René-Victor Pilhes, qui a connu une certaine notoriété avec L'imprécateur (1974), est maintenant un écrivain presque oublié. J'ai retrouvé dans ma bibliothèque un autre de ses livres, écrit sous le septennat de Giscard d'Estaing et paru en 1976: La bête. Ce court roman se déroule dans le département de l'Ariège, d'où l'auteur est originaire et où il situe l'action de tous ses romans. Les Jeunes Libéraux Avancés [appellation imaginaire, mais évoquant évidemment les "jeunes giscardiens"] veulent organiser un séminaire politique en Haute-Ariège. Un groupuscule de gauchistes, présent dans le village, se met en tête de saboter cette manifestation; ils sont dirigés par un activiste étranger, qu'on soupçonne être le terroriste international Carlos. Le jeune Pujol-Arnaud, impliqué dans ce complot minable, est le personnage principal de cette histoire. En fait, il y a peu de suspense dans ce récit, le lecteur devine assez vite qui est le responsable du sort tragique du héros malheureux. Que veut suggérer l'auteur à travers ce roman ? que l'esprit fasciste se cache secrètement dans l'âme de politiciens dont l'inspiration est (officiellement) libérale ? Probablement… Mais je n'ai été convaincu ni lors de ma première lecture, ni aujourd'hui. Un livre très inférieur à L'imprécateur et aux Démons de la cour de Rohan.
Commenter  J’apprécie         20
[...] il n'est de progrès réel que si la science, le savoir, l'ingéniosité s'accompagnent d'un recul de la haine et d'une progression des facteurs de justice et de solidarité.
Réprouver la violence antidémocratique est une chose, approuver la chasse aux minorités agissantes en est une autre...
Notre société parviendrait-elle un jour à briser cet étau aux puissantes mâchoires : la violence des pauvres et des faibles contre celles des riches minorités et des dictatures ?
[...] cette bête qui périodiquement secoue l'humanité, la ravage, l'ensanglante : la tyrannie.
Benjamin Stora et René-Victor Pilhes : les tabous et les non-dits de la guerre d'Algérie