C'est ma première incursion dans l'univers de
Petros Markaris et de son personnage, le commissaire Charitos en plein Athènes. Revenant d'Athènes, j'ai pu plus facilement reconnaître les rues principales en refaire mentalement le chemin dans ma tête. C'est une ville très embouteillée par les voitures et un nombre incroyable de deux-roues pétaradants donc très polluée aux hydrocarbures.
Le roman est en quelque sorte en caméra subjective. Nous suivons le commissaire dans tous ses déplacements, dans ses réflexions sur cette enquête des plus singulières. Tout d'abord, on le trouve en vacances en Epire, sa région natale où sa femme a rencontré des amies chez qui on ira dîner tour à tour et que le couple a baptisé « les trois Grâces ». Comme chez Mankell, la vie familiale a son importance sauf qu'elle est plus sereine pour Charitos qui n' a pas envie de sortir après une dure journée à enquêter. Les dîners ont une grande importance, la façon de faire la cuisine. Chez
Markaris, les personnages - et le commissaire en particulier – « se jette » sur la nourriture et commente les plats.
Trois meurtres sont au programme reliés par un seul point commun, et pas des moindres, ce sont trois professeurs d'université qui ont dû abandonner leurs cours pour une carrière politique. Certains y sont restés, d'autres sont revenus dans cette université qui va mal, où les cours ne sont plus assurés régulièrement lésant gravement les étudiants d'autant que les trois victimes étaient des sommités et d'excellents professeurs. Les assassins revendiquent ces meurtres par des déclarations qui se résument ainsi : on n'abandonne pas l'université pour partir en politique et revenir dans cette même université comme si de rien n'était. Bref, on n'abandonne pas ses étudiants au milieu d'une thèse ou d'un mémoire.
Le commissaire Charitos vient en plus d'être promu à la faveur de la retraite de son chef direct. Les responsabilités sont lourdes et, - comme il s'agit du meurtre de ministres ou secrétaires d'état – il rencontre souvent son ministre de tutelle qui veut des résultats rapides.
Ce qui différencie de polar d'autres de notre époque, c'est que
Markaris ne force pas le trait « noir » : tout va bien dans sa famille, il est complice avec sa femme, sa fille attend un heureux évènement et ses chefs sont contents de son travail qu'il fait avec rigueur et compétence. Ce n'est pas un franc-tireur rebelle à l'autorité comme trop de policiers de roman. Seule l'enquête importe. Et celle-ci piétine comme il se doit.
J'ai eu l'impression de lire un aide-mémoire du commissaire, une sorte de journal de sa vie familiale et professionnelle et c'était reposant, sans grandiloquence, de traits forcés ou de violence gratuite. Un auteur que je vais suivre.