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EAN : 9781706962236
194 pages
Auto édition (26/11/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Le 24 novembre 1914 étaient officiellement créées, à l'initiative du général Niox, directeur du musée de l'Armée, les missions artistiques françaises de la Grande Guerre permettant à des artistes de parcourir le front. Le 15 décembre de la même année, la première de ces missions quitta Paris pour Reims, emmenant notamment le peintre François Flameng. Ce dernier parcourut, jusqu'à la fin du conflit, les différents théâtres d'opérations et ramena plus de deux-cents go... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce fut pour moi une triple chance : recevoir la biographie d'un peintre peu connu, François Flameng, ayant couvert la guerre de 1914/ 1918, et son auteur, un lettré : Alexandre Page, dans un livre farci des plus belles aquarelles qui soient.
Le père de François Flameng est lui-même peintre et graveur, et fait partie de la fédération des artistes nommés par Courbet après la Commune de Paris. Son fils est élève de Cabanel, puis peintre de la Révolution française (avec l'appel des Girondins, puis le déjeuner de Camille Desmoulins.) enfin, notre peintre dont Alexandre Page s'attache à raconter la carrière, devient peintre de la « chose militaire », cela, avant que n'éclate la guerre de 1914.
Tout naturellement, il appartient à la Société des peintres militaires dont il fut le président d'honneur, ceci dès 1890. Flameng s'attela à proposer une peinture militaire virile, cocardière, reprenant largement les schémas classiques de la peinture de bataille, mais, en plus, la vie quotidienne des militaires en caserne, les jeux, et même des scènes de permission. Vu son âge, il ne peut s'engager, mais il part au front comme témoin. D'autres peintres parfois inattendus furent envoyés sur le front. Ce fut le cas D Édouard Vuillard, ou de Félix Vallotton qui laissa avec son fameux Verdun une de ses oeuvres majeures et des plus originales.
Il écrit d'ailleurs au général Niox, voulant bien entendu toucher l'opinion publique par ses peintures :
“Si vous saviez combien mon coeur est ému, attendri et pitoyable quand je pense à ceux qui meurent derrière les collines qui s'étagent en face de moi, quand je vois les obus formidables tomber, furieux, sur nos lignes, j'ai envie de me mettre à genoux et de prier. “
Et il s'investira dans la reconstruction, que ce soit à l'église d'Albert, et l'auteur Alexandre Page note qu'en fait le peintre n'a pas vraiment reproduit les combats. La guerre est loin, et elle n'est pas esthétique. Les soldats sont camouflés dans les tranchées de Verdun ou ailleurs, rien n'est «  pittoresque », des cadavres défigurés, démembrés, l'horreur à l'état pur, ne valent pas d'être figurés.
Comme se lâchant en nous montrant la gamme étendue de François Flameng, Alexandre Page nous livre, après les « ruines » (comment mieux communiquer l'horreur de la guerre qu'en en montrant les ruines ?) des aquarelles de la bataille de la Somme (hindou fumant, ravitaillement, Chasseur d'Afrique conduisant son dromadaire, église de Dompierre,) dans un essai exhaustif de nous montrer les hommes tels qu'ils se préparent avant le combat. La première guerre mondiale voit l'arrivée des chars d'assaut, avions de combat, canons et François Flameng, au lieu de peindre les éclopés, peint ces nouvelles technologies, dont les soldats allemands recouverts de masques à gaz, tanks, toujours avec un art consommé de l'aquarelle.
La peinture de François Flameng, dont Alexandre Page nous donne un généreux aperçu, constitue une oeuvre aboutie, avec le rendu des ambiances, l'atmosphère donnée par les couleurs, l'exact rendu météorologique :
« Si la quasi-monochromie faite de gris blafard et de bleu acier s'adapte très bien aux cieux laiteux de l'hiver, aux arbres dépouillés, à la neige, en revanche, le front prend un tout autre visage au printemps et en été, et le Four de Paris (fig. 50), peint le 4 septembre 1915, en témoigne.
Minutieux dans les détails et pourtant rapide comme le veut l'art de l'aquarelle, adepte des techniques mixtes ( rehauts de gouache, graphite, craie, encre de chine), le peintre ne cherche pas à exacerber les violences de la guerre, mais ne veut pas non plus se cantonner dans une neutralité informative. Il restitue, c'est tout, et avec un art consommé, un peu comme Victor Hugo son prédécesseur.
Une analyse extrêmement bien fouillée retrace l'histoire de ce peintre trop peu connu, sur la composition de ces oeuvres très élaborée, la proximité instaurée par le peintre avec son public, la nécessaire distance et même la volonté de s'estomper, pour ne laisser place qu'au sujet : les combattants, dont les prisonniers allemands dans la Somme, tableaux pour la plupart visibles au Musée de l'Armée.
“Flameng est probablement l'artiste qui échappa le plus à la partialité, à la subjectivité, conférant à son oeuvre, sans le désirer à priori, une identité propre et un style qui en font aujourd'hui, plus qu'un ensemble documentaire, un regard unique sur le premier conflit mondial. “, conclut l'auteur.
La critique fut cependant ambivalente.
Et moi, lectrice, je suis loin d'être ambivalente quant à l'oeuvre d'Alexandre Page, que je remercie. Non seulement j'ai pu visionner des oeuvres originales et de facture tout à fait unique du peintre aquarelliste François Flameng, mais aussi j'ai pu m'extasier sur la culture de l'auteur, ses recherches sur un presque inconnu, et la réussite de cet ouvrage entre explications, histoire et reproductions.
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