De passage éclair dans ma librairie préférée, pressée par le temps je me suis dirigée vers mon rayon favori, j'ai alors eu la chance de découvrir un texte d'un auteur qui suscite toute mon admiration. En quelques instants, fébrile et les mains tremblantes en feuilletant ce titre que je ne connaissais pas, lisant quelques bribes des Chants composant le récit, une vague d'émotion m'a submergée! Déjà partie très loin, j'entends alors l'annonce de la fermeture imminente des portes. Et là tout a basculé, je me suis retrouvée dans une autre dimension, le monde d'Aniara s'est ouvert à moi.
Après de nombreux conflits et une succession de catastrophes nucléaires, la Terre, « le pays de Dor », blessée et empoisonnée, est mise en quarantaine. Des vaisseaux spatiaux, « les goldondes » sont affrétées afin d'accueillir les survivants pour un voyage vers la planète Mars. Mais à bord d'Aniara, l'espoir de découvrir une terre d'asile tourne court. En effet, lors du vol vers la constellation de la Lyre, la collision avec une météorite dévie sa trajectoire et condamne Aniara à un voyage éternel hors du système solaire.
Enfermé dans la « goldonde » Aniara, le narrateur, un « matelot de l'espace », mémoire de ce voyage inter-galactique, nous sert le récit de cette dérive sans fin dans l'océan cosmique où une nuit éternelle et glaciale ne laisse plus de place à la lumière et, plonge les passagers dans leurs rêves, rêves de vie, rêves d'amour pour échapper à cette errance spatiale et infini.
Un monde clos où huit mille personnes tentent de résister à l'effondrement psychologique. Une micro-société sous-tension vivant au gré des visions de la Mima, une divinité technologique artificielle vénérée par toute la communauté, la seule à pouvoir délivrer les reflets d'un paradis terrestre perdu.
Un texte aux accents homériques qui dévoile l'immense talent de
Harry Martinson, cent trois chants pour évoquer la condition humaine à travers une réflexion métaphysique . J'ai été subjuguée.
Beaucoup d'ingéniosité, de créativité dans cette écriture. Une oeuvre visionnaire où tout le génie de
Martinson, autodidacte, « écrivain prolétarien » et
Prix Nobel de littérature, mais aussi grand admirateur de
A. E.Van Vogt et
Ray Bradbury, s'exprime et témoigne de son intérêt pour les sciences et les techniques. Une oeuvre originale à laquelle je n'ai pu résister et je ne peux que vous conseiller de participer à ce dernier voyage de l'humanité en plongeant dans l'univers d'Aniara.
Aniara : Une odyssée de l'espace, de
Harry Martinson , un titre explicite qui tient ses promesses mais va bien au-delà car le lecteur, aidé par le langage poétique et de toute beauté, s'élève dans des hauteurs infinies en découvrant ce mélange d'épopée et de science fiction.
Aniara publié en 1956 en pleine Guerre Froide, a été adaptée dès 1959 par le compositeur Karl-Birger Blamdahl et plus récemment en 2019 par les réalisateurs Pella Kagerman et Hugo Lilja, leur film a été présenté au Festival International du Film Fantastique de Gerardmer.
Conte écologique, dystopie, poème épique, roman d'anticipation
Aniara une odyssée de l'espace est tout cela à la fois.
Une lecture étonnante et presque envoûtante entre désespérance et clairvoyance.
Déroutant, captivant et surprenant.
Un choc littéraire
Je remercie les Editions Agone pour la réédition de cette oeuvre transposée du suédois par Philippe Bouquet et
Björn Larsson incluant une préface de
Harry Martinson et une postface d'
Ylva Lindberg et
Samuel Autexier, « Un hymne à la vie sur Terre ».