Transperceneige, tome 3 : La traversée

Pas de surprise dans ce troisième opus, le train va prendre la mer (gelée, bien sûr) ... sur des chenilles, pourquoi pas? Pour atteindre un but hypothétique, seulement matérialisé par une musique...

Les héros, plutôt les personnages, sont les mêmes que dans le tome 2, encore plus fades. Prise de pouvoir, enferment des dissidents, rébellion, tentative de putsch des dissidents, rien de nouveau sous le soleil, pardon sur la glace.

Un très léger suspense vers la fin, pour une chute... aïe, aïe, aïe...

Bref, comme prévu, le peu d'intérêt éventuellement suscité par les tomes précédents chute comme la vitesse du train... et je découvre qu'il existe encore trois tomes possibles...

(Critique pour le tome 2 et 3 qui forment une seule histoire par le même scénariste.)

"L'Arpenteur" et "La Traversée" forment la première suite à la saga du Transperceneige.

Cet opus souffre de n'apporter rien de nouveau à un univers qui était original à la parution du premier volume, 15 ans plus tôt. Mais le pire est sa pauvreté thématique.

Transperceneige Vol.1 est une allégorie de la lutte des classes. le Vol.2 est... Je cherche encore, honnêtement. L'immersion est sans cesse rompue par des éléments sortis de nul part. Besoin d'un hélicoptère? Il y en a dans un wagon, et ne craignez pas pour le carburant, c'est facile à trouver dans un train qui roule depuis 15 ans. le chemin de fer devient inutilisable? Ce n'est pas grave, on se stationne 15 minutes, on met le train entier sur des chenilles et on quitte la voie.

Même le scénariste de tome 4, parut longtemps après, traite poliment celui-ci de simple "aventure onirique" décousue.

J'étais heureuse de retrouver cet univers ainsi que Proloff et Puig, les héros des deux premiers tomes. le train quitte les rails pour partir à la recherche d'un mystérieux signal radio. Côté conflits, embrouilles, corruption, compromission ou trahison, ça ne s'arrange pas. Puig ment à tout le monde. Proloff ne joue pratiquement aucun rôle. Rien à faire, je ne retrouve pas la magie du premier tome de Jacques Lob, sauf un peu à la toute fin, mais je spoilerai pas.

Je suis très partagé, au terme de ce troisième tome, entre bonheur et déception.

Bonheur, car j'ai kiffé cet univers, ce glauque, ce microcosme dupliquant nos sociétés. Les hommes sont pervertis par le pouvoir, corrompus. Leurs idéaux changent selon qu'ils sont d'un côté ou de l'autre du train. Les compromissions et trahisons s'enchaînent. Puig ment à Val, sa femme, et prend le pouvoir en se servant de tout le monde. En fait il ment à tout le monde, y compris à lui-même. Il entraîne le Crève-Glace dans la traversée de la mer, après avoir quitté les rails et monté le train sur des chenilles.

Le but est de rejoindre la source d'un signal, de la musique captée par les radaristes du train.

C'est une longue fuite en avant à laquelle vont se livrer les derniers survivants d'un train qui se réduit à mesure que les problèmes, mutineries et avaries se multiplient.

Déception... car Proloff, le mutin du premier tome, joue un rôle congru, alors qu'il devrait être au centre du récit. Déception aussi car une suite m'aurait grandement arrangé. Même si le récit se satisfait à lui-même en l'état en évitant le happy end convenu, on reste dans des limites assez conventionnelles. J'aurais apprécié que l'on sorte un peu plus du cadre.

Les dessins sont neigeux et superbes, le noir et blanc fonctionne bien. J'ai eu froid rien qu'à les regarder.

Je termine la saga "Transperceneige" avec "La traversée". On retrouve un style propre au tome 2 et, d'ailleurs, c'est la directe suite.

La saga ne perd pas en qualité, bien au contraire, tout au long des planches, on est tenu en haleine pour savoir comment les derniers survivants vont s'entendre dans ce train au rythme fou.

Dans ce tome, c'est l'espoir. Un signal venant de l'autre côté de la mer. En avant pour la traversée. Un nouvel espoir mais aussi une belle division. Cela n'est pas sans faire penser à l'intrigue de la saison 3 de la série Snowpiercer!

Manipulations politiques, complotisme, lutte des classe... Cette saga est un petit bijou!