Freedom est un voyage photographique au coeur de la lutte des noirs américains pour l'égalité des droits. En quelques 600 clichés souvent inédits, l'ouvrage retrace de 1840 à 2001 un siècle et demi de combats. Dans cette histoire photographique, figures connues -Frederic A. Douglas, Joséphine Baker,
Martin Luther King,
Malcom X- ou anonymes incarnent ces luttes individuelles et collectives qui marquèrent profondément les Etats-Unis.
Un des intérêts du livre est de ne pas se focaliser sur les années 1955-1968 mais de susciter la réflexion à partir de clichés pris dans le sud du pays avant la fin de la guerre de Sécession: esclaves portant des balles de coton en Caroline du nord, daguerréotypes d'esclaves destinés à illustrer la théorie sur l'inégalité des races, soldats des premiers régiments noirs (impossible de ne pas songer à
Henry Bauchau).
Dans Freedom, le beau -magnifiques clichés de la vie quotidienne à la Nouvelle-Orléans vers 1884- côtoie le pire -scènes d'émeutes, lynchages, exécutions- et le texte, rédigé par Marable et Mullings, deux spécialistes des communautés noires américaines, vient éclairer le lecteur lorsque celui-ci se perd un peu. Sous une photo de soldats noirs du 15ème régiment d'infanterie de New-York en France en avril 1918 portant curieusement un casque français, une note indique que le commandant en chef des forces américaines, John "Black Jack" Pershing ayant refusé la présence de noirs aux côtés d'Américains blancs, se furent les Français qui les formèrent au combat.
Avec Freedom, les éditions Phaïdon nous offrent une magistrale plongée dans l'histoire américaine des XIXème et XXème siècles, et mettent en lumière des épisodes méconnus ou oubliés, comme "l'été rouge de 1919" ou le massacre de la communauté noire de Tulsa en 1921, jugée trop prospère et anéantie par des bombes incendiaires et des mitrailleuses. Un seul (petit) bémol, le livre est peu maniable et pèse très très lourd, surtout quand on aime lire couché(e).