Anticiper, c'est souvent se tromper et parfois...
Il y a cent trente cinq ans,
Albert Robida inventait CNN, Skype et l'Hyperloop ! Et émancipait la femme.
Un roman d'anticipation satirique, caricaturant les travers de son époque, et imaginant un avenir possible de manière visionnaire. le tout avec humour et second degré.
Trois jeunes femmes reviennent à Paris, leurs études terminées, après plusieurs années d'absence. Leur avenir est tout guidé, leur père étant à la tête d'une grande banque internationale . Seule la dernière, fille adoptive, ne sait pas encore à quelle carrière se vouer. L'occasion de découvrir Paris, la société, les différents métiers et les nouvelles technologies qui se sont déployés durant leur absence.
Côté technologie,
Robida invente Skype via son téléphonoscope, on peut s'abonner à des flux d'informations ou alors regarder les chaines d'infos en temps réel, on peut voyager rapidement grâce au tube qui ressemble étrangement à l'hyperloop, et au quotidien, on utilise des aéronefs.... Et l'auteur nous offre même pour le final une "terraformation" continentale !
Côté culture, on peut utiliser le drive culturel : on déambule dans les galeries des musées via des trams, plus besoin de perdre son temps à déambuler dans les galeries. Avec ce vingtième siècle technologique, le temps manque pour se cultiver, heureusement, il y a les Classiques Concentrées, où comment lire une pièce de
Shakespeare en 160 caractères. Ou même regarder une pièce de théâtre joué simultanément en trois langues.
Côté sociétal, la femme est émancipée, elle a le droit de vote, peut briguer les grandes carrières. Fini les prénoms féminins trop réducteur, place à Barbe et Barnabette, beaucoup plus sérieux. Plus besoin que bobonne passe des heures à la cuisine, désormais, on s'abonne à des plats préparés qui arrivent directement dans la cuisine.
Son univers futuriste est crédible, car loin d'être une simple énumération d'inventions, il en tire les conséquences possibles, comme les modifications architecturales dû à l'utilisation des aéronefs comme transport personnel.
Et ceci n'est qu'un bref aperçu de cette folle inventivité et ne déflore qu'une petite partie du roman. Il sera aussi question de vie politique, de guerre, de géopolitique...
Critique sociale, mais difficile de savoir où commence la satire, la critique ou le pamphlet. Et à certains moments, difficile de ne pas se demander si ce roman ne cache pas un côté conservateur, voir réac. Pour preuve l'épisode autour des prisons ouvertes et modernes, dont bien des sous entendus parsèment le récit sur la réelle réadaptation sociale des voleurs et des criminels. Ceci dit, la caricature fonctionne et fait sourire.
Le roman pèche cependant sur les personnages rapidement esquissés : un trait de caractère, une profession et basta ! En outre, chaque chapitre met en avant une thématique, une profession via la recherche de travail de la fille adoptive. Cela permet d'avoir une vue d'ensemble de cette société future, mais crée une répétition assez lourde dans l'ensemble et donne une impression de récit épistolaire.
Autre grief, l'auteur parle de la bourgeoisie, celle de la haute, mais ne s'attarde pas sur une vision futuriste des classe laborieuses. Premier tome d'une trilogie, suivront La Guerre au XXe siècle et La Vie électrique, peut-être y trouverais-je un autre regard ?
Le Vingtième Siècle vaut pour son imagination et inventivité assez visionnaire, et satisfera tous les férus d'anticipation, si l'odeur de naphtaline ne les dérange pas néanmoins.
En outre,
Albert Robida a illustré lui-même son roman.