AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : SIE74911_9138
(30/11/-1)
3.86/5   96 notes
Résumé :
116 pages ISBN 9782081205871

Un comte craint de trouver sa séduisante voisine entourée de visiteurs importuns, mais il ne peut s'empêcher de pousser la porte de son salon. La jeune femme, quant à elle, assure être insensible aux déclarations de son voisin, mais ne se résigne pas à son départ...
Que lire après Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée - Un capriceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 96 notes
5
2 avis
4
9 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Voici un genre tout à fait singulier dans le théâtre : le proverbe.
Une sorte de comédie, le plus souvent en un acte, à l'origine destiné à être représenté dans les salons mondains et dont le public — un cercle d'invités — devait retrouver à quel adage, dicton ou maxime cette petite farce faisait référence.
Alfred de Musset a su donner quelque relief au genre qui, bien qu'assez populaire à une époque (XVIIè puis XVIIIè s.), n'a jamais vraiment livré à la postérité une bien longue descendance.
Ici, l'auteur s'approprie la formule " il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée " et l'applique au toujours épineux moment d'une déclaration amoureuse.
Nous voici donc aux prises avec un comte et une marquise qui ne se haïssent point...
Le début est véritablement excellent, Musset sait mener se barque avec énergie, finesse et drôlerie. Sur cette lancée jusqu'à la fin, c'eut été une perle rare, malheureusement, la machinerie s'essouffle un peu à partir de la moitié et le tout perd de son jus et de sa naturelle répartie.
Sur une pièce aussi courte, c'est tout de même dommageable, d'où mes trois étoiles seulement. Mais on ne risque pas grand-chose à s'essayer à la lire tellement c'est court et parce que du Musset, ça se boit même sans soif, du moins c'est mon avis, autant dire, presque rien.
Commenter  J’apprécie          573
Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée fait partie de ce qui est un genre théâtral, les proverbes, qui connut un certain succès au XIXème, et déjà au XVIIIème. Ces proverbes faisaient partie des pièces à lire de l'auteur, connues sous le titre de Spectacle dans un fauteuil. Musset s'en servit pour renouveler la comédie moeurs.


Ici, on a une Marquise et un Comte, typiques de la société riche et oisive du XIXème, dont l'auteur se moque, et qui pratiquent d'ailleurs eux-mêmes l'auto-dérision. Chaque jour, le Comte entre chez la Marquise, mais chaque jour la société qu'elle reçoit - car il faut bien recevoir la société - finit par le faire fuir le salon de la Marquise. Or un beau jour, il entre, soi-disant sans savoir pourquoi, comme ça, en passant, par ennui... et elle est seule. S'ensuit une véritable discussion entre eux deux, seuls, peut-être et même sans doute la première. S'ensuit une joute verbale, mais aussi une tentative du Comte, qu'on imagine maintes fois avortée, de déclarer sa flamme. Mais c'est qu'il n'est pas question pour la Marquise de parler sentiments. Dès que le mot en question est prononcé, la voilà qui s'exclame : "Ah ! Ciel ! vous allez faire une phrase."


Courte pièce de théâtre dans laquelle Musset aborde la difficulté de parler de ce qu'on ressent, la difficulté d'accepter ce qu'on ressent, le jeu qui permet d'éviter d'aborder le sujet qui fâche, et la critique sociale ; à l'énorme agacement de la Marquise face au comportement des hommes avec les femmes, qui ne leur parlent que de leur beauté, répond la réaction du Comte qui l'accuse de mettre tous les hommes dans le même panier pour mieux les écarter.


C'est court mais finement analysé et composé, et pas seulement agréable à lire.





Challenge Théâtre 2020
Commenter  J’apprécie          363
Un face à face piquant, subtil, prenant.

Le comte et la marquise prennent de l'âge - la voilà trentenaire, elle s'ennuie, craint de perdre «le talent de vivre», et lui de l'acquérir:
«En prenant des années on devient plat ou fou, et j'ai une peur atroce de mourir comme un sage.»
Bref, c'est la crise de la trentaine, et le temps semble bien venu pour eux de décider s'ils vont ou non fermer cette fichue porte toujours entrouverte, se décider à conclure cette année de fréquentation assidue, s'engager...

On suit avec beaucoup de plaisir et d'intérêt leur jolie joute verbale. C'est très bien écrit, plein de grâce et de finesse... mais trop court à mes yeux, un peu frustrant.
Commenter  J’apprécie          3916
Après l'échec cinglant de sa première pièce, La nuit vénitienne, alors qu'il avait à peine vingt ans, Musset continue d'écrire des pièces de théâtre, mais sans les faire jouer. Elle paraissent essentiellement dans la Revue des Deux Mondes, et en 1834 il fait paraître un volume qui en rassemble un certain nombre sous le titre Un spectacle dans un fauteuil. C'est une façon d'afficher un véritable programme artistique : écrire des pièces qui n'ont pas vocation à être jouées, qui s'adressent directement à un lecteur, conçues pour être lues, et qui peuvent donc s'affranchir des conventions de la scène, des compromis consentis pour être jouées. Ainsi ses pièces les plus célèbres, qui sont ses oeuvres les plus connues aujourd'hui, ne seront données que beaucoup plus tard, certaines après la mort de leur auteur.

Les représentations du théâtre de Musset de son vivant à Paris sont dues à une actrice : Mme Allan-Despréaux, qui les a découvert en Russie, a eu envie de jouer du Musset, et a fait donner en 1847 Un caprice dans la capitale française. D'autres pièces suivront rapidement, avec un réel succès. Pas les grandes pièces très connues et jouées maintenant, plutôt les petites pièces en un acte, comme Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Publiée dans la Revue des Deux Mondes en 1845, elle est jouée dès 1848. La première n'est pas un franc succès : il faut dire qu'elle a lieu pendant la révolution et que le public a d'autres soucis. Mais très rapidement elle s'impose, et entre durablement au répertoire. Avant de connaître une éclipse, due sans doute aux changements intervenus dans les représentations théâtrales. En effet, les petites pièces en un acte, après avoir été introduites au XVIIe siècle comme un complément de programme, après la grande pièce, et avoir été utilisées au XIXe comme lever de rideau, une sorte de mise en bouche, n'ont plus vraiment de place de nos jours, une seule pièce étant devenu maintenant la règle.

Nous sommes dans le salon de la Marquise. C'est son jour, elle est censée attendre les visiteurs. Qui ne viennent pas : est-ce le temps ? Ou peut-être s'est-elle arrangée pour qu'ils ne viennent pas ? Sauf un seul : le Comte. Il vient depuis un an, il la voit presque tous les jours. Mais leurs relations restent formelles, leurs rencontres se passent toujours en présence de tiers. Une joute verbale s'amorce, le Comte hésite : partir ou rester. Entre apparence, jeu social, et une envie de dépasser tout cela pour trouver une parole véritable, sur les sentiments, sur le désir, sur le rapport à l'autre. Entre complicité et antagonisme, entre sincérité et jeu.

C'est d'une très grande finesse et intelligence, dans une langue somptueuse, toute en suggestions. La difficultés de dépasser les conventions, les règles sociales pour arriver à se trouver, à se dire et à parler véritablement à l'autre. Elégant, par moments un peu cruel sans être cynique.

Un vrai bonheur, à la lecture comme au spectacle.
Commenter  J’apprécie          150
Charmante pièce de théâtre en un acte ; un proverbe sous forme de vaudeville !

Le Comte visite la Marquise car il s'ennuie et n'a trouvé personne jusque-là. Il se rappelle que c'est son Jour et il veut repartir car il semble misanthrope mais indécis !

Quelques faux départs plus tard la Marquise le rabroue car il ne fait que lui dire qu'elle est jolie et trouve ce compliment très banal à facile à dire. Il se résout donc à lui faire une déclaration mais elle ne semble pas le croire si impliqué !

Le théâtre n'étant pas du tout ma lecture préférée, alors que j'adore aller au théâtre, j'ai été bien contente de lire ce court texte guilleret et moqueur ! Un face à face où la Marquise ne laisse pas voir ce qu'elle pense et ridiculise un peu le Comte, tout cela avec des phrases joliment tournées !

CHALLENGE RIQUIQUIS 2020
CHALLENGE XIXè SIECLE 2020
CHALLENGE SOLIDAIRE 2020
Commenter  J’apprécie          190

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Vous me trouvez jolie, je suppose, et cela vous amuse de m'en faire part. Eh bien, après ? Qu'est-ce que cela prouve ? Est-ce une raison pour que je vous aime ? J'imagine que si quelqu'un me plaît, ce n'est pas parce que je suis jolie. Qu'y gagne-t-il, à ces compliments ? La belle manière de se faire aimer que de venir se planter devant une femme avec un lorgnon, de la regarder des pieds à la tête, comme une poupée dans un étalage, et de lui dire bien agréablement : Madame, je vous trouve charmante ! Joignez à cela quelques phrases bien fades, un tour de valse et un bouquet, voilà pourtant ce qu'on appelle faire sa cour. Fi donc ! comment un homme d'esprit peut-il prendre goût à ces niaiseries-là ? Cela me met en colère, quand j'y pense.
Commenter  J’apprécie          610
(Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée)

LE COMTE. -- Il n'y a rien là qui puisse vous blesser. Si vous avez le droit de nous attaquer, n'avons-nous pas raison de nous défendre ? Quand vous nous comparez à des auteurs sifflés, quel reproche croyez-vous nous faire ? Eh ! mon Dieu ! si l'amour est une comédie...

LA MARQUISE. -- Le feu ne va pas ; la bûche est de travers.

LE COMTE, arrangeant le feu. -- Si l'amour est une comédie, cette comédie, vieille comme le monde, sifflée ou non, est, au bout du compte, ce qu'on a encore trouvé de moins mauvais. Les rôles sont rebattus, j'y consens ; mais, si la pièce ne valait rien, tout l'univers ne la saurait pas par coeur ; - et je me trompe en disant qu'elle est vieille. Est-ce être vieux que d'être immortel ?

LA MARQUISE. -- Monsieur, voilà de la poésie.

LE COMTE. -- Non, madame ; mais ces fadaises, ces balivernes qui vous ennuient, ces compliments, ces déclarations, tout ce radotage, sont de très bonnes anciennes choses, convenues, si vous voulez, fatigantes, ridicules parfois, mais qui en accompagnent une autre, laquelle est toujours jeune.

LA MARQUISE. -- Vous vous embrouillez ; qu'est-ce qui est toujours vieux, et qu'est-ce qui est toujours jeune ?

LE COMTE. -- L'Amour.

LA MARQUISE. -- Monsieur, voilà de l'éloquence.

LE COMTE. -- Non, madame ; je veux dire ceci : que l'Amour est immortellement jeune, et que les façons de l'exprimer sont et demeureront éternellement vieilles. Les formes usées, les redites, ces lambeaux de romans qui vous sortent du coeur on ne sait pas pourquoi, tout cet entourage, tout cet attirail, c'est un cortège de vieux chambellans, de vieux diplomates, de vieux ministres, c'est le caquet de l'anti-chambre d'un roi ; tout cela passe, mais ce roi-là ne meurt pas. L'Amour est mort, vive l'Amour !
Commenter  J’apprécie          40
LE COMTE. Expliquez-vous, je vous en prie.
LA MARQUISE. Ah ! pas du tout ; ce sont vos affaires.
LE COMTE, se rasseyant. Je vous en supplie, marquise, je vous le demande en grâce. Vous êtes la personne du monde dont l'opinion a le plus de prix pour moi.
LA MARQUISE. L'une des personnes, vous voulez dire.
LE COMTE. Non, madame, je dis : la personne, celle dont l'estime, le sentiment, la...
LA MARQUISE. Ah ! Ciel ! vous allez faire une phrase.
Commenter  J’apprécie          150
Si l'amour est une comédie, cette comédie vieille comme le monde, sifflée ou non, est, au bout du compte, ce qu'on a encore trouvé de moins mauvais. Les rôles sont rebattus, j'y consens, mais, si la pièce ne valait rien, tout l'univers le saurait par cœur ; — et je me trompe en disant qu'elle est vieille. Est-ce être vieux que d'être immortel ?
Commenter  J’apprécie          170
Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un déluge de fadaises, et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien assommée de compliments. Je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose que de son malheureux visage. Mais non, toujours : Vous êtes jolie, et puis : Vous êtes jolie, et encore jolie. Eh, mon Dieu ! on le sait bien. Voulez-vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous n’êtes que des confiseurs déguisés.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Alfred de Musset (57) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alfred de Musset
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « La confession d'un enfant du siècle », _in_ _Oeuvres de Alfred de Musset,_ ornées de dessins de M. Bida, Paris, Charpentier, 1867, p. 432.
#AlfredDeMusset #LaConfessionDUnEnfantDuSiècle #LittératureFrançaise
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (522) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
812 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..