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Marielle Morin (Traducteur)
EAN : 9782877308687
598 pages
Editions Philippe Picquier (25/08/2006)
3.74/5   41 notes
Résumé :
Quand un jeune écrivain anglais débarque dans le sud du Kerala pour rencontrer Koman, un célèbre danseur de kathakali, il pénètre dans un monde de masques et de sentiments réprimés. Koman et sa nièce Radha sont vite séduits par le charme de l'écrivain voyageur avec son violoncelle et ses incessantes questions sur le passé. Un triangle qui exclut rapidement Shyam, le mari de Radha, qui n'a su gagner ni l'amour ni l'estime de sa femme. L'arrivée de Chris va révéler la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Les neuf visages du coeur est un magnifique roman choral à trois voix d'Anita Nair dédié au kathakali, cette danse théâtrale du Kerala, réservée principalement aux hommes qui, lourdement maquillés et costumés, interprètent en musique pendant toute une nuit des personnages divins, masculins ou féminins, nobles ou démoniaques, issus des immenses épopées hindoues que sont le Mahabharata ou le Ramayana.

Chris, un jeune écrivain anglais, se rend au Kérala pour y rencontrer Koman, un célèbre danseur de kathakali et l'interroger sur sa vie passée, afin d'y puiser la matière d'un de ses futurs livres. Chris s'installe à l'hôtel tenu par Shyam et son épouse Radha, la nièce de Koman. Radha est incapable de rendre à Shyam l'amour qu'il lui porte et l'arrivée de Chris va très vite bouleverser le frêle équilibre de leur mariage. Tandis que Koman se raconte peu à peu à Chris et Radha, les deux jeunes gens tombent amoureux, au grand désespoir de Shyam qui assiste impuissant au délitement de son couple.

La construction du roman est admirable : ouvrant avec une délicate poésie chaque chapitre sur une des neuf émotions qu'un danseur de kathakali doit savoir interpréter avec son visage, Anita Nair nous fait vivre toutes les passions qui agitent chacun des personnages de ce triangle amoureux. Pour des yeux européens, il est sans aucun doute difficile d'apprécier, sans même parler de comprendre, un spectacle de kathakali qui se rapproche bien plus d'un art théâtral d'une durée interminable que d'une danse. Il nous sera plus facile de nous extasier sur la grâce, la beauté et le talent des danseuses d'un spectacle de baratha natyam. Pourtant, par la voix de Koman, la romancière réussit à nous faire toucher du doigt toute la complexité et la richesse de l'art du kathakali, les années d'apprentissage nécessaires, la dure exigence à laquelle les danseurs soumettent leurs corps pour incarner, pour être - et surtout pas "jouer" - Krishna, Dharmaputra, ou Draupadi la fille d'un roi.

Un grand coup de coeur !

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Si le moteur de votre lecture est l'histoire d'amour entre les 2 protagonistes, vous passerez à côté de l'essentiel : L'ivresse de la danse, des couleurs et des odeurs de l'Inde Installez-vous confortablement et laissez-vous porter.
le Kathakali, danse indienne, vous ouvrira les mystères des neuf visages du coeur. le personnage de Koman est une merveille de retenue, de passion, le feu et la glace, tel un danseur en équilibre transcendé par son art. le temps de la danse est le temps de la vie. Tout le reste n'est que mirage...


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Chris arrive en Inde sous le prétexte d'écrire un livre et dans le but de rencontrer Koman, un célèbre danseur. Radha et Shyam, enfermés dans un mariage insatisfaisant, vont voir leur relation se désagréger un peu plus du fait de sa présence.

Nous sommes ici dans un roman se déroulant sur deux temporalités: le présent, dans lequel se noue un triangle amoureux entre Chris, Radha et Shyam, sous les yeux de Koman; le passé de Koman et de sa famille, qui nous est raconté par celui-ci, sur une grande partie du 20e siècle.

Les « neuf visages du coeur » du titre sont les expressions que doivent figurer les danseurs de kathakali, dont Koman est un célèbre artiste, lors de leurs représentations. Chaque chapitre porte le nom d'une de ces émotions, qui nous est expliquée et est mise en rapport avec les évènements dont on va nous parler.

Dans chacun de ces (longs) chapitres, les personnages vont tour à tour prendre la parole pour nous raconter leurs histoires, nous exposer leurs pensées et leurs sentiments. A chaque changement de point de vue, le nom du protagoniste que l'on va suivre est indiqué, mais même sans cela, il serait facile de savoir qui parle, l'autrice ayant donné à chacun sa propre façon de s'exprimer (il n'y a que dans le dernier chapitre que j'ai eu du mal à différencier deux d'entre eux dans la façon de raconter).

L'accent mis sur la danse et l'aspect historique sont les points forts du roman. La critique de l'ignorance des touristes est également intéressante.

Si ce roman se retrouve malgré tout dans un billet sur mes lectures oubliables, c'est que je me suis beaucoup ennuyée. Je n'ai pas apprécié les personnages et les relations entre eux, alors que c'est ce qui forme la trame de l'intrigue. Leurs atermoiements amoureux m'ont plus agacée qu'émue ou intéressée. du coup j'ai trouvé le temps très long, j'avais l'impression que je ne verrais jamais la fin de ces presque 600 pages… Si je n'avais pas voulu en apprendre plus sur le kathakali, dont je n'avais jamais entendu parler avant d'ouvrir ce livre, j'aurais abandonné ma lecture. Une fois refermé, je me demande si ça valait bien la peine que je m'accroche jusqu'au bout.

Malgré tout, ça n'en fait pas un mauvais livre. Si vous aimez les histoires qui se penchent sur les relations amoureuses compliquées et les sentiments des personnages, le tout dans un contexte dépaysant, c'est un roman qui pourrait vous plaire.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Chris arrive en Inde où il est accueilli par Shyam, Radha et Koman.
Les narrateurs tout au long de ce roman seront les trois derniers. La voix de Chris est inaudible et pourtant il est important dans l'intrigue.
Radha a une trentaine d'années et est mariée depuis 8 ans à Shyam. le lecteur sent tout de suite que son mariage avec Shyam ne la rend pas heureuse. Elle méprise son mari, trop matérialiste à ses yeux.
Shyam, le mari, est le propriétaire de l'hôtel où Chris a choisi de rester pendant deux mois, le temps de rédiger un livre sur le troisième personnage Koman.
Koman est sexagénaire et est célèbre en Inde dans le domaine du Kathakali : une danse traditionnelle très appréciée en Inde mais peu connue en Occident.
Ce roman alterne entre le présent et le passé de Koman en commençant en 1937 avant la naissance de Koman puis sa naissance, son enfance et ses débuts dans le Kathakali.

Il y a donc alternance de 3 points de vue et de plusieurs époques : Shyam, jaloux de Chris, sent que Radha lui échappe, Radha tombe amoureuse de Chris et Koman observe le trio et se remémore son enfance.
L'alternance passé présent est régulière et je dois dire que la partie « passé » m'a totalement captivée alors que la partie « moderne » est moins intéressante (plus attendue sur l'usure d'un couple et l'adultère )
Comme Chris n'est pas un des narrateurs on se demande ce qu'il pense de tout cela.

Une lecture en demi teinte donc : passionnante par moment – la rencontre de Sethu, le père (hindou) de Koman avec Saadya (musulmane) est magnifique – et assez convenue par d'autres. Rien que pour la découverte du Kathakali, danse exclusivement masculine, ce livre vaut le déplacement.
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Une danse sacrée...
Voilà le fil conducteur d'un roman magnifique, d'une histoire de l'amour sur plusieurs générations.
Oui, une histoire de l'amour et non pas D'amour.
Tout ça sur une partition indienne, bercée par la musique des sentiments, les différentes strates du sentiment amoureux et surtout, rythmée par les pas de danse du danseur de Kathakali, lui-même investi, habité, sacralisé par le pandémonium, le monde des dieux, déesses et héros indiens, lorsqu'il invoque les neufs visages du coeur:
Srigaram l'amour,
Hasyam la joie,
Karunam le chagrin,
Raudram la fureur,
Viram le courage,
Bhayanakam la peur,
Bibhatsam le dégoût,
Adbhutam l'émerveillement et
enfin Shantam la sérénité.
Anita Nair nous fait découvrir un art sans équivalent pour nous Européens mais nous retrouvons à chaque étapes de ces neufs visages du coeur quelque chose d'universel et d'intemporel.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il baisse le regard puis le relève pour croiser le mien.
« Je ne sais pas encore comment je vais utiliser les informations que je vais réunir. Mais je sais que pour comprendre l’artiste, j’ai besoin de mieux connaître l’homme…Je connais tellement d’artistes, qu’ils soient écrivains, peintres, musiciens, danseurs, qui parlent de leur art comme s’il agissait d’un être vivant. Un être qui les accapare à l’exclusion de tout le reste.
– Oui, dis-je. L’art peut être une maîtresse jalouse »
Chris tapote son crayon sur la table d’un geste impatient. « Je crois que je ne pourrais comprendre ce que l’art représente pour vous qu’en mesurant la place qu’il a tenu dans votre vie. Vos rêves, vos espoirs, vos compromis, vos sacrifices. Tout ce que l’art a exigé de vous. »
Radha retient son souffle. Elle sait à quel point je rechigne à parler de moi. « Je ne sais pas si Oncle sera…. » dit-elle en se précipitant à mon secours comme elle l’a toujours fait.
Je lui souris, un sourire qui lui dit de ne pas s’inquiéter. L’honnêteté de la réponse de Chris me plaît. L’homme et l’artiste. Je n’ai jamais pensé à cette dualité. Existe-t-elle ?
« Avant de commencer, il faut que vous sachiez que le Kathakali a une particularité. Il exige du danseur, le veshakaaran, qu’il soit aussi un interprète, qu’il dépasse le ….comment dites-vous déjà, le livret du poète ….Dans mon histoire, ce que je prends pour la réalité est peut-être imaginaire et vice-versa. Vous comprenez ? Car il faut non seulement que je réinvente et que je rejoue ma vie, mais aussi la vie de tout ceux qui, à un moment ou un autre, y ont tenu un rôle. Je me tromperai peut-être dans les faits, des détails risquent de faire défaut, mais je ne vous cacherai rien. De cela, vous pouvez en être sûr. Et à la fin, vous pourrez me dire si l’homme et l’artiste ne font qu’un ou pas. Vous pourrez me dire qui l’emporte, l’homme ou sa maîtresse. »
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Le chagrin est partout. Il est dans le mois de juillet, karkitakam, quand le soulagement d'avoir survécu à la chaleur de l'été se dissipe et que le ciel étale sa grisaille, telles des cendres dont on aurait barbouillé le visage du soleil. Le sol est détrempé, boueux. Les gouttières et le feuillage des arbres ruissellent dans un goutte-à-goutte incessant. Les vêtements n'arrivent pas à sécher, la mousse pousse de partout. Les placards sentent le moisi et l'humidité triomphe.
Prenez une noix de coco tendre et approchez-la de votre oreille. Vous l'entendrez. Il est là, dans le clapotis du lait qui vient tanguer contre les courbes tendres de la chair de coco. Telles sont les voies fluides du chagrin.
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La terre engloutit la pluie comme un nourrisson affamé avale le premier lait de sa mère, à gorgées gloutonnes. Elle avait soif de ces fines gouttes de pluie régulières. Puis, rassasiée, elle eut comme un renvoi et exhala une fragrance forte et humide. Celle de la terre mouillée, chargée du souvenir des jours où le soleil l'avait calcinée, craquelant sa surface. L'humidité de la pluie, de la délivrance. On aurait dit qu'un dieu avait lancé sur moi des milliers de flèches venues transpercer mes pores et stimuler mes sens par leurs picotements, leurs fourmillements, leurs bourdonnements. Peut-être cela n'avait-il rien à voir avec la pluie. Peut-être fut-ce la première vision quej'eus d'elle. Dans ma mémoire, elle restera à jamais associée à l'arrivée de la mousson. Et son parfum restera celui de la terre sombre et humide.

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Nous en arrivons donc à Raudram. L'erreur la plus fréquente est de croire que Raudram est synonyme de colère. C'est normal car Raudram en a l'apparence. Regardez : commencez par les yeux. Ecarquillez-les au maximum, jusqu'au moment où vous êtes obligés de pencher la tête en arrière, de gonfler les narines, de serrer la bouche et de contracter les mâchoires. Inspirez normalement mais essayez d'expirer par les yeux. Avec intensité et vigueur. Vos joues vont finir par se doter d'une mobilité propre.
Est-ce que vous voyez ce que je veux dire maintenant ? C'est le visage que vous revêtez quand vous êtes en colère. C'est aussi le visage que vous revêtez quand la fureur vous domine. Mais qu'est-ce que la fureur ?
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Quand parfois le démon qui vient hanter tous les artistes se pose sur mon épaule et murmure à mon oreille que personne ne comprend ce que je fais, je lui tapote la tête en disant : ça n'a pas d'importance. Moi si.
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2:06 Compartiment pour dames, d'Anita Nair : https://www.babelio.com/livres/Nair-C...
2:38 Lisière, de Kapka Kassabova : https://www.babelio.com/livres/Kassab...
3:16 Touriste, de Julien Blanc-Gras : https://www.babelio.com/livres/Blanc-...
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