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Pierre Crétois (Autre)
EAN : 9782080247452
400 pages
Flammarion (09/06/2021)
3.43/5   50 notes
Résumé :
Nous voyons aujourd’hui l’Emile comme une anticipation révolutionnaire des méthodes nouvelles en éducation. Mais, en 1762, sa publication et son succès mettent le feu aux poudres : la façon dont Rousseau y nie le péché originel lui vaut condamnation de l’Église. Convaincu d’une forme de bonté naturelle de l’enfant, que n’aurait pas encore pervertie la société humaine, Rousseau en vient à l’idée que l’enfance est un moment essentiel de l’existence et que son développ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Bonne idée que cette édition des deux premiers livres seulement d'  « Émile ». Non seulement on évite bien des prescriptions largement dépassées (pour rester poli) telles que l'éducation de Sophie mais on reste au coeur du projet de Rousseau pour qui « le plus dangereux intervalle de la vie humaine » se situe entre 0 et 12 ans.
Alors, coupons court aux objections habituelles. Rousseau serait disqualifié pour avoir abandonné ses enfants. Mais l'idée s'impose dès les premières pages: éduquer est une mission impossible. C'est une mission à plein temps (on n'éduque qu'un enfant dans sa vie), pour laquelle il est hors de question d'être rémunéré, et qui nécessite d'être à peine plus âgé que son élève. Rousseau tente d'ailleurs de faire d'Emile un orphelin (parfois il oublie et un père s'immisce sporadiquement), bref, ce n'est pas le problème. Émile et son précepteur sont des êtres chimiquement purs, hors de toute réalité. Et pourtant, ça fonctionne, et on se surprend à frénétiquement souligner des lignes à peu près à chaque page.
Rousseau a une vision très juste de l'enfance. S'il convient, avec Descartes, qu'elle est le sommeil de la raison, il est le premier à comprendre sa nécessité : pour être homme, il faut être enfant, aussi longtemps que nécessaire, aussi heureux et turbulent que possible. Seul le polisson saura devenir sage.
Les leçons de Rousseau tiennent finalement en peu de maximes.
Un enfant ne doit être ni l'esclave des adultes, soumis à des injonctions pour lui incompréhensibles, ni un tyran à qui on offrirait le monde sur un plateau. Certes l'enfant a besoin des plus grands et il en est dépendant. Mais la mission de l'éducateur est justement de circonscrire cette dépendance aux choses, car elle n'est pas une sujétion. Donc d'apprendre à l'enfant à n'avoir aucun désir qu'il ne puisse réaliser sans aide. Et inversement de ne jamais l'empêcher de réaliser ce qui lui tient à coeur. Veut-il patauger dans la neige? Il apprendra par lui-même que le plaisir peut se payer par 5 jours au lit. Préfère-t-il casser des carreaux? On lui donnera une chambre sans fenêtre.
Deuxième précepte : ne pas chercher à le rendre raisonnable, ne rien lui apprendre que ce qu'il désire savoir au moment où cela lui est nécessaire. Il faut avoir faim pour apprendre comment rentrer chez soi en s'orientant par rapport au soleil. Chaque enfant est un Robinson qui réapprend le monde pour subvenir à ses besoins en toute indépendance.
Rousseau lui-même a eu une enfance compliquée et rebelle et c'est sans doute d'avoir totalement occulté la part du hasard dans la formation de l'individu qui peut surprendre aujourd'hui. Comme si Rousseau reniait Jean-Jacques, comme s'il déniait à sa vie d'avoir été telle parce que sa mère était morte, que son chemin avait croisé telle ou telle personne à tel moment. Émile et son précepteur ont fait disparaître toute contingence et l'enfant grandit sous la seule autorité de la nature, premier homme d'une nouvelle humanité triomphale débarrassée des aspérités de l'Histoire.
Ah, c'est sûr que le gamin du XXI° siècle n'a pas du tout été élevé dans une perspective rousseauiste. Nul d'entre nous n'est capable d'atteindre l'absolu dévouement du précepteur idéal. Au moins nos enfants auront-ils échappé au poids de la perfection parentale, c'est déjà ca.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Sans étudier dans les livres, l’espèce de mémoire que peut avoir un enfant ne reste pas pour cela oisive ; tout ce qu’il voit, tout ce qu’il entend le frappe, et il s’en souvient ; il tient registre en lui-même des actions, des discours des hommes ; et tout ce qui l’environne est le livre dans lequel, sans y songer, il enrichit continuellement sa mémoire en attendant que son jugement puisse en profiter. C’est dans le choix de ces objets, c’est dans le soin de lui présenter sans cesse ceux qu’il peut connaître et de lui cacher ceux qu’il doit ignorer, que consiste le véritable art de cultiver en lui cette première faculté ; et c’est par là qu’il faut tâcher de lui former un magasin de connaissances qui servent à son éducation durant sa jeunesse, et à sa conduite dans tous les temps. Cette méthode, il est vrai, ne forme point de petits prodiges et ne fait pas briller les Gouvernantes et les Précepteurs ; mais elle forme des hommes judicieux, robustes, sains de corps et d’entendement, qui sans s’être fait admirer étant jeunes, se font honorer étant grands. (p130)
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Nos premiers devoirs sont envers nous ; nos sentiments primitifs se concentrent en nous-mêmes ; tous nos mouvements naturels se rapportent d’abord à notre conservation et à notre bien-être. Ainsi le premier sentiment de la justice ne nous vient pas de celle que nous devons, mais de celle qui nous est due, et c’est encore un des contresens des éducations communes, que parlant d’abord aux enfants de leurs devoirs, jamais de leurs droits, on commence par leur dire le contraire de ce qu’il faut, ce qu’ils ne sauraient entendre, et ce qui ne peut les intéresser. (p105)
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Tant que les enfants ne trouveront de résistance que dans les choses et jamais dans les volontés, ils ne deviendront ni mutins ni colères, et se conserveront mieux en santé. C’est ici une des raisons pourquoi les enfants du peuple, plus libres, plus indépendants, sont généralement moins infirmes, moins délicats, plus robustes que ceux qu’on prétend mieux élever en les contrariant sans cesse : mais il faut songer toujours qu’il y a bien de la différence entre leur obéir et ne pas les contrarier. (p57)
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Approfondissez toutes les règles de votre éducation, vous les trouverez ainsi toutes à contresens, surtout en ce qui concerne les vertus et les mœurs. La seule leçon de morale qui convienne à l’enfance et la plus importante à tout âge, est de ne jamais faire de mal à personne. (p117)
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Laissez longtemps agir la nature, avant de vous mêler d’agir à sa place, de peur de contrarier ses opérations. (p121)
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Vidéo de Jean-Jacques Rousseau
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
#JeanJacquesRousseau #RêveriesDuPromeneurSolitaire #Pensée
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