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EAN : 9782849097809
86 pages
Paleo (15/06/2012)
4.07/5   7 notes
Résumé :


Lady Mowbrav habitait un palais magnifique ; le comte mit quelque affectation à y entrer comme chez lui, et à parler aux domestiques comme s'ils eussent été les siens. Olivier se tenait sur ses gardes et observait les moindres mouvements de son guide. La pièce où ils attendirent était décorée avec un art et une richesse dont le comte semblait orgueilleux, bien qu'il n'y eût coopéré ni par son argent ni par son goût.

Cependant il fit l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette nouvelle de 56 pages à peine, publiée pour la première fois en 1833, relate la rencontre inattendue du Comte de Buondelmonte et d'un jeune suisse, Olivier se rendant à la ville alors que la voiture du Comte vient de verser dans le fossé.

Olivier, tout en discutant durant le voyage vers Florence, et au cours d'un repas bien arrosé, révèle au Comte être amoureux d'une inconnue, la belle Lady Mowbray, qu'il ne connait pas et n'a jamais vu, mais dont la rumeur dresse un superbe tableau, tant elle est charismatique, courageuse, cultivée et encore agile pour son âge.

Mais ce qu'Olivier ne sait pas, c'est que Métella s'avère être la maîtresse du Comte depuis dix ans, ce que le Comte décide de lui cacher pour le faire parler. le malentendu dure un certain temps, d'autant plus qu'Olivier le devine, et qu'il décide de jouer lui-aussi la comédie. Il sait par la rumeur que le Comte s'apprête à quitter sa maîtresse...la trouvant vieillie et lui préférant surtout, une jeune allemande plus "fraîche".
Bien décidé à jouer l'amoureux transi, il s'amuse beaucoup lorsque le Comte décide de lui présenter Métella, à réanimer chez lui, la jalousie toute propre à l'orgueil masculin et à son besoin de compétition. Il entoure avec entrain Métella et celle-ci qui se voyait vieillir, n'y résiste pas et redonne sa liberté au Comte qui n'attendait que cela pour la quitter sans drame.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu et Olivier bien que plus jeune qu'elle, tombe réellement amoureux. Tous deux partent s'installer dans le château de Lady Mowbray. Mais alors que depuis cinq ans, ils vivent heureux, cette dernière, doit aller chercher sa jeune nièce qui vit dans un couvent à Paris. Elle s'inquiète à dessein à l'idée de voir la jeune Sarah ravir le coeur d'Olivier...

George Sand décrit la vie et les sentiments d'une femme ayant dépassé la trentaine ce qui alors qu'elle était si joyeuse de vivre, la rend triste et mélancolique et éloigne d'elle son amant.
Le portrait de Métella, et les propos à son égard, sont tout à fait révoltants, car vus bien entendu par les hommes de l'époque. L'auteur décrit les ravages du temps sur son visage, ses mains, ou sa peau. Elle qui a été la "reine de Florence" se sent à présent dépréciée. Son amant ne la voit que comme une belle "potiche" à présenter en public, et si la beauté s'efface, elle ne vaut plus rien pour lui et son orgueil masculin, alors que c'est une femme cultivée, ouverte et intelligente, qu'importe, tout cela ne compte pas pour le rendre heureux.
Se sentant vieillir, elle propose à un homme amoureux, mais plus jeune qu'elle, un amour platonique, ressemblant à celui d'une mère. D'ailleurs Métella considère Olivier comme son fils, alors qu'elle l'aime d'un amour sincère, elle se met en retrait et cache ses sentiments réels. Son personnage, à l'opposé d'autres personnages féminins décrits par l'auteur dans ses oeuvres, est davantage effacé et soumis. Je pensais qu'elle allait à un moment donné réagir, mais non, elle se résigne, trouve le bonheur dans le calme et la vie quotidienne, la famille. Mais il faut dire aussi qu'après avoir vécu beaucoup de rejets et même d'humiliation lors de sa vie amoureuse avec le Comte, elle trouve un certain apaisement à se sentir aimée et respectée, telle qu'elle est devenue à présent.
Ce qui est intéressant dans cette nouvelle c'est que George Sand exprime le fait que passé trente ans (à l'époque), une femme n'a plus le droit d'aimer et d'être aimée, car elle n'est plus désirable aux yeux des hommes qui on le sait bien, eux ne vieillissent jamais. D'ailleurs, elle incite le lecteur à réfléchir à cet état des choses que nous pouvons transposer dans notre société moderne aisément (en changeant à peine l'âge des protagonistes).
L'accent est mis sur ce trait de caractère masculin qui les pousse à rejeter la vieillesse, tant il est vrai que de leur vieillesse à eux, on ne parle jamais.
Cette nouvelle comme toute l'oeuvre de George Sand mérite d'être connue même si je l'ai moins aimé que celles que je vous ai déjà présentés sur le blog.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Pour Balzac, la "vieille fille" est un personnage en soi : une femme acariâtre, aigrie, qui déteste les couples et les familles car, elle, n'est pas "accomplie", sans enfant elle n'est pas utile pour la société. Or, cette vieille fille n'est pas forcément Tatie Danielle, elle n'est pas forcément âgée - à nos yeux : pour Balzac et la misogynie du XIXème siècle, une vieille fille l'est dès qu'elle dépasse 30ans...
George Sand écrit dans une perspective différente, peut-être justement parce que c'est une femme. En tout cas, le personnage de Métella a dépassé cet âge de trente ans, elle est à l'âge où on ne le dit plus parce qu'il commence à se voir. G. Sand donne d'ailleurs des descriptions assez réalistes et plutôt tristes des effets du passage du temps : des joues moins rondes, une main moins belle, une peau moins éclatante... Elle a été dix ans la reine de Florence, est toujours considérée comme telle, mais ne fait plus sensation. Et là où le roman devient cruel, c'est que son amant - dont on connaît l'âge, trente ans, se sent humilié de voir que le monde n'est plus si admiratif de sa maîtresse. En revanche, rien n'est dit sur son propre vieillissement physique à lui...
Et on retrouve une thématique assez fréquente chez G. Sand, qui s'inspire sûrement en partie de sa propre existence et expérience, celle de la différence d'âge où la femme est plus âgée que l'homme, et où, se sentant vieillir et devenir moins belle, elle lui propose un amour platonique voire maternel : Métella appelle Olivier "mon fils". C'est là où j'ai trouvé des longueurs au roman : cette situation rappelle beaucoup celle du roman Lélia, et les deux héroïnes semblent assez proches dans leur conception de l'amour, sans la thématique de la vieillesse toutefois, même s'il était clairement dit qu'elle avait plus de trente ans. Dans les deux romans aussi, les amants se ressemblent, et sont en retrait par rapport à leurs maîtresses présentées comme extraordinaires.
Et l'intrigue se complique par la présence d'une jeune fille qui ressemble à Métella vingt ans auparavant, si belle, si spontanée, si jeune surtout ... Là encore, le comportement de Métella, son abnégation, peut paraître peut réaliste.
Il n'en reste pas moins un beau portrait de femme, un type peu présent dans la littérature du XIXème siècle ou alors de façon péjorative. Par rapport à Balzac, cela fait du bien de lire qu'on peut avoir un peu plus de trente ans et aimer encore et être désirable...
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Metella pourrait sembler une histoire d'amour et de tristesse, mais c'est plus que cela: un conte sur l'inconstance des hommes et la façon dont, à force de présenter la beauté de leur amante comme leur première qualité, voient leur passion s'éteindre quand la jeunesse décline, et qu'ils se tournent alors vers la suivante.
Metella est riche, cultivée, dotée de mille qualités pour rendre un homme heureux. Seulement voilà, elle a un défaut terrible aux yeux du Comte son amant: le temps a prise sur elle! C'est la jalousie qui retient le Comte près d'elle car si il ne l'aime plus, il ne supporte pas non plus l'idée qu'elle soit heureuse avec un autre. Et le suivant, comme l'histoire le démontrera, ne sera pas forcément meilleur!
Court roman, Metella épingle l'inconstance masculine et son hypocrisie, car du vieillissement des hommes il n'est jamais question, sans concession. Un joli texte qui gagne à être plus connu dans le versant plus féministe de George Sand.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le comte de Buondelmonte, revenant d’un voyage de quelques journées aux environs de Florence, fut versé par la maladresse de son postillon, et tomba, sans se faire aucun mal, dans un fossé de plusieurs pieds de profondeur. La chaise de poste fut brisée, et le comte allait être forcé de gagner à pied le plus prochain relais, lorsqu’une calèche de voyage, qui avait changé de chevaux peu après lui à la poste précédente, vint à passer. Les postillons des deux voitures entamèrent un dialogue d’exclamations qui aurait pu durer long-temps encore sans remédier à rien, si le voyageur de la calèche, ayant jeté un regard sur le comte, n’eût proposé le dénouement naturel à ces sortes d’aventures : il pria poliment Buondelmonte de monter dans sa voiture et de continuer avec lui son voyage. Le comte accepta sans répugnance, car les manières distinguées du voyageur rendaient au moins tolérable la perspective de passer plusieurs heures en tête-à-tête avec un inconnu.

Le voyageur se nommait Olivier ; il était Génevois, fils unique, héritier d’une grande fortune. Il avait vingt ans et voyageait pour son instruction ou son plaisir. C’était un jeune homme blanc, frais et mince. Sa figure était charmante, et sa conversation, sans avoir un grand éclat, était fort au-dessus des banalités que le comte, encore un peu aigri intérieurement de sa mésaventure, s’attendait à échanger avec lui. La politesse, néanmoins, empêcha les deux voyageurs de se demander mutuellement leur nom.
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J’ai lu plus de trente romans, j’ai vu plus de vingt pièces de théâtre qui commençaient ainsi ; et croyez-moi, la vie ressemble plus souvent à un roman qu’un roman ne ressemble à la vie.
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Le caractère romanesque d'Olivier n'avait pas changé ; son coeur avait le même besoin d'affection, son esprit la même candeur qu'autrefois. Avait-il obéi à la loi du temps, et son amour pour lady Mowbray avait-il fait place à l'amitié ? il n'en savait rien lui-même, et Métella n'avait jamais eu l'imprudence de l'interroger à cet égard. Elle jouissait de son affection sans l'analyser. Trop sage et trop, juste pour n'en pas sentir le prix, elle s'appliquait à rendre douce et légère cette chaîne qu'Olivier portait avec reconnaissance et avec joie.
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Métella Mowbray était fille d'une Italienne et d'un Anglais ; elle avait les yeux noirs d'une Romaine et la blancheur rosée d'une Anglaise. Ce que les lignes de sa beauté avaient d'antique et de sévère était adouci par une expression sereine et tendre qui est particulière aux visages britanniques. C'était l'assemblage des deux plus beaux types. Sa figure avait été reproduite par tous les peintres et sculpteurs d'Italie...mais Métella n'était plus jeune...
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Quant à Olivier, ce fut l'affaire d'un instant ; il se remit et veilla mieux sur lui-même : il se dit qu'il ne serait point amoureux, mais qu'il pouvait fort bien, sans se compromettre, agir comme s'il l'était ; car si lady Mowbray n'avait plus le pouvoir de lui faire faire des folies, elle valait encore la peine qu'il en fit pour elle. Il se trompait peut-être ; peut-être une femme en a-t-elle le pouvoir tant qu'elle en a le droit.
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Videos de George Sand (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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