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4,17

sur 414 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il m'arrive de gravir un livre avec la même attention qu'un alpiniste gravirait la montagne de ses rêves. Tentant d'en retenir chaque détail, de frissonner à chaque mot. de prolonger l'effet. Parce que ça vibre et parce que ça résonne. Parce que ça parle d'écriture et sans doute à ce que j'ai de plus cher et de plus profond. Parce que j'ai l'impression qu'on y parle de moi, que je suis là, contenu dans les pages. Et je vois le marque page avancer inexorablement vers ce moment fatidique où la découverte sera passée, où cela ne sera plus la première fois, où il sera transformé en souvenir. Je le vois avancer dans l'épaisseur blanche des pages qui restent en songeant à ce rapport intense que j'ai à la littérature, mon sablier. Les minutes passent au rythme des pages qui tournent, il y en a de moins en moins qui restent. Pour ça sans doute que j'ai toujours détesté finir les livres.




« Légende d'un dormeur éveillé » (qui parait chez Héloïse d'Ormesson le 17 aout)... Gaëlle Nohant m'a déjà eu au titre. Il fallait s'y attendre. Je ne suis pas un bleu, je connais mes faiblesses et les sortilèges qui fonctionnent sur moi. Je ne connaissais Robert Desnos que de nom (je n'ai plus trop de honte à admettre mes ignorances). Mais je connaissais Gaëlle. Par la Part des flammes et ce temps jadis dont elle avait retrouvé l'esprit.

Dans celui-là, il y a tout cela et plus encore. Quelque chose d'une âme et du sang d'un poète. Ce roman, c'est un vertige, une cavalcade fulgurante dans l'histoire et dans le Paris des années folles, puis des destins qui basculent dans la France occupée. Une odyssée au coeur d'une intimité généreuse, passionnée, foisonnante, engagée. La force d'un destin.

L'un de ces livres qu'on saisit au matin dans un demi-sommeil et un léger sourire, avec le réconfort, la grande joie d'en retrouver les mots. L'un de ces récits qui vous mettent l'existence entre parenthèses. Un héros dont vous allez épouser le rythme et le souffle.

Être auprès de lui avant tout et absent à tout le reste.

Il y avait, quand j'étais étudiant, une certaine défiance vis-à-vis des autodidactes et de ces curieux urluberlus qui atomisaient leurs chapelles respectives pour se mêler de cinéma ou de chanson. J'ai encore assez vif en mémoire ce cuistre qui nous avait fait tout un cours pour nous faire discerner le grand art de l'art mineur (en gros, la poésie classique contre Barbara et Jacques Brel). du coup, on en parlait assez peu. Je me souviens vaguement d'une affiche avec le nom et le visage de Desnos. Je n'en connaissais rien. Et avec l'humilité de mes 20 ans et sans l'assurance de mes 40, je me rangeais paresseusement à l'avis de ceux qui savaient. En renâclant, par devers moi, parce que quand même, j'adorais autant Baudelaire que Brassens.

Il a fallu attendre ce bouquin à la couverture bleutée, pour me plonger véritablement dans cette époque, pour en tomber amoureux même, de cette effervescence artistique, de cette révolution surréaliste des années 20. Pour entendre et ressentir en moi la voix de ces fous glorieux avec qui j'aurais adoré prendre un verre. Parce qu'ils sont tous là : Queneau (dont les romans m'ont fait rire si fort), Man Ray, Prévert, Eluard… Et le grand manitou André Breton qui faisait la pluie et le beau temps, qui distribuait les louanges ou les excommunications avec un dogmatisme sidérant, un autocrate charismatique dont on se demande quand-même un peu de quel droit on lui obéissait aussi aveuglément (je ne l'ai jamais vraiment aimé, je n'aime pas les petits chefs, les militants, les sectaires). Mais agaçants ou admirables, ils sont là, tonitruants et vivants, provocateurs et drôles, audacieux et insouciants.

On les connaît. On les ressent. L'histoire s'incarne sous vos yeux, avec cette alchimie que j'avais déjà éprouvée en découvrant La Part des flammes. Comme si Gaëlle Nohant avait le don de saisir l'essence d'un temps jadis et de vous le restituer, intact et sans anachronisme, comme un diamant pur et miraculeusement préservé dans sa splendeur originelle. Tout ça revit. Et vous entendez presque le son de leurs voix, la rumeur de ces fantômes que vous ignoriez. Et qui d'un coup envahissent votre présent.

Ce livre est une initiation. L'envie de se plonger dans une époque en saisissant sa main tendue. Je défie quiconque de ne pas vouloir le prolonger, l'augmenter, par les films de Carné (scénarisés par Prévert, les Enfants du Paradis ou les Portes de la Nuit). Parce que la vérité c'est que vous devenez au fil des pages, leur familier et leur intime. Vous vous êtes attachés très fort au petit monde De Robert. Vous êtes effaré sans doute aussi, d'en savoir si peu sur lui.

Alors on le suit, dans son amour pour sa muse, Yvonne, perdue dans les fumées d'opium et condamnée par la tuberculose. Dans cette liaison curieuse, intense et dépourvue d'étreintes. Et on vibre avec lui de cette passion pour Youki, la femme du peintre Foujita, qui deviendra sa sirène, une femme qui déchaine sa sensualité et son anticonformisme. J'ai songé à cette parenthèse d'insouciance, ce « Paris est une fête », célébré par Hemingway (que l'on croise également ici), cette respiration juste après la grande guerre, cette bouffée d'insouciance (liée aussi dans mon esprit au couple formé par Scott et Zelda Fitzgerald). J'ai eu envie de revoir Minuit à Paris de Woody Allen. Il y a toujours cette nostalgie dans certains endroits de la ville, quand la jeunesse transfigurait certains lieux de son insolence (quand on voit à quel point leur domaine aux alentours du boulevard Saint Germain s'est embourgeoisé, ça laisse un tantinet rêveur…).

Et puis il y a les mots. Les extraits de poèmes dont Gaëlle parsème régulièrement son texte comme pour illustrer les évènements qu'elle décrit. C'est comme une invitation perpétuelle à les redécouvrir, à leur redonner leur place, leur légitimité, leur ampleur. Elle fait oeuvre immense. Relatant les destins majuscules et la beauté généreuse de leur art. On tombe amoureux d'eux, véritablement. Et surtout, on ressent leur époque, leur contexte. On y est véritablement plongés. On oublie où on est, on oublie qui on est, on ne peut plus les quitter. On les connait.

Ça m'a rappelé ce grand sourire du coeur, celui de ces quelque fois où j'ai pu rencontrer des écrivains que j'admire, cette connivence, cette évidence, cette amitié. Ce roman est celui qui m'a présenté Robert Desnos et qui m'a fait devenir son ami. On est dans ce degré d'intimité-là. de reconnaissance entre des sensibilités semblables. C'est rare qu'un livre s'inscrive dans une vie comme une rencontre. Gaëlle m'avait envoyé le livre en ajoutant malicieusement : « Je sais que vous allez bien vous entendre ».

C'est exactement ce qui s'est passé. Très vite, la barrière de la fiction et des mots a été balayée. J'étais là. Intensément là. Comme bien peu de fois on l'est dans la vie, en vérité. Témoin du souffle d'une époque en train de basculer, d'artistes soudain rattrapés par le tourbillon de l'histoire. le fracas de la guerre d'Espagne et puis celui de la débâcle. On s'approche au plus près des fulgurances et des tragédies, le destin brisé de Lorca, celui de Neruda. Je les ai vus se débattre. Certains se comporter en parfaits salauds (comme cette ordure de Céline pour qui la postérité est encore si clémente). D'autres tentant honorablement de tenir au milieu de la tempête. Et Robert Desnos surtout, dont la clairvoyance est admirable, qui jamais ne s'est trompé d'engagement. Qui gardait farouchement le coeur au bon endroit, parfois avec violence. Même si ça faisait peser sur lui toute la menace du régime de Vichy qui tolérait de plus en plus mal ses sorties subversives et ses chroniques dans les journaux. Il était hostile aux collabos et n'en faisait pas mystère, se créant à l'occasion quelques ennemis mortels. Evidemment on le soupçonne d'origines juives. Evidemment sa liberté de ton et d'attitude sont devenues intolérables.

J'ai eu une réaction d'enfant à la lecture. Je ne voulais pas que ça finisse. Je me désolais d'avoir d'autres livres à lire. Je regardais des archives avec Jean-Louis Barrault, grand ami De Robert. de tous ses compagnons qui parlaient de lui, la voix tremblante et souriante en même temps. J'avais peur pour lui. Je voulais qu'il s'en sorte. Je ne voulais pas qu'il meure.

Je n'ai pas eu pendant un moment la force d'aller au bout du livre et de dire adieu à cet ami-là, qui m'a absolument transporté, inspiré, bouleversé. M'a rappelé qu'il était important d'être spontané, créatif, généreux, sincère et ouvert, coûte que coûte, même au milieu des cyniques et des coeurs secs. Je voyais s'accomplir dans les mots de Gaëlle l'une de ces amitiés qui changent durablement la lumière. Alors je voulais que ça dure. Et puis au bout du livre, j'ai connu l'autre voix, celle de Youki, la compagne mystérieuse à l'amour singulier, à la dévotion poignante. Elle raconte les derniers mois De Robert. A quel point même dans l'inhumanité des camps, il est demeuré lui-même, inspirant des sourires là où il n'y en avait pas, gardant son intégrité d'homme. Sa légèreté, son optimisme, son humour prend alors la dimension d'un courage extraordinaire. Jusqu'au bout, il n'a pas été vaincu.

Et moi j'ai eu le coeur serré.

Il y a des livres qu'on referme avec le sentiment d'un nouveau deuil, en même temps qu'un beau et glorieux souvenir. Des larmes aux yeux et une joie paradoxale. La richesse d'une vie déroulée sous nos yeux faite de tous les visages qui l'ont traversée, ses frissons, ses sourires, son art et ses combats.

Quand j'entendrai le nom de Robert Desnos, c'est tout cela qu'il m'évoquera. Un peu de cette part de moi qui vit dans quelques noms chéris (Georges Brassens, Jim Morrison ou Patti Smith).

Cette grande et belle émotion qui fait qu'on lit des livres ou qu'on se rend aux expositions. Parce qu'on y évoque quelque chose de votre âme.

J'aurai désormais une autre tombe à aller fleurir au Montparnasse, avec celles de Baudelaire et Gainsbourg.

Oui, Gaëlle, Robert et moi, on s'est bien entendus. Et on n'a pas fini de se retrouver.
Un insomniaque aimerait forcément un « dormeur éveillé ».
C'est rare les coups de foudre en littérature, comme en amitié.
Et qu'il est vibrant et noble, dans tes mots, ce monde d'hier.
Lien : http://www.nicolashouguet.co..
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Ce roman est une illumination, un total bonheur de lecture.
Admiration pour la plume fine, délicate de l'autrice, son talent immense à faire revivre Robert Desnos, Youki Foujita, Jacques Prévert, les Fraenkel et tout le Paris poétique et littéraire de la fin des années 1920 à 1945.
Admiration pour les choix narratifs, la construction, le sens de la mesure... Admiration pour le talent, sur la base d'un travail que l'on devine énorme, à littérallement (re)donner vie à ces personnalités brillantes, complexes. Par expérience, je sais que c'est une chose de percevoir au travers des archives les "voix" du passé, mais que c'est bien autre chose de retranscrire ces voix, ces vies..
Alors oui, un immense merci à Gaëlle Nohant pour ce livre fabuleux, le plus bel hommage qui pouvait être rendu au poète Robert Desnos.
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La légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Noilant est une splendeur. Ce livre accompagne les pas de Robert Desnos dans les années folles jusqu'aux dernières pensées tendues vers lui par son amour ultime Youki. Je connaissais la poésie de Robert Desnos, ses amitiés avec les surréalistes, son amour du jazz et de la fête, ... mais dans ce livre c'est un Grand Homme que nous accompagnons. Un homme sans compromis, qui ne s'est jamais trahi, un homme entier, qui savait aimer pour la beauté de cet élan, d'une générosité princière. Un homme qui savait peindre le beau d'une vie dans n'importe quel ciel à la Verlaine. Gaëlle Nohant nous nourrit de ses vers , compagnons de sa vie. Ce livre possède le feu de l'amour et la joie de l'amitié. Il offre une volonté de vivre dans le bonheur. de siffler en se promenant sur les ponts, de porter beau et de sourire à nos amis. de dire et écrire l'amour sans pour autant le contraindre. D'être plus aligné, se tenir Plus droit, puiser une force ... car à travers 600 pages nous avons cheminé auprès d'un Soleil. N'oublions pas que la poésie est un art précieux et puissant.
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J'ai eu un énorme coup de coeur sur ce roman. Je ne connaissais pas du tout ce poète avant de lire le roman de Gaëlle Nohant mais j'ai été époustouflé par la manière qu'elle a eu de restrancrire une partie de sa vie. Elle l'a fait de manière très réaliste qu'on a l'impression d'y être. On ressent toutes les émotions De Robert: lorsqu'il rêve, lorsqu'il est amoureux, en révolte... J'ai décidé suite à ma lecture de travailler plus en profondeur sur ce roman et le personnage de Robert Desnos dans mon article que je rendrais à la fin de ma deuxième année de Master.
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Merci Madame NOHANT,

Vous avez fait revivre Robert DESNOS,

Il le fallait,
vous l'avez fait,

Superbement,

Merci, infiniment
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Dans son nouvel opus, Gaëlle NOHANT a décidé de rendre hommage au poète Robert DESNOS dont les livres encombrent sa table de nuit depuis ses 16 ans, âge auquel elle a découvert sa poésie.

C'est un projet ambitieux auquel Gaëlle NOHANT s'est attelé et elle nous offre une biographie romancée très documentée et foisonnante, absolument passionnante, servie par une plume envoûtante et précise.

La première rencontre avec Robert DESNOS se déroule à PARIS au retour de son voyage de CUBA en 1923, au début des années folles. Jeune homme plein d'allant et débordant d'inspiration, il fait partie des surréalistes d'André BRETON et parcourt la capitale de soirées en nuit blanches bien arrosées. Poète autodidacte, il croque la vie à pleine dents, tombe amoureux de Youki, la superbe épouse de Foujita et tente de vivre de sa plume. Son existence est faîte de rencontres et il fréquente tous les artistes renommés de l'époque.

Au milieu des années 30, la situation politique s'obscurcit peu à peu en Europe et Robert DESNOS prend conscience du danger que représente l'avancée des idées Hitlériennes en Allemagne. Brouillé avec BRETON et son mouvement Surréaliste, il arrive tant bien que mal à vendre sa prose à des journaux et des magazines. Désormais l'amant officiel de Youki , il espère toujours voir sa belle lui vouer un amour exclusif alors que celle-ci batifole et hante les nuits parisiennes.

La Seconde Guerre mondiale vient renforcer les convictions humanistes et la soif de liberté du poète. Robert DESNOS décide de s'engager dans la Résistance.

Tout d'abord cantonné à des rôles subalternes, il prendra part par la suite à des opérations plus radicales et violentes envers les occupants nazis. Arrêté à son domicile en présence de Youki, il sera déporté et envoyé au camp de concentration de Theresienstadt à Terezin.

Désespérée, Youki fera tout pour retrouver son grand amour mais Robert DESNOS, malade, succombera des suites du typhus juste quelques jours après la libération du camp. le destin tragique du poète renforcera son image d'héros généreux et irrésistible.

J'avoue ne jamais avoir eu un intérêt particulier pour Robert DESNOS et ses écrits, j'avais juste un vague souvenir de poésies apprises enfant. Mais avec ce roman, Gaëlle NOHANT a réussi le tour de force de me faire aimer autant les mots que le poète qui les a écrits. Comment ne pas être charmée par cet homme sincère et courageux ??

Robert DESNOS a vécu mille vies : écrivain, poète, critique de cinéma, chroniqueur radio, résistant de la première heure.

Gaëlle NOHANT a suivi ses pas avec passion pour nous livrer un récit riche et palpitant. Elle s'est attachée à nous transmettre toute l'admiration qu'elle voue à son poète fétiche et ses émotions transparaissent parfaitement tout au long du roman. On décèle chez la romancière la volonté sincère de vouloir partager son amour pour cette personnalité hors du commun dont les mots la touchent si profondément.

Pour initier le lecteur à la plume de Robert DESNOS qu'elle aime tant, Gaëlle NOHANT n'a pas hésité à insérer tout au long du récit des extraits des écrits du poète .Cette initiative pourrait gêner la lecture mais à l'inverse, elle enrichit le texte et lui donne une résonnance particulière.

Afin de relater la déportation de DESNOS, Gaëlle NOHANT s'est identifiée à Youki et nous fait vivre à travers ses mots l'angoisse et la peur de son grand amour. Grâce à ce journal intime, elle réhabilite Youki dans son rôle de muse, de compagne et même d'épouse puisque Youki prendra le nom de DESNOS par la suite.

La plume de Gaëlle NOHANT est délicate et maîtrisée, elle écrit ses romans tel un joaillier conçoit un bijou précieux. Chaque qualificatif est scrupuleusement choisi, toute fioriture est bannie, les mots sont justes.

Même si lire les premières pages peut paraître ardu avec l'énumération de pléthore de personnalités, la description du tourbillon des nuits parisiennes et l'évocation de l'ambiance folle des années 20, il ne faut surtout pas se laisser décourager par ces passages un peu denses. Il faut persévérer dans sa lecture pour se laisser captiver par cette biographie passionnante. Gaëlle NOHANT nous propose une littérature populaire et ambitieuse qui ravit ses lecteurs et nous entraîne sur les traces de Robert DESNOS avec enthousiasme.

Vraiment, Gaëlle NOHANT célèbre avec brio la mémoire de Robert DESNOS et nous plonge avec intelligence dans la vie de cet homme engagé doué pour la vie et les mots. Et finalement, comment ne pas succomber à l'envie de se plonger dans les recueils de Robert DESNOS une fois la dernière page de ce magnifique livre refermée ?

Donc, je ne résiste pas.Voici, quelques vers du poète :

À la faveur de la nuit

Recueil : "À la mystérieuse"

Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.

Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.

Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.

N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.

Ferme les yeux.

Je voudrais les fermer avec mes lèvres.

Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.

La fenêtre s'ouvre : ce n'est pas toi.

Je le savais bien.

Robert DESNOS



MYMY

Lien : http://cousineslectures.cana..
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Gaëlle Nohant nous entraîne avec Robert Desnos dans le Paris de l'entre-deux guerres jusqu'à l'Occupation. Elle nous fait découvrir cet homme juste, droit, fidèle à ses amis ainsi que sa poésie replacée dans le contexte dans lequel elle a été écrite et qui prend parfois un tout autre sens pour le lecteur.
Un livre magnifique, touchant et merveilleusement bien écrit!
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MON AVIS :
ENORME coup de coeur pour ce roman et le récit de la destinée de Robert Desnos, si bien racontée.

Tenez vous prêts, on embarque pour les années Folles, la montée du nazisme, la deuxième guerre, avec pour compagnons de route, des artistes du monde entier, qui se retrouvent à Paris.

Venez avec eux: Robert Desnos, Foujita, peintre japonais et sa muse Youki, Jean-Louis Barrault, Paul Eluard, Jean et Ghita Lachaire, le Doc, Alejo Carpentier, André Breton et tous leurs compagnons d'un jour ou de toujours.

Nous lecteurs, allons vivre avec eux, maintes aventures, vibrer lors de leurs aventures sentimentales, lors des déportations, des actions de résistance De Robert et de son amour fou et fidèle à Youki, de leurs façons différentes de résister à l'occupant.

On apprend que le poète Robert Desnos, fut un grand homme : poète, résistant, et surtout témoin de son époque, qui savait réconforter et donner de l'espoir à ses compagnons déportés.

C'était un doux poète, attaché à sa liberté, amoureux de Youki et de ses amis les chats et les artistes, dévoué résistant qui ne supportait pas l'atteinte aux droits de l'Homme.

C'est une magnifique ode à Robert Desnos, un merveilleux roman, une superbe et magique histoire, accompagnée d'une plume légère, fine, extrêmement bien documentée, qui nous permet de se mettre dans les pas De Robert et de vivre tous ces évènements réels .

La couverture est superbe et reprend bien le côté doux et magique De Robert dans le Paris qu'il aime.

Au final, je recommande ce roman pour tous ceux qui ont besoin d'une lecture remonte-moral, de se changer les idées, de reprendre confiance en soi, ce roman est magique et mériterait un prix littéraire et une adaptation cinématographique.
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Disons le tout de suite, ce roman, je ne voulais pas le lire. J'avais abandonné le précédent roman de Gaëlle Nohant, je n'aime ni la poésie (sauf celle, intime, qu'on écrit ou reçoit à/de son amoureux/ -se), ni le surréalisme. de plus, je ne connaissais rien de Desnos. Mais Gaëlle Nohant nous donne accès à un homme, nous le rend à la fois humain par sa vulnérabilité amoureuse, magicien par sa manière de réinventer la poésie et héros quand la période oblige les hommes à choisir un camp. Et elle nous embarque dans la période qui précède la guerre puis dans celle de la guerre et de la résistance avec talent: j'ai vécu pendant de longues heures dans le Paris de cette époque et j'y ai cru. Tout sonne juste, particulièrement les dialogues. Je me suis agacée de voir le poète amoureux de deux femmes qui ne savent pas lui rendre son amour comme il le mériterait et ai vu là, à tort peut-être, le désir inconscient d'un poète qui a besoin de la souffrance pour écrire; je me suis aussi agacée de l'égocentrisme de Youki (... c'est effrayant quelqu'un qui sait aimer. Alors elle lui fait mal pour voir s'il reste quand-même) mais c'est aussi ce qui rend Robert Desnos humain et attachant. Suivre la scission à l'intérieur du groupe surréaliste m'a passionnée. J'ai noté de nombreuses phrases et ai été emballée par le tout: l'ascension de Robert Desnos qui réinvente la radio ou plutôt l'invente puisqu'elle n'en est qu'à ses balbutiements, le souffle de la solidarité, celle d'avant la guerre avec les manifestations anti-fascisme et celles des hommes de l'ombre ensuite. J'ai beaucoup aimé que l'auteur parsème son roman de textes de Desnos, les ancrant dans sa réalité à lui. C'est une très belle manière d'amener la lectrice que je suis vers la poésie:

Je retrouve en ma bouche une ancienne saveur
Et des noms de jadis et des baisers si tendres
Que je ne sais plus qui je suis ni si mon coeur
Bat dans le sûr présent ou le passé des cendres.

Aux trois quarts du roman, l'émotion m'a submergée. Ça a commencé avec un très beau moment entre Robert Desnos et Jacques, cet enfant d'amis qui vivra ses premières années caché, petit garçon rendu sauvage par cette peur que L Histoire a instillé en lui mais que Desnos saura apprivoiser avec ses histoires, puis viennent les émouvantes années de résistance et celles de déportation racontées par le prisme de Youki que l'auteure réhabilite magnifiquement. A ce jour, j'ai lu dix romans de la rentrée, j'ai eu deux coups de coeur mais je mets ce roman au dessus de tous les autres.
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Ce roman magnifie le rêve, c'est-à-dire dans la capacité du rêve à nous permettre de nous évader, de créer, d'espérer, d'appréhender, de s'éveiller à la poésie et de nous rendre notre liberté.

L'hommage rendu à Robert Desnos est tout à fait réussi. Je ne connaissais pas ce poète surréaliste, je l'ai rencontré, je m'y suis attachée et maintenant j'ai envie de lire sa poésie. Merci pour cette rencontre.

Ce n'est pas que l'histoire d'un homme qui nous a est conté, c'est également l'histoire de tout un courant littéraire et artistique : le surréalisme et l'Histoire de la France des années 30-40. Et dans cette sombre Histoire de la France, une petite lumière vibre grâce à la beauté insolente de Youki, à l'insouciance du jeune Jacques, à l'insurrection des mouvements résistants, à la poésie de Robert Desnos.
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