Puisqu'elle déteste son prénom, je respecte en la présentant comme une pré-ado de onze ans, vive et douée pour voir clair dans les manquements et lâchetés des adultes, déjà désabusée.
Ses parents sont divorcés.
La mère est en haut, au ciel. Pas morte, mais question présence, ce n'est guère mieux : elle est pilote de ligne et passionnée par son boulot.
Le père est chercheur, un scientifique qui plane au moins autant que la mère, différemment. Fraîchement amoureux, il s'est entiché à la fois de sa nouvelle compagne et du petit lopin de terre qu'ils cultivent ensemble en plein Paris.
Donc la jeune fille est souvent 'libre', ça pourrait faire rêver. Mais elle est encore beaucoup trop jeune pour vivre de cette façon, aussi seule, et apprécier.
Quand, un mardi soir - ce moment maudit de la semaine pour elle -, elle se retrouve 'exfermée' de l'appartement, en pyjama sur le palier, elle panique. Pas question d'appeler un serrurier, ça coûte très cher, et elle a cru comprendre que ses parents ont divorcé à cause de ça. La seule solution : aller demander de l'aide aux voisins. Lesquels ? Elle ne les connaît qu'à travers les déchets qui passent par le vide-ordures de la cuisine : un alcoolique (les bouteilles bon marché), une famille (les couches)...
Roman tendre, émouvant et amusant sur l'amitié entre générations, avec une petite enquête sur fond de poubelles - évidemment crades et puantes.
Nos deux détectives d'un jour sont bien sympathiques, la jeune fille pétille d'intelligence et l'histoire finit joliment.
Commenter  J’apprécie         342
Je ne retiens jamais les préconisations d'âge pour les collections et évidemment pour ce roman-ci, paru dans la collection Neuf, je m'interroge : l'héroïne (elle ne veut pas nous révéler son prénom jusque très tard dans le roman la coquinette) a 11 ans mais je l'ai lu exactement comme s'il s'adressait à mon âge à moi (vénérable), donc à vous de voir. On la suit tandis qu'elle se retrouve coincée hors de chez elle en pyjama, avec personne vers qui se tourner. de là, elle nous raconte sa drôle de vie… Drôle, tendre, actuel, il se dévore en en un rien de temps et si son épilogue ne règle rien (on espère une suite, voire une série ?….), il est choupi tout de même. Beaucoup aimé.
Commenter  J’apprécie         90
Ce court roman a été une très bonne surprise !
La couverture ne me donnait pas follement envie (trop triste, trop terne) mais le sujet des voisins pouvait être sympa. La 4e de couverture a achevé de me convaincre, je suis repartie avec.
Dès les premières pages, j'ai su que ça allait le faire. Je me suis très aisément identifiée au personnage principal et ai été conquise par son humour.
Cependant, j'ai quelques doutes sur le public... J'ai adoré en tant qu'adulte mais m'aurait-il autant plu enfant ? Cet humour parlera-t-il aux enfants ?
Pour moi, il y a un petit décalage entre le ton et la présentation physique du livre. Au niveau du contenu (le ton, l'humour, les thèmes abordés) ça fait plus 6e (ou CM2 éveillé) mais d'aspect, il fait plus roman pour 8-9 ans. Ce n'est que mon impression. Maintenant, je vais le tester sur les petits lecteurs de la bib !
Commenter  J’apprécie         20
[ voisin du dessus ]
« Et je peux faire quelque chose pour toi ? Tes parents ne sont pas là ? »
Ah, ils ne savaient donc pas, au-dessus, pour le divorce ? Ça ne s'entend pas, un divorce ? Des hurlements quotidiens remplacés par un grand silence ?
(p. 23)
« Papa s’est amouraché de la femme avec qui il partage un « jardin potager », c’est-à-dire un petit morceau de terrain vague derrière son immeuble, où la mairie a installé trois ruches et un épouvantail. Maman s’est amourachée de la compagnie aérienne qui l’emploie et avec laquelle elle passe de plus en plus de temps. On peut, sans trop risquer de se tromper, déduire de tout cela que papa et maman n’habitent plus dans le même immeuble. Cela fait deux ans maintenant. Moi, je ne me suis amourachée de personne. Je veux dire, ça m’est déjà arrivé, deux fois, mais de tout ce qu’on entend dans cet horrible mot, c’est plutôt « arraché » qui est resté, et pas « amour ». Alors papa semble nager dans le bonheur et maman dans les nuages. »
Et les sites de rencontres, c'est ma grande angoisse, pour maman. Avec son travail hyper prenant, j'ai peur qu'elle ne finisse par s'inscrire sur ce genre de trucs. Fini la tranquillité qui va avec la solitude. Les imbéciles vont défiler, des types moches et idiots qui ont mis sur le site des photos d'eux prises il y a vingt ans quand ils n'avaient pas encore trois enfants, elle va finir par en choisir un qui la fera rire avec des blagues nulles (parce que, avec tout son travail, elle perd son sens du discernement et de l'humour), et il viendra habiter ici avec ses trois enfants. J'ai déjà Fleur dans le paysage, on va pas rajouter un solide chêne et sa famille de petits glands.
Le choix du dauphin aurait dû m'alerter : cet animal, qui passe pour inoffensif et que tous les enfants veulent sauver de la cruauté des zoos et autres Marineland, tue pour le plaisir, pratique l'infanticide, le viol, et consomme même des drogues sous forme de neurotoxines qu'il recherche dans certains poissons. Je sais tout cela parce que c'est le travail de papa. Enfin, pas de consommer des drogues, mais la recherche scientifique.
Découvrez Marchands de sable d'Agnès Mathieu-Daudé sur WebTvCulture