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EAN : 9782864249320
208 pages
Editions Métailié (29/08/2013)
4.04/5   13 notes
Résumé :
Maria da Graça est femme de ménage, elle a l'ambition de mourir d'amour. Elle rêve toutes les nuits qu'elle essaye d'entrer au paradis pour y retrouver monsieur Ferreira, son patron, qui, bien qu'avare et ayant abusé d'elle, lui parlait de Goya, Bergman ou Mozart, des hommes capables d'impressionner Dieu en personne. Mais les portes du paradis sont encombrées de marchands de souvenirs et saint Pierre la repousse à chaque fois. Elle verse aussi tous les soirs quelque... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un coup de coeur d'un excellent libraire et une très belle découverte pour moi. Les personnages sont extrêmement humains et leurs questionnements existentiels universels. L'histoire se passe dans une ville du Portugal où Maria da Graça et Quitéria sont amies. Elles sont toutes les deux des femmes de peu qui aspirent au bonheur et tentent de le trouver dans leur vie quotidienne. Maria est employée chez un vieil homme riche et cultivé qui essaie de la questionner sur l'art et le sens de la vie tout en étant son amant. Cette situation perturbe la femme de ménage qui n'a pas l'habitude d'être considérée ni comme une femme désirable ni comme un être capable de penser. Son amie tombe amoureuse d'un homme étranger au passé sombre. Elles se confient l'une à l'autre et c'est le lecteur qui devient l'oreille de leurs conversations faites de doutes, d'espoir, de colère, d'amertume et si pleines d'humanité.
Ce roman se dévore. L'écriture fluide nous happe et nous emmène tout près des personnages. le récit alterne moments drôles, tendres, désespérés et cruels. On rit à la lecture des rêves de Maria de Graça et des situations absurdes que provoque sa naïveté, et on est touché au coeur quand elle parle d'amour, qui est au centre de l'histoire.
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Il s'agit d'un roman très dur où il est constamment question de survie et d'utilisation des uns et des autres, les femmes étant plus particulièrement victimes du pouvoir des hommes. En effet, les deux protagonistes féminins, Maria da Graça et Quitéria sont sans cesse utilisées comme de simples objets sexuels par les hommes de leur entourage. On peut cependant dénoter une très grande différence entre ces deux femmes : la première se laisse complètement contrôlée par son patron, cédant à ses avances et se persuadant peu à peu qu'elle aime ce « vieux maudit » qui se plaît à l'humilier à cause de sa supposée ignorance ; alors que la seconde se satisfait entièrement des relations qu'elle entretient avec ses différents amants, se situant ainsi sur un même pied d'égalité qu'eux.
Pour échapper à la misère, elles vont toutes les deux faire de leur mieux, à leur manière. Maria da Graça nie la violence qu'elle subit sur son lieu de travail. Pour cela, elle se venge secrètement sur son mari, Augusto, en versant innocemment chaque soir quelques gouttes d'eau de Javel dans sa soupe, simplement par jeu, et n'attend que de le voir partir en mer afin de profiter d'une tranquillité toute relative avec « son » monsieur Ferreira. Toutes les nuits, elle est aussi hantée par la vision de saint Pierre, qui refuse de la laisser entrer au paradis. Quitéria, quant à elle, se jette dans les bras d'Andriy, jeune émigré ukrainien qui a été contraint d'abandonner sa famille. L'amour semble être la seule issue pour les deux femmes, peu importe qu'il soit réel ou fantasmé.
Ce qui frappe en premier lieu lorsque l'on ouvre ce livre, c'est la présentation typographique hors norme. Il n'y a absolument aucune majuscule, aucun point d'exclamation ou d'interrogation ; seulement des points simples, des virgules, ainsi que quelques rares emplois de l'italique (dont un en première page). Cette parfaite économie de la parole, qui s'en tient au strict minimum — c'est-à-dire le sens, le contenu — n'est pas sans résonner avec le texte lui-même. Dans le roman, personne ne parle : Andriy ne connaît pas bien le portugais, monsieur Ferreira parle mais uniquement pour lui, étalant sa science de manière pédante et égoïste, niant ainsi la fonction première de communication du langage, Quitéria préfère agir et Maria da Graça acquiesce tacitement.
Finalement, seules les deux femmes se parlent et rompent ainsi la pesanteur du non-dit, de la souffrance. Et c'est à ce moment-là qu'elles se permettent d'être libres, par le biais d'un langage cru, sans tabous et souvent drôle, alors qu'elles n'ont aucune raison de rire de leur malheur.
Cet ouvrage, bien qu'il ne soit pas facile à lire, est une lecture agréable. Il est malheureusement intemporel et universel dans sa dureté et c'est ce qui fait sa principale force, appelant naturellement la compassion du lecteur. La langue est tantôt très brute et percutante, tantôt plus poétique et plus raffinée, offrant par là même au lecteur de belles pages à la philosophie simple mais juste. le titre n'est cependant pas des plus parlants car il n'est quasiment jamais question d'hommes. Si les femmes de ce roman sont des laissées-pour-compte dans leur quotidien, elles occupent toute la place dans l'oeuvre, reléguant les hommes au plan de simple prétexte pour être réunies. Mais cette masculinisation du titre ne serait-elle pas après tout un moyen de leur accorder l'égalité qu'on leur refusait jusqu'alors ?
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Ce qui surprend en premier lieu dans ce roman, c'est le style.
Pas une seule majuscule, ni pour les prénoms ni ailleurs, et aucune ponctuation autre que des points ou des virgules. Cela demande de fournir un petit effort d'attention que l'on a pas à fournir d'ordinaire, de donner soi-même leur intonation aux dialogues (écrits sans guillemets).
Cela suppose une attention de lecture différente, constante (et intéressante!) dans la lecture, mais n'ayez crainte c'est plutot facile étant donné l'intérêt que le livre suscite.

L'exploitation, les mensonges, les tromperies, l'individualisme, le mal du pays, le manque d'argent, la situation en Ukraine, sont des thème qui défilent dans les pages de cette sorte de satire, description parfois comique/ironique, parfois tragique et surtout dramatique, de la vie d'une «tranche» de la classe ouvrière du Portugal.

C'est un livre où Portugal est le nom d'un chien abandonné...
Un livre qui raconte des histoires difficiles, vécues par des personnages qui trouvent tout de même moyen de vivre avec une certaine joie, de l'humour au coeur de leur rage, des corps vivants et pleins d'envies, et le sens de la débrouille...
Car l'argent manque. Et l'estime de soi et de la part des autres est quasi inexistante.

La suite:
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Au delà des images pour les touristes, la vie n'est ni pittoresque ni facile au Portugal. Surtout lorsque l'on vit dans une petite ville comme Bragança, au nord du pays, tout près de la frontière espagnole et à 250 km de Porto. Surtout quand, comme Maria da Graça et son ami Quitéria, on survit en faisant des ménages, en jouant les pleureuses lors des obsèques, voire en ayant de temps en temps recours à la prostitution. Ce n'est guère mieux, même si l'on est jeune est beau, quand l'on vient d'Ukraine et qu'on ne parle pas la langue, comme Andriy, qui a laissé au pays ses parents Ekaterina et Sasha. La seule consolation, parfois, c'est d'être si bas qu'on ne peut tomber plus. Ce qui permet par dessus tout de survivre, ce sont les rêves que chacun tente d'entretenir. Rêves de mariage, de modeste réussite qui permettrait, ne serait-ce qu'une fois, de prendre des "vacances".

L'écriture "étrange" de Valter Hugo Mãe nous emmène au dans la vie de chacun de ces être, nous donne à entendre leurs voix, leurs peurs et leur colères, leurs espoirs et leurs tristesse. Ecriture "étrange" car elle peut dérouter au début...

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L'écrivain engagé Valter Hugo Mãe signe une fresque sociale cruelle sur le Portugal en crise.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
et des rêves érotiques, lui demandait monsieur ferreira. rien, répondait-elle. je ne fais que des rêves désagréables, dans lesquels vous venez me dire, encore une fois, que je suis une ignorante, et que si ce n'était vous, je mourrais et irais au ciel sans savoir qui était mozart, ou goya, ou proust.
tu es une femme de ménage, lui disait son amie,à moins que ces hommes aient inventé le cif senteur marine je ne crois pas qu'ils te rendent plus heureuse. ils me rendent plus triste, je sais, mais ils ont toujours été persuadés que l'oeuvre qu'ils ont laissée me rendrait plus heureuse. ne pense pas à ça, ma fille, travaille et avance. ne pense pas. et s'il faut que je pense plus tard, quand je serais aux portes du paradis, pour pouvoir entrer et avoir tout à justifier. les portes du paradis n'existent pas, il n'y a que des nuages et des chaises longues. eh oui. je dois convaincre mes rêves de cela, que la vie est suffisamment difficile pour qu'on exige pas que nous soyons responsables de ce que nous en faisons .
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Video de Valter Hugo Mãe (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Valter Hugo Mãe
Valter Hugo Mãe - L'Apocalypse des travailleurs .A l'occasion du Festival de Manosque 2013, rencontre avec Valter Hugo Mãe "L'Apocalypse des travailleurs" aux éditions Métailié. Traduit du portugais par Daniel Schramm. http://www.mollat.com/livres/mae-valter-hugo-apocalypse-des-travailleurs-9782864249320.html Notes de Musique : 01 Pursuit of Happiness - Free Music Archive
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