Le 19ème siècle est traversé par deux courants de pensée qui tentent d'apporter des réponses à une humanité confrontée à la révolution industrielle. Dans le tome 5 de la «Contre-histoire de la philosophie », ont été abordées les solutions collectives ou l'eudémonisme social. Dans ce tome 6,
Michel Onfray nous présente trois philosophes qui plutôt que de changer le monde, ont proposé des solutions individualistes à partir de pôles majeurs : la Nature pour Thoreau, le Néant pour
Schopenhauer, le Moi pour Stirner.
L'individu va s'opposer aux lois de la société – travail, exploitation de l'homme et de la nature, religion, famille, répression de la spontanéité – pour inventer une autre manière d'être au monde. Chacun d'une manière différente va s'aligner sur la figure du dandy qui gaspille son temps au lieu de le gagner…
Le premier,
Henry David Thoreau, est un philosophe américain connu pour son oeuvre «
Walden ou la vie dans les bois » dans lequel il défend une vie simple, au contact de la nature, solitaire, loin des mensonges de la société. Il est très proche d'Emerson, le père du transcendantalisme, mouvement qui prône la bonté de la nature et des humains, pervertis par les institutions politiques et religieuses. Malgré sa misanthropie, il s'engage contre l'esclavage. Il sera emprisonné pour désobéissance civile, fidèle à son éthique de vivre sa pensée et penser sa vie. Il s'intéresse également aux Indiens, qu'il défendra, à leur connaissance de la nature, leur vie en harmonie avec elle et fera l'éloge de leur sagesse.
Pour lui « aimer sa vie, c'est vouloir ce qui est, car ce qui est doit être ».
Schopenhauer, mieux connu, a réussi à allier une pensée tragique à une vie heureuse. Son oeuvre est à la fois pessimiste – tout est douleur, nous sommes soumis à l'aveugle volonté de vivre qui nous entraine à nous reproduire éternellement, notre existence n'est qu'oscillation entre souffrance et ennui – mais également optimiste : il existe une solution pour être heureux en pratiquant l'art de la mesure.
Sa philosophie est existentielle, c'est un art de la consolation, il s'oppose à la philosophie universitaire.
Le dernier,
Max Stirner, philosophe allemand, a été célèbre pour son ouvrage «
L'Unique et sa propriété » dans lequel il s'oppose à Hegel et défend le « Moi » contre toutes les formes d'oppression qu'il subit, dans une perspective anarchiste. le but de l'éducation doit être l'accomplissement de l'individu, la propriété n'est qu'un rapport de force, rien n'appartient à personne. Les égoïstes peuvent s'associer librement pour être plus puissants. L'Unique est révolté en permanence.
La philosophie de Stirner est une philosophie postchrétienne, une philosophie de la force, qui annonce la pensée de
Nietzsche.
Une fois encore
Michel Onfray nous permet de découvrir des auteurs peu ou mal connus en constatant que nos problèmes d'aujourd'hui ne datent pas d'hier…
… Et nous donne envie d'aller se confronter à leurs écrits pour y puiser quelques réponses.