Une odeur de crayon fraîchement taillé que l'on ne retrouve que dans le Laf
ite- Rothschild et le Mouton-Rothschild, me dit “
Bacchus et moi”, tiens, tiens ! Je venais justement de relire le premier des 44 mangas “Des gouttes de Dieu” en regardant la série, alors ce livre venait à point nommé.
Bien sûr,
Jay McInerney convoque des vins exceptionnels, un peu bling-bling, que je n'ai et n'aurai pas l'occasion de goûter.
Mes dégustations mémorables se limitent à un Léoville-Las-Cases 1985 et un Château Haut-Brion 1988 pour les Bordeaux.
Pourtant je ne me souvenais pas qu'un “Haut Brion bien mûr sent la boîte à cigares Montéchristo, une truffe noire et une brique chauffée à blanc posée en équilibre sur une vieille selle.”
Il fallait bien un Américain pour nous parler ainsi, de manière un peu iconoclaste, des vins !
L'auteur nous fait rêver quand il nous emmène en vendanges dans la coulée de Serrant avec Nicolas Joly : “Il a décidé de vendanger le lendemain de mon arrivée : il enverra ses vendangeurs au moins cinq fois dans les vignes, afin qu'ils ne sélectionnent que les grains les plus mûrs. Il aime attendre le moment où une partie des grains sont ratatinés, et rien ne le rend plus heureux que d'y voir un peu de botrytis, la pourriture noble, s'y installer.”
Je suis toujours fasciné par ceux qui parlent du vin et racontent leur expérience gustative : “le Condrieu a souvent un goût de pêche blanche, tirant parfois, il est vrai, sur l'abricot. J'aime sa mâche charnue, visqueuse et ronde en bouche. J'aime ce bouquet floral qui me rappelle parfois le chèvrefeuille. Certains dégustateurs anglais comparent son arôme à celui des fleurs d'aubépine mais, pour le piètre botaniste que je suis, il évoque tout simplement certains jardins que j'ai traversés au printemps. Je l'aime aussi parce qu'il me fait penser aux Gauguin de la période tahitienne. “
Dans ce livre, on peut picorer parmi les 65 chroniques, aller sans ordre et voyager entre les régions françaises et les vins du monde.
J'avoue avoir sauté des vins étrangers introuvables que je ne boirai pas, je garde espoir pour les français, même pour une bouteille de Romanée-Conti !
Enfin, pour des gastronomes, lisez la dernière aventure, celle de ElBulli, le meilleur restaurant du monde qui termine ce livre en apothéose.
Ferràn Adrià, le chef espagnol, servait trente-sept services à 48 personnes le soir.
Il a aujourd'hui fermé au grand dam de deux millions de personnes, dont je fais partie, qui cherchaient désespérément à réserver une table !