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Simone de Vergennes (Autre)
EAN : 9782080641786
Flammarion (08/01/1992)
3.3/5   20 notes
Résumé :
Désidéria, fille du peuple intégrée, à la haute bourgeoisie italienne, cherche un appui.
Elle le trouve dans la mystérieuse Voix qui l'incite à prendre pour dieu la Révolution et à transgresser toutes les valeurs- famille, religion, amour, argent... C'est à une véritable descente aux enfers- enfers de la violence, de la perversion, du crime- que nous convie le romancier italien, auteur du Mépris, dans ce roman en forme d'interview, qui interroge nos valeurs, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Desideria est un roman atypique dans sa construction puisque Alberto Moravia affirme être l'interviewer. Il se nomme Moi, auquel Desideria raconte son histoire. Desideria se confie en expliquant qu'elle est guidée dans ses actions par une voix qui lui parle.
Dès cet instant le lecteur est en droit de se poser cette question :
Est-ce que Desideria est schizophrène ou bien, comme l'accusé aux assises, devant la monstruosité de ses crimes, invente-t-elle "Une voix" pour s'absoudre de ses agissements ?
Les deux postulat sont possible.
Alberto Moravia laisse planer le doute, mais j'aime aussi l'hypothèse que ce soit une position radicalement stoïcienne affirmant ainsi qu'il faut distinguer les choses qui dépendent de nous et les autres.
"La voix" prend la forme du tentateur (nous sommes en Italie où le catholicisme règne) qui incite Desideria à franchir le pas pour entrer en possession du désirable qui devrait la conduire à l'apaisement.
Mais c'est un leurre.
Le mouvement du désir ne trouve jamais de repos. La chose désirée une fois possédée n'a plus aucun attrait. Sans manque, le désir s'éteindrait et Desideria aussi.
Alberto Moravia va ainsi construire une fuite en avant vers la transgression de tous les tabous sexuels et moraux.
Le roman se termine par ces mots de Desideria qui s'adresse à L'auteur : " ton imagination m'a brûlée, consumée. Un jour je n'existerai plus, sinon dans ce que tu viens d'écrire, comme une empreinte, comme un personnage.
En effet le désir ne s'éteint qu'avec la mort.
Desideria est morte un 26 septembre 1990, en même temps qu'Alberto Moravia...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je suis ta maman, je te connais bien et je peux te dire que, heureusement, tu n'est pas une de celles qui font ça pour de l'argent. Non, toi, de l'argent tu t'en fous, tu es riche, tu as un chauffeur qui t'attend à la sortie de ton école. Comme toutes celles de ton milieu, tu n'es pas intéressée. Tu veux que je te dise ce que tu es ? Tu es une vicieuse et tu le feras parce que ça te plaît, parce que tu penses tout le temps à l'homme, parce que tu serais presque prête à le payer le gros bonhomme qui te l'enlèvera ton pucelage. Tu en as tellement envie.
Mais aujourd'hui tu as la chance de rencontrer ta maman qui te connaît jusqu'au bout des ongles et qui, justement parce qu'elle sait que tu n'es pas de ces pauvres diablesses qui font ça par besoin, mais une cochonne qui le fait par curiosité, te feras rencontrer un homme qui t'enlèvera enfin l'envie de voir comment est fait le mâle, le super-mâle qui plaît tant aux petites salopes de ton milieu.
Tu en as de la chance, ma belle. J'ai l'homme qu'il te faut et je vais lui téléphoner. L'homme qui me disait encore récemment :
"Diomira, trouve-moi une petite fille qui soit une vraie petite fille, qui va encore à l'école, qui ne sait rien de rien, qui le fera pour la première fois."
Là, tout de suite je lui téléphone.
Tu verras, c'est un homme fin, distingué, un "Monsieur" et, ce qui ne gâte rien, un bel homme, et l'âge idéal, entre quarante et cinquante, c'est celui qu'il te faut, tu le verras par toi-même, du reste.
Et puis, mais pourquoi faudrait-il te le cacher ? de ce point de vue là c'est un vrai phénomène, exactement ce qu'il faut à une pucelle comme toi, avec son gros outil il fait ça d'un seul coup, sans même que tu t'en aperçoives, à peine une petite douleur et c'est fini, et après tu t'amuses, tu fais la vicieuse autant que tu veux ; maintenant que le passage est ouvert tu le donnes quand ça te fait plaisir.
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"J'ai un plan, impossible de t'en dire davantage."
Alors il s'est mis à rigoler : " Un plan quinquennal ? "
Je n'avais naturellement pas compris l'allusion au plan soviétique mais comme je devinais qu'il cherchait à me dominer de toutes ses connaissances théoriques, j'ai répondu très vite : " Oui, j'ai un plan, un point, c'est tout. Et puis fous-moi la paix avec ton Marx. Et puis qui est ce Marx ?
Qu'est-ce qu'il a fait ? "
Alors là, c'en était trop. Devant tant de sottise innocente, il a perdu les pédales " Mais Marx est un gr...grand...homme...il a écrit le ca...ca...ca...pi...pi...pi..." Et moi, toujours aussi bête : " Caca et pipi, pipi et caca, ah, j'ai compris. Ton Marx a écrit un livre sur le pipi et le caca."
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Désidéria : Viola lui demandait toujours d'être sodomisée : C'était la forme d'érotisme qu'elle préférait. Mais dans la position qu'obligatoirement elle adoptait, elle ne pouvait pas voir le visage d'Érostrato, qui en profitait pour lui faire des grimaces, même lui tirer la langue pendant qu'il la pénétrait. Il se mettait aussi bien à gémir, à respirer bruyamment tout en restant de bois. Il finissait quelquefois par hurler, par lui planter ses dents dans la nuque, par enfoncer ses ongles dans ses épaules pour lui faire croire qu'il était en train de jouir.
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Une longue mèche mouillée cache mon front ; de grosses goutes d'eau glissent sur mon visage, ma poitrine, mon ventre, mes jambes. On dirait de la rosée. C'est juste à ce moment-là ; je me suis rendu compte que je n'étais plus grosses du tout et que j'étais belle. J'ai trouvé que je ressemblais à une amphore qu'un garçon qui faisait de la pêche sous-marine avait tiré devant moi de l'eau. Comme ce vase j'étais restée longtemps immergée dans le malheur ; aujourd'hui j'en émergeais belle et désirable, digne, enfin de mon prénom Désidéria.
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Vidéo de Alberto Moravia
15 mai 2023 Rencontre avec l'écrivain italien Alberto Moravia (1907-1990), auteur entre autres du roman «Le Mépris». Il est question des notions de curiosité et d'ennui dans sa vie; des débuts de sa carrière d'écrivain romancier; de la place à la morale et les valeurs sur lesquelles il se base pour réaliser son œuvre littéraire; de sa conviction athéiste; de son engagement dans la cause nucléaire dans le monde, etc. Source : Rencontres, 29 janvier 1985 Animatrice : Denise Bombardier
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