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EAN : 9782073039545
208 pages
Gallimard (01/02/2024)
3.37/5   15 notes
Résumé :
Les révélations d'Edward Snowden ont permis de découvrir que notre vie privée est menacée par la surveillance et l'espionnage de masse auxquels nos outils technologiques, censés à l'origine élargir notre espace de liberté, nous soumettent tous.
Internet et sa révolution numérique profitent en premier lieu à cinq entreprises privées américaines - Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft - qui s'enrichissent en exploitant nos données personnelles, qu'elles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le curriculum vitae d'Ignacio Ramonet, directeur de l'édition française du Monde diplomatique de 1990 à 2008, puis de la version espagnole, cofondateur de l'ONG Media Watch Global, président d'honneur d'ATTAC et l'un des promoteurs du Forum social de Porto Alegre m'a incité la semaine dernière à assister à Madrid au lancement de la traduction espagnole de ce livre. Bien que natif d'Espagne, l'auteur confesse mieux écrire en français et retenir cette langue pour son travail. Spécialiste des médias et de la communication dans « L'empire de la surveillance », il décrit la mise en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale de la surveillance de masse au niveau planétaire sous couvert de garantir la sécurité du citoyen, l'accélération et la densification rendue possible par l'arrivée d'Internet et des Technologies de l'information et de communication. Et l'auteur de souligner le paradoxe de voir la société orwellienne imaginée dans un état totalitaire, instaurée dans les principales démocraties. Décryptant l'union sacrée entre le secteur public, privé et l'appareil militaire de sécurité, il pointe des liens étroits, qui servent avant tout la politique extérieure américaine, une concentration de données détenues par quelques sociétés regroupées sous l'acronyme GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ou dérobées par les systèmes d'écoute ÉCHELON, PRISME…
La volonté de tout savoir de nous est manifeste, affirmée, planifiée, la contrepartie de la gratuité offerte par les sociétés commerciales et de la paranoïa sécuritaire pour les gouvernements. Étrangement, les peuples font preuve d'une passivité dangereuse et semblent se laisser déposséder de leur vie privée pour un bénéfice infime au regard de l'avenir inéluctable qui guette cette compromission : la dictature. Les lanceurs d'alerte comme Julian Assange, Edward Snodwen payent chers leur volonté d'éveil des consciences. Néanmoins, des mouvements militants se structurent et commencent à agir, à saisir la justice, à proposer des moyens de lutte contre la surveillance de masse. Il appartient à notre génération de se préoccuper de ce que sera Internet demain, après l'avoir regardé grandir sans trop s'en inquiéter, et, d'imposer une charte de valeurs, qui consacre la vie privée, la liberté d'expression et l'anonymat.
Le livre s'achève par des entretiens avec Julian Assange dans l'ambassade de l'Équateur à Londres et Noam Chomsky dont la lucidité sur l'état du monde ne faiblit pas. Passionnant !
J'ai aimé, appris et mis en perspective ma propre pensée sur le sujet. Et tapas sur le bout de pain, j'ai enrichi mon espagnol.
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Essai assez glaçant sur la surveillance dont nous sommes tous victimes, que ce soit de la part de structures étatiques comme de sociétés privées. L'auteur nous démontre que la démocratie atteint des limites à vouloir trop espionner son peuple, sous couvert de sécurité. Et cela a empiré avec la guerre lancée contre le terrorisme, excuse pour passer diverses lois intrusives et se permettre des actions qui ne sont plus vraiment démocratiques.

L'auteur nous cite moults exemples, avec également des chiffres à l'appui. Ainsi la création d'internet a permis une grande liberté d'expression mais est aussi une mine d'or d'informations sur les utilisateurs. Les géants du web connaissent tout de nous et certains internautes livrent leur habitudes de vie et préférences sans sourciller (coucou les cookies).

Essai intéressant mais ne correspondant pas tout à fait à ce que j'espérais. L'auteur a été très centré sur les États-Unis alors que j'aurais aimé avoir des informations sur la surveillance dans d'autres parties du monde également, et surtout il a été publié en poche en 2024 mqis en grand format en 2015 ! (et je ne le savais pas), or il s'est passé énormément de choses en matière de surveillance en une dizaine d'années et j'étais particulièrement intéressée par ces récents changements.
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Pourquoi lire un livre qui confirme ce que nous savons plus ou moins confusément (nous sommes épiés, surveillés, évalués, dans la rue, dans les lieux publics, mais surtout électroniquement)? D'abord pour en comprendre l'ampleur et savoir de quoi il s'agit : sortir de la chanson "j'y pense puis j'oublie". Que sont au juste les programmes Echelon, Prism, la loi surveillance etc. Pourquoi Julian Assange et Edward Snowden sont-ils poursuivis impitoyablement, illégalement?
Ensuite parce que Ignacio Ramonet, fort d'une immense culture politique, nous aide à situer l'enjeu philosophique et existentiel d'une telle entreprise de surveillance de masse : la disparition de l'intimité, le sentiment d'être suspect et son corollaire, l'auto-discipline de la pensée. Car il ne s'agit pas seulement de machines qui collectent des données plus ou moins anonymes à des fins commerciales mais bien de projet politique de contrôle social intégral mis en place par une "alliance totalement inédite entre le pouvoir politique, l'appareil du renseignement, certains grands médias dominants et les titans technologiques [...] Une telle complicité entre la première puissance militaire du monde et les entreprises privées globales qui dominent les nouvelles technologies de la sphère Internet institue, de fait, un véritable Complexe sécuritaro-numérique [...] Ce renforcement sans précédent de la prépotence de l'Etat et cette large privatisation de l'espionnage sont en train de créer, en démocratie, une nouvelle entité politique-l'Etat de surveillance-face à la puissance de laquelle le citoyen se sent de plus en plus désarmé, désemparé."
Faut-il que nous soyons politiquement indifférents, insignifiants et inoffensifs pour n'opposer à cela qu'un faible "je n'ai rien à me reprocher", devise de toutes les soumissions.
Ou alors avons-nous déjà intériorisé le fait d'être à la fois surveillés et surveillants, et que, tout cela, en définitive, ne nous dérange pas tant que ça : c'est la victoire du couple exhibition - voyeurisme.

Pourtant, "1984" n'est pas qu'un livre à lire sur les dystopies lointaines du passé. Pour finir, et pour contrer la surveillance de masse, Ignacio Ramonet nous enjoint à une résistance de masse : cryptez les emails, les archives, utilisez un vpn, affolez les algorithmes!
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Merci à Babelio pour la Masse Critique et aux éditions Gallimard pour l'envoi de ce roman.

Il s'agit d'un témoignage sur la réalité de notre ère numérique, mais pas seulement, puisque l'espionnage et la surveillance existent depuis toujours.
Je connaissais déjà l'histoire d'Edward Snowden et vaguement celle de Julian Assange, des lanceurs d'alerte qui ont pris la parole contre leur propre gouvernement, au risque de vivre en sursis, pour dévoiler la vérité sur les méthodes de surveillance. J'étais curieuse d'approfondir le sujet.
L'auteur nous livre en toute honnêteté des informations détaillées sur les différentes actions illégales des gouvernements pour espionner ses propres citoyens.

C'est un thème qui me passionne énormément. Nous vivons une époque où il est devenu impossible de protéger sa vie privée, exposée non seulement sur internet, mais également dans nos propres foyers, dans les magasins, dans la rue, partout. Par le biais d'appareils connectés, d'outils et de technologies, la confidentialité n'existe plus, elle n'est qu'une illusion.
Nous sommes tous des consommateurs, des clients, des marionnettes des grosses firmes qui détiennent le pouvoir. Pour mieux nous contrôler et nous orienter, elles n'ont pas d'autre choix que de tout connaître de nous, de nos envies et de nos habitudes. Nous n'avons pas le choix de les utiliser, puisqu'elles sont mondiales et détiennent les marchés majoritaires.
Dès que nous naviguons, nous sommes cernés par les algorithmes, qui trient les informations et nous fichent. Nos téléphones nous écoutent. Les caméras de surveillance nous filment. Au final, toutes nos décisions se recentrent dans l'intérêt des entreprises afin de nous offrir de meilleurs services, de meilleurs produits.
Seulement, elles n'agissent pas seules. Dans ce but de cibler nos intentions, elles vendent les informations aux Etats, aux gouvernements, car cela leur permet de saisir nos personnalités, nos penchants et notre dangerosité pour la société.
Dans une fausse promesse de nous protéger des menaces, de lutter contre le terrorisme, on nous impose cette surveillance de masse contre notre insu. Ce n'est pas le futur ni une fiction, c'est bien la réalité.
Notre dépendance des machines nous fait sacrifier notre liberté pour notre sécurité. L'auteur le décrit parfaitement, certains sont prêts à renoncer à cette liberté si la surveillance permet de mieux les défendre à l'avenir. Mais a-t-on vraiment le choix ?

Le livre se termine par des entretiens, dont chacun apporte sa pierre à l'édifice avec son point de vue.
Bien que les droits soient souvent bafoués, il est impossible de tout savoir et de tout stopper. Parler reste le seul acte concret dont les citoyens disposent, quitte à fuir son propre pays.
Ces hommes ont craché la vérité et doivent se cacher, car ils sont devenus une menace aux yeux de la loi.
L'auteur nous livre ses connaissances sur les réalités et les enjeux, principalement politiques et économiques, de cette surveillance constante et omnisciente.
Même en ayant connaissance de la plupart des faits et des révélations présentés, c'est toujours édifiant de savoir que tout est réel et qu'il n'existe absolument aucune limite.

Je ne pensais pas un jour apprécier ce genre de récit, qui se rapproche assez du documentaire, et qui est très digeste dans ce format.
J'ai beaucoup aimé cette lecture.
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Nous sommes donc surveillés en permanence par des machines. Big Brother est devenu réel. Il est l'alliance monstrueuse de la Silicon Valey et de la NSA. Il vend nos vies à l'Etat, qui détient des millions de données sur chacun de nous. Ce dont les totalitarismes rêvaient, les démocraties l'ont fait. Voilà ce que ce livre cherche à montrer. Faut-il le croire? N'exagère-t-il pas? N'y a-t-il pas un taux de surveillance acceptable? J'avoue rester dubitatif, mais il est néanmoins très inquiétant de constater que ce sont des logarithmes qui nous fichent à partir de mots tirés au sort dans notre quotidien connecté. Est-on efficace contre le terrorisme - c'est-à-dire contre tout ce qui déplaît aux Etats, tant ce mot fétiche est usé et abusé - en cédant le contrôle à des machines? L'Etat se protège-t-il vraiment quand il fouine dans la vie de ses citoyens? La vie privée est-elle vraiment en phase d'obsolescence programmée? L'irruption éclair d'Internet pose plus de question pour l'instant qu'elle n'en résout. Ce livre a l'avantage, même s'il semble parfois outrancier, de mettre le doigt sur certaines de ces questions.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Il y a cependant - signalait [Chomsky] - de grandes différences entre le système de propagande d''un Etat totalitaire et la manière de procéder dans des sociétés démocratiques. En exagérant un peu, dans les pays totalitaires, l'Etat décide de la ligne à suivre et chacun doit ensuite s'y conformer. Les sociétés démocratiques opèrent autrement. La "ligne" n'est jamais énoncée comme telle, elle est sous-entendue. On procède, en quelque sorte, au "lavage des cerveaux", en liberté".
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L'une des perversions de nos sociétés de contrôle est bien celle-là : faire que les citoyens soient, en même temps, surveillés et surveillants. chacun doit épier les autres, pendant qu'il est lui-même espionné. Dans un cadre démocratique où les individus sont convaincus de vivre dans la plus grande liberté, on avance ainsi vers la réalisation de l'objectif rêvé des sociétés les plus totalitaires.
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Sous prétexte de vouloir protéger l'ensemble de la société, les autorités voient en chaque citoyen un délinquant potentiel. La guerre permanente contre le terrorisme leur fournit un impeccable alibi moral et favorise l'accumulation d'un impressionnant arsenal de lois et de dispositifs pour procéder au contrôle social intégral.
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Plus sophistiquées que les matraques et autres lances à eau des forces de l'ordre, les nouvelles armes de la surveillance devraient permettre de mieux en identifier les meneurs et de les mettre hors d'état de nuire de façon anticipée.
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"Il y a moins d'intimité, moins de respect de la vie privée mais plus de sécurité", nous disent les autorités. Au nom d'un tel impératif s'installe en catimini un régime sécuritaire qu'on peut qualifier de "société de contrôle".
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Vidéo de Ignacio Ramonet
Soirée de lancement du livre de Fernando Morais, " Lula. de la lutte syndicat au combat politique. Biographie, t. 1", avec Ignacio Ramonet, Gilles de Staal et Michael Lowy, à la librairie Compagnie, Paris V, le 26/01/2024. Traduit du portugais avec le soutient du Centre national du Livre.
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