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EAN : 9782378760373
1024 pages
De Saxus (31/10/2019)
4.19/5   1148 notes
Résumé :
Un monde divisé.

Un reinaume sans héritière.

Un ancien ennemi s'éveille.

La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d'elle...

Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (265) Voir plus Ajouter une critique
4,19

sur 1148 notes
Ce n'est pas une chronique facile que je m'apprête à rédiger, en premier lieu parce que le prieuré de l'oranger est le dernier titre à la mode dont tout le monde parle et que tout le monde semble avoir aimé, ce qui n'est pas mon cas... et ensuite parce que c'est tout de même une belle brique de plus de 950 pages qu'il n'est pas forcément facile à résumer.

Le prieuré de l'oranger de Samantha Shannon est le dernier phénomène en date de la blogosphère amatrice de roman de Fantasy. Publié dans la petite maison d'édition de Saxus, ces derniers ont fait une grosse campagne de pub sur les réseaux sociaux à renfort de comparaison avec des titres comme Game of Thrones et des auteurs comme Tolkien, Robin Hobb ou G.R.R. Martin. Sauf que malheureusement, comme je le pressentais ce titre est totalement survendu et qu'on est bien loin de la qualité des titres et auteurs cités.

Le prieuré de l'oranger est un titre de fantasy tout à fait classique, se déroulant dans un monde coupé en deux (voire plus, on le verra ensuite) autour de la question de la vénération ou non des dragons, le tout autour d'une légende de grands personnages les ayant affrontés. On s'y retrouve bien des siècles après la dernière grande bataille alors que le plus terrible d'entre eux semble se réveiller. On y suit d'un côté la Reine Sabran dont le règne est perturbé par de multiples complots et de l'autre Tané, une jeune dragonnière en devenir qui tente de gravir les échelons malgré ses origines modestes. Voilà pour résumer très brièvement le début et le contexte.

Au fil des pages, on va suivre de nombreuses péripéties, de nombreux complots, de nombreuses trahisons et de nombreux voyages. On va en apprendre plus sur l'histoire et la mythologie de cet univers. L'autrice va tenter de nous surprendre avec des revirements et des découvertes brutaux, etc. Mais personnellement, dès le début, j'ai trouvé tout cela bien faible. Contrairement à ce qui est annoncé par l'éditeur, nous ne sommes pas avec un titre de fantasy pour adultes, mais plutôt avec un titre dans la lignée des Young Adult sortant chez nous et ça change tout ! Personnages mal définis et bien plus jeunes dans leurs actions et pensées que leur âge semble l'indiquer, actions téléphonées, grosses ficelles utilisées à multiples reprises pour faire avancer l'histoire ou surprendre le lecteur. Les plus de 900 pages du titre ont été bien mal employées....

J'ai d'emblée eu énormément de mal avec les personnages de l'histoire. Je les trouve trop archétypaux et pas bien construits. Ils ne sont pas développés comme peu le faire une Robin Hobb ou un G.R.R. Martin à qui on veut comparer l'autrice. Ici, ils sont fades, sans personnalités et enchainent des actions ma foi fort prévisibles tout en se comportant souvent comme des ados ou des très jeunes adultes malgré leur âge. J'ai été déçue. Je sais que beaucoup ont aimé qu'on retrouve des relations LGBT de façon très naturelle dans ce titre, mais ça ne suffit pas à en faire un bon titre, un titre marquant. Ça a déjà été fait ailleurs et mieux. Lisez les titres de Lynn Flewelling !

C'est justement le gros point noir du titre pour moi : on nous enrobe l'univers tout un tas d'éléments qui flattent le lecteur mais au final tout sonne creux. L'univers semble prometteur sur le papier. On nous appâte en couverture avec de très beaux dragons, mais ceux-ci n'ont qu'un rôle mineur dans l'histoire au final. Si vous voulez de vrais bons titres où les dragons sont mis en valeur, allez lire Robin Hobb, au moins ils ont une personnalité et leur rôle ne tient pas sur 10 pauvres pages dans l'histoire ! On nous appâte avec une mythologie reposant sur d'anciens personnages avec des pouvoirs qui se sont défiés et ont mis le monde à mal, mais c'est résolu en deux coups de cuillères à pot avec presque aucune conséquences importantes. Un vrai pétard mouillé. Si vous voulez des Dieux qui mettent le monde à mal, allez lire N.K. Jemisin ! On nous parle aussi d'une magie à base de feu, de joyaux et d'arbres donnant des pouvoirs, mais là aussi ce n'est pas du tout visuel. La magie n'a rien de percutant et marquant pour le lecteur. Vous voulez lire des titres avec des systèmes de magie à vous chambouler la tête et de l'action quasi cinématographique, allez lire Brandon Sanderson et son Fils des Brumes ! Enfin, on nous promet des complots de cour à la G.R.R Martin mais c'est du pipi de chat en comparaison, ici. Tout est évident et il n'y a aucune surprise ni renversement dramatique avec nos personnages chéris mis à mal. Les quelques bouleversements qu'ils subissent sont un vrai pis aller en comparaison aux Noces Pourpres du maitre, allez plutôt lire l'original ! Bref un titre vraiment trop survendu !

Alors là, je viens de déverser toute ma frustration de lectrice déçue et on pourrait croire que je n'ai rien aimé dans le titre mais ce n'est pas le cas. C'est juste que je m'attendais à tellement plus vu le matraquage marketing que le banal titre de Fantasy pour grands ados que j'ai lu fut une grande déception.

Cependant, je reconnais que la plume de l'autrice fait que le titre se lit bien. Les chapitres, assez courts, s'enchainent rapidement. le changement régulier de point de vue fait qu'on ne se lasse pas malgré la longueur du titre. On a envie de découvrir quel nouveau coup du sort va leur tomber dessus et comment ils vont s'en sortir. On voyage beaucoup dans les terres et les mers de cet univers. Et même si on reste beaucoup trop en surface pour moi, il y a de vraies bonnes idées dans la mythologie du titre, avec la création du Reinaume d'Inys, ainsi que la manipulation faite de l'Histoire par les différentes puissances qui peuplent ces terres. J'ai aimé les quelques moments où on a entraperçu les dragons et où ils ont agit. La relation entre Tané et sa dragonne était touchante. L'autrice met en avant des valeurs qui me sont chères telle que l'amitié et l'amour au-delà des castes et des différences. Cette lecture ne fut donc pas un total calvaire loin de là, juste pas le chef d'oeuvre annoncé.

Pour conclure, si de Saxus n'avait pas fait un tel matraquage en disant partout que le prieuré de l'oranger était un nouveau "monument de la fantasy et de la littérature" (cf la 4e de couverture...), j'aurais peut-être plus apprécié ma lecture. Là, je m'attendais à recevoir une claque et le lire juste après l'excellent Roue du Temps de Robert Jordan, titre vraiment à destination des adultes, fait paraitre celui-ci bien fade et révèle tous ces défauts dont j'ai parlés en long en large et en travers plus haut. le prieuré de l'oranger est une lecture jeunesse honnête mais ça s'arrête là. Il ne tient absolument pas la comparaison avec les auteurs et les titres à côté desquels son éditeur veut le placer...
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Un gros pavé de fantasy qui me passe sous les yeux depuis un bon bout de temps - avec en prime des critiques plutôt élogieuses.

Même si la lecture a été agréable grâce à l'écriture de l'auteure et a des chapitres courts, je n'ai pas été emportée par la magie.

La quatrième de couverture donnait pourtant a rêver : magie, dragons, complots... Alors oui tout cela est bien présent mais de façon assez légère a mon sens.

Je n'ai pas particulièrement apprécié les personnages, que j'ai trouvé eux aussi basiques et un peu surfait.

Ce qui m'a profondément dérangé, c'est que j'ai eu l'impression que l'auteure avait pris un chapeau de magicien. Qu'elle y avait placé un peu des grands auteurs de la fantasy, et mélangé le tout pour nous sortir une histoire nettement moins bonne que celles des auteurs.
C'est toujours dérangeant quand dans certains passages on pense à Eragon, ou aux romans de Robin Hobb ( pour ne citer qu'eux)

Si le scénario semblait intéressant a la base, il n'est pas aboutit pour moi.

Je ne suis pas convaincue que ce roman doit être estampillé adulte, je le vois plus comme un young adulte.
J'aurais peut-être pu apprécier ce roman si je n'avais pas lu les classiques du genre.

Bref, je n'ai pas été conquise par ce roman, mais je n'ai pas été non plus complètement déçue car certains passages étaient tout de même intéressants.
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Un pavé de presque 1000 pages.
Une couverture magnifique, des couleurs chatoyantes, un relief magique...
L'histoire semble originale, tout en respectant les classiques et les attendus des histoires fantastiques : des royaumes différents, des passés et présents mouvementés, des créatures fantastiques, un dose de magie.
Ici, la part est faite belle aux femmes. Les héros ne sont que féminines. Les hommes ont un rôle essentiellement secondaire.
Ici, l'ouverture d'esprit est de mise quant aux relations personnelles entre les personnages. L'homosexualité semble normalité.
Le rythme est long à démarrer dans cette histoire. Et une fois le rythme lancé, j'ai éprouvé une sensation de va-trop-vite !, de bâclage...
La guerre finale contre le sans-nom se lit en quelques pages !
Alors, mon avis personnel sur ce roman est vraiment mitigé.
L'auteur a du talent, certes. On ne peut écrire un livre de 1000 pages sans avoir un certain talent d'écrivain, ni sans un certaine dose d'imagination. Cependant, je reste sur une sensation d'insatisfaction.
Comme si l'auteur avait à tout prix voulu écrire un livre à succs avec des clés incontournables :
- Créer un roman fantastique imposant.
- Des créatures, des territoires, des peuples avec leur propre nom. Bref, un univers créé de toute part.
- Etre quand même différent et donc créer des héroïnes, et non pas des héros.
- Etre innovatrice quant aux relations entre héros.
- Et ensuite broder autour de ses axes prédéfinis. Pour en faire surtout un succès commercial, voir imaginer une adaptation visuelle.
Pour conclure, j'ai vraiment eu l'impression que l'auteur n'avait pas pris plaisir à créer cette histoire. On ne devient pas Tolkien ou Hobb en suivant un plan commercial !!! On est, ou on n'est pas... Ici, je n'ai pas été transporté, je n'ai pas rêvé, je n'y ai pas cru... J'ai juste lu une histoire...
En tant que lectrice, il m'a manqué cette poussière magique qui aurait pu m'emporter dans un autre monde.
Quel dommage !
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Édité par une petite maison d'édition, « Le prieuré de l'oranger » est un impressionnant pavé de près de 1000 pages, écrit par une autrice encore jamais traduite en France : autant dire que les meilleures conditions pour en faire un succès étaient loin d'être réunies. Et pourtant, le roman a fait l'objet d'un sacré bouche-à-oreille qui lui aura permis de se tailler une excellente réputation chez les libraires aussi bien que les blogueurs (merci d'ailleurs à L'ours inculte pour la découverte !). Un succès mérité, tant l'ouvrage séduit à la fois sur le fonds et la forme. Notons d'abord que les éditions de Saxus ont fait l'effort du publier l'épais roman en un seul volume, quand d'autres maisons d'édition (qui a dit Pygmalion ?) se seraient fait un malin plaisir de le découper en deux, voir en trois. L'objet livre lui-même est de très bonne qualité, avec notamment une magnifique couverture et deux belles cartes détaillées présentent au début de l'ouvrage. le charme du roman ne repose évidemment pas que sur ces aspects esthétiques qui permettent avant tout de souligner la qualité du contenu. Posons un peu le décor. Nous sommes dans un univers de fantasy d'inspiration tour à tour médiévale ou moderne, dans lequel les relations entre l'Ouest et l'Est sont quasi inexistantes. Séparées par l'Abysse, une vaste étendue d'eau difficile à traverser, les deux régions possèdent chacune leur raison de haïr ou de craindre leur lointain voisin : les Occidentaux parce qu'ils considèrent les Orientaux comme des hérétiques adorateurs de dragons ; les Orientaux parce qu'ils craignent le retour d'une maladie venue de l'Ouest, la peste draconique, et qu'ils interdisent par conséquent à tout étranger de débarquer sur leur territoire. Mais… Mais une sombre menace grandit dans les entrailles de la terre où le Sans-Nom, gigantesque dragon de feu précédemment vaincu par l'humanité, sort peu à peu de son sommeil. Ses lieutenants eux, se sont déjà éveillés et sèment la terreur partout où ils passent en annonçant le retour de leur maître. D'une manière ou d'une autre, il va falloir que les deux continents fassent front ensemble pour ne pas être détruits.

Le roman n'a, au premier abord, pas grand-chose d'original, à commencer par son pitch qui repose sur un aspect mille fois utilisé en fantasy : le retour d'une entité maléfique et la nécessité pour l'humanité de s'unir contre la menace. Or, s'il s'agit bien du fil rouge qui traverse tout le récit, celui-ci ne se résume pas à une opposition manichéenne entre le camp du bien et celui du mal. le roman est en effet truffé d'une multitude de sous intrigues qui permettent d'aborder quantité de thèmes et d'enrichir considérablement l'univers, dans la mesure où elles permettent de mettre en lumière les différences entre les royaumes ou entre les deux continents. La question religieuse est, par exemple, omniprésente à l'Ouest où la Vertu (dogme rendant hommage au vainqueur du Sans Nom et caractérisée par une grande rigidité) s'oppose aux adorateurs des wryms, les dragons de feu serviteur du Sans Nom. A l'Est, la question religieuse est évacuée au profit de celle du repli et des spécificités de la culture seeki, à commencer par leur relation avec les dragons (qui n'ont rien à voir avec les wryms puisque leur principal élément est l'eau et non le feu). le bestiaire assez d'ailleurs assez classique lui même, les créatures rencontrées étant soit des dragons (dont certains ont pour particularité de pouvoir voler… sans ailes!), soit des bêtes issues d'un croisement avec des dragons (vouivre, cocatrix…). Autre stéréotype de la fantasy ici réutilisé par l'autrice : la prophétie. Samantha Shannon parvient heureusement à ne pas tomber dans les écueils habituels et s'amuse à multiplier les supports et les énigmes (textes à déchiffrer, problèmes à résoudre…) pour entretenir le suspens et ne pas faire reposer son récit sur cette seule prophétie. le cadre dans lequel se déroule l'intrigue pourrait, lui aussi, paraître trop traditionnel car il emprunte beaucoup à la période médiévale (on combat principalement à l'arc et à l'épée, la noblesse vit dans des châteaux…). le royaume d'Inys, qui est le principal territoire mis en scène à l'Ouest, est pour sa part fortement inspiré de l'Angleterre (la reine, Sabran est clairement une sorte d'Elizabeth Iere), et notamment de deux légendes issues du folklore britannique : celle du roi Arthur et celle de Saint Georges et le dragon. Seulement, si l'autrice reprend là encore des éléments assez classiques, elle n'hésite pas aussi à s'écarter des sentiers battus puisque la civilisation de l'Est emprunte, elle, davantage à la culture et aux mythes japonais, plus rarement mis en scène en fantasy. La Seeki partage notamment avec le Japon son caractère insulaire ainsi que quantité d'aspects concernant le mode de vie ou les traditions (importance des rituels, poids de l'honneur…).

Il est toutefois un aspect sur lequel le roman tranche nettement avec la plupart des ouvrages de fantasy : la volonté de l'autrice d'écrire un récit féministe. Pas question ici de grands discours sur le sujet pour convaincre le lectorat, mais une mise en application directe (une initiative qui tend à se multiplier puisqu'on retrouve le même procédé dans « Le chant des cavalières » de Jeanne Mariem Corrèze, récemment paru chez Les Moutons Électriques). Dans « Le prieuré de l'oranger », ce sont donc les femmes qui occupent les premiers rôles (vous allez me dire « on commence à en avoir l'habitude », pourtant, s'il est en effet de plus en plus fréquent de voir des héroïnes, il est plus rare de voir celles-ci entourées d'autres femmes, et non pas d'hommes). le royaume d'Inys est ainsi un « reinaume », la tradition voulant que la reine n'enfante que d'une fille qui occupera le trône à sa suite (à noter que, dans le reste du royaume, la succession est assurée par l'aîné des enfants, qu'il soit fille ou garçon). Une grande partie des chapitres consacrés à l'Ouest se déroulent à la cour où l'on suit Ead, une jeune femme appartenant à un ordre secret, envoyée pour espionner et protéger la reine (la croyance veut alors que la seule chose qui empêche le retour du Sans Nom soit l'existence d'une descendante de la famille Berethnet, or la reine n'a pas encore d'héritière et est donc, pour le moment, la dernière de sa lignée). On suit donc les intrigues de la cour, et notamment tout ce qui touche au quotidien de la reine et de ses plus proches compagnes. Cette attention particulière portée à la reine et son entourage féminin fait beaucoup penser à un autre roman de fantasy, « Récits du Demi-Loup » de Chloé Chevalier, qui avait recours au même procédé (le quatrième et dernier tome de la série devrait d'ailleurs paraître dans le courant de l'année). du côté de l'Est, nous ne sommes pas dans une société matriarcale mais le principal personnage que l'on suit est une femme, Tané. Après avoir subie une formation intensive, la jeune fille s'apprête à savoir si elle va pouvoir intégrer la prestigieuse garde de haute mer, dont quelques membres seulement auront l'occasion de devenir dragonnier, son plus grand rêve. Cette fois encore l'entourage de la jeune femme est principalement composé de femmes, l'armée seeki ne faisant manifestement pas de discrimination en fonction du sexe (ce qui n'est pas le cas de la condition sociale qu'on lui reprochera bien plus que son genre). Pour ce qui est du sud, le Prieuré de l'Oranger, l'ordre auquel appartient Ead, est une sororité et n'accueille par conséquent que des femmes qui sont formées à la magie et au combat. On y vénère la Mère et on y propose une version de la légende relatant la défaite du Sans Nom très différente de la version officielle (dans la version retenue par la Vertu, la princesse Cléonide aurait été sauvée par un preux chevalier, alors que c'est en réalité la jeune femme qui aurait pourfendue le dragon). A noter qu'en dépit de cette volonté de gommer les différences hommes/femmes et de les mettre sur un pied d'égalité, le roman aborde tout de même certaines problématiques propres au genre féminin, à commencer par la maternité.

Reste à aborder la question des personnages que l'auteur dépeint avec beaucoup de nuances et qui connaissent, pour certains, une remarquable évolution entre le début et la fin du récit. C'est le cas surtout de deux d'entre eux, à commencer par la reine d'Inys, Sabran, qui, dans un premier temps, ne suscite que de l'agacement. Arrogante, hautaine, rigide, butée, susceptible sur tout ce qui touche au culte de la Vertu… : voilà typiquement le genre de personnage qu'il est difficile de ne pas prendre en grippe. Et puis, au fur et à mesure de son rapprochement avec Ead, on commencer à entrevoir la femme sous la reine et à identifier, sous le vernis rigide, un être extrêmement vulnérable et déjà bien cabossé par la vie, en dépit de son jeune âge. le second personnage parmi les plus ambivalents du roman est sans aucun doute Niclays Roos, alchimiste à la recherche du secret de l'élixir de vie et banni du royaume d'Inys par la reine Sabran. Envoyé croupir sur une île minuscule à l'Est, rongé par l'amertume, la colère et le chagrin, le docteur est un personnage détestable, coupable de plusieurs actes moralement indéfendables, et pourtant, là encore, l'autrice parvient à lui donner suffisamment d'épaisseur pour que le lecteur dépasse sa première impression. Les autres personnages, quoique moins torturés, sont tout aussi réussis, à commencer par les deux héroïnes. On suit avec intérêt les progrès d'Ead à la cour où elle doit en permanence jouer un double jeu et cacher sa véritable identité et ses capacités. le parcours de Tané est lui aussi captivant dans la mesure où il repose sur une succession d'épreuves au terme desquelles on ignore si la jeune femme parviendra ou non à accomplir son rêve et se lier avec un dragon. La première partie respecte un équilibre parfait entre l'Ouest et l'Est, si bien qu'on voit les deux femmes évoluer en parallèle. La seconde partie du roman accorde en revanche beaucoup plus d'importance à l'Ouest, laissant ainsi Tané en retrait et c'est l'un des bémols que j'apporterais au roman. le dernier tiers est, d'ailleurs, dans l'ensemble, un peu moins captivant car les relations entre les personnages sont désormais posées et n'évoluent plus vraiment. Les différents fils de l'intrigue, eux, se regroupent, si bien que le roman se fait moins surprenant à mesure que la grande bataille finale approche. Si la première moitié est indéniablement plus captivante, la seconde réserve malgré tout de beaux moments qui plairont aux amateurs de fantasy, qu'il s'agisse de la découverte de la flotte des pirates, des scènes de batailles navales, ou de la confrontation avec la sorcière de la forêt.

Premier roman de Samantha Shannon traduit en français, « Le prieuré de l'oranger » est un ouvrage imposant et dense qui mérite d'être connu. Si l'autrice réutilise un certain nombre d'archétypes de la fantasy, elle sait également s'en détacher, notamment en ce qui concerne le traitement des personnages féminins qui sont nombreuses à occuper le devant de la scène. Une très belle épopée.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Plus d'un kilo de pages dévorées avec ce beau pavé !

Pour une première lecture d'une oeuvre fantastique, ce fut une belle découverte.
Attirée dans un premier temps par sa très belle couverture, j'ai décidé de me lancer dans ce genre totalement inconnu après avoir découvert qu'il s'agissait d'un one shot.

Comme par magie, dès les premières pages j'ai été transportée dans cet univers draconique peuplé de différents reinaumes et royaumes aux croyances et coutumes différentes.

On y découvre des personnages forts et courageux qui feront tout pour honorer la quête épique qui leur a été confiée à leur naissance.

Malgré quelques passages un peu longs, j'ai aimé la dynamique que l'auteur a su insuffler au récit ainsi que son travail d'écriture rendant l'histoire très vivante. J'ai vraiment eu l'impression d'accompagner les personnages tout au long de leurs aventures.

Dans cet ouvrage, Samantha Shannon a su mettre à l'honneur les femmes quelque soit leurs différences...

Merci @Phoenicia pour cette lecture commune. Sans toi ce livre serait resté dans ma pal pour un long moment.

Pioche dans ma pal juillet 2021
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critiques presse (3)
MadmoizellePresse
05 février 2021
La force d’un bon roman de fantasy repose principalement sur la capacité de son auteur ou autrice à créer un univers. Vu le nombre de pages du livre, vous vous en doutez, Samantha Shannon a pris le temps de peaufiner les détails, mythes et légendes de ce joli petit monde !
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
eMaginarock
17 février 2020
Si nombre de lecteurs comparent ce roman à l’œuvre de Georges R. R. Martin ou de Robin Hobb, Samantha Shannon tire son épingle du jeu en utilisant les traditions de nombreux peuples pour son univers. Ainsi, elle recourt aux dragons de feu et aux dragons de mer, en en faisant des ennemis que les humains trop sophistiqués ne distinguent pas et dont ils souhaitent la disparition, se privant ainsi d’alliés fort utiles.
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Elbakin.net
18 décembre 2019
Véritable pavé pensé pour finir sous le sapin, Le Prieuré de l’oranger ne démérite pas, bien au contraire. Si l’on n’ira pas aussi loin que l’éditeur, dans son rôle, évoquant un “tour de force magistral”, c’est sans conteste une lecture de qualité, qui, sans tutoyer les sommets les plus solitaires, ne déçoit jamais et se révèle pleinement satisfaisante, pour ne pas dire réjouissante par instants, tout en assumant avec fougue ses racines épiques.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
《Enfanter n'est pas toujours facile. J'ai l'impression que c'est le secret le mieux gardé au monde. On en parle comme s'il n'existait rien de plus merveilleux, mais la vérité est autrement plus complexe. Nul n'évoque ouvertement les difficultés. Les désagréments. L'incertitude. Si bien qu'aujourd'hui vous éprouvez le poids de votre condition, et vous vous pensez seule à en souffrir. Et vous vous le reprochez. 》
P.400
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Et il s'en rendit compte.

Il voulait sentir le soleil sur son visage. Il voulait lire des livres et se promener dans les rues pavées de Brygstad. Il voulait écouter de la musique, visiter des musées, des galeries d'art et des théâtres, s'émerveiller devant la beauté de la création humaine. Il voulait voyager vers le Sud et le Nord et profiter de tout ce qu'ils avaient à offrir. Il avait encore envie de rire.

Il voulait vivre.
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Elle se sentait vivante, vraiment vivante, comme si elle n'avait jamais respiré avant ce jour. Là, elle n'était plus dame Tané du clan Miduchi, ni personne d'autre. Elle n'était qu'un figure anonyme au milieu du crépuscule. Un souffle de vent sur l'onde.
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Ils nous élèvent pour que nous soyons doux comme la soie et nous distraient avec du luxe et des richesses sans bornes, pour qu'il ne nous vienne pas à l'idée de secouer la barque sur laquelle nous nous trouvons ... Ils s'attendent à ce que nous soyons tellement las de notre propre pouvoir que nous préférions les laisser diriger à notre place ... Derrière chaque trône, il y a un serviteur masqué qui n'espère qu'une chose : faire de celui qui est assis dessus sa marionnette.
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- Je ne veux pas te réprimander. J’avais énormément d’affection pour Jannart, mais je n’avais aucun droit sur son cœur. Comme tu le sais, nos familles avaient arrangé notre mariage. » […]
- Mais Jannart a juré dans un sanctuaire, devant témoins, de n’accorder ses faveurs à personnes d’autres qu’à toi, et tu as toujours été une femme pieuse, Ally.
- Je l’étais, et je le suis encore. C’est la raison pour laquelle, même si Jannart avait brisé son serment, j’ai refusé d’en faire autant. J’avais juré, avant toute chose, de l’aimer et de la défendre. » Elle posa une main délicate sur celle de Niclays. « Il avait besoin de ton amour, et la meilleure façon pour moi d’honorer la promesse que je lui avais faite était de le laisser en profiter en paix, et t’aimer en retour. »
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Vidéo de Samantha Shannon
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