Peu de fiction dans ces
Histoires grotesques et sérieuses. Seulement quatre histoires ressemblent à celles réunies par
Baudelaire dans les
Histoires extraordinaires.
Même «
le mystère de Marie Roget », - où l'on retrouve Auguste Dupin -, est passablement différent des deux autres nouvelles dans lesquelles apparaît le détective. Dans cette histoire,
Poe explique pourquoi il a eu l'idée de réemployer ce personnage de Dupin et d'en faire un héros récurrent. C'est une sorte d'enquête sur une histoire vraie, l'assassinat de Mary Rogers. Dupin, à partir des informations disséminées dans les journaux, essaye de résoudre cette affaire. Même esprit d'analyse que dans « le
double assassinat dans la rue Morgue » ; une analyse parfois convaincante, parfois très contestable. La deuxième nouvelle, «
le joueur d'échecs de Maelzel », n'est pas du tout une fiction mais un article de journal. L'auteur examine et décortique minutieusement (mais là aussi, avec des erreurs) un tour de magie, célèbre à l'époque, qui consistait à faire jouer aux échecs un automate.
Les quatre histoires suivantes sont plus typiques de
Poe, avec une intrigue et parfois de l'humour grotesque, comme dans « le système du docteur Goudron et du docteur Plume » ou dans «
L'ange du bizarre », qui ressemble à la relation d'un délire alcoolique. « Eleonora » est dans la lignée des plus belles et des plus intéressantes histoires de
Poe, c'est-à-dire celles qui racontent la mort, jamais vraiment définitive, d'un être aimé plus que tout.
Trois autres de ces « histoires » n'intéresseront probablement que ceux qui sont intrigués par les goûts de l'auteur. Deux d'entre elles sont de longues descriptions de paysages idéaux, l'autre est une « Philosophie de l'ameublement ». Enfin,
Baudelaire a traduit en prose le poème intitulé «
le corbeau », et l'analyse que
Poe a fait lui-même de sa propre méthode de composition. Méthode qu'il prétend rigoureuse comme un calcul mathématique, écartant tout psychologisme et toute représentation romantique du poète inspiré. Un texte important pour comprendre son esthétique.
Ces
Histoires grotesques et sérieuses ne sont pas les meilleures de
Poe, ni les plus typiques. Mais elles permettent d'approfondir par d'autres voies la connaissance de cet auteur.