Nous sommes les Propriocrates résolus de la région Centre ; nous croyons en nous mordicus : nos élections ont lieu selon le système du trois perdant : les modalités n’en sont connues que de la veuve de Philibert Boquet, notre guide béni… Béni soit notre guide Philippe Boquet ! Les prescriptions de ces modalités sont contenues enfermées dans une cassette bitriangulaire enfouie dans un trou : nous les sortons trois fois par an, cinquante-six boulevard Blanqui, à Limoges Ouest. Elles sont inconnues des vénéneux habitants de Limoges Sud.
Enfermé toute une vie en moi seul et condamné soir-et-noir à voir toujours, tout, par le fond du même bonhomme me servant d’habitacle, je supportais même plus de me voir en moi et pris en grippe l’épidémie d’l’humanité dans son ensemble compris avec. Où est Spertinella mon maître Pharinella ? Je cherchais Phalbala. Je morcelais ma tête en trois, une à part l’autre, et la troisième fixée en quoi. Au cours d’humanité, on me chanta d’entendre la charité : mais tout prochain me semblait au contraire au lointain… Alors je bus du whisque, puis du vin gros, puis du vin aigre et puis du fioul. A déglutir ainsi éther et fiel et ratafia, tout ce qui me passait comme du liquide entre les doigts, j’en redevins survétéré et éthylique-repentissant, puis repentant-récidivant et anonyme. Une fois au sec, je me remis sous la huitaine à boire sans soif.
Ici l’homme singe l’homme, puis se réveille en homme et va hommer sans y croire ; le lendemain il retourne devant son miroir et chaque matin retourne s’habiller en homme pour se singer soi-même et vérifier qu’il n’y a personne dedans. L’homme est un néant capable de tout. Tel est l’homme, et ça me fait du bien de le dire ! Voilà que la vie est arrivée comme une corvée à un vivant. Voici une scène qui arrive comme une corvée de oui-da. Ô cerveau ! tu n’es pas le berceau, mais le cercueil de toute pensée véritable ! Passons à table !… Finissons tout !
Ici l’homme singe l’homme, puis se réveille en homme et va hommer sans y croire ; le lendemain il retourne devant son miroir et chaque matin retourne s’habiller en homme pour se singer soi-même et vérifier qu’il n’y a personne dedans. L’homme est un néant capable de tout. Tel est l’homme, et ça me fait du bien de le dire ! Voilà que la vie est arrivée comme une corvée à un vivant. Voici une scène qui arrive comme une corvée de oui-da. Ô cerveau ! tu n’es pas le berceau, mais le cercueil de toute pensée véritable ! Passons à table !… Finissons tout !
J’ai vécu dans le vide, Andréa. Comme un trou à mâcher la suite. Je vomis l’homme : celui qui nous a capturés dedans. Andréa, l’homme n’a aucun contenu. Je veux retourner chez mon tonneau. Viens, vide plein de rien : déchire mon intérieur !… conduis-moi trois fois à l’intérieur de l’intérieur de l’homme passant par le vide à l’intérieur de lui ! Andréa, la suite est une séquence en cascade de séquelles catastrophiques… J’arrête là !
Lecture par André Marcon, Dominique Reymond & l'auteur
Musique : Anssi Karttunen (violoncelle)
Pour cette carte blanche, Valère Novarina a choisi de faire entendre des extraits de trois textes. La clef des langues paru cette année aux éditions POL : « roman nominaire » et large estuaire où se croisent les quatre fleuves de noms, de verbes, d'actions et de dessins. Dominique Reymond puisera dedans pour faire entendre la liste des définitions de Dieu.
Valère Novarina lira lui-même des extraits de Pour Louis de Funès, essai sur l'acteur qui pourrait être aussi un « Pour André Marcon » puisqu'il est né de l'observation quotidienne et presque chirurgicale du travail d'André Marcon dans le passage impensable du plateau à la salle lors de la création du Monologue d'Adramélech au théâtre de la Bastille en 1984.
Monologue d'Adramélech qui aura été préalablement lu ce soir par André Marcon accompagné de Anssi Karttunen au violoncelle.
À lire – L'oeuvre de Valère Novarina est éditée chez P.O.L.
Son : Lenny Szpira
Lumière : Patrick Clitus
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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