Si les noms de Auguste, Tibère, Caligula, Néron nous parlent encore, celui de Claude ne vient pas à l'esprit et pourtant il est au centre de l'histoire des empereurs Julio-Claudiens issus des familles Julia et Claudia de 27 avant JC à 68.
Pour tirer profit de cette autobiographie romancée il est prudent d'avoir wikipedia à portée de clic pour ne pas se perdre dans les personnages et les généalogies des familles en question.
Car à Rome le mariage dans les hautes sphères était une institution assez souple pour s'adapter aux visées politiques, une femme pouvait être répudiée du jour au lendemain et remplacée tout aussi vite, comme par ailleurs les couples étaient construits précocement il n'était pas rare d'être grand parent à quarante ans à peine. de fait les familles sont touffues et les liens entre elles complexes et mobiles.
Pour Claude tout commence mal, il nait avec de nombreuses infirmités sur lesquelles les médecins se sont interrogés à travers les siècles pour conclure à des séquelles d'un accouchement difficile. Toujours est il que dans le monde romain l'imperfection physique excluait tout avenir politique même pour un enfant de haute naissance, d'autant que s'ajoutaient des problèmes nerveux qui finissaient de classer Claude dans les idiots du village. Méprisé par sa famille, Claude dont l'esprit était en réalité brillant se réfugiera dans les lettres et les travaux historiques.
Comme il parait inoffensif pour le panier de crabes qui se dispute le pouvoir, il est l'observateur idéal pour relater les faits et crimes des uns et des autres, et en la matière cela vaut toutes séries télé des Rois maudits à Succession.
A Rome on a le couteau ou le poison facile et les femmes ne sont pas les dernières à intriguer et à faire assassiner, avec une palme pour l'incroyable Livie à l'ambition dévorante et à l'esprit pervers qui réussira à mettre son fils Tibère sur le trône mais qui n'aura pas la surprise de voir Claude son avorton de petit-fils devenir empereur contre son gré.
Même si
Robert Graves prend des libertés avec l'Histoire, comme aurait dit Dumas il lui fait de beaux enfants :
Moi, Claude premier volume de la trilogie est un vrai plaisir de lecture. Dans une langue fluide et pleine d'humour, Graves se délecte à raconter la paranoïa, la faiblesse et la folie des empereurs et de leur époque. Les crimes, les trahisons, les perversions en tous genres s'accumulent mais avec une sorte de bonhommie qui ne dégoute pas le lecteur et au contraire le passionne.
Au passage les historiens « officiels » sont égratignés que ce soit
Sénèque et
Suétone, ils ont tous fait, par intérêt, un portrait biaisé de Claude qui a été rectifié depuis. Ce qui doit nous faire réfléchir aux « vérités » que nous affirment les historiens actuels qui ne sont pas exempts de parti pris.