Vous avez aimé Les rois maudits ? Vous avez aimé
La Reine Margot /
La dame de Monsoreau /
Les Quarante-cinq ? Vous avez aimé
Les Piliers de la terre ? Vous avez aimé et vous aimez toujours les grandes sagas historiques qui, d'
Alexandre Dumas à
Ken Follett, vous enchantent nuit et jour ? Oui, n'est-ce pas? Eh bien vous aimerez Fortune de France de
Robert Merle. Pour les mêmes raisons, et pour d'autres qui sont particulières à ce bijou de littérature.
Quelques mots sur l'auteur. Si vous n'avez rien lu de
Robert Merle, c'est que vous avez de grosses lacunes dans votre culture littéraire, parce que
Robert Merle (1908-2004) est un des plus grands auteurs du XXème siècle. Quelques pièces de théâtre, quelques essais, quelques traductions mais surtout une oeuvre romanesque exceptionnelle : 26 romans dont la moitié exactement constitue les 13 volumes de la saga Fortune de France, et parmi les autres, on compte plusieurs chefs-d'oeuvre :
Week-end à Zuydcoote (1949),
La Mort est mon métier (1952),
L'Ile (1962,
Malevil (1972),
Madrapour (1976) (j'ai un faible pour celui-là, qui n'est pourtant pas le plus connu).
Fortune de France est une série de 13 volumes, parus de 1977 à 2003. Il s'agit de romans historiques s'étendant de 1547 à 1661, soit du règne de Henri II à celui de Louis XIV, soit encore 114 ans d'histoire de France, vus par les yeux de Pierre de Siorac (6 premiers tomes) puis par ceux de son fils Pierre-Emmanuel (7 volumes suivants)
Fortune de France, qui donne son nom à la série, en est le premier volume. Il couvre la période 1547-1566, et sert de prélude au reste de l'oeuvre.
Nous sommes en Périgord, en plein milieu du XVIème siècle. Deux gentilshommes campagnards, Jean de Siorac et son compagnon d'armes Jean de Sauveterre, tiennent en "frérèche" - association juridique - un château et ses dépendances, aux environs de Sarlat. Jean de Siorac, veuf, a trois enfants, François, Catherine et Pierre, et un enfant naturel, Samson. Parmi les serviteurs, Miroul est particulièrement affecté au service de Pierre et Samson. L'époque est difficile (nous sommes au coeur des guerres de religion) les dangers sont grands, entre les guerres, les épidémies, les brigandages, périls de toute sorte que traversent allègrement nos jeunes gens.
Voilà, le cadre est posé. Fortune de France peut démarrer. Dès les premières lignes, vous vous rendrez compte que vous êtes devant un monument. Par l'ampleur du sujet, d'abord. Nous connaissons le contexte, déjà raconté par
Alexandre Dumas dans nombre de romans, ou par
Michel Zévaco dans les Pardaillan : ce beau XVIème siècle, riche et sanglant, plein de bruit et de fureur, d'intrigues et de passions, de vie intense et de mort violente. Par le travail préliminaire de l'auteur, ensuite. On a du mal à seulement imaginer la somme de documentation qu'il a fallu réunir (histoire nationale et locale, us et coutumes, législation, économie des villes et des campagnes...) sans parler du travail propre à l'écrivain (construction et rédaction du récit, création et finition des personnages, rythme de l'action...).
Enfin, et j'allais dire surtout car c'est le tour de force ultime de
Robert Merle, c'est la langue qu'il a choisie pour nous raconter ces aventures historiques : c'est le langage même du XVIème siècle, tel qu'il l'a recueilli chez les mémorialistes du temps, comme Pierre de L'Estoile, quelque peu modernisé pour les lecteurs du XXème (siècle, pas arrondissement), et surtout agrémenté de termes occitans qui font de l'ensemble une parladure à la saveur inégalable.
Adoncques, ococoulez-vous le plus plaisamment possible dans votre fauteuil et lisez incontinent ces pages merveilleuses de commodité. Ayez totale fiance dans le mien jugement, et vous vous ramenteverrez longtemps l'agrément cette lecture.