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EAN : 9782070177981
1344 pages
Gallimard (22/09/2016)
4.79/5   7 notes
Résumé :
Né en 1935 dans un hameau ancestral d'une petite île du Japon encore couverte de forêts, Kenzaburô Ôé appartient à la génération qui subit de plein fouet la capitulation de son pays au terme de la Seconde Guerre mondiale. Quittant son île natale, il s'installe à Tokyo, petit provincial égaré à l'accent incompréhensible, pour étudier la littérature française. Et déjà, il donne ses premiers écrits. Son parcours personnel singulier est indissociable d'une œuvre d'une a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il m'aura donc fallu 45 jours pour finir cette lecture....presque finir car j'avais déjà lu il y a à peine quelques mois deux titres, et le goût, ou plutôt l'impression étant encore bien ancrée, j'en ai fais l'impasse. Lire Oé a toujours été une source d'appréhension pour moi, allez savoir pourquoi. Je craignais une difficulté sans raison particulière et ça a été- à chaque fois- une source d'émerveillement mais surtout de profonde admiration pour l'auteur et son oeuvre. Et là encore, sans doute à cause de l'effet "cumule», cette impression ne s'est pas démentie au contraire. Si je devais parler de cette lecture (très très difficile à faire), je serais obligée de le faire de manière technique, tant il m'est impossible de rendre honnêtement le plaisir que j'ai eu. Schématiquement, les oeuvres recueillies m'ont fait découvrir trois choses: Kenzaburo Oé lui même, le Japon d'après-guerre et un style d'écriture, les trois s'entremêlant sans cesse. Oé d'abord: le livre bien sur commence par une biographie de l'auteur, très détaillée, presque comme un journal. On y suit les différents événements de sa vie personnelle et professionnelle, avec en filigrane, l'évolution du Japon après la seconde guerre mondiale. le biographe, en plus de relater des faits bruts, explique leur impact sur l'écriture de Oé, les sujets qu'il aborde et le style qu'il utilise. Les liens entre la vie de l'auteur, ses oeuvres, ses engagements avec l'histoire et les mouvements socio culturels de son pays, voire du monde entier sont clairement présentés. Cette partie du livre vaut à elle seule le détour. On apprend ainsi que Oé, pèle mêle est habité par son destin personnel: celui d'un japonais, adolescent à la fin de la guerre, déchiré entre la découverte de la démocratie « imposée »par l'envahisseur américain- avec ses aspects à la fois positifs et négatifs- et l'image héroïque du Japonais, inculquée pendant des siècles, violente, sacrificielle. Il est également tourmenté par son côté "enfant de campagne qui débarque dans la Capitale" et doit s'y adapter, en passant par un reniement de ses origines, avant d'y revenir et de l'accepter pleinement, voire de s'y ressourcer. Même chose concernant la naissance de son fils, victime d'une malformation, que le traitement chirurgical diminuera à vie. L'enfant sera finalement une grande source de bonheur, un musicien talentueux. La littérature ensuite. Oé est un grand admirateur de la littérature japonaise, mais aussi occidentale et en particulier française, et dans toutes ses oeuvres; il fera référence à plusieurs auteurs et livres. L'écriture ensuite. le style de Oé est simple avec de faux airs de difficulté, sans doute à cause des thèmes abordés, souvent durs, pour ne pas dire toujours. Il a une écriture directe et élégante, aucune description n'est enjolivée, mais ça ne manque absolument pas de poésie, sensation qui viendrait plutôt de l'ambiance générale, toute en sensibilité. Aussi, dans Notes d'Hiroshima, tout en évoquant la vie concrète des hibakusha , ses réflexions sont également d'ordre littéraire, notamment lorsqu'il rapporte le témoignage d'un survivant : « A présent, à quoi ça servirait d'ressasser cette histoire de bombardement atomique ? Si M. Tôjo avait bien voulu disparaitre plus vite, Ryû Chan, il avait pas besoin de mourir. » C'est sans doute en ce sens qu'on dit que le style c'est l'homme. Les paroles prononcées, tiennent en quelques secondes d'une vie humaine, mais elles suffisent à transmettre avec une sincérité poignante ce que le style oratoire pouvait exprimer, et c'est cela assurément qui nous touche. A notre époque où fleurissent des discours plus longs, plus pompeux et infiniment plus creux, je n'oublierais pas de si tôt ces quelques phrases. ». le dernier roman, Une existence tranquille, réunit ces deux points de façon très intéressante. On y suit le récit et les réflexions très sensibles et profondes d'une jeune fille , dont le père écrivain a du partir pour quelques mois dans une université californienne. Ce séjour est une sorte de thérapie pour lui, parce qu'il souffre encore d'une crise d'identité (personnelle et celle d'écrivain), et il est cette fois accompagné par sa femme pour le soutenir dans cette retraite. La jeune fille est donc obligée (mais c'est également un choix personnel), alors qu'elle-même n'est qu'une étudiante, de rester au Japon s'occuper de ses frères, l'un adolescent et l'autre handicapé mental. C'est en fait Oé qui parle de sa fille qui parle de lui. Magistral. Pour finir, le Japon de Oé. C'est un Japon décrit sans aucune concession. Les adolescents de l'après guerre sont à la limite de la psychopathologie. Ils sont désorientés, à la recherche de nouveaux repères, et souvent trahis ou déçus par les promesses de leurs ainés. le sexe a une grande part dans leur existence, ce qui a été reproché à Oé. Ils sont souvent radicaux, utilisés par les autorités et mouvements politiques, mais sont toujours profondément touchants et humains victimes parfois de destins personnels difficiles. Sa vision de son pays est brillamment résumée dans son discours de remise du prix Nobel ; Moi, d'un Japon ambigu. Avec les notes d'Hiroshima, le drame du bombardement atomique a pris une nouvelle ampleur dans mon esprit, ou plutôt ; a pris « sa véritable » ampleur, c'est-à-dire qu'il n'est plus qu'un simple fait historique forcément connu de tous. Kenzaburo Oé a rendu visite tous les ans aux hibakusha les victimes « survivantes » de la bombe, et souffrant (atrocement) des effets secondaires des rayons. Il recueille leur témoignage, relate leurs souffrances mais surtout leur lutte et leur survie tout en courage et humilité. Il décrit les mouvements politiques et sociaux autour de la question nucléaire au Japon et au monde entier, les attentes des populations, les promesses des autorités, et les résultats souvent dérisoires. Il raconte aussi les morts, les disparus…..et c'est absolument bouleversant, surtout lorsqu'on se rend compte que les leçons de Hiroshima et de Nagasaki sont loin d'être apprises. Ça a été une lecture « complète » pour moi : autant émotionnelle qu'intellectuelle, et pas une fois au cours de la lecture de ce pavé, je n'ai été tentée de laisser tomber. Sublime.
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Ce beau volume regroupe plusieurs oeuvres de Kenzaburô Ôé : nouvelles, romans, essais et son discours de réception du Prix nobel. Il est introduit par une chronologie et accompagné de photos. C'est une belle manière de découvrir cet auteur humaniste qui, depuis Hiroshima, s'engagea pour l'abandon des armes nucléaires. le choix de ses textes s'est fait en fonction de grandes étapes dans la vie de Ôé : à ses débuts, les thèmes du nouveau Japon de l'après-guerre et des désillusions de l'enfance, puis la naissance de son premier fils handicapé mental en 1963 qui influera sur sa création littéraire, enfin sa période plus spirituelle de ses dernières années.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Votre travail consistera à défricher la pinède sur la colline. Ne lambinez pas, dit le maire en durcissant soudain le ton pour finir son discours. Les voleurs, les incendiaires, les excités seront battus à mort par les gens du village. N'oubliez surtout pas que vous n'êtes que des bouches inutiles. Nous avons la bonté de vous protéger et de vous nourrir. Gardez toujours bien en tête que vous n'êtes que des bouches inutiles et indésirées. Compris ?
Épuisés, gagnés par le sommeil comme une éponge imbibée d'eau, enfants que nous étions, nous restions immobiles dans ce jardin sombre et glacé, tellement abattus que nous ne pouvions même pas parler. Pourtant, avant de pénétrer dans l'enceinte, nous devions encore nous laver les pieds et nous soumettre à une inspection corporelle.
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Vidéo de Kenzaburo Oé

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Payot - Marque Page - Kenzaburô Oé - Adieu, mon livre !
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