Frère de Yak

Lorsque l'impératrice expire son dernier souffle, c'est une Dri (Yak femelle) qui reprend le relais après que le palais est tout tenté auprès du petit de 5 ans.
On fait mener l'animal (et son petit) au palais devant le "miracle", afin de prolonger la reconnexion avec le monde qui l'entoure.
Le petit prince est de retour et peu importe le moyen.
Cela rappelle assez l'aventure "Cheval de Tempête" de Christophe Donner dans ce nouveau rapport maternel de l'enfant et l'animal, avec nettement moins de passions déchaînées.
Le petit prince Qaan gagne un frère de lait Yack, Bâabur.
Viendra le moment où le petit prince ne sera plus si petit et où il n'échappera plus aux devoirs du pouvoir, ceux qui feront de lui le guerrier et le seigneur.

L'auteur pose bien ces pans d'enfance et d'insouciance qui ne sont accordés que sur ces moments partagés avec les yaks, le sein tendre et chaleureux de l'impératrice qui n'est plus.
On comprend bien que c'est ce lien là qui est mis à mal lorsque le mage précepteur( il faut un méchant, une main rigide et contrariante dans les histoires) vient lui rappeler fermement qu'il n'est pas vacher mais un prince.

Quel amour sincère entre ces deux êtres!
Un coin de mon cerveau résonne comme une petite clochette, je réalise que je ne suis pas très familier du Yak. Qui l'est vraiment, d'ailleurs?
Peut-être les jeunes lecteurs du "Roi de la Forêt" de Michaël Morpurgo.

Je fonce sur les images disponibles, sur le net, par exemple.
Quelle stature!
Aussi fort, volumineux et cornu qu'un taureau, une vache abondamment laineuse.
Impressionnant animal.

"Frère de Yak" est un récit initiatique où le Yak lui-même aura sa part d'épreuves, les troupeaux de yaks sont belliqueux et la douceur de Qaan ne l'aidera hélas pas à y faire face.
Bâabur ne pourra se détourner de certaines lois et obligations de la nature aussi viriles que celles des hommes. En attendant, il est vivant et aura échappé à une cérémonie sacrificielle pour célébrer le petit prince qui a grandi et qui doit se détourner impérativement de l'enfance pour régner...ou pas.
Le roman jeunesse en large vision est très confortable et les jeunes lecteurs en apprécieront les vertus, surtout les petits lecteurs.

Gérard Moncomble est un Auteur jeunesse connu des jeunes lecteurs et reconnu des autres.
Mais si, la série des " Félix File-Filou" et "Moi, Thérèse Miaou" en Première lectures, c'est lui.
Et les aventures oniriques de "Raoul Taffin" en album jeunesse, c'est aussi lui, pour ne citer qu'eux.
Une lecture qui invite au voyage, dans des contrées plus insolites que la mer et la montagne et offre un bon récit d'amitiés entre les hommes et les animaux.
Une bonne lecture.

J'ai adoré l'originalité de ce roman. Je n'ai rien trouvé concernant les Mügüuls sur Internet donc je pense que c'est un peuple inventé par l'auteur; si on se fie à leurs coutumes et à la couverture, on peut les apparenter à une communauté tibétaine. J'ai beau chercher, je ne me souviens pas de romans pour la jeunesse se déroulant dans ces alentours. Il doit en exister vraiment peu. de plus, quand on évoque une histoire d'amitié entre un enfant et un animal, le yak (ou tout autre ruminant) est loin d'être la première espèce à laquelle on pense.

Le texte a été rédigé de façon à ce qu'on ait l'impression de lire un conte traditionnel. le héros est un jeune prince qui a vécu un drame immense dont il ne se remet pas. Son sauvetage n'aura lieu que grâce à un événement qu'on peut qualifier de miracle. Par la suite, le roman prend des allures de conte initiatique; le jeune prince étant rarement sorti de son palais, son voyage improvisé lui fait découvrir le monde extérieur et surtout les gens qui l'habitent. Pour résumer, c'est un roman riche avec un beau style d'écriture.

Je dois malgré tout soulever un point négatif. Celui-ci ne concerne pas le texte mais les illustrations. Plusieurs dessins du même style que l'image de couverture sont insérés dans le livre. Leur qualité est malheureusement détériorée par le choix d'un papier blanc terne mais surtout par l'impression en noir et blanc; il est flagrant que les illustrations devaient être initialement en couleur mais au final elles perdent tout contraste et on n'y distingue par grand chose. C'est une grosse déception.

Heureusement cela n'a aucune incidence sur l'histoire. C'est un très beau roman qui se lit en quelques petites heures et qui laissera un grand souvenir dans la tête de ses lecteurs.
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