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4,17

sur 412 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre enchanteur que l'on découvre avec plaisir et quitte avec regret, sa douce musique m'a enchantée.

Gaëlle a un vrai talent de conteuse qui explose dans ce roman, je l'ai découverte avec son précédent titre « La part des flammes », magnifique fresque historique.

J'ai été transportée dans ce Paris des années folles aux côtés de ce poète libre, généreux et porteur de grandes idées.
Amoureux fou à deux reprises, Robert Desnos adore Youki, la compagne du peintre japonais Foujita. Une relation compliquée débute, alors que le peintre reste le compagnon officiel de Youki. Celle-ci aime plaire, Robert est souvent malheureux tandis que Youki danse jusqu'au bout de la nuit.
J'ai aimé l'ambiance du livre, la fidèle reconstitution qui m'a emmenée dans ces années aux côtés d'André Breton, Éluard, Aragon ou Cocteau.
Une belle écriture fluide nous incite à poursuivre inlassablement la lecture jusqu'au bout.
Un plaisir qu'on a envie de partager avec d'autres lecteurs : une perle littéraire a conseiller à tous.

À déposer au pied du sapin.
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Il est des rencontres qui changent une vie. Oh, je ne vous parle d'un flirt ou même de votre futur époux ou épouse. Non, je vous parle de celles qui s'ancrent dans chaque cellule de votre coeur, qui font rythmer vos nuits par l'écho des rimes, trouvant refuge en votre conscience, les jours de spleen.

Aussi beau le malheur soit-il, aussi déchirant l'amour se vit-il, Gaëlle Nohant, vous nous insufflez de l'optimisme aux couleurs poétiques à travers la vie époustouflante de votre "amoureux post-mortem", selon vos propres termes.
On ne peut que saluer le travail incommensurable de recherches qu'il vous a fallu mener pour transcrire ce fil ténu des années vingt, trente et quarante, au gré de dialogues passionnants, drôles et poétiques de Desnos, Youki, Barrault, Prévert, Aragon, Eluard...
Alors que mardi soir, j'arpentais les rues froides de Paris aux couleurs encore timidement scintillantes de Noël, j'eus parfois l'impression de voir quelque ombres furtives, poèmes envolés, pas de rêveurs, cherchant l'inspiration dans les yeux d'agapes amicales où l'on refait le monde.
Mon regard et les bruits alentour m'octroyèrent le reflet de votre livre : un instant de liberté. Qui pourrait certes être mise à mal demain, mais dans les pas et le coeur de Desnos, rien n'est plus précieux que l'instant présent. Puisque fuyons les suppositions, il nous reste demain pour mourir. Consacrons aujourd'hui à aimer.

Gaëlle, vous avez érigé un pont entre le passé et le présent.
De cette légende d'un dormeur éveillé, vous assurez la longue vie à Robert Desnos, et vous confirmez votre immense talent d'écrivain .
De cette nuit de l'impossibilité de l'avoir connu, vous avez fait jaillir la lumière d'une rencontre improbable, quoique évidente, entre Robert et vous. Entre Robert et nous. Entre nous et vous.
Depuis votre oeuvre, je me sens différente. J'ai une toute petite partie d'âme qui est venue se greffer pour propager en moi comme une douceur sucrée et apaisante.
Votre ouvrage est magistral !
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C'est dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire 2017 que j'ai lu ce roman en LC avec ma binôme préférée. J'avais beaucoup aimé "La part des flammes" et l'envie de suivre la plume de Gaëlle Nohant était grande, je n'ai pas été déçue bien au contraire.

C'est une biographie romancée qu'elle nous propose, celle du poète et résistant Robert Desnos, un homme aux mille vies épris de liberté.

C'est une lecture exigeante, mon rythme de lecture était beaucoup plus lent qu'à l'habitude au début du livre mais c'était nécessaire je pense pour s'imprégner de l'époque, entrer dans l'ambiance et se glisser dans le sillage de Robert Desnos et éprouver le sentiment étrange de vivre avec lui sa vie, ses soirées folles dans Paris. J'ai vraiment eu le sentiment durant toute la lecture qu'il m'accompagnait, de sentir sa présence auprès de moi.

Quelle vie les amis, ou plutôt devrais-je dire quelles vies incroyables car cette existence était tellement riche en contacts, en amitiés qu'on a le sentiment qu'il en a vécu plusieurs.

On se plonge au coeur des années 20 jusqu'à la fin de l'occupation. Gaëlle Nohant nous plonge non seulement dans la vie De Robert mais aussi nous conte L Histoire en majuscule, la situation mondiale, en Espagne, la crise économique, la montée du nationalisme, l'avènement d'Hitler, la guerre..

Avec Robert on va vivre des soirées folles dans Paris, on côtoie les précurseurs du surréalisme Breton, Crevel, Man Ray, Jeanson mais on participe aussi à des discussions intéressantes avec Prévert, Aragon, Rimbaud, Néruda, Eluard, Garcia Lorca, Picasso. On refait le monde au café des "Deux Magots"...

On vit avec lui le processus de création, ses nouvelles, poésies, romans, théâtre... , toujours ce besoin d'écrire pour vivre, pour être libre.

On vit les tensions avec Breton, sa rencontre avec Deharme qui l'amène à devenir animateur de radio, rédacteur puis chroniqueur dans un journal où la rencontre avec Laubreaux déterminera une partie de sa vie.

Desnos c'est aussi le fêtard, l'amoureux. Deux femmes dans sa vie Yvonne George une célèbre chanteuse et celle qui sera l'Amour de sa vie, Youki Foujita, muse de Montparnasse, collectionneuse d'hommes mais qui au final découvrira l'amour véritable avec Robert.

Des amis : Foujita, Jean-Louis Barrault, Frankel... J'ai appris énormément de choses sur cette période sur les personnalités artistiques célèbres qui faisaient partie de son quotidien. J'ai adoré ces découvertes.

Et puis il y a l'autre facette de l'homme toujours généreux, rendant l'espoir et le sourire dans toutes les circonstances, quelle homme généreux qui prit parti durant l'occupation et devint résistant actif. Son engagement était total ne supportant pas l'occupation et étant trop épris de liberté.

Peu à peu je suis rentrée dans le récit de sa vie, c'est passionnant, enrichissant. Je me suis attachée à lui et surtout à Youki qui grâce à lui a appris à aimer pleinement. Quel amour incroyable, véritable jusqu'à la fin de sa vie. Que d'émotions et de larmes versées je dois bien l'avouer à la fin du récit. La plume est magnifique, ponctuée de la poésie de Robert Desnos. Que de poésie, de passion et d'amour, un choix des mots justes, c'est juste splendide, envoûtant et lumineux.

Je vous invite vivement à découvrir ce très beau coup de coeur. ♥♥♥♥♥

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« Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas ça n'existe pas

Et pourquoi pas ? »

C'est avant tout grâce à cette comptine que je connaissais Robert Desnos depuis les bancs de l'école, c'est la même que trente ans après j'ai fait apprendre à mes deux garçons coup sur coup. Par un portrait aussi, des yeux clairs et rêveurs derrière des lunettes rondes, des plaques sur les rues de Saint-Germain des Prés, à quoi se résume la vie d'un poète.
C'est dire si l'éblouissement est grand à la lecture de cette Légende d'un Dormeur Eveillé qui nous ouvre les horizons du poète bagarreur, de ses rêves et ses combats, que ce soit contre un mouvement artistique ou un élan fasciste, et de ses amours, non plutôt son unique amour pour Youki Foujita, une belle Sirène évaporée qui ne réalisera que trop tard la valeur d'être aimée.

C'est une sublime prouesse qu'a réussi Gaëlle Nohant, celle de nous asseoir à la table d'artistes capables de se battre pour leurs idéaux, pour une publication ou pour la guerre, au nom de ce que Desnos n'abandonnera jamais même au seuil de la mort : la liberté d'être poète. L'auteure ressuscite pour nous sa joie de vivre et cet optimisme perpétuel, y compris lorsque la guerre éclate, le poussant jusqu'à l'imprudence.
On croisera au fil des pages Man Ray, Kiki, Cocteau, Breton, Yvonne George, Jean-Louis Barrault… des fidèles parmi les fidèles à ceux qui se compromettent pour un bon mot, que devinrent les artistes alors que le nazisme montait et que Paris devint un piège qui se referme ? Robert Desnos se servira de sa poésie comme d'une arme, de sa fascination pour les rêves comme d'une matière vitale, carburant de son désir de surprendre et d'inventer sans relâche. Il nous reste de lui bien plus qu'une comptine, les mots soufflés par l'Histoire, la légende d'un rêveur, la passion contagieuse d'un auteur pour son sujet.
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Avec Légende d'un dormeur éveillé, Gaëlle Nohant nous entraîne aux côtés de Robert Desnos dans le Paris des années folles bientôt troublé par les heures sombres de l'Occupation. Un roman fort qui m'a émerveillée autant qu'il m'a bouleversée. Un véritable coup de coeur pour cette histoire et pour la plume de l'auteure !

Robert Desnos est un poète emblématique du début du XXème siècle. Il semble avoir vécu mille vies, mille métiers, des métiers de plume surtout. Il a gravité dans les sphères surréalistes sous la houlette d'André Breton, dont les exigences pèsent bien vite à Robert Desnos qui s'éloigne avec quelques autres éléments du groupe. Desnos se fait beaucoup d'amis et traverse la vie au gré de ces belles rencontres. Il rencontre sa Sirène, la belle Youki qu'il subtilise au peintre Foujita. En s'installant rue Mazarine, il instaure une tradition de repas le samedi où il aime rassembler tous ses amis poètes, journalistes, toutes les âmes artistes. Robert Desnos est un personnage complexe qui terre en lui un jeune enfant en manque d'amour maternel que son père a jeté dehors parce qu'il voulait faire de la poésie son métier. Il se caractérise par une loyauté sans faille, une honnêteté parfois trop tranchante qui, aux grandes heures de l'Occupation, lui vaut d'être une cible de choix pour la Gestapo et les collaborationnistes de l'intelligentsia parisienne. Robert Desnos est un poète résistant qui a écrit autant qu'il a agi. Robert Desnos est un poète qui croit en sa destinée, peu importe où elle le mène.

J'ai adoré ce livre. C'est une pépite de cette rentrée littéraire ! L' écriture de Gaëlle Nohant possède une telle force que j'ai eu l'impression de marcher aux côtés de Robert Desnos tout au long de ma lecture, de suivre ses pas, de voir ce sur quoi son regard se posait et de ressentir les émotions qui le traversaient. On ne ressort pas indemne de cette lecture « multi-sensationnelle ». On sourit à l'insolence du poète qui n'aime pas se soumettre et se faire dicter sa ligne de conduite comme ses lignes écrites. Il est tempétueux le poète, mais il a un coeur en or, dévoué à protéger et venir en aide aux gens qu'il aime. Il fait preuve d'un immense courage et prend tous les risques en ne s'appuyant que sur sa destinée. C'est grand, c'est beau cette destinée qui le porte jusqu'au bout. Il croit en la vie, jusqu'à la fin. Il croit qu'il pourra faire ressortir quelque chose du pire.  J'ai pris conscience de mon destin à Auschwitz et il commence à me passionner. Je n'ai pas choisi de venir ici mais maintenant que j'y suis, je veux voir jusqu'où les Allemands peuvent aller. Quand je reviendrai, j'écrirai sur tout ça. Ne t'en fais pas pour moi, j'ai une étoile pour veiller sur moi et une Sirène à retrouver. Je ne risque rien.  Ces quelques lignes résument à elles seules l'état d'esprit jusqu'au-boutiste de Robert Desnos. On les prend en pleine tête alors qu'on a déjà eu le coeur bien remué les chapitres précédents. Il voulait témoigner de l'horreur nazie quitte à tout sacrifier, avec sa destinée pour seul bouclier.
Robert Desnos est également un bel amoureux qui donne tout aux femmes de sa vie, souvent de façon unilatérale. Mais il se satisfait de ses bribes d'amour et les transforme en vers merveilleux :  J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille. 
Le Paris vécu par Robert Desnos est romanesque. On le parcourt à ses côtés. On voit l'ombre de l'occupant grandir et gagner ses rues. On assiste également à l'évolution de l'engagement en résistance du poète, et c'est passionnant.
Gaëlle Nohant nous conte l'histoire d'un homme sans concessions qui a tout donné dans sa poésie, dans ses amours, dans son combat pour la liberté, l'histoire d'un homme chez qui André Breton percevait « le regard étrangement lointain, l'oeil d'un bleu clair voilé de « dormeur éveillé » »

C'est un roman magnifique, le roman d'amour d'un poète épris de liberté, prêt à tout pour la préserver. C'est en plus une fresque historique dans le milieu littéraire et journalistique captivante. Légende d'un dormeur éveillé est une lecture marquante et bouleversante, une des mes plus belles lectures cette année.
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Une chronique un peu particulière dans le cadre des #MRL2017

C'est dans le cadre de ma participation aux Matchs de la Rentrée Littéraire, ou encore #MRL2017, organisés par Priceminister que j'ai pu découvrir Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant.

J'avais choisi ce livre après en avoir lu énormément de bien sur les réseaux sociaux et je me suis dit que j'avais là l'occasion de le découvrir, de faire confiance à tout ce que j'ai pu lire à son sujet et à me laisser porter par ce roman. C'est ainsi que j'ai rencontré Robert Desnos...

J'ai rencontré Robert Desnos,
Celui qui se cachait derrière cette Légende d'un dormeur éveillé
Celui qui semble avoir envoûté Gaëlle Nohant le temps d'un roman
Celui qui a vécu mille vies, mille vies qui nous sont contées dans ces pages.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Un personnage qui ne ressemble à aucun autre
Que dis-je un illustre personnage plutôt qui fut poète il y a de cela longtemps
Un poète, chroniqueur radio, mais aussi et surtout résistant qui n'avait peur de rien.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Et tout ses amis, cet entourage fort qui le portait et le galvanisait
Ses habitudes, ses combats, ses idées qu'il défendait corps et âme
Et son amour pour Youki qui n'a jamais faiblit.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Plongeant totalement dans ces décennies passées
Dans le Paris d'avant, cette frénésie qui l'habitait
Battant le pavé à ses côtés et m'attablant aux terrasses des cafés.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Je ne le connaissais pas
Je l'ai accompagné, aimé, porté jusqu'aux dernières pages
Dernières pages que j'ai également partagées avec Youki.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Et dans cette dernière partie, celle qui m'a plus que touché
Je ne faisais plus qu'une avec Youki, avec l'espoir qui m'habitait
Avant cette fin tant redoutée.

J'ai rencontré Robert Desnos,
À travers ces pages et son histoire que Gaëlle Nohant a su faire revivre
À travers ses mots, sa plume qui nous enivrent
Pour une lecture riche et dense durant des heures de plaisir.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Dans ce livre qui est une très belle découverte
Dans ces pages qui ont su me transporter durant son temps
Dans ces mots qui m'ont presque révélé des secrets.

J'ai rencontré Robert Desnos,
Et j'ai bien fait d'écouter ce que les autres en disaient...
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    Les biographies m'effraient. J'ai souvent l'impression qu'on égraine inlassablement des dates. Malgré tout, je reste toujours curieuse de cet art, car raconter la vie de quelqu'un est difficile : il faut garder de la distance et ne pas être dans le jugement. Robert Desnos, je le connaissais poète, appris à l'école. Je me souviens vaguement qu'on a parlé de sa vie et de son rôle de résistant, mais cela ne me marqua pas. En écoutant Gaëlle Nohant dans l'émission "La grande librairie", je me suis souvenue de sa poésie, et la curiosité a pris le dessus. J'avais envie de plonger dans son histoire. 

    Robert Desnos. Poète, surréaliste, résistant, affectionnant la liberté et les mots, l'opium et l'alcool et les femmes. Un homme qui a connu une fin tragique. Gaëlle Nohant nous fait suivre les rencontres avec d'autres intellectuels, Aragon, Eluard, avant de rejoindre d'autres comme Masson ou Jacques Prévert. On découvre son passage en radiophonie, son travail au sein d'un journal et les mots qu'il utilisera jusqu'à son arrestation par la Gestapo pour résister et lutter contre ce qu'il sait très tôt comme dangereux pour la liberté. 

    Nul doute que ce livre fut long. Pour ma part, il a fait partie de ma catégorie "livre de chevet" : je le retrouvais le soir uniquement afin de ne pas le trouver indigeste. Habitude de lectrice. Pourtant, malgré des passages un peu lourds, j'ai été vite transportée par la plume de l'auteure qui a su trouver le bon ton et les mots pour parler de sa vie. En suivant ses pérégrinations amoureuses, on découvre l'homme de sentiment. En suivant sa création, on découvre son imagination. En suivant le résistant, on découvre sa force de caractère. Gaëlle Nohant nous entraîne avec elle en donnant de la puissance aux personnages, une âme : pas d'ennui, de nouvelles interrogations ont émergées de ma lecture. 
    J'ai particulièrement apprécié les dialogues, retrouvant une ambiance d'un temps révolu. Encore une fois, l'écriture travaillée, le travail incroyable de documentation donne vie à ce livre. La partie sur l'Occupation est fascinante : je n'ai pas lu assez d'ouvrages connaissant les grandes lignes de notre histoire. Ici, L Histoire se déroulait, personnage à part entière dans ce livre. Gaëlle Nohant lui a donné une résonnance particulière en la présentant avec le rôle de Robert Desnos dans la Résistance. Indéniablement la partie la plus intéressante à mes yeux. 

    le livre est parsemé de vers du poète. "Je suis le veilleur du Pont-au-Change [...] Je vous salue vous qui dormez". Une façon pour l'auteure de nous faire suivre en parallèle de sa vie, son oeuvre qu'elle affectionne. 
    
    Au collège, une de mes professeures qui a été celle qui m'a fait aimer la littérature "classique" nous a dit un jour en classe "qu'un livre, un poème, un tableau n'avait d'importance et de résonnance que lorsqu'on connaît la période dans laquelle il avait été créé". Aujourd'hui adulte, je le comprends davantage. Merci Gaëlle Nohant ! 

En bref : 

Un livre certes long et dense, mais qu'ont plaisir à reprendre entre les mains pour découvrir la vie d'un poète, de ses amours à ses engagements, jusqu'à une fin des plus injuste. 

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Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant aux éditions Héloïse d'Ormesson
1- « Mais aujourd'hui c'est aujourd'hui
Je sens que mon commencement est proche
pareil aux blés de juin. »
Robert Desnos, né en 1900, a vécu dans le quartier populaire des halles, y gravitent des artisans, des commerçants, une faune de nuit qui éveille l'enfant puis l'adolescent, à la diversité des hommes.
Son père le voyait bien épouser une carrière commerciale, auquel le fils opposa un non catégorique car il voulait être poète. A l'école il s'est beaucoup ennuyé, sa vie devait être différente.
«  Tu t'entends bien avec ton père ? interroge Alejo
 Ça a été compliqué, longtemps…, sourit Robert. Quelle colère il a piquée quand je lui ai annoncé que je m'arrêtais au certificat d'études ! Je voulais être poète, je n'en démordais pas. Il m'a jeté : C'est tout ce que tu as trouvé ? Dans ce cas tu te débrouilleras tout seul ! C'était un marché rude, mais honnête. »
Son intérêt pour l'autre, se voit immédiatement dans ce roman, d'une part lorsqu'il ramène de son voyage à Cuba, Alejo Carpentier tout juste sorti des geôles cubaines pour raison politique. Puis August, l'enfant noir venu de Louisiane, qui a maille à partir avec un chef de gare. Et aussi Antonin Artaud, dont il aime « la hauteur dégingandée, ce visage de dieu grec où brûlent des yeux de prophète libertaire. Il devine que son charisme découle d'un déchirement de l'être ; ce point d'insoutenable sur lequel il se tient, bravant la terreur qu'il lui inspire. » Robert Desnos fait partie de ceux qui ont aidé Antonin Artaud à se mettre au vert à Rodez, il ne l'a jamais laissé tomber.
S'il appartient au groupe des Surréalistes, il s'en distingue pour ces raisons, qui font que les idées ne vaudront jamais plus que l'humain.
Gaëlle Nohant dans cette première partie montre bien en quoi Robert Desnos, ne pouvait adhérer à l'autoritarisme de la figure de proue du surréalisme, André Breton, qui n'admettait pas que l'on n'exécute pas sa devise : « La révélation du sens de sa propre vie ne s'obtient pas au prix du travail. [...] Rien ne sert d'être vivant, s'il faut qu'on travaille. »
L'auteur a l'art indéniable de peindre les petites gens comme les figures artistiques.
Pour ses amours Robert Desnos se partage entre Yvonne George « Oh si, j'ai souvent couché avec elle. En rêve… Au point que j'ai souhaité ne plus m'éveiller. » et Youki Foujita « Je suis allée si loin dans l'amour que j'ai pensé ne jamais en revenir. J'ai affronté ses grimaces. Aujourd'hui j'en connais aussi le sourire. Je ne vais pas m'en plaindre ni m'en excuser. »
Une première partie foisonnante de personnages hauts en couleur, entre amitiés, amours, liberté, alcools et drogues, chacun trace son sillon en navigant du premier Manifeste qui définissait le Surréalisme comme « un groupe de rêveurs lucides » jusqu'au naufrage de la purge instaurait dans le second manifeste, le tout sur fond de musique de Jazz.
2- « Et voici, Père Hugo, ton nom sur les murailles !
Tu peux te retourner au fond du Panthéon
Pour savoir qui a fait cela. Qui l'a fait ? On !
On c'est Hitler, on c'est Goebbels… C'est la racaille, »
La deuxième partie amorce la rupture venue des USA, la crise du jeudi noir qui va s'attaquait à l'automne 1930 à toutes les couches de la société. L'iceberg en est la multiplication des soupes populaires. Pour notre poète c'est courir après le moindre boulot : « même s'il est robuste, combien de temps pourra-t-il tenir cette vie dure, privée du confort le plus élémentaire, avec pour seuls luxes la musique qu'il écoute des nuits entières et ses longues promenades dans Paris qui ne fait pas la fière… »
Lorsque le travail se retrouve (une superproduction radiophonique de Fantômas) il s'associe naturellement avec Kurt Weil, juif sympathisant communiste, musicien dont les nazis viennent de brûler les oeuvres et qui ne peut plus rentrer en Allemagne. Il retrouve son ami Antonin Artaud à qui il demande de prêter sa voix et son rire démoniaque à ce « Génie du crime ».
Plus encore, à cette période, Robert Desnos est un homme en action, sa devise : « Ne plus être soi, être chacun ».
A la radio, il se lance le défi de « cultiver l'auditeur en l'amusant » et cela quotidiennement. En ces temps troublés, il ressent au plus profond de son être, la voix de la révolte et de la fraternité.
Ses amis sont emprisonnés, s'exilent, ou se suicident. L'horreur est omniprésente.
La conscience toujours en éveille, avec ses amis de la première heure, Alejo Carpentier, Prévert, Jeanson il fait de nouvelles rencontres, Jean-Louis Barrault, Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca. Nous sommes en 1936, en Espagne, il mesure le silence des tragédies muettes. de retour en France, le Front populaire est un élan qui épouse ses convictions profondes. En septembre l'assassinat de Federico Garcia Lorca soude Neruda et Desnos dans la même émotion d'une conscience éveillée.
Début 1937, lorsqu'il rend un hommage public au poète assassiné, Desnos voit Aragon revenir, enfin débarrassé du joug d'André Breton.
Les invectives fusent de la part des nationalistes à son encontre, impossible d'être dans une brasserie sans que cela dégénère : « Dites-moi, Desnos, pensez-vous que nous allons continuer à tolérer le ramassis de métèques qui profite de notre laxisme pour engraisser sur notre dos et baiser nos femmes ? Ou nous laisser gouverner par un Juif et sa clique de Maçons ? Nous abritons trois millions de parasites, ce pays est le dépotoir de l'Europe. Mais le temps de vos amis est compté, tic tac tic tac… le vôtre aussi d'ailleurs, car avec ce physique, vous aurez du mal à vous faire oublier quand nous lancerons le grand nettoyage. »
Franco en Espagne, Hitler en Allemagne, « Robert sent le grondement de l'orage à ses temps et ferme les yeux. La guerre. Il la devine dans ce murmure qui enfle et obscurcit les rêves des auditeurs, ce souffle qui éteint les bougies et les souhaits. Elle prend la forme de cette marée noire qui va les emporter, de ces rats qui grouillent sur les branches de l'arbre, de ces fosses vertigineuses où ils glissent sans trouver d'appui, des cimetières qui se multiplient le long de leur promenade. »
3- « Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un même mot d'ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses partisans !
Pourtant ce coeur haïssait la guerre et battait au rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à réveiller les vieilles colères »
En 1940, aux côtés de Jeanson dans le journal Aujourd'hui, Robert Desnos agit.
Il commet des critiques acerbes du gouvernement de Vichy. Lorsque Jeanson est écarté du journal, il somme Desnos de continuer. Avec Interlignes, chroniques littéraires il s'engage à faire que ses lecteurs pensent par eux-mêmes.
C'est aussi le temps des rutabagas et du froid à l'extérieur mais aussi à l'intérieur, des gens disparaissent.
29 mars 1942 apparition de l'étoile jaune qui va trahir et désigner les victimes des prochaines rafles, là non plus, il ne peut rester immobile. Des faux papiers, il doit fabriquer.
Ses nuits, il les passe à noircir le papier, poèmes, livres pour enfants, roman sur l'addiction surtout lorsque son coeur est lourd de l'absence de Youki.
Juillet 1942 : rafle du Vel d'Hiv…
Malgré des menaces de plus en plus précises Robert Desnos, écrit et oeuvre à la justice mais ses batailles doivent prendre l'ombre.
Dans tout ce tumulte il prendra le temps de venir en aide à Antonin Artaud après l'appel au secours lancé par sa mère Euphrasie. Il est comme cela, présent physiquement, il va aller à l'hôpital où est enfermé son ami et où comme des milliers d'autres êtres égarés il subit la faim et mille autres misères.
Avec l'aide du docteur Ferdière il réussira le transfert à Rodez de l'ami Antonin.
Les jours, les nuits, les mois passent, un nom circule Auschwitz, il souffle l'inimaginable, l'indicible.
C'est le chaos…
Il sera arrêté le 22 février 1944, il ne fuit pas.
4 « Même si tu dis des mensonges
si tu simules ton émoi
Pour que le songe se prolonge
Mon amour parle-moi. »
Youpi « Neige rose », la femme volage, insouciante et gâtée, est anéantie.
Pour elle commence la quête, désespérante et incessante pour sauver son homme.
« Cette ville regorge de prisons, de réduits humides, de forteresses profondes où l'on peut faire disparaître quelqu'un du jour au lendemain, effacer ses traces. le silence est une arme psychologique, une torture raffinée dont se délectent les bourreaux et les fonctionnaires, regardant s'allonger ces files de gens qui crèvent de ne rien savoir. »
« Je revisite notre passé. Partout, je vois des indices de ta vie clandestine. »
Des mois de lutte, d'espoirs, de désillusions, d'espoirs à nouveau … Robert Desnos 4 juillet 1900-8 juin 1945.
Ma lecture a été une longue marche dans les pas (tel son ombre) et non sur les traces de Robert Desnos. J'ai arpenté « Paris est une fête », j'ai aimé, souffert ; je me suis révoltée contre l'ennemi.
Le livre de Gaëlle Nohant est un monument d'érudition érigé à l'homme et à son art qui sont indissociables.
Et, oh merveille ! j'ai fait des pauses, telle une ombre posée sur un banc, pour relire ses poèmes au rythme de ce quatuor narratif. Ses vers dansent, chantent, s'engagent, griffent, cisaillent, coulent d'humanité toujours.
Comment ne pas penser à certaines similitudes avec notre époque, mais je reste persuadée, le coeur crevé, que cette flamboyance n'existe plus et que notre monde est bien terne.
J'entends Jean Ferrat chanter :
« Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne »
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 9 décembre 2017.


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Un véritable coup de coeur pour ce sublime Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant.
L'auteur y conte à merveille la vie passionnante que fût celle de Robert Desnos. Son travail de documentation est réellement impressionnant, de fait, on traverse les décennies aux côtés du poète tant est si bien qu'on a vraiment l'impression d'être avec lui. Certains de ses vers sont parsemés au fil du récit et cela ajoute du corps au texte.
J'ai eu le sentiment avec ce livre passionnant de découvrir Desnos que finalement je connaissais bien mal.
Les dernières pages, celles concernant la période de déportation du poète m'ont arrachées des larmes.
Bref,splendide !
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Ce livre me donne grande envie de relire les poèmes de Robert Desnos, de retrouver sa fourmi de 18 mètres et son éléphant à une patte !
A travers ces pages je revois ses jeux de mots, les tableaux de Foujita et Dali, les poèmes de Prévert qui illustraient mes livres de lycéenne.
Gaelle NOHANT nous offre avec cette splendide biographie de DESNOS une envolée dans le Paris des Surréalistes des années folles. Desnos et ses amis étaient considérés comme des « parasites qui dissipent leurs vies dans la fête et l'alcool » . Poètes et artistes ne crachent pas sur la pipe à opium, s'enivrent dans les boites de Montparnasse ou des halles. Vivre la nuit émoustille leur talent. Ils sont là pour bousculer non pour séduire !! Ils sortent de la norme. Desnos, fauché, aux chaussures trouées, aux yeux de myope est attachant pour ses faiblesses, ses amours impossibles avec Yvette Georges ou Youki. Dans années 30 Desnos crée des slogans pour la radio. Il vit enfin avec la belle et infidèle Youki, rue Mazarine. Tous les samedis sont dédiés à leurs amis. Derrière une table couverte de bouteilles de vin, avec Prévert, Queneau, Eluard, Jean-Louis Barrault, ils s'attardent en discussions sur le front populaire, sur la monté du fascisme, sur la guerre civile espagnole où leur ami Garcia Lorca a été assassiné. le film de Bunuel «l'âge d'or » est décrié et provoque des bagarres… Cette génération sait qu'il faut vivre vite, la noirceur de l'horizon est un mauvais présage. Il écrit avec colère un recueil pour les guillotinés « les sans cou ».

Gaëlle Nohant m'a attrapée avec ce livre si prenant au point que dansent sous mes yeux les couleurs de Foujita, de Max Ernst, les photos de Man Ray. J'entends les notes de Jazz qui bercent les poèmes de Desnos dont elle ponctue son texte. Je ne parviens pas à m'échapper de ces pages. Pourtant la troisième partie terriblement émouvante, est bien sombre entre résistance et déportation. Youki maintenant prend la parole, se débat, se démène, utilise même certaines relations douteuses. Elle veut protéger son poète. Desnos trouve un abri dans la poésie. Je vous laisse découvrir ce magnifique roman, qui mériterait un prix littéraire tant la plume est harmonieuse, tant la documentation est riche et précise. Gaëlle Nohant nous redonne le gout de la poésie, de la beauté des mots…
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