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EAN : 9782954143248
70 pages
L'Oeil Ebloui (12/12/2014)
4.38/5   4 notes
Résumé :
L'Ardoise magique, dédiée aux laryngectomisés, est le dernier écrit de Georges Perros (1923-1978). Publié trois mois après sa disparition aux éditions Givre, le texte est repris la même année dans Papiers collés III (Gallimard).
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il existe des textes un peu perdus dans des volumes recueillant divers écrits disparates. C'était le cas de "L'Ardoise magique" de Georges Perros que l'on ne pouvait plus trouver que dans le volume trois de "Papiers collés", chez Gallimard*, après une première publication, sur trente-deux pages, en avril 1978, par les Éditions Givre – épuisée, rare et très chère... Il était donc fort opportun de republier ce texte dans un livre séparé, ce que vient de faire l'éditeur nantais L'Oeil ébloui. Avec pertinence et intelligence puisque cette nouvelle édition très soigneusement mise en page et typographiée ajoute deux inédits de commande, à savoir un poème liminaire – d'une belle simplicité amicale – de Michel Butor et une postface de Bernard Noël, que suit une utile Genèse de l'édition, par Gaëlle Guillamet-Metz, reprise de la revue Europe (n° 983, mars 2011).
Dédiées «aux laryngectomisés», ces «notes d'hôpital», comme les appelle lui-même Perros, qui tenaient sur vingt pages dactylographiées, sont consacrées à la découverte subite («c'est grave», «c'est emmerdant») et au traitement de son cancer. le style, immédiat et lapidaire, est celui du journal, en succession de phrases brèves, souvent sans verbes. À Lorand Gaspar, l'auteur que l'on apprécie tant pour la concision de ses aphorismes précise avoir écrit «aussi sèchement que possible».
Georges Perros, bientôt cinquante-quatre ans, va mourir, il le comprend. La première préoccupation de l'écrivain est alors de faire disparaître «certains cahiers remplis de conneries.» Souvent dans ces pages, pointent l'humour, la dérision, l'ironie. L'écrivain, le malade, ne se prive pas de critiques sur le milieu médical et hospitalier, bien peu amène et compatissant, racontant par exemple la succession des piqûres ratées, le manque d'humanité de certains médecins, les infirmières «rogues» et «de mauvais poil»...
Perros ne cache pas avoir bu et fumé : «Vin ? Tabac ? Pas mal des deux, mon lieutenant. [...] le mal [...] se développe sur terre accueillante.» Il dit, sans jamais s'apitoyer sur lui-même ni verser dans le pathos, la condition de l'opéré qui vient de perdre la parole : «Vous n'êtes plus un homme. [...] Impression d'être un chien. [...] Il ne lui manque que la parole.» Les autres sont devenus des «parlants» tandis que " les mots montent jusqu'à mes lèvres / sans pouvoir en franchir l'ourlet. [...] Plus moyen de l'ouvrir. [...] Comme un oiseau en pépie. [...] Écrire devient nécessaire." En effet, ne reste plus, pour communiquer avec les autres, que l'écriture sur une ardoise... magique, jouet drôlement détourné. Sinon, roter, même Molière, mais l'ancien comédien n'est «pas doué» pour l'exercice. le rapport à autrui se modifie : «Je ne parle plus. Alors on ne me parle plus. [...] Depuis que je suis muet, on me parle comme si j'étais sourd.»
Ainsi, Georges Perros, qui n'avait jamais été un grand bavard et haïssait les mondanités, s'interroge-t-il plus généralement sur la parole humaine, «atrocement fardée, vieille belle, tuméfiée, pédante, démagogique», le «bla-bla-bla». Et, sans jamais se fourvoyer dans la description clinique – et égotiste – de son état et de sa situation, ses réflexions débordent le champ de la maladie et de l'histoire personnelle pour s'intéresser aux destinées de l'homme et à sa condition. Dans les dernières pages qu'il donne, Perros reste, irréductiblement, un écrivain.

http://www.mobilis-paysdelaloire.fr/magazine/chroniques-web/ardoise-magique-de-georges-perros

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Avant, j'étais sûre que j'allais mourir. Maintenant je ne sais plus. Un peu laissé pour compte. Moins intéressant. Comme si la mort négligeait un peu de ramasser ce qui est déjà… troué. Mutilé. Je ne fais plus le poids prévu. Elle ne m'aura pas au complet.
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Je craignais pour eux, femmes et gosses, c'est vrai. Préfère que ça soit moi, qui n'ai pas besoin de courage, ce luxe. Non, c'est autre chose. Plus dur. Plus absolu. Dont on a jamais besoin. Mais qui est là. Bas de laine du pauvre. A n'ouvrir qu'en cas d'urgence. Nous y voilà.
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Croire en Dieu, c’est craindre le jugement des hommes.
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Mais tout est à pleurer.
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On ne guérit pas, on retarde.
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Videos de Georges Perros (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Perros
Lecture par l'auteur & Julien Adam
« partout je me suis toujours cherché / mais j'ai toujours veillé / à ne jamais me trouver / de peur de me faire mal / de me faire la peau / de me régler enfin / mon compte. » Il y a l'empreinte d'un Georges Perros dans cette façon de se regarder en face. Franche. Désolée. Il y a surtout le premier et très inspiré recueil de poèmes d'Olivier Adam, fragments murmurés d'une « contrevie ». du passé bien passé, bien perdu. Des manquements, des remords, des incompréhensions, des impossibilités à jouer la comédie. Ce rôle-là, il ne le tient pas « de travers ». Tout au contraire : c'est sa peau.
À lire – Olivier Adam, Personne n'a besoin de savoir, éd. Bruno Doucey, 2023.
Lumière : Valérie Allouche Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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