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EAN : 9782070739639
350 pages
Gallimard (04/10/1994)
4.15/5   69 notes
Résumé :
(Tome 1) Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux ; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref comme tout le monde vit : par moments, par éclairs, par éclats. "... Pour ne rien perdre de cette incessante lecture, tout m'est bon - bouts de papier, souvent hygiénique, tickets de métro, boîtes d'allumettes, pages de livre. J'en suis couvert." D'où aujourd'hui ces papiers distribués, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une finesse critique et un sens de la formule qui impressionnent toujours...

RELECTURE
Découverts avec plaisir via l'un des premiers romans de Jérôme Leroy, relus ces jours-ci via un vieil article sur Rilke dans le Magazine Littéraire, les "Papiers collés" (Tome 1) de Perros me laissent désormais une impression mitigée...
Laissées à "elles-mêmes", ces réflexions et ces aphorismes finissent par s'engluer dans une vision désespérée des rapports amoureux et amicaux, et dans une neurasthénie galopante...
Appuyées à un auteur (Marivaux, Musset, Constant, Rilke, Valéry, ou encore Stendhal), elles révèlent une finesse d'analyse lumineuse et enthousiasmante...
Paradoxe apparent ? Au fond, et c'est déjà beaucoup, Perros serait davantage un très grand critique qu'un penseur ou un poète...

Quelques morceaux choisis :
"Reste ceci : la note existe. Elle est très proche de l'objet. Elle dit à peine ce qu'elle veut dire. Elle est naïve, parce que confiante. Elle laisse l'intelligence de l'autre libre de la finir, de la commencer, ou de l'avaler. Elle est paresseuse et ne tient pas absolument à se faire entendre. A être prise aux mots. Mais préfère sonner, résonner. Son auteur et son lecteur doivent en sortir indemnes."
"Vivre, c'est enregistrer. Ce qu'on appelle l'inspiration, ce ne sont que les moments privilégiés où la cire humaine trouve aiguille adéquate."
"Ce qu'on est, c'est ce qu'on pense involontairement, et qui nous guide au moment où nous nous croyions perdus. Pensées-oiseaux."
"Curiosité, abeille de l'ignorance".
"Dans les Elégies de Duino, Rilke amène au degré de perfection l'aphorisme "poétique". Mais gorgé de philosophie bien assimilée, de vécu métamorphosé. Il y a soulagement. Et littérature. le poème de Rilke est trop lourd de sens. le poète est trop intéressant. Sa magie dépend du lecteur. La rareté, la qualité de ce dernier, sauve Rilke."
"Kierkegaard, philosophe détective. Mais il lui importe de ramener vivant le coupable. Tandis que Nietzsche, moins délicat, plus germanique, dirai-je, tue."
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Comment et pourquoi avoir lu cet auteur? Parce que mon chanteur chouchou ( c'est à dire Miossec... pour ceux et celles qui l'ignorent encore) s'en inspire pour écrire certaines de ses chansons. Lors de ses concerts, il fait souvent référence à cet auteur venu s'installer à Douarnenez. Papiers collés ce sont ce sont autant de réflexions, de pensées sur l'homme, l'amour, la vie… Autant vous dire tout de suite que j'ai aimé ! Cette écriture m'a séduite et le contenu m'a comblée!
Saisir l'instant présent et l'écrire, Georges Perros l'a fait avec brio. Ce qui donne cette précision dans la concision des mots. J'ai picoré ces petites phrases couchées au gré des humeurs, alchimie qui donne toute une originalité à ce livre. du sérieux au gai, de l'ironie à l'amour. On y réfléchit à ces mots griffonnés qui interpellent ou qui font sourire ! Que demander de plus ? le deuxième et le troisième volume de ces papiers collés…tout simplement.
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Alliage d'humour, parfois noir et ravageur, de réflexions profondes, d'aphorismes et témoignages d'une vaste culture. Un vrai régal.
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
La jeunesse est un moment difficile à passer. Bon ou mauvais selon les cas et les tempéraments. Certains y trouvent un temps d'achat sans possibilité de vente. (...) Attente d'un âge d'or où tous les fruits s'écroulent. D'autres s'y jettent, s'y donnent entièrement, comme s'ils ignoraient qu'une vie d'homme excède généralement le printemps. Ceux-là vieillissent péniblement, ou meurent effectivement, sur la quarantaine. C'est à la fois le temps de l'espoir et de l'impatience. De la révolte et de la résignation. Tous les contraires s'y trouvent au point extrême de leur chance (...) Il semble que l'enfant recule devant sa définition, tente de retarder sa spécialisation, (...) L'horreur du semblable qu'il va devenir, du numéro qui l'attend, lui fait pressentir la mort. Entre l'enfant et sa conclusion, un moment de haute tension qui risque de faire éclater les machines, au profit du laisser aller, ou du suicide.
Il est navrant de reconnaître qu'on a échoué. Si l'on considère le premier âge comme un essai, une tentative de l'innocence pour reconquérir son paradis, il est navrant de s'être senti le lieu du combat, et de la défaite. Etre un homme, devenir comme tout le monde, un petit monsieur intelligent ou sot, génial ou fou, ah ! quelle déception ! L'heure s'annonce où de vivre sans le vouloir n e suffira plus. Où le redressement du buste s'imposera. Où l'on parlera sans rire d'un courage de vivre et d'une recherche du bonheur dont on a perdu la trace. Certains ne résistent pas à la tentation et n'avancent plus qu'à reculons, pour doucement retomber en enfance. Mais cette suprême enfance, on le sait, n'est que suprême supercherie. La pêche aux souvenirs n'est pas interdite. On peut vivre en tournant positivement le dos aux sollicitations imprévues du prévu. Passée cette minute interminable qui sépare l'abondance du choix, l'homme sait à peu près à quoi s'en tenir sur ses possibilités de surprise quant à lui-même. Bien préservé s'il ne tente pas par dépit, de se venger sur autrui, en essayant de le surprendre, déçu comme il l'est sur son pauvre compte.
(...) Il est bien inutile de tricher et il est impossible de faire passer en fraude le cher innocent que l'on cache, mais dont les os craquent, qui écarte les chairs, fixe les rides essentielles, sillonne le corps de son exigence. Quand l'homme se déclare, imposant sa tragique limitation, le mieux est encore de prendre parti pour lui, sans chaleur et sans acrimonie.
L'enfance ne peut être en nous, mais constituer alors une espèce de périphérie, de corps extérieur. L'enfance va protéger l'homme. C'est son temps miraculeusement insensible qu'il nous est permis de conserver dans cette nouvelle présence au monde. Elle nous a donné un certain rythme une certaine démarche interne, que rien, si l'on veut, ne peut annuler. On voit bien que beaucoup ne veulent pas. Naturellement révolté, l'homme ne pourra vivre correctement, comme une grande personne, que s'il ne tient pas à rester un enfant, que s'il accepte la métamorphose. Simplement lui est-il loisible, alors, de se choisir, de garder volontairement, en toute connaissance de cause, le même instrument de vie, ce dernier dût-il lui paraître inférieur, moins solide, que celui qu'il voit à ses semblables. Mais l'enfant ne pardonne pas qu'on le trahisse, qu'on devienne un homme sans le prévenir, sans lui laisser sa chance de durcissement. Il transforme à son gré l'homme qui l'a tué, oublié, en pantin. Il le désarticule.
(...) L'homme bon conducteur de l'enfant qu'il fut véritablement se reconnaît au premier coup d'oeil. La rencontre est rarissime. Mais vaut la peine...de sortir, sans trop y compter, et sans que notre course prenne jamais comme but un tel miracle. Le but à partir de cette halte d'or, de cette suffocation irréductible, c'est la mort. Et c'est dans l'appréciation infinitésimale de ce but que vont se distinguer, se départager les hommes
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J'ai conservé, sans le vouloir, cette naïveté : quand j'ouvre un livre, j'aime que ce soit un livre. Je m'attends à de la littérature. La vie, c'est-à-dire les autres et moi, me suffit pour le reste. Mais, lire si c'est pour s'y retrouver, autant vaut téléphoner à son voisin et passer une soirée baliverneuse. Nous avons tous une idée de ce qu'est, devrait être, la littérature. Les uns lisent pour s'évader. (De quelles prisons ?) Les autres pour s'instruire. (A quelles fins ?) D'autres encore lisent parce qu'il vaut mieux fréquenter le langage écrit d'un homme que le langage parlé. D'où je ne déteste pas ma concierge ; mais j'aime bien Mallarmé. Les deux, ma concierge et Mallarmé, me paraissent faire leur métier, avec les inconvénients d'usage.
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Je ne dirai jamais de mal de la littérature. Aimer lire est une passion, un espoir de vivre davantage, autrement mais davantage que prévu.
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Une maxime se travaille, se pense, profite de l'homme, est civilisée. Un mot la fait surgir. Un contact. Elle est court-circuit, mais les plombs sont réparables. L'aphorisme se passe de l'homme. Se fait et défait tout seul. Méprise. Il est le signalement le plus fier de l'indifférence. Ne sollicite, ne flatte ni l'amour ni l'opinion. Rien de politique. Il dit - s'il disait quelque chose - à peu près ceci " Ce n'est pas la peine de raisonner, de déraisonner. Ce n'est pas la peine. Je viendrai quand ça me chantera, sans que ton bel esprit y soit pour rien. Ca dépend plutôt(...) d'un angle (...) qui fera s'ouvrir toute les écluses. Quand toutes tes portes ouvertes seront en parfaite file indienne, ce sera à moi de les enfoncer (...) Ne te fatigue pas. Et surtout ne fais pas attention à moi. Fais comme si je n'existais pas. Car je n'existe pas.(...) Si tu veux m'attraper, tu déclenches les cloches de se pays qui s'appelle Folie. Va, et ne t'inquiète pas. Continue de penser que deux et deux font quatre puisque tu l'as trouvé, ou l'as appris. Sans croire m'intimider en proclamant que deux et deux font cinq. Ne te rends pas ridicule je t'en prie. N'essaie pas de me séduire. Courtise plutôt les femmes (...) et si jamais c'est par elles que tu deviens fou, ne fâche pas si tu entends derrière toi un grand éclat de rire
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Le rôle de la femme est bien déterminé. Elle doit se faire désirer. L'homme, non seulement consent, mais participe à ce lent apprivoisement d'un viol. Il y voit un heureux obstacle. Dans ce moment, de diaboliques fiançailles, il tuerait pour faire, à sa façon, la conquête du charmant objet. Plus l'heure de la possession est tacitement retardée, plus il goûte à l'avance le plaisir. C'est l'homme qui est coquet, non la femme, qu'il laisse être coquette. Plus la femme l'aura fait attendre, plus il se trouvera en défaut après l'acte physique. Il se sentira responsable de cet abus de confiance qui ne pouvait pas finir autrement. Et la femme deviendra pénible à supporter, de par son amour même, qui prendra véritablement naissance à la première salve de retrait masculin. On comprendrait qu'elle en veuille à la brute qui vient de l'obtenir. C'est le contraire qui se produit. D'où l'homme sensible ne sait plus comment jouer la reconnaissance adéquate. C'est qu'il en veut -en a voulu- au corps. La femme, à l'âme. A la présence. Elle exige la fidélité. L'homme ne demande que la caresse nocturne.
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Videos de Georges Perros (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Perros
Lecture par l'auteur & Julien Adam
« partout je me suis toujours cherché / mais j'ai toujours veillé / à ne jamais me trouver / de peur de me faire mal / de me faire la peau / de me régler enfin / mon compte. » Il y a l'empreinte d'un Georges Perros dans cette façon de se regarder en face. Franche. Désolée. Il y a surtout le premier et très inspiré recueil de poèmes d'Olivier Adam, fragments murmurés d'une « contrevie ». du passé bien passé, bien perdu. Des manquements, des remords, des incompréhensions, des impossibilités à jouer la comédie. Ce rôle-là, il ne le tient pas « de travers ». Tout au contraire : c'est sa peau.
À lire – Olivier Adam, Personne n'a besoin de savoir, éd. Bruno Doucey, 2023.
Lumière : Valérie Allouche Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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