AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330002237
224 pages
Actes Sud (08/02/2012)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Ancien soldat de l’armée israélienne, Pini est revenu de la première guerre du Liban avec d’insupportables sifflements dans les oreilles. Et avec un souvenir dont la véracité lui échappe : a-t-il, ou n’a-t-il pas, là-bas, tiré sur un enfant ? A-t-il tué cet enfant, dont l’image de la mort le hante et le poursuit ? Et la rencontre – aux portes du camp de Chatila puis dans la poussière du désert – avec un Jean Genet qu’il n’identifie pas, dont il ne sait rien, et qui ... >Voir plus
Que lire après AcouphèneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Avec une puissance proprement stupéfiante, Emmanuel Pinto pose son verbe sonore qui hurle dans nos têtes l'horreur de la guerre du Liban en 1982, son lot de non-dits, de controverses. S'inscrivant dans la lignée du grand film d'animation « Valse avec Bachir », son roman « acouphènes », relate le destin de Pini, soldat israélien intervenant au Liban durant la période de Sabra et Chatila.

Avant toute chose, il s'agit bien d'un roman.
D'une part, et c'est important, parce qu'Emmanuel Pinto fait oeuvre littéraire et non historique, il ne s'attache pas à évoquer avec minutie le déroulement des évènements, mais plutôt plonger son lecteur dans la conscience de plus en plus brumeuse de son personnage.
D'autre part, parce que dans un exercice de style aussi audacieux que réussi, son texte fait de Jean Genet un autre de ses héros.

Un mot sur Jean Genet.
Jean-Paul Sartre qui était pourtant l'un de ses grands admirateurs convenait de l'antisémitisme assumé de celui-ci tout en s'inclinant devant son génie littéraire. Ce « voyou, le sale gosse de Saint-Germain » comme on pouvait le surnommer, a aussi largement montré son attachement envers les palestiniens dans de nombreux écrits tels que « le captif amoureux » et « quatre heures à Chatila ».
Mais Jean Genet, c'est surtout un plume inoubliable, un puissance inouïe d'évocation, un rapport assumé au mal et à la perversion (lisez « Notre-Dame-des-Fleurs » ou « Journal du voleur » si vous avez du temps et suffisamment d'estomac), et donc une ambigüité constante, pas exempte de variations, dans son jugement du monde et de l'humanité.

Emmanuel Pinto, confronte donc le regard de plus en plus voilé d'un soldat, qui voit son meilleur ami tomber au combat, puis qui sauve son unité en tuant un enfant armé d'un lance-roquettes, avec le regard toujours imprévisible de l'écrivain erratique. En cercle concentriques de plus en plus serrés, sa prose, d'une poésie rare et troublante, puisqu'elle s'inscrit dans celle de Jean Genet (une véritable prouesse !), navigue entre ces deux points de vue, comme un champ/contre-champ au cinéma, jusqu'à finir par les embrasser dans une même focale au cours de scènes d'anthologie, les plus belles que j'ai lues depuis longtemps.

On doit donc souligner la qualité de la traduction de Laurent Cohen qui est d'une musicalité telle que l'on croirait le roman écrit en français. Et l'on peut ainsi saluer la politique éditoriale de la maison Actes Sud qui, outre publier le grand américain Don DeLillo (vous vous pâmerez devant « Cosmopolis », film dans la sélection du Festival de Cannes 2012, adapté par David Cronenberg avec Robert Pattinson dans le rôle principal) ou Mathias Enard (l'un des romanciers français de grande ambition), a développé une brillante collection de textes israéliens, Lettres Hébraïques.

C'est d'ailleurs de l'Hébreu dont il est question dans la seconde partie du roman. Celle-ci évoque la même période, mais vécue par Mona, la mère de Pini. Cette partie, que d'aucuns pourraient trouver de prime abord en décalage, ne montre pas l'instinct maternel éploré, mais l'acquisition de la langue par Mona à mesure qu'elle écrit à son fils. Elle découvre le pouvoir des mots, de la maîtrise de la fiction sur le réel.
Car en filigrane, « acouphènes » est une interrogation sur la capacité qu'ont les mots, puis les images, à transformer le réel en mythologie. Si la première partie, descriptive, mettait en scène Jean Genet, un écrivain capricieux, raillant les uns et les autres mais écrivant finalement bien peu dans ces moments, la seconde partie montre l'oeuvre-même d'un écrivain. En effet, la prose n'est plus évènementielle, mais vêt les sensations et les émotions violentes de la mère qui prennent le dessus sur la guerre à travers ses lettres.

Ces écrits, bouleversants, finissent d'achever le propos ainsi que les blessures infligées et subies. de maux en maux. Mot à mot.

Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (1)
LeMonde
02 mars 2012
Pratiquant le brouillage des pistes, avec une once de grandiloquence, ces pages sont faites pour ébranler les certitudes.
Lire la critique sur le site : LeMonde

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3238 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}