Cette nouvelle de 56 pages à peine, publiée pour la première fois en 1833, relate la rencontre inattendue du Comte de Buondelmonte et d'un jeune suisse, Olivier se rendant à la ville alors que la voiture du Comte vient de verser dans le fossé.
Olivier, tout en discutant durant le voyage vers Florence, et au cours d'un repas bien arrosé, révèle au Comte être amoureux d'une inconnue, la belle Lady Mowbray, qu'il ne connait pas et n'a jamais vu, mais dont la rumeur dresse un superbe tableau, tant elle est charismatique, courageuse, cultivée et encore agile pour son âge.
Mais ce qu'Olivier ne sait pas, c'est que
Métella s'avère être la maîtresse du Comte depuis dix ans, ce que le Comte décide de lui cacher pour le faire parler. le malentendu dure un certain temps, d'autant plus qu'Olivier le devine, et qu'il décide de jouer lui-aussi la comédie. Il sait par la rumeur que le Comte s'apprête à quitter sa maîtresse...la trouvant vieillie et lui préférant surtout, une jeune allemande plus "fraîche".
Bien décidé à jouer l'amoureux transi, il s'amuse beaucoup lorsque le Comte décide de lui présenter
Métella, à réanimer chez lui, la jalousie toute propre à l'orgueil masculin et à son besoin de compétition. Il entoure avec entrain
Métella et celle-ci qui se voyait vieillir, n'y résiste pas et redonne sa liberté au Comte qui n'attendait que cela pour la quitter sans drame.
Mais les choses ne se passent pas comme prévu et Olivier bien que plus jeune qu'elle, tombe réellement amoureux. Tous deux partent s'installer dans le château de Lady Mowbray. Mais alors que depuis cinq ans, ils vivent heureux, cette dernière, doit aller chercher sa jeune nièce qui vit dans un couvent à Paris. Elle s'inquiète à dessein à l'idée de voir la jeune Sarah ravir le coeur d'Olivier...
George Sand décrit la vie et les sentiments d'une femme ayant dépassé la trentaine ce qui alors qu'elle était si joyeuse de vivre, la rend triste et mélancolique et éloigne d'elle son amant.
Le portrait de
Métella, et les propos à son égard, sont tout à fait révoltants, car vus bien entendu par les hommes de l'époque. L'auteur décrit les ravages du temps sur son visage, ses mains, ou sa peau. Elle qui a été la "reine de Florence" se sent à présent dépréciée. Son amant ne la voit que comme une belle "potiche" à présenter en public, et si la beauté s'efface, elle ne vaut plus rien pour lui et son orgueil masculin, alors que c'est une femme cultivée, ouverte et intelligente, qu'importe, tout cela ne compte pas pour le rendre heureux.
Se sentant vieillir, elle propose à un homme amoureux, mais plus jeune qu'elle, un amour platonique, ressemblant à celui d'une mère. D'ailleurs
Métella considère Olivier comme son fils, alors qu'elle l'aime d'un amour sincère, elle se met en retrait et cache ses sentiments réels. Son personnage, à l'opposé d'autres personnages féminins décrits par l'auteur dans ses oeuvres, est davantage effacé et soumis. Je pensais qu'elle allait à un moment donné réagir, mais non, elle se résigne, trouve le bonheur dans le calme et la vie quotidienne, la famille. Mais il faut dire aussi qu'après avoir vécu beaucoup de rejets et même d'humiliation lors de sa vie amoureuse avec le Comte, elle trouve un certain apaisement à se sentir aimée et respectée, telle qu'elle est devenue à présent.
Ce qui est intéressant dans cette nouvelle c'est que
George Sand exprime le fait que passé trente ans (à l'époque), une femme n'a plus le droit d'aimer et d'être aimée, car elle n'est plus désirable aux yeux des hommes qui on le sait bien, eux ne vieillissent jamais. D'ailleurs, elle incite le lecteur à réfléchir à cet état des choses que nous pouvons transposer dans notre société moderne aisément (en changeant à peine l'âge des protagonistes).
L'accent est mis sur ce trait de caractère masculin qui les pousse à rejeter la vieillesse, tant il est vrai que de leur vieillesse à eux, on ne parle jamais.
Cette nouvelle comme toute l'oeuvre de
George Sand mérite d'être connue même si je l'ai moins aimé que celles que je vous ai déjà présentés sur le blog.
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