rivalités politiciennes.

Le 21 janvier 1793 marque un changement d'époque, il est la résultante, en partie involontaire, de tous les rapports de force qui traversaient la France à ce moment précis. L'exécution du roi consacre assurément la faillite de la légitimité traditionnelle, mais celle-ci était déjà mise à mal depuis des décennies.


Un travail d'historien très sérieux, innovateur
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21 Janvier 1793, dès le petit matin, Paris est paralysé par des milliers d'hommes en armes : canons, gardes nationaux, gendarmerie à cheval, hommes des sections, l'ampleur du dispositif est à la hauteur de l'évènement, Louis XVI est conduit de la prison du Temple à la place de la Révolution pour y être exécuté. La veille dans un dernier vote rejetant le sursis, la Convention en a ainsi décidé au nom de la Nation. Jean Clément Martin se livre ici à une analyse exhaustive des mois qui ont précédé, pour nous faire comprendre, au-delà de son aspect symbolique, le sens de l'exécution du roi pour le cours de la révolution. Il démontre que les débats qui ont entouré le jugement du roi au sein de la convention, sont le reflet des divisions politiques et ce 21 janvier, les partisans de la poursuite de la dynamique révolutionnaire l'ont emporté. Ils ont ainsi scellé la mise au ban de la France régicide dans une Europe monarchique, la guerre ne s'achèvera qu'en 1815. Il faudra un Bonaparte pour transformer les acquis révolutionnaires, consolidation pour certains, suppression pour d'autres, la voie du tumultueux 19ème siècle est ouverte, la commémoration cette année, de la Commune de Paris de 1871, s'en fait l'écho.
L'exécution du roi, est ainsi l'épilogue du 10 aout 1792 qui vit la chute de la monarchie dans la prise violente des Tuileries. Bien au-delà de la culpabilité du roi, qui n'a eu de cesse de manifester son hostilité à la révolution, la période qui s'ouvre alors, jusqu'au 21 janvier 1793, est toute entière dominée par les heurts et les contradictions d'une vie politique bouillonnante dans la diversité de ses acteurs : hommes de la convention, des clubs, de la commune de Paris, peuple des sans culottes envahissant les tribunes de l'Assemblée sans se priver d'y faire pression. Pas de partis politiques avec programme et statuts mais des opinions qui s'expriment avec force, avec un enjeu majeur qui divise Girondins et Montagnards, la place et le rôle du petit peuple, qui fait peur, qui a ses propres colères, ses propres priorités. Ce maelstrom politique impose ainsi son rythme dans un contexte ouvertement violent qui s'affirmera crescendo après l'exécution du roi.
Jean-Clément Martin livre ici une réflexion remarquable sur les ressorts politiques de la révolution, pendant la courte période déterminante à partir du 10 aout 1792, qui mène à la sentence de mort et à son exécution. Il en démonte, la logique et l'engrenage. Pour y parvenir il analyse avec précision les débats à la Convention à travers les discours écrits ou prononcés des conventionnels, c'est le portrait saisissant d'une démocratie en gestation. Cette démocratie a toutes les qualités de sa jeunesse, dans l'éclat de la réflexion et l'engagement, elle en a aussi tous les défauts dans l'absence d'institutions, dans l'inconnu de cette république nouvelle, enveloppe vide que les rapports de force vont achever de remplir et qui se mettra entre parenthèse pour garantir la victoire militaire et la révolution en marche.
Un livre passionnant.
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Dans ce livre remarquable Jean-Clément Martin (Jcm) poursuit son travail sur la révolution française.

La lecture n'en est pas toujours aisée tant Jcm ne s'autorise, ni ne nous autorise, aucune facilité.
Il se refuse à sacrifier la complexité des situations et des personnes à une vérité trop simple ou tellement partielle qu'elle constituerait un contre sens.
Il accepte que des mystères subsistent qui pourraient ne jamais être élucidés puisque nous ne connaîtrons jamais les motivations profondes qui, au-delà des déclarations, ont présidé aux décisions prises.
Cela ne doit pas conduire à renoncer à étudier et vouloir comprendre.
L'essentiel est de rester honnête dans ses investigations et analyses.

La Révolution qui nous a fait entrer dans la modernité n'a pas été l'acte Fondateur, ni le moment Sublime que certains veulent voir.
On doit en rabattre sur sa grandeur mais on peut considérer que la grandeur de l'homme moderne est précisément sa capacité d'être sans illusions et sans faux fuyants.

Il ne s‘agit pas dans ce nouveau livre d'établir une fresque générale mais plutôt d'étudier au plus près et à la loupe le déroulé des événements qui ont conduit le roi Louis XVI des Tuileries au Temple et du Temple à l'échafaud.

Pour ce travail l‘auteur retourne aux sources de l'information : discours, déclarations, comptes-rendus d'audiences, articles de presse, pamphlets, correspondances, mémoires, minutes de procès, etc...

Rien n'est simple ni univoque.
Les positions des uns et des autres changent dans le temps compte tenu des événements : Saint-Just contre la peine de mort en 91, pour, fin 93, après la fuite du roi et les journées d'août 92. Robespierre d'abord monarchiste dubitatif quant à l'intérêt d'une république, puis républicain infatigable. le même pour l'appel au peuple en 91, contre en 93.

Mais Jcm ne s'intéresse pas qu'aux figures connues et reconnues. Les témoignages de petits députés de province, d'acteurs réguliers ou occasionnels sont passés au crible.

L'objectif n'est pas de trouver LA vérité, ni d'apporter LA preuve mais d'essayer de comprendre comment les opinions se forment, évoluent puis se transforment jusqu'à se métamorphoser en opinions contraires.

Il s'agit aussi pour Jcm de faire oeuvre d'historien et de tordre le coup aux vérités trop vite admises, de démonter des visions partielles et partiales érigées en dogmes ou de dénoncer des partis pris idéologiques derrière de prétendues démonstrations objectives.

Jcm se penche sur les faits historiques comme sur des faits d'actualité. Cela donne de la consistance aux personnes, à leur état d'esprit ainsi que du contexte de l'époque.

On est plongé au coeur de la politique qui s'invente. Les manoeuvres politiciennes bien-sûr (il y en eut beaucoup) mais aussi la grande politique, celle qui définit des choix de société, dicte des valeurs morales et dessine une vision du monde.

Jcm veut sortir du couple Girondins/Montagnards qui lui semble trop réducteur en 92 face au foisonnement des idées.
Sur la base des prises de position de chacun il définit une typologie de 6 caractères révolutionnaires.

Il veut nous faire comprendre que ces caractères ne sont pas figés ; que les événements de 92 n'étaient pas inscrits dans ceux de 89 ou de 91 ; que ce ne sont pas les mêmes acteurs (pas tant les personnes que les catégories sociales) qui font prévaloir leur vision en 93 et en 91, les majorités se nouant et de dénouant au gré des rapports de force et des alliances.

Faut-il poursuivre la révolution ou la stopper pour assoir la république sur des bases solides ? République représentative ou république populaire ?
Et que faire du roi ? peut-il être jugé ? Doit-il l'être ? Et par quel tribunal ? Pour quelle sentence ?
Aucune de ces questions n'a été traitée à la légère par les révolutionnaires.

À partir du moment où la décision de juger le roi a été prise, les radicaux comme les modérés ont eu conscience que l'enjeu était important, qu'ils étaient tenus à un devoir d'exemplarité et que les formes devaient être respectées. Ce qui n'a pas empêché les débats d'être houleux et très violents ; c'est l'extraordinaire habileté de Barère qui a permis de trouver les compromis indispensables pour avancer, sauvant ainsi la Convention de l'explosion qui la menaçait.

Parmi toutes les sentences envisagées c'est celle des partisans de son exécution sans condition qui a fini par l'emporter, d'une très courte majorité.
Cette issue n'était pas la seule possible.
Mais c'est celle qui est apparue comme la plus à même de sortir le pays de la crise sociale et institutionnelle où il s'enlisait.
Il s'agissait de satisfaire d'une certaine manière les exigences des formations populaires (Commune, sections...) mais d'empêcher qu'elles prennent le pouvoir pour que l'assemblée garde la direction de la nation.

À lire Jcm on comprend que la révolution ne s'est pas déroulée selon un schéma établi à l'avance par de grandes têtes pensantes (même si elle n'en a pas manqué), ni n'a été une machine qui aurait échappé au contrôle d'apprentis sorciers.

Notre Révolution n'est définitivement plus un bloc.
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Quelle est la place de l'exécution du roi Louis XVI dans l'histoire de la Révolution française et de la République ?
Simple péripétie ? Evènement fondateur ?
C'est à ces questions que répond Jean-Clément Martin avec maestria.
La construction très pointue de son ouvrage nous propose une analyse complète de l'évènement et de toutes ses implications.

L'auteur ne manque pas de mentionner les grands traits biographiques de tous les acteurs, républicains ou monarchistes.

Les luttes politiques entre républicains ont été intenses, mortelles et le sort du roi sera un problème à travers lequel s'annonce les futures exécutions capitales de beaucoup de révolutionnaires : les Girondins avec Brissot à leur tête, les exagérés avec Hébert, les modérés avec Danton et les robespierristes après le 9 Thermidor.

La manipulation politique est omniprésente notamment en ce qui concerne les journées révolutionnaires : 10 aôut 1792, 21 juin 1793...

La province est souvent ulcérée que ce soit Paris qui dirige le mouvent révolutionnaire.

Avec l'exécution d'Hébert et de plusieurs des membres de la Commune insurrectionnelle de Paris (qui était en lutte constante avec le pouvoir de la Convention) et la chute de Robespierre en Thermidor, la Convention thermidorienne, puis le Directoire donnent un cours bourgeois à la Révolution.

Jean-Clément Martin a écrit là un ouvrage majeur.
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livre remarquable de précisions historiques puisées aux meilleures sources qui donne de ses journées révolutionnaires une image d'une très grande réalité. J'ai particulièrement apprécié le déroulé de la journée du 10 août qui démontre à quel point la barbarie, la soif de violence et « l'anarchie » ont dominé. L'action du peuple parisien déchaîné, les rivalités de la Convention et de la Commune ajoutées à l'action des fédérés ressortent bien. Enfin l'épilogue est une excellente analyse.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La disparition du roi accorde certainement la souveraineté au peuple, mais sans laisser d'espace vacant entre peuple et Assemblée. C'est cette dernière qui, immédiatement, accapare et incarne la légitimité du pouvoir.
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JEAN-CLÉMENT MARTIN / L'EXECUTION DU ROI / LA P'TITE LIBRAIRIE
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