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EAN : 9782351840498
287 pages
Garnier (02/11/2010)
3.06/5   8 notes
Résumé :
Voici des romans, des confessions, des lettres, des contes, des traités qui célèbrent avec éclat l'amour, le plaisir et les sens.
Crus ou voilés, frénétiques ou poétiques, innocents ou cruels, les classiques de cette anthologie ont été retenus pour leurs qualités littéraires et leur importance historique. Mais, outre l'énergie et l'invention érotique, on admirera dans ces oeuvres une inextinguible volonté de subversion et d'émancipation. Sous leurs coups de b... >Voir plus
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L'Éducation de Laure (4 étoiles ) : D'après l'introduction de Vincent Jolivet, Mirabeau fait oeuvre originale en renouant avec deux traditions libertines dans ce texte : celle des dialogues érotiques, en tant que moyen d'instruction sexuelle, et celle des récits pornographiques, dans lesquels un narrateur narre son apprentissage des plaisirs de l'amour et ses diverses conquêtes. L'éducation dispensée à Laure dans ce texte par son père* est donc autant morale et philosophique que sexuelle et anatomique. Elle débute plus tôt que ne l'aurait voulu l'instructeur grâce à une scène de voyeurisme et à un rideau adroitement levé par l'héroïne. Soucieux du bien de celle-ci, son père lui donnera une première instruction relative à ce qu'elle a pu voir, puis la contraindra à l'abstinence, par le biais d'une ceinture de chasteté, et à la patience jusqu'à ce qu'elle soit en âge d'être initiée de façon pratique. Entretemps, il ne néglige pas sa formation intellectuelle et mondaine : tout bon libertin ne doit pas seulement avoir des moeurs très libres, mais également posséder l'esprit critique cher aux Lumières afin d'être tout à fait libre et maître de lui-même.

Comme souvent dans les romans libertins, la figure maternelle est absente : la mère de Laure meurt en effet dès le début du récit, laissant la place à une autre figure féminine, une gouvernante, Lucette. Ces trois personnages formeront l'utopie imaginée par Mirabeau : il n'est en effet question du monde extérieur que tardivement, une fois l'éducation de Laure accomplie. Avant l'intervention de deux nouveaux protagonistes, tout se passe en monde clos sur lui-même, au sein de la demeure paternelle. Nulle cruauté n'intervient, et si la violence apparaît parfois, elle est rapidement pardonnée et transformée en consentement. Est dressée une éducation « idéale » et parfaitement assimilée par l'héroïne.

Cet univers s'ouvre ensuite à deux nouveaux protagonistes, suite à la perte d'un des trois premiers : l'insatiable (la nymphomane, aujourd'hui) Rose et son charmant frère, qui plaît beaucoup à Laure. La première racontera elle-même l'histoire de son apprentissage sexuel dans un récit enchâssé. Tous deux achèveront l'éducation sentimentale de Laure, en lui apprenant à distinguer amour et désir, et feront la démonstration des dangers du libertinage. Cette incursion extérieure prouve donc à Laure tous les bienfaits reçus de son père et la ramène donc dans l'esprit de l'utopie initiale.

Ce roman de la fin du 18e siècle recèle donc un grand optimisme et tranche avec d'autres productions du genre libertin beaucoup plus pessimistes et/ou cruelles. Pour cette raison, le récit est très plaisant à lire, alternant avec justesse passages philosophiques légers et scènes pornographiques.

Ma Conversion ou le libertin de qualité (2 étoiles) : Dans ce roman-ci, Mirabeau reprend le procédé du roman-liste exploité par Duclos dans une partie des Confessions du comte de ***. Si je l'avais trouvé intéressant dans ce dernier texte, il n'en a pas été de même cette fois : le procédé est utilisé tout au long de la centaine de pages que compte le récit et, très sincèrement, c'est long et fastidieux. Certains épisodes sont heureusement plus développés que d'autres et suscitent davantage d'intérêt par l'attention plus continue qu'on peut y apporter, mais la plupart, dont les premiers, sont assez rapidement passés en revue. Cette rapidité a malheureusement nui à ma lecture : n'ayant pas le temps de m'attacher à l'un ou l'autre personnage féminin séduit par le narrateur, je m'ennuyais et me lassais de ces conquêtes aussi rapidement que le libertin signant là ses Mémoires.

L'intérêt que peuvent néanmoins susciter ces conquêtes successives réside dans le parcours social et géographique accompli : le héros passe en effet d'une catégorie sociale à une autre, du plus bas au plus haut, et voyage à travers la France, ainsi qu'en Italie et en Espagne. Cela donne lieu à quelques préjugés nationaux ou sociaux, communs à ce type de romans. Là où Mirabeau se distingue de Duclos, notamment, c'est dans la motivation de ce libertinage : ce n'est plus le plaisir, ni la réputation mondaine qui pousse le narrateur d'une femme à l'autre, mais l'argent. Il en est sans cesse question, pour se plaindre d'en manquer généralement. C'est la raison pour laquelle, las de se prostituer et de parcourir une telle carrière, notre héros voudra finalement « faire une fin » et… finira sur une chute relevant du registre comique. Si elle n'est guère surprenante, elle est très bien amenée et participe à la parodie générale du genre que semble constituer ce roman.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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