L'hiver précoce, porteur de souvenirs, réveille, chez un vieil homme, un passé froid et douloureux, celui des neiges de 1916-1917, "l'abandon des maisons aux ravages de la guerre", "la faim,la misère,l'indifférence", celui des années sans printemps semblables à mars 1943 en Biélorussie où les villages incendiés aidaient "à ne pas mourir de froid".
Qu'il est doux de se chauffer à présent au bois de hêtre odorant, de se promener à travers bois aux côtés de "Sirio" le jeune griffon.
Bois, un mot qui revient encore et toujours dans
Lointains hivers, ce court récit en prose de
Mario Rigoni Stern (romancier italien des plus populaires).
Bois joyeux pour premiers skis.
Bois incurvé pour skis de rêves "faits maison" de futur chasseur alpin du Val d'Aoste.
Bois de genévrier séché pour bataillon en déroute en 1940 en Albanie.
Bois d'épicéa, coupé vaillamment à la hache, en 44-45, et flambé dans le poêle d'un camp de Styrie.
"Un souvenir hivernal en appelle un autre:le bois qui nous chauffait le froid qui nous gelait".
Que de chasseurs du Vestone morts de froid!
Fin 1945. Contre sept quintaux de bois à brûler, un quintal de maïs!
Soirées d'hiver passées à se nourrir de livres et un manuscrit pour garder la mémoire vivante sur la guerre de Russie et les années de captivité en Allemagne.
Et puis le four à bois où sa femme faisait dorer les pommes de terre et les bouillies pour sevrer le premier enfant.
Comme dans la plupart de ses textes,
Mario Rigoni Stern,sorti lui même indemne de toutes les guerres, tient à garder la mémoire vivante et relate son amour de la nature.
J'ai regretté le manque d'émotions de cet homme endurci aux hivers rigoureux.