Qui a recopié mot à mot, à la main, Partage de minuit de Claudel dans un cahier, en pleine Deuxième guerre mondiale ? À partir d'un manuscrit, retrouvé parmi les livres de la bibliothèque de son père, le narrateur se lance à la recherche de cette copiste énigmatique. Cette copiste, car il est convaincu que l'écriture est celle d'une femme, qui a signé des initiales MS, inscrit une date de 1942 et un lieu, Isle, en Haute-Vienne. À cette date, la pièce de Claudel était encore inédite. Comment lui est-elle tombée entre les mains ? Pourquoi l'a-t-elle copiée ?
Patiemment, minutieusement, poétiquement aussi, l'enquête se déploie. Chaque chapitre explore l'hypothèse d'une identité possible pour « M.S. », ébauche une piste, ouvrant la voie à une exploration du temps de l'Occupation, de la vie théâtrale en France, de l'oeuvre du dramaturge.
Ce sont autant de petits romans qui se tissent, délicatement entrelacés au présent du narrateur – sa relecture de la pièce de Claudel, son regard critique sur l'auteur, son histoire intime, son écriture solitaire au temps de la pandémie.
À la fin du volume, des photographies du fameux carnet attestent de sa réalité et lancent une sorte d'appel à témoins.
On a envie de lire ce très beau premier roman comme une sorte d'autoportrait oblique et pudique, où le reflet du narrateur-auteur se diffracterait dans tous ces fantômes féminins, toutes ces MS (MestreS ?) possibles. Suivre la trace d'une copiste pour entrer dans l'écriture, c'est aussi inattendu que convaincant.
La Copiste est une vraie réussite.