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EAN : 9782081290587
432 pages
Flammarion (19/03/2015)
4.08/5   12 notes
Résumé :
Ce volume, qui rassemble quelque deux cents lettres écrites par Rimbaud, retrace le destin exceptionnel d'un homme devenu mythe. A seize ans, il entendait changer la vie par les moyens de la poésie ; à vingt ans, il renonça à la littérature pour toujours, et s'engagea dans un périple qui le mena en Arabie et en Afrique, où il se fit négociant, explorateur et trafiquant d'armes. Aux côtés des "lettres du Voyant", où se manifeste son précoce génie, et de ses échanges ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Correspondance... Fallait il que ces lettres nous parviennent ? Peut être pour tenter de le rejoindre, ne pas rater une correspondance. Rêver d'Aden, de Tadjourah, d'Harar, de Chypre, du Caire, tellement de raisons en enfer qui tracent et galopent et qui nous rattrapent un jour.
«  Oh ! Les temps reviendront ! Les temps sont bien venus !
Et l'Homme n'est pas fait pour jouer tous ces rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles,
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et comme il est du ciel, il scrutera les cieux ! » Credo in unam, Soleil et Chair 29.04.1870.
« Stat mater dolorosa, dum pendet filius... »
Comment ne pas l'aimer ? Ce travailleur acharné qui plantait sur la grève le plus beau des flambeaux.
Ses poèmes sont restés.
« L'art éternel aurait ses fonctions ; comme les poètes sont citoyens. La Poésie ne rythmera plus l'action ; elle sera en avant.
Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme – jusqu'ici abominable – lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les pendrons et nous les comprendrons ».
Alors..
Aimez le poète pour ce qu'il est,
pas pour ce que vous en faites
Aimez sa voix avant d'aimer son chant.
Aimez ses paumes aimez sa trogne
ses jurons, ses colères, ses alcools,
ses dix formes, ses quatre raisons qu'il lance à la gueule des saisons
aimez le pour ses doutes, ses peurs, ses nuits, ses fonds,
pour l'épouvantail qu'il nourrit, pour les jardins qu'il porte à son ventre,
aimez le pour ses paupières de sable, sa mine de brouillon,
pour le noir sous ses ongles, pour le cul de ses rêves posé sur une caisse à savon, pour ses savates, pour ses poches vides, pour son impossible éducation pour son unique sourire fréquentable , pour son rire insupportable, pour l'échappée de ses typhons, pour les chevaux qu'il vous adresse, pour son front chaud, pour le goudron de ses silences, pour sa tasse vide, pour son manque, pour son besoin, pour la cadence de ses envies, pour ses poings lourds, pour la vitre qu'il brise, pour l'escalier qu'il dévale, pour la rue qu'il avale.
aimez le poète pour ce qu'il est,
pas pour ce que vous en ferez.
aimez le à tous ses temps, aimez le sale, sourd, aimez le pauvre, aimez son vouloir un peu triste, son toujours pouvoir jouir, son mourir à rebours , sa main tremblante qu'il glisse sous les jupons de vos jours, le profil qu'il découpe dans les pages de vos nuits.
aimez le pour la terre qu'il pétrie, pour la chair qu'il embrasse, pour les odeurs qu'il pourchasse.
aimez le pour ses ennemis, pour le visage qu'il vous dessine, pour sa dernière chemise sans jour, pour les trous à son chandail, aimez le pour les bois de sa marche , pour sa rage à tous les étages, pour ses hivers de charbon, pour ses étés de caille, pour sa poussière, pour la honte de son courage, pour le rouge de ses entailles, pour ses mains de carton, pour l'encre sur ses lèvres, pour la chaise renversée, pour le lit défait, pour sa chandelle, pour ses baisers de polichinelle, pour l'osier de son plancher, pour ses braises, ses feux, ses cendres sur la rocaille, son chapeau de paille, pour ses mots d'animal,pour ses phrases bancales, pour ses derniers, ses pas un seul, ses toujours ailleurs, ses pas sans toi, tous ses sans soif, ses jurons contre les miettes du pain blanc, aimez sa défroque, ses chipes, ses nippes, ses passe-muraille, et sa pagaille.
Aimez le poète pour ce qu'il est pas pour ce que vous en ferez.
aimez le pour ses crimes, pour sa haine, pour sa tendresse, pour ses départs, son exil, pour ses retours, pour ses matins de prairie, toutes ses mains ouvertes au quatre vents, pour les voiles qu'il prononce et pour les portes qu'il défonce, aimez le voir tituber, tomber, s'accrocher, marcher, courir et s'envoler.
aimez le pour tout ce qu'il est, une matière d'être et jamais une manière de penser,
aimez, acceptez son outrance, ses ombres, ses guirlandes de souffrance, sa boue, son fleuve, et ses tempêtes , la fanfare de ses amours, ses bals de minuit, ses bains de fleurs bizarres, les cris de son sommeil d'enfant, ses secrets de bazars, toutes les couleurs qu'il vous tend.
Aimez ses gestes et ses retards, sa vitesse et ses absences.
aimez qu'il vous dérange aimez qu'il vous fasse peur aimez qu'il vous manque aimez qu'il dise des mots de phalènes, de nacre, de dentelles , d'opale, d'or-paille, de papillons adolescents, rêvez à tout ce qu'il peut imaginer, aimez croire que toujours il viendra vous le porter.
Aimez ses soupirs inversés, aimez sa verticalité, sa béance, sa faim, ses horizontalités, aimez le tambour de son coeur au soupirail de son âme, aimer sa main noire sur le flambeau de son mal, aimez sa gifle portée à la joue de l'infâme, aimez la craie de son regard, le verbe de sa peau, les lèvres qu'il porte à la bouche de son vers, aimez l'ovale de son rectangle, la courbe de ses triangles, l'étoile de ses losanges, la corde qu'il lance à votre espoir, sa lime sur les barreaux du mensonge, la berceuse de ses songes, aimez sa sueur, tous ses naufrages, aimez son incroyable voyage.
Aimez cet animal, aimez comme il vous regarde et il saura toujours vous retrouver.
aimez le poète comme il est
jamais comme vous le pensez.
«  Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie » à une raison, les Illuminations.

Que nous puissions tous l'entendre venir un jour.

Astrid Shriqui Garain


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Lecture difficile et triste de ces lettres de Rimbaud - impossible de les lire toutes d'un trait bien sûr comme un roman que ce livre n'est pas. Un fil conducteur: l'éternel manque d'argent, de sa période jeune poète ( arrêté sans billet à la descente du train il est conduit juste à côté de la Gare de Lyon à Paris en …prison! ) à sa période de marchand de l'autre côté de la Méditerranée. Puis son ennui profond et une solitude non moins cruelle dans un pays qu'il semble ne pas aimer, dont il supporte mal le climat, où il ne réussit pas dans ses affaires et qu'il ne peut quitter par manque d'argent… Il passe ainsi d'un projet à un autre sans guère plus de réussite. le fait que l'on ne lise pas les réponses à ces lettres comme dans une relation épistolaire souligne le temps passé entre une lettre envoyée et la réponse reçue: 2 ou 3 mois!!! Un autre temps… Et puis sa fin de vie: chute de cheval et traumatisme du genou, cancer osseux amputation gangrène et à sa mort la famille qui devra payer la note de l'hôpital…Vous avez dit poète maudit ?
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Intéressant de suivre la vie de Rimbaud alors qu'il n'était plus poète. 2 thèmes sont récurrents: la peur de n'être pas en règle par rapport à sa situation militaire d'une part, économiser et placer son argent d'autre part. de plus, ses dernières lettres avant sa mort sont très touchantes.
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J'ai bien aimé ce recueil car, on en apprend un peu plus sur Arthur et ses voyages.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
23 août 1887, Le Caire
À sa famille
[...]
Je suis excessivement fatigué. Je m'ennuie à mort. Je n'ai rien à faire à présent. J'ai peur de perdre le peu que j'ai. Figurez-vous que je porte continuellement dans ma ceinture seize mille et quelques cents francs d'or ; ça pèse une huitaine de kilos et ça me flanque la dyssenterie.

Pourtant, je ne puis aller en Europe, pour bien des raisons. D'abord, je mourrais l'hiver ; ensuite, je suis trop habitué à la vie errante, libre et gratuite ; enfin, je n'ai pas de position.

Je dois donc passer le reste de mes jours à errer dans les fatigues et les privations, avec l'unique perspective de mourir à la peine.

Je ne resterai pas longtemps dans ces parages : je n'ai pas d'emploi. Par force, je devrai m'en retourner du côté du Soudan, de l'Abyssinie ou de l'Arabie. Peut-être irai-je à Zanzibar, d'où l'on peut faire de longs voyages en Afrique, et peut-être en Chine, au Japon, qui sait où ?

Envoyez-moi de vos nouvelles. Je vous souhaite paix et bonheur.

Bien à vous,
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Ah ! cette vie de mon enfance, la grande route par tous les temps, sobre surnaturellement, plus désintéressé que le meilleur des mendiants, fier de n'avoir ni pays, ni amis, quelle sottise c'était. - Et je m'en aperçois seulement !
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Des occupations peu absorbantes, parce que la pensée réclame de larges tranches de temps.
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J'ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens.
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Vidéo de Arthur Rimbaud
Arthur RIMBAUD – Les curiosités du cimetière de Charleville (DOCUMENTAIRE, 2006) Un documentaire intitulé "Praline" réalisé par Jean-Hugues Berrou en 2006.
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