Juillet 1969. Michel tout juste âgé de onze ans s'apprête à passer avec sa soeur, de quatre plus âgée que lui, ses premières vacances dans le sud de la France. Leurs parents viennent de se séparer… Finis les deux longs mois d'été au bord de la mer en Bretagne, à Ker Gouelan, la maison de Tagoz, leur grand-père maternel. Il faudra à présent « se partager »…
« Troquer la pêche à pied des grandes marées pour aller cuire au soleil, il n'y a que son père pour penser un truc pareil ! ».
Bon gré, mal gré, les voilà tous les deux embarqués dans le train qui les emmène à Toulouse. À l'arrivée sur le quai de la gare, il y a leur père bien sûr, mais il n'est pas tout seul… Pour Liliane, tout d'abord enchantée par ce voyage, c'est la douche glacée.
« le soir, dans son journal, Michel écrira : Ce lundi 14 juillet 1969 restera le jour où ma soeur a perdu un grand bout de sa gaieté sur les quais de la gare Montabiau. »
Pour ces petits Bretons, l'ambiance du camping est pour le moins exotique, étrange même, tout un monde à découvrir, avec une petite fêlure dans le coeur.
Mais nous sommes en juillet 1969, bientôt le grand départ d'Apollo XI, bientôt les premiers pas d'Amstrong sur la lune. Si Michel n'y prêtait pas trop attention jusque-là, Corinne, une petite gamine à couettes et au nez tout pelé et là pour le lui rappeler. Les astres, elle en connaît un rayon et si elle parle un peu trop au goût de Michel, elle l'entraîne rapidement à sa suite, dans ce rêve magnifique tout prêt à se réaliser.
La lune ! c'était inimaginable, incroyable, un événement magique porteur de tant d'espoirs. Beaucoup de choses allaient changer, en tout cas, tout le monde avait envie d'y croire.
« Et si la seule trace de ce pied sur la poussière du sol lunaire avait le pouvoir d'effacer toutes les guerres, toutes les famines… »
Mais peut-on tout demander à la lune ?
Cet été 1969 marquera à tout jamais, pour Michel, le grand tournant de son enfance. Si les illusions tombent – non l'amour ne dure pas toujours et la réalité n'est pas toujours ce qu'elle paraît, il en sort grandi, plus serein. « Agir et espérer » telle sera désormais sa devise et celle de sa soeur.
« Demain, on la gravera sur le gros saule, là-bas. Comme ça, même les plus grandes marées ne pourront pas l'effacer, jamais. »
« Demain la lune » aborde avec beaucoup de délicatesse le thème de la séparation des parents, mais aussi de l'amour qui ne rime pas nécessairement avec toujours.
Si dans la nature, les saisons, le beau temps et la marée reviennent fidèlement au rendez-vous, l'amour suit ses propres lois, libre et imprévisible. Pas toujours facile pour un enfant de l'accepter, comme il est parfois angoissant de découvrir que rien finalement n'est éternel, que rien n'est stable et défini pour toujours. Seule la marée monte et descend égale à elle-même. Mais elle ronge aussi parfois, quand le secret s'en mêle.
Pour les enfants dès neuf ans, et leurs parents qui retrouveront avec bonheur leurs propres étés, et plus particulièrement ceux des années 70.
Ah, quand Julien Clerc chantait "La Californie" à pleins poumons !
Extraits :
« Jusque-là, Michel pensait que la mer et la terre ne faisaient qu'une seule et même chose. Comment imaginer un océan sans rivage ? Ou le ciel sans les étoiles, le pain beurré sans la barre de chocolat à quatre heures, les dictées sans les mauvaises notes ? Impossible, tout ça allait ensemble. Sa mère et son père aussi. Ensemble. Ensemble, ils faisaient une seule chose, des parents. » Et ce soir-là, comme ça, en une phrase, les parents ne signifiaient plus rien. Il y aurait désormais, papa d'un côté, et maman de l'autre. »
« - Ça va se lever avec la marée.
Ça se lève toujours avec la marée. Michel voudrait que ce soit pareil dans la vie, que les moments de tristesse ne durent qu'un instant, puis que « ça se lève », et que le soleil revienne. Mais son père ne reviendra pas vivre avec sa mère. »
Editions Seuil Jeunesse - Collection chapitre - mai 2009
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