Je suis si infiniment habitué à toi que je me sens à présent perdu et vide : sans toi, mon âme. Tu fais de ma vie quelque chose de léger, de prodigieux, d’irisé, tu illumines tout de l’éclat d’un bonheur toujours différent : parfois tu es d’un rose brumeux, duveté, parfois sombre et ailée et je ne sais pas quand j’aime le plus tes yeux – quand ils sont ouverts ou fermés.
- 13 août 1924
Quand je pense que je vais bientôt te revoir, te prendre dans mes bras, je suis pris d’une telle émotion, d’une émotion si merveilleuse, que durant quelques instants, je cesse de vivre.
- 12 juillet 1926
Ma tendresse, mon bonheur, quels mots puis-je t’écrire ? Comme il est étrange, alors que ma raison de vivre est de faire couler un stylo sur du papier, que je sois incapable de te dire à présent combien je t’aime, combien je te désire… Un tel frémissement et un tel calme divin : des nuages fondants inondés de soleil – des monceaux de bonheur.
- 13 août 1924
Et je t’aime, je t’aime, je t’aime – et voilà peut-être de quoi est entièrement fait notre immense monde rayonnant – de quatre voyelles et trois consonnes.
- 12 juillet 1926
Tu es entrée dans ma vie, non comme on rend une visite (tu sais, « sans ôter son chapeau »), mais comme on arrive dans un royaume où toutes les rivières attendaient ton reflet et toutes les routes, tes pas.
- 8 novembre 1923
"Lolita" de Vladimir Nabokov (Alchimie d'un roman, épisode n°18)