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Éric Boury (Traducteur)
EAN : 9791038701090
240 pages
Zulma (06/10/2022)
3.79/5   1420 notes
Résumé :
Islande, 1963 – cent quatre-vingt mille habitants à peine, un prix Nobel de littérature, une base américaine, deux avions transatlantiques, voilà pour le décor. Hekla, vingt et un ans, emballe quelques affaires, sa machine à écrire, laisse derrière elle la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík avec quatre manuscrits au fond de sa valise. Il est temps pour elle d’accomplir son destin : elle sera écrivain.

Avec son prénom de volcan, Hekla ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (305) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 1420 notes
Quel beau et envoûtant roman d'atmosphère❤️
Islande, années soixante. En cette île volcanique de feu et de glace où conservatisme et patriarcat écrasent toute velléité d'émancipation féminine, la très jolie Hekla, du nom d'un volcan, écrivaine en devenir, quitte sa contrée natale pour s'offrir un destin à contre-courant de celui auquel elle est prédestinée. Elle part avec pour seule et vraie richesse une valise contenant sa machine à écrire, ses manuscrits et un roman. Inviter avec insistance à briguer le titre de Miss Islande elle refuse, sa voie est dans l'écriture et elle préfère enchaîner les petits boulots en attendant d'être peut-être publiée même si la production littéraire d'alors ne se conjugue qu'au masculin. Portée par ce « pouvoir d'allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste. Et celui de l'éteindre » que confère l'écriture.
Sa rencontre amoureuse avec « le poète » qui souffre de la supériorité du talent d'Hekla, ses retrouvailles à Reykjavik avec son ami homosexuel Jon John, sa correspondance épistolaire avec ses proches restés au pays, le travail et l'écriture compulsive et cachée constituent son quotidien. Jon et Hekla sont des précurseurs et ont une idéologie résolument moderne. le courage et la pugnacité de cette étincelante héroïne l'aide dans son combat intime et dans celui contre le diktat du conformisme. Hekla avec sa robe couleur d'aurores boréales va sortir de sa chrysalide et déployer sa plume pour tenter de s'envoler vers une destinée écrite de sa main de femme et non imposée. « Je suis en vie. Je suis libre. Je suis seule. » La force de ce très beau roman tient à sa poésie et à son pouvoir évocateur. Ce n'est pas uniquement un livre sur la passion de la littérature, sur la force créatrice et sur la condition féminine. L'observation, la contemplation et l'émerveillement y tiennent une place prédominante. Sous la plume hypnotique de l'auteure le moindre détail ou petit évènement est sublimé. Son univers imagé est émaillé de sensations, de saveurs, d'effluves, de douce mélancolie, de rêves et d'émotions contenues, tout ici n'est que poésie, pudeur et grâce. Quelle beauté ❤️
prixmedicisetranger2019, prixbookstagram 2020.
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Charmante dans son pantalon à carreaux la jeune Hekla, qui par un beau jour de l'année 1963, lestée de sa machine à écrire, débarque de sa campagne à Reykjavik. Elle veut devenir écrivaine. Elle aime le plus beau garçon de son bled, Jon John, un garçon pas comme les autres, qui veut devenir costumier de théâtre.
Hekla et Jon, deux êtres sensibles, prisonniers de leurs conditions, de femme pour elle, d'homosexuel pour lui, qui devront patienter pour réaliser leurs aspirations créatives, dans un pays contre toute attente conservateur, du moins dans les années 60. Comme dit la maman de Hekla, il faut “porter en soi un chaos ....pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse”.


Dans ce quatrième opus que je lis d'elle, comme pour les précédents, je succombe très vite au charme de la prose et de l'histoire. A part ses personnages émouvants de sincérité et de tendresse, l'écrivaine touche ici à la création littéraire à travers Hekla, son petit ami le Poète et sa meilleure amie Isey, “Quand une idée me vient, j'ai l'impression de recevoir une décharge électrique, comme quand on touche le fil dénudé d'un fer à repasser.” La grande question étant, comment évaluer la valeur de cette création ?
J'adore aussi la forme, parsemée de petits poèmes, aux chapitres aux titres insolites, et quand elle gambade avec; comme avec ces phrases inachevées adressées par la maman du Poète à Hekla, coupées et achevées de suite par son fils, un beau ballet de langage.

Je vous invite donc à découvrir si non déjà fait, le conte de Miss Aurore boréal et de son Marin, au titre extravagant qui y donne le ton et sa fin surprenante, magnifique clin d'oeil d'Olafsdottir aux milieux de l'édition islandaise à domination mâle jusqu'au XXI éme siècle. Elle-même en souffrira beaucoup à ses débuts.

Coup de coeur !

“Je suis réveillée.
le poète dort.
En dehors des étoiles qui scintillent au firmament,
le monde est noir.”

“C'est la vérité. Mais pas forcément la réalité .......j'ai tellement envie de continuer chaque jour à inventer le monde”
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°°° Rentrée littéraire 2019 #7 °°°

Ce que j'aime chez cette auteure islandaise, c'est son don à camper des personnages décalés avec tendresse et sincérité, on les adopte immédiatement. Impossible de ne pas aimer son héroïne, Hekla et son prénom de volcan. Elle est jeune, libre, moderne, sûre d'elle pour déterminer son destin qui sera d'être écrivaine et poétesse. Elle quitte la ferme de ses parents pour la capitale afin de mener à bien ses projets.

Mais voilà, en 1963, dans une société islandaise minuscule et étriquée, conservatrice et sexiste, il est fort difficile pour une femme, quel que que soit le talent qu'elle possède, de prétendre à être publiée et reconnue. D'autant plus lorsqu'on est aussi belle que Hekla et qu'on ne vous propose comme unique voie de réussite et de réalisation personnelle l'élection de Miss Islande, un voyage aux Etats-Unis et des fourrures.

Les ellipses sont toujours très justement semées pour susciter étonnement ou émotion chez le lecteur. L'écriture d'Audur Ava Olafsdottir peut sembler très simple voire naïve avec ses phrases courtes. Elle est en fait dénuée de toutes afféteries, droite, directe, évidente pour dire avec beaucoup de finesse et de subtilité toute la difficulté d'être différent et de vouloir s'accomplir malgré les obstacles.

Car il n'y a pas que Hekla dans ce roman. Il y a deux personnages secondaires qui gravite autour d'elles, eux aussi voient leurs aspirations être en décalage avec ce que la société leur propose. Plus que Hekla, personnage éminemment romanesque mais assez linéaire, c'est celui de sa meilleure amie, Isey, qui m'a profondément touchée.

«  Je me sentais tellement à l'étroit chez mes parents. La montagne touchait la clôture de la ferme, j'avais envie de partir. Je suis tombée amoureuse. Je suis tombée enceinte. L'été prochain, je serais seule avec deux enfants dans un appartement en sous-sol de Nordurmyri. Et je n'ai que vingt-deux ans. »

Isey, qui n'a pas eu le temps de tisser son destin individuel, Isey embourbée dans la solitude des tâches ménagères et maternelles mais qui essaie de s'échapper, elle aussi par l'écriture secrète de son quotidien. Elle est bouleversante lorsqu'elle se raconte à Hekla.

L'autre ami de Hekla, Jon John, est lui aussi différent, homosexuel tourmenté par ce que la société islandaise lui impose, la solitude, l'hypocrisie et la violente injonction à entrer dans le rang. Mais il m'a un peu agacé avec ses jérémiades constantes même si justifiées. Il permet en tout cas à l'auteur de traiter de thèmes lourds, toujours en profondeur et sans cynisme.

Avec ce beau roman, plus profond qu'il n'en a l'air, l'auteure rend hommage au travail des écrivains et poètes, à la force de la pulsion d'écriture. Sans doute pour cela que j'ai été assez stupéfaite des dernières pages. Je n'ai pas compris l'acte de Hekla, si étonnant étant donné le caractère linéaire du personnage, qu'après quelques jours. Il m'a désolée mais est porteur de sens dans cet hymne à l'écriture et rend le personnage de Hekla complexe et encore plus puissant. Libre avant tout.
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Hekla a vingt ans, du talent, et ne rêve que d'écrire. Née en 1945 dans une Islande patriarcale et conservatrice, la jeune femme aura besoin de tout le tempérament suggéré par son prénom, choisi d'après un volcan de son pays, pour s'extraire de la gangue dans laquelle sa vie menace de s'enliser. L'impulsion nécessaire viendra de son ami d'enfance, un homosexuel qui ne trouve pas non plus sa place dans la société de l‘époque.


A travers Hekla et son ami Jon John, l'auteur pose la question du droit à être soi-même, de l'ouverture à la différence, et de la liberté de faire ses propres choix. Racisme – dans les années soixante, l'Islande s'est opposée à la présence de noirs sur la base américaine installée sur place –, sexisme, homophobie, sont trois thèmes que le livre évoque avec pudeur, loin du cynisme parfois cru des Fureurs invisibles du coeur de John Boyne, auquel on pense d'autant plus facilement qu'Islande et Irlande opèrent déjà un phonétique et insulaire rapprochement entre les deux romans. En Irlande, l'histoire de John Boyne est marquée par la forte imprégnation catholique du pays, en Islande, celle d'Olafsdottir fait une large place à l'âpreté du climat, aux rudes splendeurs de la nature, et à des références culturelles dépaysantes pour les non-autochtones.


Les aspirations littéraires d'Hekla et de son amie Ivey sont aussi émouvantes les unes que les autres : tandis que la seconde s'escrime tant bien que mal à voler des moments d'écriture à une existence par ailleurs conforme à celle dévolue aux femmes d'alors, rythmée par d'incessantes maternités, la première ose le non-conformisme et la rupture totale avec son monde, sacrifiant tout pour que son oeuvre puisse être publiée, fut-ce en ayant recours à des pseudos masculins ou à des prête-noms.


Hommage à l'écriture, protestation contre les préjugés sexistes et immersion dans la société islandaise, ce roman exprime en douceur, et avec beaucoup de tendresse pour ses personnages, un engagement féministe résultant, on s'en doute, des propres et injustes difficultés de l'auteur à trouver sa place dans le monde littéraire masculin islandais.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je me retrouve ainsi devant ma machine à écrire, le syndrome de la page blanche, des cendres éteintes, mes poussières de cheminée, de vie. Seul dans la pénombre du matin, un bol de skyr entre les mains. Je cherche les mots, ils ne me trouvent pas. Ils se sont perdus dans ma pensée, dans la fraîcheur de la tourbe, devant l'immensité de la nuit. Les mots se sont enfouis, ou se sont perdus comme un phoque esseulé sur un rivage, comme une lune bleue derrière l'amoncellement de nuages noirs.

Fuck le blizzard, le vent souffle et tourne les pages de cette vie, une vie incomprise, dans un temps pas si reculé. Les années soixante et Hekla, aussi volcanique que le volcan qui lui doit son nom, est une poétesse, une écrivaine. Avec Jon John, son plus fidèle ami qui lui cout des robes, elle tente de trouver sa place, en terre viking, là où les femmes sont le plus souvent cantonner au foyer familial, à entretenir le feu dans la cheminée, ou sous la marmite. Hekla, c'est une écrivaine de talent. Elle le sait, et chaque nuit, elle tape des pages et des pages de son premier roman, au moins 200 pages, moins que James Joyce tout de même.

C'est avec des odeurs de hareng fumé que je me décapsule une Skøll, pour l'ambiance islandaise, Sigur Rós m'accompagne musicalement, pour l'atmosphère islandaise, comme souvent quand mon esprit s'aventure dans cette lumière boréale. Il faut savoir se mettre en condition, j'ouvre les fenêtres de ma prairie, pour laisser pénétrer la froidure dans mes vieux os, les étoiles m'envahissent de cette soudaine luminosité, les embruns me submergent d'un voyage iodé. Un autre temps, une époque différente et mon regard plonge dans l'océan qui nous sépare. Une miss Islande en toile de fond, belle – peut-elle être trop belle d'ailleurs, moi j'imagine son sourire dont la pétillance de celui-ci ne saurait éclipser son esprit, - elle quitte la campagne pour Reykjavik pour vivre son rêve, aller au bout de sa passion. Écrire coûte que coûte. Miss Islande est une ode à la poésie et surtout à la liberté. Mais l'époque est en retard sur la société, le brouillard l'enveloppe, le blizzard se fracasse contre la petite lucarne de sa chambre, une minuscule fenêtre ouverte sur le lendemain, là où en hiver les nuits sans fin distilleraient la musique de sa machine à écrire, là où en été les jours sans fin tourneront les pages de son prochain roman. C'est aussi une oeuvre de tolérance pour l'homosexualité de Jon John.

Miss Islande est aussi une réflexion sur ceux qui ne trouvent pas leur place dans ce triste monde, ceux qui naviguent en dehors des voies fluviales. le destin de Hekla, celui de Jon John ne laissent donc pas indifférents, et passer la dernière page, j'avais envie de prolonger ses vies-là, le besoin de sentir comment ils s'en sortent, de finir mon bol de skyr et de décapsuler une nouvelle Skøll.

þakka þér kærlega.
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critiques presse (4)
Actualitte
09 décembre 2019
Audur Ava Ólafsdóttir, née en 1958 et auteure de Rosa Candida, qui a séduit le public français en 2010, nous offre là un nouveau roman enchanteur, couronné par le prix Médicis étranger 2019. Avec son style sobre et très visuel, son humour et un sens aigu du détail qui frappe. En plein cœur, l’air de rien.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
28 octobre 2019
Avec toujours autant de délicatesse et de tendresse, Auður Ava Ólafsdóttir dresse le portrait de trois êtres qui, bien malgré eux, ont été enfermés dans la mauvaise époque.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
04 octobre 2019
Toujours à sa manière douce et subtile, avec une économie de mots qui n’entrave en rien l’émotion qui sourd au creux des personnages, Audur Ava Olafsdottir fait de sa discrète narratrice une femme conquérante dont la vie tout entière est vouée à l’écriture.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaPresse
04 octobre 2019
Avec une langue à la fois simple et poétique, c’est toute la difficulté de créer au féminin qui est évoquée ici avec beaucoup de finesse et un soupçon d’humour. On s’en délecte à chaque page.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (221) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes naissent poètes. Ils ont à peine fait leur communion qu'ils endossent le rôle qui leur est inéluctablement assigné: être des génies. Peu importe qu'ils écrivent ou non. Tandis que les femmes se contentent de devenir pubères et d'avoir des enfants, ce qui les empêche d'écrire.
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Il y a des jours où je me sens bien, d’autres où je vais mal. Parfois, je suis plein d’optimisme, le reste du temps, je ne le suis pas. Un instant, j’ai l’impression que tout est possible, le suivant, plus rien ne n’est. Je connais dix mille sentiments liés à la sensation de vide.
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Dois-je lui parler de tous ces hommes qui ne me laissent jamais tranquille, me dévorent des yeux et cherchent en permanence à me tripoter sans ma permission ? Ces hommes qui m’invitent à sortir avec eux. Ces hommes qui ont du pouvoir. Je les éconduis toujours poliment et ça ne leur plaît pas. Ils ont l’habitude d’obtenir ce qu’ils veulent. Et les filles qui résistent, ils s’arrangent pour les faire renvoyer.
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Il me semble, ma petite Hekla, que tu tiens de ta mère ce goût de l’évasion. Elle avait la bougeotte dans l’âme, où qu’elle soit, elle avait toujours envie d’être ailleurs. Il lui arrivait souvent de se ruer hors de la maison pour aller marcher, pieds nus, dans la rosée du soir.
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Une phrase vient à moi puis une autre, une image se dessine, cela fait toute une page, tout un chapitre qui se débat dans ma tête, pataud comme un phoque pris dans un filet. J’essaie d’accrocher mon regard à la lune par la lucarne, je demande aux phrases de s’en aller, je leur demande de rester,il faut que je me lève avant qu’ils s’évanouissent.
p.136
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Vidéo de Auður Ava Ólafsdóttir
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