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H Bornecque (Éditeur scientifique)Henri Le Bonniec (Éditeur scientifique)
EAN : 9782251011189
132 pages
Les Belles Lettres (15/04/2003)
3.61/5   41 notes
Résumé :
Si le lecteur, qui tient en mains ce livre, n'aime pas la légèreté, l'élégance, la grâce, le badinage, s'il ignore que le sérieux est compatible avec la futilité, qu'il ne l'ouvre pas, et qu'il condamne son auteur comme il condamnerait les “Illustres Bergers”, Théophile, Tristan, ou encore La Fontaine, Marivaux, Choderlos de Laclos…

Que cet improbable lecteur, que l'imagination ne concevrait pas, si de nombreux critiques n'avaient reproché aux Amours... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lassé des chiffres du COVID, je décidai de lire la poésie d'Ovide. Pour rêver les amours en 23 avant JC, et rêver ce qu'il adviendra du sexe, quand demain Castex, en donnera le mode d'emploi. Sexe sans contact, sans french kiss, sexe platonique : à la Barbarella, mais sans se toucher la paume. Corinne et Ovide, eux, s'embrassent et Ovide tremble beaucoup. Corinne est en mer, il tremble qu'elle coule; Corinne a un mari, il tremble qu'elle l'aime ; Corinne en embrasse d'autres, il tremble qu'elle ne l'aime pas. Il surveille, s'inquiète. Si des chiens aboient dans le silence de la nuit, c'est que des servantes portent des billets doux, et rapportent des réponses épicées. Ovide dispense des conseils pleins d'ironie. Aux maris jaloux : « surveillez vos femmes afin de me les faire désirer davantage ». A la femme mariée : « laisse-moi couché sur le seuil de ta porte, endurer le froid et les frimas : voilà ce qui me plaît. Un amour trop facile me fait mal, comme à l'estomac un mets trop sucré. ». C'est bon quand ça pique. L'enchantement de la conquête le dispute néanmoins au ravissement d'être cocu. « Pourquoi sous mes yeux, tant de billets envoyés et reçus, pourquoi le devant et le fond du lit sont-ils foulés, pourquoi ta chevelure me montre-t-elle un désordre que ne réussirait pas à produire le sommeil et ton cou les marques de dents ? Il ne manque plus qu'une chose : c'est que tout se passe sous mes yeux. » Ovide se torture et se régale : « Alors je t'aime, alors je te hais. Alors je voudrais être mort, mais avec toi. » Quelle idée de s'amouracher d'une cocotte, d'une hétaïre, vraiment ces poètes aiment souffrir. « D'ailleurs je ne ferai aucune enquête ; ce que tu voudras me cacher, je n'y insisterai pas ; et je serai trop heureux d'être trompé». La béatitude est atteinte quand il comprend que celle qu'il aime pourra, enquête ou pas, le tromper en rêve : il n'a plus qu'à imaginer ce à quoi elle songe. le poète a atteint une source inépuisable de tourments délicieux: lui-même. Et au sommet de son excitation... "quelles postures n'avais-je pas imaginées et préparées"... Patatras! Ce n'est pas parce qu'il a un grand nez, qu'Ovide n'a pas de pannes. « Elle a eu beau passer autour de mon cou ses bras d'ivoire plus blancs que la neige de Sithonie (...) glisser sa cuisse lascive sous la mienne, me dire mille douceurs, m'appeler son vainqueur (...) je suis demeuré comme un tronc sans vigueur. (...) Mais voyant que, oubliant ses anciens exploits, il restait là inerte, elle s'écria : "(...) ou bien l'empoisonneuse d'Ea t'a ensorcelé, au moyen de tablettes transpercées, ou tu t'es épuisé à en aimer une autre avant de venir ici." Aussitôt elle saute à bas du lit, couverte simplement de sa tunique flottante, et, pour que ses femmes ne puissent savoir qu'elle sortait intacte du combat, elle dissimula cet affront en se lavant. » Mais déjà, m'arrachant à ma rêverie, les enfants me rappellent qu'il faut remplir le frigo. Les oreilles écartées par les élastiques du masque, les lunettes embuées par mes expirations, je saisis le ticket que la caissière me tend. Elle sourit derrière son plexi et j'entends Ovide : « sa langue toute entière entre mes lèvres, et ma langue entre les siennes » . J'essaye de lui rendre son sourire avec les yeux, mais la buée envahit mes lunettes. En marchant sur le parking je me dis que, décidément, les Amours en 2020 sont une lecture plus mélancolique que jamais.
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souvenir de lecture en lisant l'éphéméride...
-043 naissance d'Ovide, poète

Les Amours

Après avoir chanté les amours des héros, Ovide chanta les siennes, qui lui avaient acquis une singulière célébrité. Il n'était bruit dans Rome que de ses exploits amoureux ; ils faisaient l'entretien des riches dans leurs festins, du peuple, dans les carrefours, et partout on se le montrait quand il venait à passer.

Attirées plutôt qu'éloignées par cette réputation, toutes les belles sollicitaient son hommage, se disputaient le renom que donnaient son amour et ses vers ; et il se vante d'avoir, en les faisant connaître, doté d'une foule d'adorateurs leurs charmes jusqu'alors ignorés.

Il avoue d'ailleurs ingénument qu'il n'est point en lui de ne pas aimer toutes les femmes, même à la fois, et les raisons qu'il en donne, quoique peu édifiantes, font de cette confession une de ses plus charmantes élégies.

Le mal était surtout que ses maîtresses avaient quelquefois des rivales jusque parmi leurs suivantes. Corinne l'accusa un jour d'une intrigue avec Cypassis sa coiffeuse ;

Ovide, indigné d'un tel soupçon, se répand en plaintes pathétiques, prend tous les dieux à témoin de son innocence, renouvelle les protestations d'un amour sans partage et d'une fidélité sans bornes.

Corinne dut être entièrement rassurée. Mais l'épître suivante (et ce rapprochement est déjà très piquant ) est, adressée à cette Cypassis ; il la gronde doucement d'avoir, par quelque indiscrétion, livré le secret de leur amour aux regards jaloux de sa maîtresse, d'avoir peut-être rougi devant elle comme un enfant ; il lui enseigne à mentir désormais avec le même sang-froid que lui, et finit par lui demander un rendez-vous.

Le recueil de ses élégies fut d'abord publié en cinq livres, qu'il réduisit ensuite à trois, "ayant, corrigé, dit-il, en les brûlant," celles qu'il jugea indignes des regards de la postérité.

A l'exemple de Gallus, de Properce et de Tibulle qui avaient chanté leurs belles sous les noms empruntés de Lycoris, de Cynthie et de Némésis Ovide célébra sous celui de Corinne la maîtresse qu'il aima le plus. Tel est du moins le nom que plusieurs manuscrits ont donné pour titre aux livres des Amours. Mais quelle était cette Corinne ?

Qui était Corinne ?

Cette question, qui n'est un peu importante que si on la rattache à la cause de l'exil d'Ovide, a longtemps exercé, sans la satisfaire, la patiente curiosité des siècles ; et comment eût-on pénétré un secret si bien caché même au sicle d'Ovide, que ses amis lui en demandaient la révélation comme une faveur, et que plus d'une femme, profitant, pour se faire valoir, de la discrétion de l'amant de Corinne, usurpa le nom, devenir célèbre, de cette maîtresse mystérieuse, et se donna publiquement pour l'héroïne des chants du poète ?

Du soin même qu'il a mis à taire le nom de la véritable, on a induit qu'elle appartenait à la famille des Césars.

On a nommé Livie, femme de l'empereur ; mais la maîtresse eût été bien vieille et l'amant bien jeune : on a nommé Julie, fille de Tibère ; mais alors, au contraire, la maîtresse eût été bien jeune et l'amant bien vieux ; ce que ne permettent de supposer ni la date ni aucun passage des Amours.

On a nommé Julie, fille d'Auguste, et cette opinion, consacrée par l'autorité d'une tradition dont Sidoine Apollinaire s'est fait l'écho, n'est pas aussi dépourvue de toute vraisemblance, quoiqu'on ne l'ait appuyée que sur de bien futiles raisons.

Julie, veuve de Marcellus, avait épousé Marcus Agrippa ; or, dit-on, les élégies parlent du mari de Corinne, de ses suivantes, d'un eunuque.

Ailleurs, il la compare à Sémiramis ; ailleurs encore, il lui cite, pour l'encourager à aimer en lui un simple chevalier romain, l'exemple de Calypso qui brûla d'amour pour un mortel, et celui de la nymphe Égérie, rendue sensible par le juste Numa.

Corinne ayant, pour conserver sa beauté, détruit dans soir sein le fruit de leur amour, Ovide indigné lui adresse ces mots, le triomphe et la joie du commentateur : "Si Vénus, avant de donner le jour à Énée, eût attenté à sa vie, la terre n'eût point, vu les Césars !"

Enfin, s'écrie-t-on victorieusement, le tableau qu'Ovide a tracé, dans une des dernières élégies de ses Amours, des moeurs dissolues de sa maîtresse n'est que celui des prostitutions de cette Julie qu'accompagnaient en public des troupes d'amants éhontés, qui affichait jusque dans le Forum, dit Sénèque, le scandaleux spectacle de ses orgies nocturnes, et que ses débordements firent exiler par Auguste lui-même dans l'île déserte où elle mourut de faim.

Mais toutes ces phrases d'Ovide à sa Corinne peuvent n'être que des hyperboles poétiques, assez ordinaires aux amants, et applicables à d'autres femmes que Julie, et n'avoir point le sens caché qu'on a cru y découvrir.

Il en est qui ont pensé mettre fin à toutes les conjectures en disant qu'Ovide n'avait, en réalité, chanté aucune femme, et que ses amours, comme celles de Tibulle et de Properce, n'existèrent jamais que dans son imagination et dans celle des commentateurs ; ce qui n'est qu'une manière expéditive de trancher une difficulté insoluble.

Médée

Les plaisirs ne détournaient pas Ovide de sa passion pour la gloire : "Je cours, disait-il , après une renommée éternelle, et je veux que mon nom soit connu de l'univers."

L'oeuvre qui nourrissait en lui cette immense espérance était une tragédie ; et le témoignage qu'il se rend à lui-même, en termes, il est vrai, peu modestes, d'avoir créé la tragédie romaine, peut avoir un grand fond de vérité, à en juger par les efforts plus louables qu'heureux des écrivains qui s'étaient déjà essayés dans ce genre, à l'exemple du prince, lequel, au rapport de Suétone, avait composé une tragédie d'Ajax, connue seulement par le trait d'esprit dont elle fut pour lui l'occasion quand il la détruisit.

La postérité ne peut prononcer sur le talent dont Ovide fit preuve dans cette nouvelle carrière, puisque sa Médée est aujourd'hui perdue.

On a nié qu'il eût pu être un bon auteur dramatique, en ce qu'il est trop souvent, dans ses autres ouvrages, hors du sentiment et de la vérité.

Un fait qu'on n'a pas remarqué donne à cette assertion quelque vraisemblance ; c'est que Lucain, peu de temps après, composa une tragédie sur le même sujet ; il ne l'aurait point osé, si celle d'Ovide eût été réputée un chef-d'oeuvre.

Toutefois elle jouit longtemps d'une grande renommée : "Médée, dit Quintilien, me paraît montrer de quoi Ovide eût été capable, s'il eut maîtrisé son génie au lieu de s'y abandonner ; " et l'auteur, inconnu mais fameux, du Dialogue sur les orateurs, met cette pièce au-dessus de celles de Messala et de Pollion, qu'on a surnommé le Sophocle romain, et à côté du Thyeste de Varius, le chef-d'oeuvre de la scène latine.

Deux vers, voilà ce qui reste de la Médée d'Ovide, parce qu'on les trouve cités, l'un, dans Quintilien :

Servare potui, perdere an possim rogas?
l'autre, dans Sénèque le rhéteur :
Feror huc illuc, ut plana deo.

source : http://remacle.org/bloodwolf/poetes/Ovide/intro.htm
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Comme chacun sait, Publius Ovidius Naso a achevé sa vie dans un triste exil. Auparavant, il s'était illustré par ses poésies, notamment par "Les amours" dont la dernière version a été publiée en 4 av. J. C. C'est un recueil d'élégies écrites en distiques, c'est-à-dire avec des couples formés d'un hexamètre dactylique et d'un pentamètre. L'élégie est l'une des formes poétiques de la plainte. Le moteur de ce type d'expression est très souvent l'amour, amour impossible ou contrarié.

Dans le cas d'Ovide, l'amour n'a rien de platonique: jeune et ardent, il ne pense qu'à "ça". Il se fixe sur une certaine Corinne, pour laquelle il éprouve un fort désir. C'est avec une grande franchise que le poète nous parle de son amour (voir, par exemple, l'extrait que je mets en citation). Mais aussi il s'étend sur les intrigues nouées pour organiser les rencontres, sur ses sentiments de jalousie, et en général sur sa stratégie amoureuse. Ovide écrit dans sa subjectivité toute empreinte de désir, de sentiments enflammés, d'obsessions, d'égoïsme, et même d'humour. Je trouve délicieux, par exemple, le face-à-face de l'amant avec sa maîtresse en présence du mari, lors d'un repas pris en commun (livre 1, élégie 4).

Faut-il croire qu'Ovide était un adepte fanatique de Priape ? Le rédacteur de la préface (dans l'édition dont je dispose) le nie; il en veut pour preuve le choix du narrateur de se désigner sous le nom de Nason (Naso) et non d'Ovide (Ovidius), sans doute pour prendre de la distance par rapport à ses aimables délires amoureux. J'ajoute que le poète n'oublie jamais toutes ses références culturelles (notamment mythologiques). De plus, il écrit d'une manière élégante et fluide. Le lecteur moderne peut lire sans grande difficulté cette poésie - à condition d'admettre les conventions du genre, évidemment.

P. S. Je dispose d'une édition bilingue. J'ai ainsi remarqué que la poésie en latin est beaucoup plus concise que sa traduction (en prose) en français moderne.
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Ovide est facétieux, on le sait. Son caractère correspond donc totalement à ce genre "levis" qu'est l'élégie, par opposition à la pesante épopée. Mais Ovide s'amuse de tout, y compris de l'élégie, de ses codes, ses canons. N'en déplaise à l'empereur !
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Nous retrouvons bien le côté « osé » d'Ovide. Les quelques traits d'humour peuvent faire sourire de temps en temps, toutefois l'ensemble de l'oeuvre me semblait un peu creux : les poèmes tournent vite en rond, hormis une petite poignée teintée d'érotisme (comme l'élégie 15 du premier livre) ou la déploration face à la porte close de l'amante. En dehors de ces exceptions, il m'a été difficile de vraiment accrocher avec l'oeuvre.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Qui pourra me dire pourquoi ma couche me paraît si dure, pourquoi ma couverture ne peut rester sur mon lit ? Pourquoi cette nuit, qui m'a paru si longue, l'ai-je passée sans goûter le sommeil ? Pourquoi mes membres fatigués se retournent-ils en tons sens, en proie à de vives douleurs ? Si quelque amour venait ainsi m'éprouver, nul doute, je m'en apercevrais. Veut-il me surprendre, et ce dieu rusé prépare-t-il contre moi des embûches secrètes ? Voici la vérité : dans mon sein ont pénétré ses flèches aiguës ; le cruel Amour tyrannise ce cœur dont il a pris possession. Lui céderai-je ? ou, par ma résistance, donnerai-je une force nouvelle à cette flamme soudaine ? Cédons-lui : pour qui sait le porter, un fardeau devient léger. J'ai vu, quand on mettait le tison en mouvement, la flamme, ainsi agitée, s'accroître, et je l'ai vue s'éteindre quand le mouvement cessait ; les jeunes bœufs, qui se révoltent contre le premier joug, sont plus souvent frappés que ceux qui, par l'habitude, se plaisent à le porter. On dompte avec le mors le plus dur le coursier dont la bouche est rebelle ; on fait moins sentir le frein celui qu'on voit prêt à voler aux combats. Ainsi l'Amour traite un cœur qui lui résiste encore avec plus de rigueur et de tyrannie que celui qui se reconnaît son esclave.

Eh bien ! je l'avoue ; oui, Cupidon, je suis devenu ta proie.
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Un riche amant te désire et songe à te donner ce qui te manque ; sa beauté peut être comparée à la tienne ; et, s'il ne voulait acheter tes charmes, tu devrais acheter les siens.
La jeune fille rougit.
La rougeur, continue la vieille, va bien à la blancheur de ton teint ; mais elle n'est utile que lorsqu'elle est feinte ; véritable, elle ne peut que nuire. (...) Jeunes beautés, jouissez de vos charmes, celle-là seule est chaste dont personne n'a voulu ; encore, si elle n'est pas trop novice, c'est elle-même qui s'offre. (...) Ne fais pas attendre longtemps ton consentement, de peur qu'on ne s'habitue à se passer de toi.
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La vie du chantre de Méonie durera tant que se dresseront Ténédos et l'Ida, tant que le Simoïs roulera vers la mer ses eaux impétueuses. La vie du poète d'Ascra durera aussi tant que le vin doux gonflera le raisin, tant que l'épi tombera dans sous la faucille recourbée. L'enfant de Battos sera vanté par tous les âges dans le monde entier, quoiqu'il y ait en lui plus d'art que de talent. Le cothurne de Sophocle ne s'usera jamais. Autant que le soleil et la lune d'Aratos vivra. Tant qu'il y aura un esclave rusé, un père dur, une entremetteuse malhonnête et une courtisane caressante, Ménandre vivra. Ennius dont le style manque d'art, Accius aux mâles accents ont un nom qui ne périra jamais. Varron, et le premier vaisseau, et la toison d'or enlevée sous la conduite du fils d'Eson, y aura-t-il un âge qui vous ignorera ? Les poèmes du sublime Lucrèce ne périront que le jour où le monde entier sera détruit. Tityre, les moissons, Énée et ses combats trouveront des lecteurs, tant que Rome sera la capitale du monde qu'elle a vaincu. Tant que le feu et l'arc seront les armes de Cupidon, on apprendra tes vers, élégant Tibulle ; Gallus sera connu des peuples du couchant, des peuples de l'Orient, et en même temps que lui sera connue sa chère Lycoris. Ainsi, le temps use les rochers, use le soc de la dure charrue ; mais les vers échappent à la mort. Que les rois, que les triomphes des rois cèdent donc le pas à la poésie ! Qu'elles le cèdent aussi, les rives opulentes du Tage qui roule de l'or !
La foule ignorante peut admirer des choses communes ; moi, ce que je demande, c'est qu'Apollon aux boucles d'or me verse à pleine coupe l'eau de Castalie, que ma tête soit couronnée du myrte qui craint le froid et qu'en cet appareil je sois lu souvent par les amants que tout inquiète. L'Envie se repaît des vivants ; quand leur destin est accompli, elle se tient en repos, protégés qu'ils sont par la gloire qu'ils ont méritée. Donc, même quand le bûcher suprême m'aura consumé, je ne mourrai pas et une grande partie de moi-même survivra.
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Heureux anneau ! ma maîtresse va te manier. Hélas ! déjà moi-même je suis jaloux de mon cadeau. Oh ! que ne puis-je, par les enchantements de la magicienne d'Ea ou du vieillard de Carpathos, me transformer tout à coup en mon présent ! Alors, si je désirais toucher la poitrine de ma maîtresse et glisser sous sa tunique ma main gauche, je m'échapperais de son doigt, si étroitement que je le serre, et, m'étant élargi par un prodige étonnant, je tomberais sur son sein. De même, afin de pouvoir assurer par mon empreinte le secret d'un billet, sans que la cire reste attachée au chaton trop sec, je toucherais d'abord les lèvres de ma belle amie ; pourvu seulement que mon empreinte ne soit pas appliquée sur des lettres qui m'affligeraient ! Si elle veut me retirer pour me mettre dans mon écrin, je refuserai de partir et me rétrécirai pour m'attacher à ses doigts.
Et que jamais, ô ma vie, je ne devienne pour toi un objet de honte ou un fardeau que ton doigt délicat refuse de porter.
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Livre 1, élégie 5

Quand elle fut devant moi debout sans aucun voile, je vis un corps parfait. Quelles épaules, quels bras je contemplai et je touchai ! Comme la forme de ses seins se prêtait aux caresses ! Sous cette poitrine sans défaut, quel ventre lisse ! Quelles hanches abondantes et belles ! Quelle jeunesse dans la jambe ! Mais pourquoi entrer dans tous ces détails ? Je ne vis rien qui ne mérite d’être loué, et nue je la pris contre moi. Qui ne sait le reste ? Quand nous fûmes las, nous nous reposâmes. Puisse souvent s’écouler ainsi pour moi l’après-midi !
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Vidéo de  Ovide
"Le voyage de Chihiro", sorti en 2001 au Japon, est un film sous le signe de la métamorphose, un voyage chez les morts et dans l'imaginaire fantastique japonais. Miyazaki est-il l'Ovide du cinéma d'animation ? Est-ce de l'errance que naissent les meilleures expériences ?
Dans ce sixième épisode, Adèle van Reeth reçoit Hervé Joubert-Laurencin, professeur en études cinématographiques à l'université de Paris Nanterre.
"Philosopher avec Miyazaki", c'est une série de podcasts en huit épisodes qui revisite huit films du génial Hayao Miyazaki. Vent, enfants, personnages étranges, nature, animaux, machines, guerre... Chacune de ses oeuvres offre de multiples niveaux de lecture et renferme de grandes notions philosophiques.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-philosopher-avec-miyazaki
Découvrez aussi notre vidéo sur ce génie de l'animation : https://youtu.be/sFGMoBpO2S4?si=W26ErDQByCq3FU7a
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