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Nancy Huston (Autre)
EAN : 9782232145469
256 pages
Editions Seghers (08/02/2022)
3.87/5   43 notes
Résumé :
« En publiant ce livre, les éditions Seghers nous offrent un cadeau rarissime : une voix poétique que l’on peut classer parmi les plus grandes du XXe siècle, mais à peu près inconnue. » (extrait de la préface de Nancy Huston)
Réunies pour la première fois en un seul volume, les poésies écrites par Grisélidis Real tout au long de sa vie (de l'âge de treize ans à sa mort) forment une œuvre d’une cohérence et d’une force rares. A la mesure d’une vie hors du comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un choc…
Je ne connaissais absolument pas Grisélidis Réal, les Éditions Seghers ont fait paraître mais je ne sais plus où, un entrefilet présentant le recueil qu'ils lui consacrent. Celui-ci m'a intrigué et je me suis offert les poésies complètes réunies sous le nom de Chair vive.

Dès les premières pages, la préface dithyrambique de Nancy Huston dresse de l'autrice un portrait complet, les malheurs qu'elle a connus, ses premiers poèmes écrits à treize ans et demi, d'un pessimisme noir, son passage en sanatorium, la discipline de fer exercée par sa mère qui l'amène à fuir à Zurich, son premier mariage, suivi d'un divorce, à trente ans elle se retrouve seule avec quatre enfants de trois pères différents, un retour au sanatorium, la prostitution, la rencontre avec Rodwell, un Africain-Américain, la prison pour trafic de drogue, les retrouvailles avec Rodwell, son roman, un nouvel amour, violent celui-là, sa lutte en faveur des prostituées, son cancer…

Je m'aperçois avoir été long mais sa vie est indissociable de son oeuvre….

Chair vive reprend toutes les poésies de Grisélidis Réal : ses poèmes de jeunesse, d'une étonnante maturité, ses poèmes de prison, ses poèmes d'amour et de nuit écrits ensuite, et enfin les poèmes de la fin où elle décrit son cancer, ses séjours à l'hôpital et la mort qui approche.

Tout est sujet à poème, elle ne craint pas de tout aborder : l'amour, le sexe, la prostitution et les clients qu'elle dépeint avec mépris, l'enfermement en prison, les détenues, sa liaison avec Rodwell, ses enfants, sa fausse couche, sa maladie qui lui inspire des poèmes inoubliables consacrés au cancer et à son évolution, à la chimiothérapie, à sa fenêtre d'hôpital, à la morphine, au vomi, …, aux obsèques enfin.

C'est fort, c'est écrit avec ses tripes, c'est souvent cru, c'est éminemment sombre, c'est prenant et cela m'a profondément remué.

Nancy Huston la présente comme “une voix poétique que l'on peut classer parmi les plus grandes du XXe siècle”. Il me serait difficile de lui donner tort ! Elle mérite d'être mieux connue !
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"Quoi ? Une pute poète ? Ça va pas la tête ?" Peut-on lire dans l'introduction de Nancy Huston. Après "Mars" de Fritz Zorn que je viens de lire et le souvenir des livres de Jacques Chessex, la Suisse est moins sereine qu'on pourrait le penser. Grisélidis Réal est une véritable épine dans le pied de la bonne conscience helvètique. Pute et détenue, encore une vie bafouée, contrariée. Elle va se débrouiller comme elle peut pour éviter les diktats de sa famille. Ce que ne fera pas Fritz Zorn. La vie de Grisélidis est une suite de mésaventures : "Elle va explorer les bas-fonds d'un destin féminin plus délétère encore que celui imaginé dans ses poèmes. Psychothérapie, fausses-couches, maternité solitaire, avortements, désespoir, antidépresseurs, alcool. Les malheurs abondent".
De cette vie d'exclusion, va jaillir une poésie hors-norme. Une poésie sanglante, mortifère. Il y aura bien quand même un peu d'amour aussi au milieu de toute cette fange. Mais sa vision est à la hauteur de Dante redécouvrant les étoiles au sortir des Enfers. Car il s'agit bien ici d'enfer. L'enfer de la prostitution, de l'incarcération, du cancer, des amours déçues... Elle insiste énormément sur le corps, la matière physique malmenée, offerte en pâture. de sa cellule munichoise, elle écrira quelques vers éblouissants liés à la claustration, à la réification. Mais on y trouvera aussi quelques touches de bonheur avec Rodwell, son amant : "Ton nom bat dans la nuit Comme un coeur de phalène/Je me souviens de nuits anciennes au goût d'ambre et de miel mêlées aux floraisons marines de ta chair." Les titres sont éloquents : la putain, Nuits mortes, Barreaux, Prison, Saudade... L'univers de Grisélidis Réal ne conviendra peut-être pas à tout le monde. Sa poésie se situe quelque part entre celles de Baudelaire et de Houellebecq. La mort rôde. On la renifle. le dernier groupe de poèmes, je l'ai lu d'une traite. Elle les a écrits de son lit d'hôpital à Genève, atteinte d'un cancer en phase terminale. Elle se voit littéralement pourrir de l'intérieur. Elle décrit, les tubulures, les cathéters pénétrant la peau, la morphine... jusqu'au poème inachevé qui clôture le recueil. "Le souffle s'est enfui/En la troublant à peine/Chantez l'immaculée/Peau de marbre inhumaine/ Figée d'éternité/Sous l'or des encensoirs/Jetez votre oraison/Aux gorges du silence." Et voilà. Terminé.
A lire si on se sent prêt/e.
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Ayant été impressionnée par quelques poèmes d'elle lus ici ou là, j'étais impatiente de découvrir l'oeuvre complète de Grisélidis Réal, qui a voulu qu'on écrive sur sa tombe" Ecrivain- Peintre-Prostituée" ( 1929-2005)

Mots flamboyants, tour à tour tendres , passionnés, crus et violents, images surréalistes saisissantes, son univers est unique, engagé, incandescent. Elle a connu la maladie, la rue, la prison, expériences douloureuses qu'elle transcende par la parole poétique. Fascinante, d'une grande force évocatrice. Évoquant les promenades pénitentiaires, elle écrit:

" Je suis seule
Entre des murs vides
Et je songe aux lilas
de ce printemps perdu
Des trompettes suraiguës
Déchirent les heures

le printemps est assassiné
le lilas est brûlé
Nous tournons dans la cour
Comme des papillons morts
En frôlant la liberté" (...)

Ses textes dédiés à Rodwell, l'amant noir qui la hantera toute sa vie, sont foisonnants, mêlant Eros et Thanatos:

" Rodwell j'aborderai aux rives de ton corps
Je reverrai l'étoile de ta poitrine obscure
Un jour m'emporteront les ailes de la mort
Vers les îles noyées de nos moissons futures"

J'ai été subjuguée par ces poèmes de feu et de cendres, témoignant d'une vie mouvementée, rebelle, sincère dans ses sentiments et ses combats. La préface très éclairante de Nancy Huston permet de mieux approcher cet oiseau cherchant à se libérer de sa cage, fragile, ce phénix revivant encore et encore, grâce à ses mots inoubliables.


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Courtisane révolutionnaire !
Connaissez-vous Grisélidis Réal? Si la réponse est non, personne ne vous en tiendra rigueur et certains vous dirons même que c'est très bien ainsi. Pourtant, Grisélidis est une personnalité Suisse incontournable. Une écrivaine majeure, une combattante, une artiste, une femme libre et selon moi: une des féministes les plus marquantes de notre petit pays.
J'ai fait la connaissance de cette femme en 2009. Quatre ans après sa mort, elle défrayait encore la chronique. le transfert de sa tombe au Cimetière des Rois créait la polémique. C'est, qu'avant d'être une artiste peintre, « Gri » était une prostituée, une péripatéticienne: profession qu'elle insistait à faire inscrire sur ses documents officiels, juste à côté de celle d'écrivain. Qu'on puisse imaginer déambuler entre les tombes de Jean Calvin, Louis Courthion, Jeanne Hersch, Adrien Lachenal, Claude Goretta ou encore Rodolphe Töpffer et tomber sur la stèle d'une putain révolutionnaire semble être inconcevable pour la bien-pensance genevoise. Pourtant j'aime à croire qu'ils doivent bien rigoler tous ensemble et que les joutes avec Calvin, son grand ennemi, doivent être passionnantes! Je peux admettre(pas vraiment mais ça fait une bonne phrase) que les revendications de « Gri » à vouloir que soit gravé « écrivain, peintre, prostituée » en épitaphe dérange, mais j'aime profondément sa justification:
« Si vraiment les gens veulent conserver une tombe ou je ne sais quoi, […] il faut que ça serve à quelque chose. Que ça provoque encore un petit peu de scandale, et que les gens viennent baiser, forniquer, vraiment là, qu'ils se sentent libres de transgresser tous les tabous en disant : « Vraiment, cette bonne femme, elle mérite qu'on arrose sa tombe de foutre »
Bref, c'est en 2009 donc que je fais la connaissance de Grisélidis Réal et depuis, une admiration sans limite a poussé dans mon coeur. Je vous invite chaleureusement à dévorer le noir est une couleur et Suis-je encore vivante? pour découvrir cette femme incroyable et à vous intéresser à son combat pour les droits dans la prostitution au travers de son Centre des Pâquis et de l'association Aspasie. Les Éditions Seghers ont fait un travail d'orfèvre en regroupant dans ce livre les poèmes de « Gri ». Elle écrit sa première poésie à l'âge de treize ans et ne cessera jamais de composer. le tout forme une oeuvre d'une cohérence et d'une force rares, à la mesure de sa vie, hors du commun. Si ses récits, romans et correspondances ont été publiés, seuls quelques rares vers étaient apparus au fil de certains ouvrages. Pourtant cette création poétique est peut-être son oeuvre fondamentale. du symbolisme des débuts, au récit poétique poignant de la prostitution ou de la lutte contre le cancer, les poèmes de Grisélidis Réal racontent une vie, avec un art et une profondeur unique quand elle parle d'amour, de sexe, de maladie, de maternité… trouvant là la plus grande beauté.

Une des dernières notes manuscrites laissées par Grisélidis déclame ceci:
Écriture: métamorphose (libellule) L'écriture sera subversive ou ne sera pas donc il faut se mettre à nu. le déguisement n'est plus de mise
Reine du réel – Lettre à Grisélidis Réal par Nancy Huston

Nancy Huston signe la préface du recueil Chair Vive et elle publie sa lettre à la poétesse dans la foulée. Longtemps je t'ai détestée, Gri. On eût dit que tu acquiesçais à tout ce que les hommes te demandaient. Tu semblais n'avoir aucun problème pour incarner leur fantasme : la pute au grand coeur, celle qui aime ça, celle qui comprend les messieurs et ne les juge jamais, celle qui accepte avec le sourire leur tout et leur n'importe quoi. Qu'il est étrange, quand on lit les mots de Nancy, d'imaginer qu'elle rédige une préface et qu'elle se fende d'une longue lettre de 160 pages à l'artiste.
On ne peut pas dire que les relations entre les féministes et Grisélidis furent harmonieuses. Bien au contraire, un désaccord violent voir de la haine animaient les deux camps. C'est que le MLF des années 70 voulait abolir la prostitution, quintessence de l'exploitation des femmes. Impossible de concevoir que la liberté féminine puisse passer par la liberté de vendre son corps. Gri, elle, luttait pour faire reconnaitre des droits aux prostituées, des droits légaux, statutaire et moraux. le droit d'être ce que l'on veut être: même une putain. « La prostitution est un art, un humanisme, et une science. Quoi qu'en disent nos détracteurs, ces intégristes de la morale, nous ­régnons sans partage sur notre domaine qui est de compassion, d'élégance, de connaissance durement acquise de l'âme et du corps. Nous sommes et nous resterons libres, libres de nos corps, libres de notre ­esprit, libres de notre argent gagné à la sueur de nos culs et de nos cerveaux. La seule prostitution authentique est volontaire (…). Seules la violence et la cruauté qui contraignent des êtres à se prostituer sont à proscrire, et nous condamnons cette injustice de toutes nos forces. » Carnet de bal d'une courtisane
Si Nancy Huston n'est pas une militante qui brandit des pancartes, on ne peut nier son implication féministe, de part ses écrits ou ses réflexions. Pourtant, Nancy Huston lit tous les écrits de Grisélidis, la putain, dealeuse, taularde, écrivaine, mère, amante, peintre, poétesse. Elle découvre alors toute la puissance de l'indomptable « Gri » et est touchée en plein coeur.
Grisélidis Réal fascine Nancy Huston qui, malgré quelques désaccords, se retrouve beaucoup en elle. A l'aune de son destin, elle questionne le sien, son rapport à la mère, aux hommes, au danger. Véritable déclaration d'admiration, cette lettre révèle une grande artiste de la fin du XXe siècle dont la modernité de pensée annonce les débats contemporains. Un texte résolument féministe, qui interroge avec puissance le rôle du corps féminin dans l'écriture et le rapport au monde.
Nancy Huston termine sa lettre par ces mots:
« Je te considère comme un des humains les plus lucides, joyeux, généreux et courageux à avoir foulé la surface de cette planète »
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Comment ne pas frémir aux souffles de ses mots qui apportent des frissons voluptueux ? Comment ne pas succomber au nuage de feu, aux ténèbres, et à la beauté nue et sublime de sa voix de cristal ?

Une poésie à la fois sensuelle, engagée, et mordante d'amour qui oscille entre la vie et la mort, entre la lumière et l'obscurité. Dans ce réceptacle poétique, mon coeur léger se secouait, des dernières frondaisons lyriques, les palpitations à demi détachées, comme les pages d'un livre qu'a disloqué le vent sous l'éclat explosif de sa plume.

Un style d'écriture surréaliste, une dynamique hors du temps et dans le temps, au-delà du réel et dans le réel. Plus qu'humaine, elle sait sonder la pureté des âmes et des choses même dans les marécages sinueux et crasseux où ils s'y imbibent. Son « Moi » se montre au centre de sa scénographie littéraire, elle « se raconte » avec des images poétiques intergalactiques où les comètes, les étoiles, l'éther, et le cosmos tournoient dans l'espace vital de son imaginaire.

De “ Chair vive”, une partie de nous en sort transformée, je ne saurais dire laquelle, mais, infailliblement, une sensibilité expansive se love sur les contours de notre Être, les échos de son chant s'imprègnent en nous par l'extraordinaire existence qu'elle a menée, par ses suppliques en prison, par ses appels de Liberté, par ses cris de cygne dans les dédales de l'Amour, par la chair déchirée d'une prostituée affamée, et enfin, par l'incurable processus métastatique d'une maladie qui a bouclé sa vie, le diable sournoisement dissimulé sous un accoutrement de crabe.
À la marge, aux confins et aux bordures de la Vie, on peut dire que Réal a vécu sa liberté jusqu'au bout.

𝑫𝒂𝒏𝒔 𝒖𝒏𝒆 𝒊𝒏𝒕𝒆𝒓𝒗𝒊𝒆𝒘, 𝒂𝒖𝒙 𝒅𝒆𝒓𝒏𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒎𝒐𝒎𝒆𝒏𝒕𝒔 𝒅𝒆 𝒔𝒂 𝒗𝒊𝒆, 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒔𝒆 𝒄𝒐𝒏𝒇𝒊𝒆 :

« J'ai raté mes amours, j'ai raté mes études mais j'ai réussi dans un certain échec. Voyez-vous, j'ai tellement appris que cela forme un tout indissoluble…Les poèmes, l'écriture, la prostitution que j'ai vécue, tout cela voyez-vous, on ne peut pas dissocier ces éléments les uns des autres et cela m'a forgée une sorte d'identité que je revendique par honnêteté et par amour de la vérité. »

𝑨̀ 𝒍𝒂 𝒒𝒖𝒆𝒔𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒅𝒖 𝒋𝒐𝒖𝒓𝒏𝒂𝒍𝒊𝒔𝒕𝒆 : 𝑺𝒊 𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒂𝒗𝒊𝒆𝒛 𝒗𝒐𝒖𝒍𝒖 𝒗𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒖𝒏 𝒑𝒂𝒚𝒔 𝒊𝒅𝒆́𝒂𝒍, 𝒄̧𝒂 𝒂𝒖𝒓𝒂𝒊𝒕 𝒆́𝒕𝒆́ 𝒐𝒖̀ ?

« Je vais peut-être vous surprendre mais j'aurais voulu vivre sur une île déserte…dans la mer…écouter le vent…être au soleil…pêcher des poissons pour manger, cultiver quelques légumes, faire un peu de musique, sculpter les rochers du coin, être parfaitement seule dans la nature devant l'immense mystère de la vie, dans le silence … »

- 𝑨̀ 𝒒𝒖𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒆́𝒑𝒐𝒒𝒖𝒆 ?

« Eh bien, toutes les époques mais ce n'est pas possible voyez-vous…Nous vivons dans l'humain, nous devons rester dans l'humain, nous devons travailler dans l'humain et essayer d'apporter un peu de bonheur dans ce monde qui en manque tellement. »

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critiques presse (1)
Telerama
20 mars 2023
Grisélidis Réal nous offre des poèmes poignants sur l’incarcération, la chimiothérapie, la prostitution, tout en sublimant sa condition tragique par une foi capitale : « SEUL L’AMOUR EST PUISSANT. »
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Le silence
est encore
la forme la plus noble
du désespoir.
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Aujourd'hui (extrait)

(...)
Aujourd'hui
Je brule et je me love au cœur du jeu astral
Et je meurs et renais sans fin dans ton amour

Car demain,
Le silence aura pris ses quartiers dans nos corps
Demain on nous vendra demain on nous pendra
On écrasera nos enfants contre les murs

Et demain
Nous ne serons plus que poussière et détritus
Dans l'éclatement fulgurant de l'univers.

Genève, 1964
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Le chant des prostituées

Je te donne mon corps
Pour ton sale argent
Je suis jeune comme un astre et je brille
Tu es vieux et ressemble à une bête.
(...)
tu pourris lentement dans la graisse
En ouvrant ta gueule avec peine
Comme un poisson asphyxié.
Comme un mollusque écrasé
Ton ventre suant dans ses replis
Et lorsque je ferme les yeux
Afin que je t'oublie
En cette heure si sombre
Je te souhaite la mort.
(...)
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De Profondis

J’ai tant aimé ton corps
Qu’il sera comme un fleuve
Bruissant dans mes artères
J’ai tant aimé la source
Envoûtée de caresses
Brûlée de mes baisers
Faisant jaillir l’eau vive
De ton sexe
Dans ma bouche amoureuse
Que je n’aurai plus soif
D’un autre océan
Que ton sang
Et faim d’une autre chair
Que la tienne
Je ne serai brûlée
Par d’autre feu que tes mains
Qui m’ont laissée en cendres
Dans le désert
Des nuits inhabitées.

Genève, le 8 février 1989
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Extrait de la préface de Nancy Huston :

Selon les vœux qu’elle avait formulé à maintes reprises avant de mourir, sa pierre tombale porte l’inscription suivante :

GRISELIDIS RÉAL
ÉCRIVAIN - PEINTRE - PROSTITUÉE
1929 - 2005

À cette liste déjà peu banale, il était temps, plus que temps, d’ajouter la mention de son quatrième métier, celui qui la définit peut-être le mieux : Poète.
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Rim Battal propose une lecture performée de x et excès avec un grand musicien jazz et pop dont le nom sera révélé lors de la soirée. En ouverture Rim Battal invite cinq poétesses, Alix Baume, Camille Pimenta, Charlene Fontana, Esther Haberland, Virginie Sebeoun, qu'elle a accompagnées lors d'un programme de mentorat intitulé « Devenir poète.sse ». Cinq brèves lectures avant de plonger dans x et excès. Rim Battal y explore les zones d'ombre de l'ère numérique où l'industrie du sexe a une place prépondérante. Comment sculpte-t-elle nos corps et notre rapport à l'autre ? Dans une langue inventive, Rim Battal s'attaque au discours dominant sur la sexualité, le couple et l'amour pour mieux en révéler les failles.
Ce faisant, elle ouvre un espace de réflexion sur l'art. de Cabanel à Mia Khalifa, de Samuel Beckett à Grisélidis Réal, elle tisse des liens entre poésie, pornographie et oeuvres plastiques. Et dévoile ce que notre époque a de singulier et d'universel.
À lire – Rim Battal, x et excès, Castor Astral, 2024 – L'eau du bain, coll. « Poche poésie », Castor Astral, 2024.
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