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Henri Robillot (Autre)Anne Rabinovitch (Autre)
EAN : 9782080640925
504 pages
Flammarion (08/01/1992)
4.02/5   21 notes
Résumé :
C'est la fantaisie et non une quelconque filiation avec les Von Humboldt d'Europe (Alexandre le voyageur et Wilhelm l'homme d'Etat philologue) qui a fait prénommer Von Humboldt le fils du Hongrois Fleisher immigré aux États-Unis.
Et voici que Von Humboldt Fleisher vient de mourir trois décennies après avoir, à vingt-deux ans, conquis ses premiers lauriers de poète en publiant ses Ballades d’Arlequin. Départ en flèche, arrivée dans la dèche et la folie intermi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Double lauréat du Pulitzer, fait chevalier de la Légion d'honneur, reçu à la Maison Blanche et admis parmi les conseils du sénateur Bob Kennedy, voilà qui vous pose un homme. En principe. Encore faut-il être avoir la tête sur les épaules et être un minimum concerné par ses intérêts propres, comme tout homme qui tient à sa survie doit l'être dans cette jungle qu'on appelle Chicago. Mais non, Charlie Citrine, du genre contemplatif, altruiste, s'adonne à l'anthroposophie - science des plus approximatives dans une pension de troisième ordre à Madrid, jouant à la nounou avec le fils de sa dernière maîtresse en date alors que cette dernière est en lune de miel avec un entrepreneur de pompes funèbres, et que son ex-femme, par avocat interposé, n'a de cesse de lui soutirer toutes ses économies. Et ces deux tristes représentantes du beau sexe, ne sont qu'un échantillon de toutes les connaissances de Citrine qui tentent de se payer sur la bête. Et Humboldt ? Un fameux numéro lui aussi, un peu le maître à penser de ce dernier, qui a connu également son heure de gloire en tant que poète, cyclothymique en diable, procédurier à souhait, qui l'a délesté de quelques milliers de dollars lui aussi, mais qui a quelque part montré la voie, et dont le don qu'il fait post mortem est l'ultime pirouette en date qu'il a réservé à son infortuné disciple, et non des moindres.

À l'image de son héros, Saul Bellow, a été récompensé du très prestigieux prix Pulitzer, dont il dit pis que pendre dans le présent roman, pour le Don de Humboldt. C'est un roman comme ce résumé tente de le faire transparaître qui, après les Aventures d'Augie March et surtout le Faiseur de pluie, s'inscrit dans la veine farfelue et humoristique de Bellow, parachevant quelque part ses deux devanciers. À cet égard l'édition Quarto Gallimard qui regroupe les Aventures et le Don est pertinente à plus d'un titre, d'autant plus que, fait ahurissant, un roman d'un tel pédigrée n'est plus réédité depuis 1994. Les lecteurs intéressés se voient donc condamnés à lire pour leur peine deux des meilleurs livres du génial et foisonnant auteur américain.
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Charlie Citrine, le narrateur, raconte ses nombreuses mésaventures autour du noël de 1973, alternant souvenirs nostalgiques, rencontres douteuses dans le Chicago interlope, projets extravagants, situations absurdes et considérations sociologiques, philosophiques ou métaphysiques ; lui-même déteste les intellectuels coupés du monde tout en ayant tendance à méditer des théories plus ou moins farfelues dans les situations critiques. C'est un écrivain et il est hanté par Humboldt, un ancien ami, un poète avant-gardiste de Greenwich Village qui a connu un petit succès entre la Lost et la Beat Generation. Mais alors que Charlie accédait à la reconnaissance, gagnait des prix littéraires, des médailles et de l'argent, Humboldt était peu à peu oublié et sombrait dans la folie. Ils se fâchèrent et Humboldt mourut dans les années 1960 sans qu'ils se soient réconciliés.
Je ne vais pas raconter toute l'intrigue qui est longue et complexe mais bien rythmée, drôle et ingénieuse. Seulement il y a trois choses principales à retenir sur Charlie Citrine : ses rapports confus à l'argent, aux femmes et à la mort. Il se fait arnaquer ou pomper son fric par tout le monde : l'Etat, un petit escroc qui se rêve en Al Capone, son ex-femme, ses avocats, sa petite amie, ses collaborateurs et même ses amis. Et quand je dis qu'il est hanté par Humboldt, j'exagère à peine, car Charlie est très friand des théories sur l'immortalité de l'âme, à base de métempsychose, de kabbale, d'anthroposophie ou je ne sais pas trop quoi. Toute sa quête est de mettre au clair cette confusion et de trouver un juste milieu entre la pauvreté et la richesse, entre le matérialisme et le spiritualisme, entre l'érudition sèche et la bêtise pure.
J'aurais certainement adoré ce roman si la traduction ne m'avait pas autant gêné. Non seulement elle est mal écrite mais elle est très bizarre et il y a des éléments qui m'ont laissé perplexe. J'ai vu que Gallimard avait publié une nouvelle traduction récemment dans la collection Quarto ; à privilégier, de toute façon ça ne peut pas être pire.
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LE DON DE HUMBOLD de SAUL BELLOW
Von Humbold est au sommet de sa carrière d'écrivain lorsqu'il prend sous son aile protectrice le jeune Charlie Citrine. Les années passent et Citrine connaît un grand succès pendant que l'étoile d'Humbold pâlit progressivement les éloignant l'un de l'autre dans l'amertume. À côté de Citrine, on découvre Ronaldo Cantabile, petit malfrat dont il fait la connaissance en jouant au poker. Ces 3 personnages sont au coeur de ce roman foisonnant, mélangeant les genres et les styles, la théosophie et Rudolf Steiner avec Platon et Socrate!
Roman à clé en partie, puisque Citrine est un peu Bellow et Humbold son ami poète Delmore Schwartz qui l'aida au début de sa carrière. Au delà du caractère débridé et franchement loufoque de l'histoire et de l'écriture, Bellow s'interroge sur l'art, son rôle dans la société et le rapport de l'artiste à l'argent.
Jusqu'à présent mon préféré de Bellow en attendant la lecture d'Herzog.
Bellow obtient le Prix Pulitzer pour ce livre en 1976, année de son prix Nobel de Littérature.
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Un gros roman déjanté, cocasse, avec à mon goût quelques "tunnels" mais dont l'intérêt reste soutenu jusqu'à la dernière page. Quelle imagination ! Des portraits excellents (le frère du héros, le petit malfrat...) l'omniprésence de l'argent, de la mort, un humour décapant, oui un grand roman !
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Un écrivain majeur du XXIÈME siècle, un immense livre d'une intelligence qui vous rend plus sage et plus heureux à chaque page. Dans mon Panthéon personnel de la littérature.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'ennui est un instrument de contrôle social. Le pouvoir est le pouvoir d'imposer l'ennui, de déclencher la stase, de mêler à cette stase l'angoisse. Le véritable taedium, le taedium profond est relevé par la terreur et la mort.
[...] Aujourd'hui, l'on exige un mouvement rapide en avant, un télescopage, une existence à la vitesse de la pensée la plus intense. Tandis que nous approchons, par la technologie, la phase de la réalisation instantanée, la réalisation des éternels désirs et fantasmes humains, l'abolition du temps et de l'espace, le problème de l'ennui ne peut que devenir plus aigu.
[...] Les gens instruits parlent d'un monde đésenchanté (ennuyeux). Le monde ne peut pas être đésenchanté. Pour moi, l'ego conscient de lui-même est le siège de l'ennui. Cette conscience croissante, dominatrice, envahissante est la seule rivale des forces politiques et sociales qui dirigent ma vie (affaires, pouvoirs technologico-bureaucratiques, État). L'on trouve, d'une part un grand élan vital organisé, de l'autre le moi isolé, doué d'une conscience indépendante, fier de son détachement, de son immunité absolue, de sa stabilité, de son aptitude à n'être affecté par rien - les souffrances des autres, la société, la politique ou le chaos extérieur. À sa façon, il s'en moque. On lui demande de ne pas s'en moquer et nous le pressons souvent de ne pas s'en moquer, mais la malédiction du détachement est enracinée dans cette conscience douloureusement libre. Elle est libre de tout attachement à telle ou telle croyance ou à d'autres âmes. Cosmologies, systèmes d'éthique ? Elle peut les traverser par douzaines. Car être pleinement conscient de soi-même en tant qu'individu équivaut à se trouver isolé de tout le reste. C'est le royaume d'un espace infini dans une coquille de noix de Hamlet, "des mots, des mots, des mots", du "Danemark, une prison".
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Un poète est ce qu'il est en soi. Gertrude Stein distinguait la personne qui est une "entité" et celle qui a une "identité". Un homme important est une entité. L'identité est une acquisition sociale. Ton petit chien te reconnaît, tu as donc une identité. L'entité, par contraste, puissance impersonnelle, peut être d'une nature terrifiante. C'est ce que disait T.S. Eliot de William Blake. Un homme comme Tennyson se fondait dans son environnement ou s'encombrait d'opinions parasitaires, mais Blake était nu et voyait l'homme nu, du coeur de son propre cristal. Rien en lui n'évoquait " l'être supérieur ", ce qui le rendait terrifiant. C'est cela une entité. Une identité est plus tolérante pour elle-même. Une identité se verse à boire, allume une cigarette, cultive ses plaisirs matériels, se dérobe aux vrais problèmes.
[...] Où sont la puissance et l'intérêt du poète ? Ils naissent des états de rêve. Ces états surviennent parce que le poète est son être profond, parce qu'une voix résonne dans son âme douée d'un pouvoir égal à celui des sociétés, des États, des régimes. On ne se rend pas intéressant par la folie, l'excentricité, ni rien de ce genre, mais par le pouvoir que l'on a d'annuler la confusion, l'activité, le bruit du monde, et de se rendre réceptif à l'essence des choses.
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L’âme d’une personne civilisée et rationnelle est, dit-on, libre, alors qu’elle est en vérité étroitement recluse. Bien qu’elle se croie formellement investie d’une liberté sans limites, accédant ainsi à la réalité, elle se ressent en fait comme dérisoire. Mais pour celui qui admet, fût-ce étrangement, l’immortalité de l’âme, qui réussit à se libérer de ce poids de la mort dont le cœur de chacun est oppressé, soulagé comme s’il échappait à une obsession (celle de l’argent aussi bien que celle du sexe), quelle chance prodigieuse ! Supposons que la mort ne soit pas envisagée sous son aspect le plus réaliste selon la conception admise par les êtres sensés ? Il en résultera tout d’abord comme un débordement, une surabondance d’aptitude à la vertu. Une fois libérée, cette énergie que paralysait la terreur de la mort permet à celui qui la détient d’exercer la vertu sans éprouver pour autant la gênante impression d’aller contre l’histoire, de faire preuve d’illogisme, de passivité masochiste, de faiblesse d’esprit. La vertu perd alors tout rapport avec le martyre de certains américains (vous reconnaîtrez ceux dont je parle) illuminés à l’adolescence par la poésie puis qui témoignent de l’éclat de leur valeur (impalpable, irréelle) par le suicide – en grand style, le seul admis par les poètes.
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En outre (pour conclure), l'Amérique est un pays didactique dont les habitants offrent toujours leurs expériences individuelles comme de précieuses leçons au reste de leurs semblables, espérant les encourager et leur faire du bien - un effort intensif vers un système de relations publiques personnelles. Je considère parfois cet état d'esprit comme une forme d'idéalisme. D'autres fois, il m'apparaît comme un pur délire. Tout le monde étant converti au bien, comment peut-il s'accomplir tant de mal ? Lorsque Humboldt me traitait d'ingénu, n'était-ce pas là qu'il voulait en venir ? Cristallisant tant d'aspects du mal en lui-même, le pauvre, sa mort offrait un exemple, son héritage était une question posée au grand public. La question de la mort elle-même que Walt Withman jugeait comme la question des questions.
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Ils ont donné à Citrine un prix Pulitzer pour son livre sur Wilson et Tumulty. Le prix Pulitzer est pour les serins - pour les buses. Ce n'est qu'une publicité journalistique à la gomme faite par des escrocs et des illettrés. Vous devenez un homme-sandwich du Pulitzer si bien que, même lorsque vous claquez, les derniers mots de la notice nécrologique sont : " un lauréat du Pulitzer disparaît " ; il avait là marqué un point, pensais-je.
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Vidéo de Saul Bellow
Dans "Les Nétanyahou", l'écrivain américain Joshua Cohen revient sur un épisode anecdotique de l'enfance de "Bibi" Netanyahou : le recrutement du père dans une université américaine. Une anecdote métaphorique questionnant le sionisme et l'identité juive-américaine avec humour.
Dans ce nouvel ouvrage inspiré de faits réels, l'héritier de la tradition littéraire juive-américaine de Saul Bellow et Philip Roth recouvre la réalité d'un voile de fiction. le critique littéraire Harold Bloom — dont les souvenirs inspirent le roman — devient Ruben Blum, un historien américaniste spécialiste de la taxation. Avec son épouse Edith et leur fille Judith, les Blum forment une famille américaine moyenne d'origine juive mais ayant délaissé le traditionalisme religieux pour l'académisme et la modernité. Exit les fêtes religieuses passées au temple, place à la télévision en couleurs et au réfrigérateur. Une famille presque parfaitement assimilée.
Or le livre s'ouvre sur le rappel désagréable qu'ils ne le sont pas tout à fait. Ruben Blum devra accueillir un aspirant-professeur venu d'Israël, un certain Ben-Zion Netanyahou, au seul prétexte qu'il est le seul Juif de son université. le plongeon dans les recherches de Ben-Zion Netanyahou est un moyen pour Joshua Cohen d'évoquer l'histoire du sionisme et ses courants variés. Notamment le "sionisme révisionniste" de Ben-Zion qui, plus tard, inspira la politique d'un certain Benyamin Netanyahou, aux commandes d'Israël pendant douze ans.
Puis, dans la deuxième moitié du livre, la rencontre entre les Blum et les "Yahou" donne à voir un choc des cultures entre les Juifs d'Israël et les Juifs de la diaspora américaine — une occasion de plus pour sonder l'identité particulière des juifs-américains.
A mi-chemin entre le roman de campus et le roman historique, Joshua Cohen creuse sa page d'une encre humoristique corrosive et terriblement actuelle. Et ce alors que "Bibi" Netanyahou ne quittait le poste de premier ministre qu'en juin 2021, après un règne ayant porté le sionisme révisionniste à son apogée.
Olivia Gesbert invite à sa table l'auteur Joshua Cohen pour présenter son dernier livre.
#JoshuaCohen #Netanyahou #Littérature _____________
Prenez place à La Grande Table pour rencontrer d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture, ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrpsBVAaqJ_sANguhpPukaiT ou sur le site https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie
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