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Philippe Bouquet (Traducteur)Björn Larsson (Traducteur)Ylva Lindberg (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Samuel Autexier (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782748900286
152 pages
Agone (20/09/2004)
4.2/5   10 notes
Résumé :

Près de Daisi je vais quêter l'ultime consolation, c'est la dernière femme à savoir parler la belle langue de Dorisburg et moi le dernier homme à comprendre ce que Daisi gazouille dans l'argot de Dorisburg : " Viens m'bercer loyde et fancie, lance-t-elle, go daurme en vancie et rame guérie en dondelle, mon déide est gandeur, j'suis vlamme et gondelle, et vepte en taris, clande en delde et yondelle. " Et moi qui sais que ... >Voir plus
Que lire après Aniara : Une odyssée de l'espaceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De passage éclair dans ma librairie préférée, pressée par le temps je me suis dirigée vers mon rayon favori, j'ai alors eu la chance de découvrir un texte d'un auteur qui suscite toute mon admiration. En quelques instants, fébrile et les mains tremblantes en feuilletant ce titre que je ne connaissais pas, lisant quelques bribes des Chants composant le récit, une vague d'émotion m'a submergée! Déjà partie très loin, j'entends alors l'annonce de la fermeture imminente des portes. Et là tout a basculé, je me suis retrouvée dans une autre dimension, le monde d'Aniara s'est ouvert à moi.

Après de nombreux conflits et une succession de catastrophes nucléaires, la Terre, « le pays de Dor », blessée et empoisonnée, est mise en quarantaine. Des vaisseaux spatiaux, « les goldondes » sont affrétées afin d'accueillir les survivants pour un voyage vers la planète Mars. Mais à bord d'Aniara, l'espoir de découvrir une terre d'asile tourne court. En effet, lors du vol vers la constellation de la Lyre, la collision avec une météorite dévie sa trajectoire et condamne Aniara à un voyage éternel hors du système solaire.

Enfermé dans la « goldonde » Aniara, le narrateur, un « matelot de l'espace », mémoire de ce voyage inter-galactique, nous sert le récit de cette dérive sans fin dans l'océan cosmique où une nuit éternelle et glaciale ne laisse plus de place à la lumière et, plonge les passagers dans leurs rêves, rêves de vie, rêves d'amour pour échapper à cette errance spatiale et infini.
Un monde clos où huit mille personnes tentent de résister à l'effondrement psychologique. Une micro-société sous-tension vivant au gré des visions de la Mima, une divinité technologique artificielle vénérée par toute la communauté, la seule à pouvoir délivrer les reflets d'un paradis terrestre perdu.

Un texte aux accents homériques qui dévoile l'immense talent de Harry Martinson, cent trois chants pour évoquer la condition humaine à travers une réflexion métaphysique . J'ai été subjuguée.
Beaucoup d'ingéniosité, de créativité dans cette écriture. Une oeuvre visionnaire où tout le génie de Martinson, autodidacte, « écrivain prolétarien » et Prix Nobel de littérature, mais aussi grand admirateur de A. E.Van Vogt et Ray Bradbury, s'exprime et témoigne de son intérêt pour les sciences et les techniques. Une oeuvre originale à laquelle je n'ai pu résister et je ne peux que vous conseiller de participer à ce dernier voyage de l'humanité en plongeant dans l'univers d'Aniara.
Aniara : Une odyssée de l'espace, de Harry Martinson , un titre explicite qui tient ses promesses mais va bien au-delà car le lecteur, aidé par le langage poétique et de toute beauté, s'élève dans des hauteurs infinies en découvrant ce mélange d'épopée et de science fiction.
Aniara publié en 1956 en pleine Guerre Froide, a été adaptée dès 1959 par le compositeur Karl-Birger Blamdahl et plus récemment en 2019 par les réalisateurs Pella Kagerman et Hugo Lilja, leur film a été présenté au Festival International du Film Fantastique de Gerardmer.

Conte écologique, dystopie, poème épique, roman d'anticipation Aniara une odyssée de l'espace est tout cela à la fois.
Une lecture étonnante et presque envoûtante entre désespérance et clairvoyance.
Déroutant, captivant et surprenant.
Un choc littéraire

Je remercie les Editions Agone pour la réédition de cette oeuvre transposée du suédois par Philippe Bouquet et Björn Larsson incluant une préface de Harry Martinson et une postface d'Ylva Lindberg et Samuel Autexier, « Un hymne à la vie sur Terre ».
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En 1956, le poème épique, en 150 pages, d'un vaisseau spatial avec 8 000 humains à bord, fonçant par accident, durant vingt ans, vers sa perte inévitable dans l'espace. Un objet littéraire extraordinaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/07/18/note-de-lecture-aniara-harry-martinson/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma première rencontre avec ma Doris rayonne
d’une lumière capable d’embellir la lumière même.
Mais la simple vérité est que ma première
et tout aussi simple rencontre avec ma Doris
est désormais une image que chacun peut voir
chaque jour devant lui dans toutes les halles
par où transitent les fugitifs vers l’aire de départ
pour les vols d’urgence vers le globe-toundra
en ces années où la Terre est si mal en point que,
pour cause de rayonnement toxique, il lui est accordé
une période de repos solitaire, une quarantaine.

Elle remplit les cartes, cinq petits ongles luisent,
ampoules opalines, dans la pénombre de la salle.
Elle dit : écrivez votre nom sur cette ligne
éclairée par la lueur de ma blondeur.

Elle dit : conservez toujours sur vous
cette carte et, dans l’éventualité où
un péril de la nature mentionnée à la page
deux cent huit frapperait la Terre et le temps,
venez ici et notez à cet endroit, scrupuleusement,
ce que vous pouvez avoir sur le cœur.
Il convient de préciser ici sur quelle partie de Mars,
toundra est ou ouest, vous désirez arriver.
Il est stipulé que chacun doit emporter
dans un récipient de la terre non contaminée.
Au moins trois pieds cubes par tête de passager
seront par mes soins notés et mis sous scellés.

Elle m’observe avec le mépris dont la beauté
peut aisément se parer lorsque, autour d’elle, elle voit
les gens monter et descendre les escaliers de l’aire de départ
en forme de béquilles vrillées tels des paragraphes.
Vers une issue de secours donnant sur d’autres mondes
elle les regarde s’éloigner en flots sans cesse croissants.

Le grand ridicule attaché au fait de vivre
est parfaitement clair aux yeux de tous ceux qui,
année après année, tentèrent d’atteindre une fente
laissant pénétrer un rien de la lueur de l’espoir
en cette halle où les émigrants numérotés
se lèvent d’un bond chaque fois qu’ils entendent
vrombir la sirène d’une fusée spatiale.
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« Près de Daisi je vais quêter l’ultime consolation, c’est la dernière femme à savoir parler la belle langue de Dorisburg et moi le dernier homme à comprendre ce que Daisi gazouille dans l’argot de Dorisburg: "Viens m’bercer loyde et fancie, lance-t-elle, go daurme en vancie et rame guene en dondelle, mon deide est gandeur, j’suis vlamme et gondelle, et vepte en taris, clande en delde et yondelle." Et moi qui sais que Dorisburg a été anéantie pour toujours, je laisse Daisi être celle qu’elle est. Il ne sert à rien de rompre le charme que seule Daisi a perpétué sans s’en soucier, au point que, tordue de lubricité et d’insouciance, sur sa couche, après la danse, elle ne se doute pas que depuis quelques heures elle est la veuve de la cité de Dorisburg. Et moi qui fuis la halle de la Mima, je supplie ses bras salvateurs de m’accueillir, je demande à pénétrer dans un sexe velu où la glaciale certitude de la mort n’existe plus. Dans les halles de Mima la vie s’attarde encore, les vallées de Doris vivent dans le ventre de Daisi lorsque, l’un dans l’autre, sans froid ni embarras, nous oublions les espaces qui cernent Aniara.»
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Dans les vastes salles de réunion de l’arrière,
un membre du Commandement s’adresse à la foule.
Il la prie de ne pas désespérer et de voir son destin
à la lumière limpide de la science. Il dit
que ce n’est pas la première fois que cela se produit.
Voici soixante ans, une grande goldonde
avec quatorze mille âmes à bord alla se perdre,
suite à une panne, dans la direction d’Orion.
Elle plongea, à vitesse sans cesse accélérée,
vers Jupiter et dans ses déserts fut avalée,
enterrée dans la lourde enveloppe de l’astre géant,
dans le funeste matelas d’hydrogène congelé
qui cuirasse cette diabolique étoile
d’une couche de gel et d’hélium de près de dix mille kilomètres.
Les choses auraient pu être aussi graves ici.
Mais nous avons de la chance. Nous n’avons heurté
nulle planète ni aucun de ses satellites.
À la place, l’espace s’ouvre devant nous
pour un périple d’une vie entière vers une fin
qui devait survenir, un jour, et qui surviendra.
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La goldonde Aniara se ferme, la sirène donne le signal
de sortie des champs selon la routine éprouvée
et le gyrospineur commence à piloter le vaisseau
vers le haut, en direction du zénith de la lumière,
où les magnétrines neutralisant la force des champs
indiquent position zéro et la translation intervient.
Et, telle une chrysalide géante dépourvue de poids,
Aniara s’éloigne de la Terre en tournoyant
sans la moindre vibration ni perturbation.
Opération de routine, dépourvue d’aventure,
simple translation du champ gyromatique.
Qui aurait pu se douter qu’un voyage si banal
était voué à se muer en une expédition spatiale
nous séparant à jamais du Soleil et de la Terre,
de Mars et de Vénus ainsi que de Doris et de son val ?
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