Il met du temps à s'envoler ce récit, à la différence du pigeon voyageur en question justement, qui file, rapide et précis comme une flèche, droit vers sa maison, ici l'histoire tourne et retourne sur elle-même pendant plusieurs centaines de pages avant de décoller vraiment, mais le lecteur patient sera récompensé, car quand elle prend son envol, c'est comme une explosion, un lâcher de colombes, une balle en plein coeur. Et celui qui peut-être n'aura pas accroché tout de suite à la narration de l'auteur, ne pourra qu'être ébahi devant la tournure des choses, et surpris et heureux, il est à parier qu'il dira qu'en fin de compte, l'attente en valait bien la chandelle!
Pour le raconter comme je l'ai vécu, pendant les 200 premières pages je me suis un peu un ennuyée, je n'étais dedans qu'à moitié et je ne voyais pas bien où l'auteur voulait en venir avec ces récits croisés de jeunes hommes malmenés par la vie, la guerre ou leur femme...
Pendant les cent pages suivantes, mon intérêt et mon émotion sont allés crescendo et c'est avec plaisir que j'ai suivi non seulement les amour du Bébé et de sa fillette mais aussi la construction de la maison de Yair, qui est décrite avec une telle précision et une telle passion qu'elle donnerait presque envie de se mettre à la menuiserie!
Autour de la page 380 enfin, j'ai eu l'intense surprise de me retrouver en larmes et avec des frissons dans tout le corps et j'ai poursuivi ma lecture en remerciant le ciel d'avoir inventé
Meir Shalev! Ni sur le moment ni avec le recul, je n'ai pu m'expliquer vraiment, le pourquoi du comment de l'émotion pure et dure qui m'a saisie à la lecture de son récit, mais toujours est-il que l'auteur a du déposer quelques chose d'à la fois très délicat et très puissant dans ses mots, pour qu'ils me saisissent avec une telle force!
Les cent dernières pages enfin sont de la même verve et je les ai lu avec une larme à l'oeil et le mouchoir à la main.
De l'histoire malmenée du pays d'Israël à l'amour éternel, du deuil filial à la reconstruction de soi, du dévouement au désir et de la petitesse au sublime, c'est avec une grande finesse et tout en simplicité que
Meir Shalev nous promène à travers une vie, celle de Yairi, et celles des siens qui, plus ou moins proches, l'entourent. Un petit bijou que ce roman, qui si il traine un peu en longueur, recèle des trésors d'intelligence, de bonté et d'émotion!