Julia fut forcée de faire une énième déclaration, ils ne pouvaient apparemment pas vivre sans déclaration, ça faisait des mois qu'ils avaient du attendre une déclaration, la déclaration les tranquilliserait, mais Julia ne déclara rien, elle n'en avait pas envie, c'était inutile de l'y contraindre, par la force ou par la douceur, même sous hypnose, elle ne parlerait pas, elle avait mis ses pensées sous clef, les avait enfermées à double tour, avait oublié le code secret, non, cessez de poser des questions, elle était là, non ? Que lui voulez-vous encore, ingrates créatures, est-ce parce que vos vies à vous sont soi-disant si transparentes que la sienne devait soudain être translucide, pour vous permettre d'en scruter chaque détail de vos yeux impudiques, d'ouvrir de vos doigts rances chaque tiroir de son secrétaire, de souiller chaque lettre, chaque note, d'examiner tous ses souvenirs à la lumière ?
Me voici, moi, ta petite princesse, Juliette la première, avale-moi, soyons ensemble un chapeau, mais toi pas un serpent boa et moi pas un éléphant, toi pas un magasin de porcelaine et moi pas un éléphant, toi pas une mouche et moi pas un éléphant, moi simplement à l'intérieur de toi, ensemble un chapeau d'amour, à pois blancs, un champignon, un palais-champignon.