Semper paratus : locution latine signifiant « toujours prêt » et surtout devise de différents corps, militaires, le plus souvent, et des « cost guards » étasuniens. Là on reste à l'Est de l'atlantique, c'est d'ailleurs le lieu de l'action qui m'a tenté : la presqu'ile de Crozon et son sémaphore du cap de la chèvre, Lanvéoc et son école d'officiers de la Marine de guerre... Il y a aussi le Rex, le seul cinéma de la zone...
On s'intéresse donc un peu dans ce livre à quelques guetteurs, postés sur ce point d'observation qu'est le sémaphore et qui se relaient pour guider les navires passant au large de ces côtes tourmentées. Pas trop quand même, puisque l'essentiel est ailleurs...
Sérieusement quelle différence entre un roman et un « roman d'amour » ? Pour ce dernier, on sous-entend des violons qui n'existent pas dans la vraie vie commune, une fin heureuse et tout plein de bisous partout. C'est le cas ici. L'héroïne est victime d'une tragédie que presque personne d'autre sur Terre n'a vécu : la perte de proches dans un accident. Mais puisque nous sommes dans un roman bon ton et bon teint, c'est une diplomate ayant fait une grande école et l'accident est celui d'un avion de grande ligne internationale. Feu (pas sûr) son mari était peintre, et elle ambassadrice. le vol, c'est le fameux MH370 et cela permet à l'auteur de lister les scénarii envisagés pour cette disparition des radars. En passant, si je reprends toutes les hypothèses listées par celui-ci, il n'y en a qu'une qui sort du lot en termes de crédibilité, et c'est une théorie complotiste au sens où ce n'est pas la version que retiendront les faiseurs d'histoire officiels.
L'héroïne hésite donc à se séparer de ses nombreux biens parisiens, bretons et flottants (Riva Florida) mais retrouvera le goût du sexe après une fellation salvatrice et une indemnisation à la hauteur de la perte d'un être cher, en millions d'euros cela va de soi à ce niveau : « indemnisation qui augmente en fonction de l'âge, du niveau de revenu et du coût de la vie dans la pays d'origine... ». C'est sûr qu'un jeune cireur de chaussure pakistanais, pour peu qu'il réussisse à prendre un avion ne saurait prétendre à la même fin de roman que notre bonne (selon Alexandre, le seul gars un peu sympathique du roman) Mathilde.
« l'appartement qu'elle vient de louer à Ipanema, une « cobertura », un dernier étage, de 300 m2 avec une piscine sur la terrasse qui surplombe la plage »
Il n'aurait pas fallu grand-chose pour que le même décor donne un roman. Une fin différente, une héroïne moins artificielle ? Non, en fait, il fallait juste tout changer sauf l'écriture qui est agréable.
Nous sommes donc en présence d'un très joli roman d'amour, auquel il convient d'associer le refrain des cost-guards cités plus haut :
«We're always ready for the call,
We place our trust in Thee.
Through surf and storm and howling gale,
High shall our purpose be,
"
Semper Paratus" is our guide,
Our fame, our glory, too.
To fight to save or fight and die!
Aye! Coast Guard, we are for you.»