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Brice Matthieussent (Traducteur)
EAN : 9782267019919
679 pages
Christian Bourgois Editeur (21/08/2008)
3.5/5   30 notes
Résumé :
Du jour de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy en 1963, au début des années quatre-vint, Arbre de fumée accompagne les (més)aventures de Skip Sands, un jeune agent de la CIA engagé dans des opérations contre le Viet Cong. Croisant les parcours d’une demi-douzaine de personnages pris dans la guerre, Denis Johnson plonge le lecteur au plus noir du conflit et de l’espionnage. Il parvient ainsi à rendre compte de l’influence à la fois dramatique et hallucinatoire de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voici un livre d'une force exceptionnelle. Ambitieux par sa forme, dense par la multiplicité des angles sous lesquelles le phénomène de la guerre est abordé et riche par les thèmes qui y sont abordés, Arbre de fumée ne comporte pourtant pas d'intrigue. En lieu et place, on suit la destinée d'une demi douzaine de personnages propulsés, à différents niveaux, dans le déroulement des opérations américaines dans le Sud Est asiatique au cours des années 60.

On suivra surtout William ‘Skip' Sands, jeune Américain idéaliste qui souhaite devenir agent de la CIA au Vietnam pour stopper la progression du communisme dans cette partie du globe. Placé sous les ordres de son oncle Francis, personnage plus grand que nature et chef d'antenne de la CIA à Manille, Skip aura pour tâche de tenir à jour les données d'un mystérieux fichier sous couvert d'étudier les contes et légendes du Vietnam. Sur le temps que lui laisse sa mission, il entreprend une relation érotique avec Kathy, une missionnaire laïque canadienne dont il tombe plus ou moins amoureux, traduit Antonin Artaud et lit Cioran. Surtout, il débat avec son oncle et son entourage d'une opération de désinformation visant les autorités du Nord Vietnam.

Pour faire pendant, à ce groupe de comploteurs, dirait-on, Denis Johnson crée deux inoubliables personnages de paumés : Bill Houston (déjà présent dans son recueil de nouvelles Jesus' Son) et son jeune frère James. Tous deux engagés dans la guerre pour échapper à l'ennui d'une vie sans issu, ces personnages sont, comme la plupart de ceux qui peuplent Arbre de fumée, emblématiques d'une Amérique qui perd peu à peu ses repères. Autour de ces deux groupes de protagonistes gravitent un certain nombre de personnages secondaires dont deux Vietnamiens, collaborateurs des Américains, une travailleuse humanitaire torturée dans sa foi et une nuée de représentants d'agences de renseignements américaines présents sur le terrain.

Ce compte rendu trop sommaire ne rend pas justice à la richesse du texte d'Arbre de fumée. Surtout pas à la profonde humanité avec laquelle Denis Johnson rend compte de ces destinées égarées dans le labyrinthe d'une guerre qui finira par les engloutir. de ce récit des innocences perdues, on retiendra également le génie du détail dont l'auteur fait preuve dans la restitution du cadre de cette guerre. En raison de ses quelques longueurs, obscurités et partis pris littéraires discutables, il serait abusif de parler ici de chef d'oeuvre, mais Arbre de fumée est a coup sûr, une oeuvre majeure.
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Superbe roman sur la guerre du Vietnam à travers le regard d'une demi-douzaine de jeunes soldats américains à peine sortis de l'adolescence. Magnifique fresque sur l'histoire de l'Amérique et sur l'état du monde de 1963 à 1980.
On apprend des choses sur la guerre du Vietnam, on s'attache à des personnages souvent paumés, sans attaches (orphelins, sans travail ni copine fixe) et qui malgré la peur au ventre préfèrent parfois l'enfer là-bas que l'enfer de l'ennui et le sentiment d'inutilité chez eux.
Denis Johnson excelle autant dans les dialogues (entre militaires la plupart du temps) que dans les descriptions et les sentiments que peut ressentir un jeune type des années 60 catapulté dans un pays qui lui est totalement étranger et où le danger est partout (l'ennemi peut se cacher derrière une petite femme à vélo). Enfin, les sensations physiques (chaleur insupportable, moustiques, maladies, blessures, etc.) et les états d'âme (éblouissement devant la beauté d'un coucher de soleil, réaction inappropriée d'un jeune soldat à l'annonce de la mort de sa mère, etc.) sont extrêmement bien rendues, ce qui implique le lecteur et l'embarque tout au long de ce pavé de 679 pages, sans jamais le laisser sur le bord de la route.
Le style de Johnson - sec et abrupte, avec un lyrisme pas trop appuyé qui affleure dans certains passages à la manière d'un Conrad soft - rend la lecture très fluide et facile.
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ARBRE DE FUMÉE de DENIS JOHNSON
1963, Kennedy vient d'être abattu à Dallas, c'est le début de cette histoire qui s'achèvera 20 ans plus tard en 1983. Roman polyphonique, ce sont des adolescents que l'on va suivre dans cette Amérique qui s'interroge. C'est surtout Skip Sands, anticommuniste qui rêve d'intégrer la CIA, que l'on va observer, quitter son environnement d'enfance dans lequel il s'ennuie et rejoindre le Vietnam. Puis suivront 2 frères bien paumés, Bill et James, en route pour l'Asie du Sud Est, le Vietnam bien sûr mais aussi les Philippines et la Malaisie. Il y a encore Jimmy, qui sombre dans une sorte de folie puis des Vietnamiens qui essayent de tirer leur épingle de ce bourbier, et puis il y a et au sommet de cette histoire le Colonel Sands, oncle de Skip, grand manitou dans le secteur du renseignement et qui semble un électron de plus en plus libre. Son grand projet, c'est Arbre de Fumée qui vise à désinformer les Nord Vietnamiens. Projet insaisissable auquel il est le seul à comprendre ce qu'il veut faire. Tous les protagonistes de ce projet, tous ces adolescents perdus vont se croiser, souffrir dans des conditions souvent pénibles auxquelles rien ne les a préparés. le Colonel continue de tracer son chemin, de plus en plus isolé, faisant classer à son neveu Skip des multitudes de fiches sous couvert d'une enquête sur les mythes locaux.
Livre labyrinthe, livre dense, presque 800 pages d'un style impeccable et original, livre difficile à comprendre tant ce projet Arbre de fumée est « fumeux » mais qui explore brillamment cette période si trouble de l'histoire des États Unis dans sa guerre au Vietnam et ses implications.
Denis Johnson est américain né en 1949, il a passé son enfance entre l' Allemagne, les Philippines et le Japon. Il a écrit une quinzaine de romans et il a reçu le National Book Award 2007 pour ce roman.
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Attiré par les critiques élogieuses, je me suis plongé dans ce gros livre de 900 pages avec beaucoup d'illusions. On parlait à son propos de Cimino, de Coppola. J'ai fait l'effort d'aller jusqu'au bout mais j'avoue que bien des fois j'ai été découragé par le manque d'intérêt de cette histoire. On suit durant plusieurs années l'itinéraire de jeunes soldats plongés dans la guerre du Vietnam qui traînent leur ennui parmi les ruines et la violence. Nous aussi on s'ennuie ferme. Difficile de s'y retrouver dans ces dialogues interminables sur des sujets banals. Les personnages, les lieux, les dates sont flous et ne suscitent aucune empathie. On est bien loin du chef d'oeuvre de Bao Ninh sur le même sujet le chagrin de la guerre.
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Je me suis laissé prendre par la quatrième de couverture de l'édition poche (10/18) et du National Book Award qui a récompensé cet ouvrage. résultat très déçu. Rien compris !
Pas du tout pris par l"histoire, les personnages... beaucoup de mal à accorcher au roman. Certainement à relire plus tard peut-être.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le matelot Houston marcha
jusqu'au singe, posa le fusil à côté de lui et souleva l'animal entre ses
mains, tenant ses fesses dans l'une, sa tête dans l'autre. D'abord fasciné,
puis horrifié, il s'aperçut que le singe pleurait. Sa respiration
était hachée de sanglots, des larmes coulaient de ses yeux à chaque
battement de paupières. Il regardait çà et là, apparemment guère plus
intéressé par cet homme que par tout ce qu'il pouvait voir autour de
lui. « Hé », dit Houston, mais le singe ne parut pas l'entendre.
Alors qu'il le tenait dans ses mains, le coeur du singe s'arrêta.
Houston secoua son menu fardeau en sachant très bien que c'était
inutile. Il eut le sentiment que tout était de sa faute et, parce que
personne ne pouvait le voir, il se laissa aller à pleurer comme un
enfant. Il avait dix-huit ans.
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Le matelot Houston s'obligea à avancer de quelques pas et, à une
distance de trois ou quatre mètres seulement, il constata que la fourrure
du singe était très brillante, qu'elle paraissait teinte au henné
parmi les ombres et en blond dans la lumière, tandis que les feuilles
remuaient doucement au-dessus de lui. L'animal regardait à gauche
et à droite, sa respiration était haletante et profonde, à chaque inspiration
son ventre se gonflait énormément, comme un ballon. La
balle l'avait touché assez bas, elle était ressortie par l'abdomen.
Le matelot Houston sentit son propre ventre se déchirer. « Seigneur
Dieu ! » cria-t-il au singe, comme si cette exclamation avait pu
améliorer l'état à la fois déplorable et gênant de l'animal blessé. Il crut que sa tête allait exploser, si le soleil presque au zénith continuait
d'embraser la jungle autour de lui, si les mouettes continuaient
de crier, si le singe continuait d'examiner les alentours avec attention,
en remuant la tête et ses yeux noirs de gauche et de droite, tel
un témoin qui aurait suivi le déroulement d'une espèce de conversation,
d'une sorte de débat ou de combat que la jungle – cette matinée
– cet instant précis – menait.
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La nuit précédente à trois heures du matin le président Kennedy
avait été assassiné. Le matelot Houston et les deux autres recrues dormaient
tandis que les premiers reportages faisaient le tour du monde.
Il y avait sur l'île un petit boui-boui ouvert toute la nuit, un club
déglingué doté de gros ventilateurs à pales fixés au plafond, d'un seul
bar et d'un flipper ; les deux marines qui tenaient ce club étaient
venus les réveiller pour leur apprendre ce qui était arrivé au président.
Les deux marines restèrent assis avec les trois matelots sur les
bat-flanc de la cabane en préfabriqué destinée aux simples soldats de
passage, à regarder le climatiseur fuir dans une boîte de café et à
boire des bières. Toute la nuit, la radio des forces armées, installée à
Subic Bay, continua de diffuser des bulletins d'information sur ce
meurtre incompréhensible.
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Au bout d'un moment l'homme sortit, il avait environ quarantecinq
ans, les cheveux coupés en brosse, une serviette blanche coincée
sous la bedaine, une cigarette entre les incisives, et il resta là, bien
campé sur ses jambes, retenant d'une main la serviette contre sa hanche, regardant un objet proche mais invisible, en oscillant d'avant
en arrière. Sans doute un officier. Il prit la cigarette entre le pouce et
l'index, tira une bouffée, puis laissa une brume lui entourer le visage.
« Encore une mission accomplie. »
La porte du bungalow voisin s'ouvrit et une Philippine, nue, la
main plaquée sur l'entrejambe, lança :
« Il aime pas le faire.
— Hé, Lucky ! » cria l'officier.
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Arbre de fumée – (pilier de fumée, pilier de feu) la « lumière guide » d’un but sincère pour la fonction du renseignement – refaire de la collecte des informations la principale fonction des opérations de renseignement, plutôt que de fournir des justifications à la politique. Car si nous ne le faisons pas, la prochaine étape permettra aux bureaucrates blasés, cyniques, carriéristes, assoiffés de pouvoir, d’utiliser le renseignement pour influencer la politique. L’étape ultime consiste à créer des fictions et à les servir à nos politiciens afin de contrôler la direction du gouvernement. ET PUIS – "Arbre de fumée" - remarque la similarité avec le nuage en forme de champignon.HAH ! (p.375)
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Video de Denis Johnson (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Denis Johnson
Un libraire de Mollat présente Personne Bouge, de Denis Johnson
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