Comment Harry, un jeune homme exubérant, baratineur, un apprenti acteur parmi d'autres qui peuplent les rues de Los Angeles, se retrouve suspecté d'avoir incendié
la bibliothèque centrale, un matin du mois d'avril 1986. Cette terrible catastrophe sera éclipsée par un événement non moins tragique mais restera dans les mémoires des employés, pompiers et usagers. Certains livres portent encore même quelques stigmates, une légère odeur de fumée émane de certains, moindre mal lorsque l'on connait le nombre d'ouvrage détruits par les flammes, puis l'eau déversée en quantité astronomique dans l'espoir d'endiguer la progression du feu.
Malgré les moyens déployés l'incendie durera plus de 7 heures avant d'être contenu. Une fois la sidération passée la solidarité se met en route, ainsi plus de 2000 bénévoles feront une chaîne humaine pendant 3 jours pour évacuer les livres à sauver. Ceux-ci seront congelés dans les entrepôts et les réserves des restaurateurs et spécialistes de l'industrie agro-alimentaire. C'est ainsi que des ouvrages anciens et forts rares vont passer quelques temps à côté de paquets de crevettes et autres tacos...
Malgré la vétusté manifeste du bâtiment et les nombreuses alertes préalables concernant les problèmes électriques, l'incendie est d'emblée considéré comme suspect. La municipalité n'entend pas être considérée comme responsable, malgré son manque d'empressement pour lancer la rénovation tant attendue par le public et les employés. Les pertes seront irrémédiables, comme en témoignent les listes et titres d'ouvrages calcinés, détrempés, déchirés, perdus pour la cause, un gâchis sans nom sur l'autel des restrictions budgétaires mal arbitrées.
Un texte qui flirte entre l'enquête et le témoignage, dans lequel l'autrice évoque son lien avec les bibliothèques, tout en refaisant l'histoire de ces institutions pionnières aux Etats-Unis. Au fil des chapitres se succèdent aussi les portraits de conservateurs et conservatrices hauts en couleurs, de bibliothécaire forcenés et de lecteurs parfois farfelus mais toujours bienvenus.