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EAN : 9782491560317
116 pages
Le Realgar (20/01/2022)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Les habitants d’un petit village se réfugient à l’intérieur d’une église afin d’échapper aux exactions d’une horde de pillards, une mère décide de venger l’assassinat de sa fille en exécutant un ancien chef de guerre, un assistant vétérinaire se livre à des opérations punitives contre les chiens, un obscur figurant de cinéma finit par tomber de haut, victime de sa vanité …

Confrontés à des événements parfois étranges, parfois absurdes, mais toujours ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Douze nouvelles, autour de thèmes très divers mais qui mettent toutes en scène des personnages atypiques, dans des situations inattendues. Premier intérêt donc de ce petit recueil, son originalité.

Des images viennent se superposer à celles que décrit l'auteur : « Dans mon pays en guerre » met en scène des villageois réfugiés dans une église pour échapper à une horde malfaisante, qui a brûlé, pillé, provoqué la fuite des femmes et des enfants, dont on ne sait quel sort a pu leur être fait. Mais si j'ai Oradour en arrière-plan des images de ces gens entassés dans l'église, l'auteur me surprend par une histoire d'amour, de vie, de désir de continuer, encore et encore. Inattendu et simplement vivifiant.

Un aide-vétérinaire se livre à d'étranges opérations sur les chiens dont il ne supporte plus les aboiements. Sait-il à quelle sanction sans concession il s'expose ?
Et cet ancien chef de guerre, naguère repu de sang et de jouissance, comment peut-il ne pas sentir venir la terrible vengeance d'une mère ?
Le Japon s'invite dans ce recueil, rapidement, sèchement, autant que la lame qui vient perforer un corps, sentir les muscles se raidir ou exploser en une inondation fécale immonde, à quoi doit s'attendre le samouraï qui décide d'en finir ?

Raymond Penblanc a cette richesse d'imagination qui suscite l'intérêt du lecteur, mais cela va beaucoup plus loin. C'est à un travail de peintre que nous assistons, avec l'évocation de personnages et d'ambiances, à grands traits, parfois, de façon évanescente et symbolique, souvent. Puis carrément réaliste et crue avec une pointe de cruauté assumée. En tous cas l'inspiration et l'écriture sont déconcertantes et empreintes de poésie.

Je ne peux m'empêcher d'avoir envie de prendre un pinceau pour restituer cette femme-flamant rose meurtrie et provocatrice, ce lecteur frustré dont les pages s'envolent au fur et à mesure qu'il les lit (un cauchemar!), ce chien aboyeur qu'on veut faire taire d'horrible façon.

Poète, dessinateur, peintre, inspirateur de rêve et de cauchemar et avant tout écrivain : Raymond Penblanc, décidément une belle découverte, dont j'avais déjà aimé « Une ronde nuit » .

Merci à l'auteur pour geste amical et à son éditeur pour cet envoi. Un dernier mot : la Une de couverture correspond parfaitement à mon ressenti de lectrice, remarquable par ce qui s'en dégage, totalement en harmonie avec le livre.

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Auteur de trois romans publiés au début des années 90, Raymond Penblanc est de nouveau présent chez les libraires à partir des années du milieu des années 2010 et propose, outre des romans, des récits, des histoires courtes et des nouvelles.
Sa toute dernière publication, qui vient de paraître aux Editions le Réalgar, que je remercie chaleureusement, tout comme Babelio, pour m'avoir fait parvenir cet ouvrage dans le cadre de la première masse critique "littérature" de 2022, est une compilation de nouvelles éditées pour la plupart au début des années 2010 dans des revues comme Harfang, la Femelle du Requin ou sur des sites numériques.
Ces douze courtes histoires, usant d'une langue élaborée, colorée et charnelle qui ne se départ pas d'une certaine poésie, nous entraînent dans l'univers décalé, exigeant et atypique de l'auteur. Face à des situations singulières, insolites, incongrues, lunaires ou dramatiques, les protagonistes paraissent dépassés et destinés à subir le sort funeste qui les attend inéluctablement.
La présentation sous forme de regroupement en sept "chapitres" comprenant une, deux ou trois nouvelles et traitant de thèmes comme la guerre, le rapport au corps, la maladie ou le suicide entre autres, confirme la proximité de l'auteur de "l'âge de pierre" avec Julien Gracq dans sa conception d'une littérature fragmentaire dont les textes communiquent entre eux grâce à une substance identique.
Une découverte intéressante donc qui nécessite cependant un état d'esprit particulier et une concentration soutenue pour en apprécier toute la saveur.
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Lucide, sombre, subliminal, « L'éternel figurant » est un kaléidoscope manteau gorgé de pluie sur notre monde vacillant.
Le regard visionnaire et les mots annonciateurs, c'est un électrochoc nécessaire. Il donne la parole à douze nouvelles. Brise le plafond de verre, lames gelées, brise-glace sur nos égarements. le macrocosme du monde ployé sous les affres des perditions et de l'impondérable. Les conséquences des actes lancinants et violents.
« Dans mon pays en guerre » est un symbole fort.
« Si certains prient, c'est tout bas, comme s'ils avaient honte. C'est aussi la preuve qu'on peut encore se réfugier en soi-même. »
Église asile, grotte matrice-mage, où les habitants repliés pensent le feu s'arrêter sous le porche des regrets. Il n'en sera rien. le bûcher parabolique, annonciateur des mécanismes implacables où le prochain doit mourir.
« Les premiers brandons s'abattent en sifflant autour de nous. »
La guerre fratricide, mordante et tueuse qui ne laisse aucune miette pour les affamés de la paix. Si près de nous encore…
Les signaux vifs de Raymond Penblanc rassemble l'épars. Existe-il un bruissement de rédemption ?
On déambule dans un labyrinthe où les racines accrochent nos pieds. Les résistances, contre-pied au nihilisme, au cynisme, à l'effroyable.
« Qu'importe si on ne me reconnaît pas. Je serai cent, je serai mille, je le suis déjà, si je m'amuse à mettre bout à bout toutes les figurations… Un sacré sport qui vaut toutes les figurations. »
Un peu du mime Marceau, de la transmutation, les mythes théâtralisés, le masque tombe. La figuration, scène exutoire.
Que dire de la douzième qui sonne le glas de la finitude littéraire. Autofafé sur nos consciences qui n'ont pas compris combien le mot est l'oxygène du monde. le néant, le dernier lecteur, la parabole est l'encre égarée dans les méandres des perditions. Prenez soin de celle-ci. « Le dernier ouvrage » mirage annonciateur.
Les fragments sont des étincelles tragiques et tremblantes. Des soubresauts réalistes et inéluctables, d'une beauté inouïe. Raymond Penblanc dresse le portrait de la vie et de ses inévitables errances, à rebours des non dits et des fausses joies. En cela ce texte est aussi une urgence de lecture. La tristesse douloureuse, ces douze nouvelles sont la traversée du miroir de notre vaste humanité. Grave et superbe, cette noria de nouvelles est un ballet d'oiseaux noirs qui transpercent nos indifférences. Inoubliable, stupéfiant, bleu-nuit.
Publié par les majeures éditions le Réalgar.
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Pour son nouveau livre, Raymond PENBLANC a opté pour des nouvelles, format dans lequel il est souvent particulièrement à l'aise. Douze courtes histoires sont ici au menu, parfois rassemblées dans un thème commun et pouvant posséder des passerelles entre elles.

Les habitants d'un village se regroupent dans une église devant des assaillants armés, un lecteur voit les pages qu'il vient de lire disparaître, des arbres sont plantés dans une allée de la Paix, avant que nous suivions l'opération chirurgicale d'un chien (pages quasi insoutenables). Un homme témoin d'une crucifixion puis en partie lapidé, scène préfigurant une autre nouvelle où il sera question d'un prélude à une décapitation, l'univers de Raymond PENLBANC est riche et varié dans ce recueil. D'une écriture souple, sombre et froide parfois distanciée, l'auteur sait faire preuve d'humour, notamment dans cette représentation pathétique d'une troupe théâtrale à la dérive, avant de narrer une sortie nature tournant au drame dans un style revenu subitement tragique.

Si « L'éternel figurant » est le titre choisi pour ce recueil, il est aussi celui d'une nouvelle, peut-être la plus belle. Car dans celle-ci, Raymond PENBLANC déroule en quelques pages tout son talent d'écriture, alliant parfaitement humour caustique et dramaturgie. Ce figurant de cinéma, acteur multitâches jamais reconnu, évolue au gré de ses rôles en sympathique « loser ». « On m'appelle pour jouer n'importe quoi. Je deviens le figurant bouche-trous. C'est facile, j'ai une gueule passe-partout. Je suis mobile, adaptable, vite disponible. Aussi serviable et généreux qu'un donneur de sang universel. On me réclame pour des bouche-à-bouche délicats, des sauvetages désespérés, et tout de suite j'accours. Je suis la lumière ». Nouvelle à la fois drôle et désenchantée, elle met en scène un clown pathétique, ambitieux mais pas trop, se contentant de miettes et de rôles largement subalternes.

Cette galerie de portraits plus ou moins sympathiques est l'occasion pour l'auteur de s'emparer du corps humain, dans un ouvrage en partie anatomique, thème récurrent reliant presque chaque nouvelle, y compris dans des évocations érotiques quoique profondément pudiques. La précision des scènes sait capter chaque détail de ces tranches de vies, dans un souci chirurgical (ce qui fait sens avec l'aspect anatomique général). La plume est maîtrisée, elle sait parfaitement où elle va et nous embarque avec elle dans ces peintures fluctuantes et ses décors toujours reconstruits, ses paysages jamais répétés.

Raymond PENBLANC est ici sur son terrain de prédilection, entre écriture au cordeau, peintures d'âmes de notre temps, scènes d'amour ou/et de désir, empathie, humour pétillant et chutes soignées (n'y voyez aucune volonté de trait d'esprit évoquant la fin de la nouvelle « le saut de l'ange », vous en comprendrez ma réflexion à sa lecture), l'univers de l'auteur est ici représenté dans son intégralité, faisant de ce recueil une suite cohérente et opportune de portraits plus ou moins gracieux présents dans toute son oeuvre.

Ce livre à la fois plaisant et dérangeant par certaines de ses scènes vient de sortir aux éditions le Réalgar, l'une des « maisons » attitrées de l'auteur. le tout se lit d'une traite, lentement, avec une certaine délectation.

https://deslivresrances.blogspot.com/
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Avant de débuter ma critique, il faut savoir que j'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique, et que je n'avais encore jamais lu (ni connu) cet auteur, et je n'ai pas lu l'histoire avec le chien (étant un sujet très sensible pour moi)

Et qu'elle déception ce fut.. le résumé me donné tant envie, tant de possibilités gâchées..
Peut-être que ce livre n'était pas pour moi, peut-être avais-je mal interpréter sa promesse..

En temps normal, j'aurais fini ce court recueil en une heure ou deux, pas plus, je l'aurais dévoré avec plaisir.. Mais j'ai été bloqué dès la première histoire, et j'ai mis plusieurs semaines avant de vraiment réussir a le finir, j'ai pensé plusieurs fois à l'abandonner..

La plupart des nouvelles partaient d'un super postulat, mais j'ai vite déchanté..
je n'ai eu la sensation que de lire des nouvelles érotiques.. Soit les histoires partaient sur de l'érotisme ou de la sexualité sans aucunes raisons (Vraiment ? Pendant une attaque ? Pendant que vous êtes sensé avoir peur pour vos vies, votre première pensée dans un bâtiment détruis et en flamme c'est de vous satisfaire avec vos doigts ?!), soit elles n'avaient tout simplement aucun sens (ce qui est probablement voulu vu le dernier texte), on a un début intriguant, et soit le dénouement final c'est une femme qui fait des choses sensuelles/sexuelles, soit c'est un non sens et l'auteur nous lâche un "Haha, en fait il n'y a pas vraiment d'histoire"..

Et c'est vraiment dommage, les autres critiques sont super positives, mais je n'ai vraiment pas ressentis ce que j'aurais voulu avec ce recueil, j'aurais voulu l'adorer, que ce soit un coup de coeur gigantesque, mais ça n'a été qu'une corvée qui ne semblait jamais se terminer.. Une éternelle déception au fil des pages.. La seule nouvelle que j'ai apprécier jusqu'à sont dénouement, ce fut la toute dernière, parce que l'idée était originale, et que ça semblait donné un minimum de sens à tout ça..

Bref, une énorme déception, une sorte de recueil un peu trop lubrique qui veut se donner des airs matures, vraiment dommage, une gigantesque occasion manquée..

Pourtant je déteste faire des critiques négatives, je veux toujours chercher du bon, mais là, je n'ai pas pu être son publique :/
Peut-être que le problème vient de moi, le mieux est toujours de vous faire votre propre avis
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Leur sourire n'est pas un vrai sourire, c'est une grimace de circonstance, celle qu'on s'inflige en présence des morts, cet affreux sourire que les vivants accrochent à leurs visages compassés, y compris les enfants dès lors qu'on les y oblige, ce sourire qu'ils adressent aux grandes personnes devant lesquelles on les forces à s'incliner.
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Mes vêtements sont à peine défaits, mes jambes toujours serrées l'une contre l'autre.
Cependant ma main est chaude et elle sent bon. Alors je la passe à nouveau sur mon ventre, entre mes cuisses, d'où je la retire trempée, au moment où les premières brandons s'abattent en sifflant autour de nous.
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Autrefois la religion encourageait à aimer le ciel. Mais aujourd'hui la médecine nous a tout volé.
Autrefois on possédait des livres, du papier, des crayons. Volés.
Autrefois on avait des envies on faisait des projets. Volés.
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Fermant les yeux, elle passa en revue ce qui la menaçait, chambre stérile, sols javellisés, lampe espions, petite culotte jetable, nuisette en papier bible, et se demanda si elle jouirait encore.
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