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EAN : 9782896943968
Alto (25/09/2018)
4.01/5   85 notes
Résumé :
Les traces de pas dans la neige finissent toujours par disparaître, comme des souvenirs qu’on est forcé d’oublier, soufflés par le vent ou effacés par le soleil. Celles de Suzor, parti un soir de décembre 1976, n’existent plus depuis longtemps. Pourtant, Jeanne les voit encore chaque jour par la fenêtre du salon.

Pendant quarante ans, elle s’est promis de ne jamais le chercher, mais lorsqu’elle apprend qu’il est atteint d’alzheimer, sa promesse ne tie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Le jour où Suzor la quitte, Jeanne décide d'écrire dans un petit carnet son amour, les petits riens de leur vie ensemble, les cauchemars qui reviennent la hanter chaque nuit. Ces écrivements deviennent son exutoire pour pouvoir l'oublier, tout oublier.

Quarante ans ont passé, la neige recouvre tout mais les souvenirs de la vie avec Suzor ne se sont jamais évanouis. Agée de quatre-vingts ans, Jeanne veut revoir Suzor une dernière fois, avant qu'il ne soit trop tard…

Les écrivements nous racontent la passion qui unit Jeanne et Suzor, les traces que nous choisissons de conserver, la mémoire qui refuse d'oublier certains moments de notre vie alors que bientôt plus rien ne subsistera. Un roman d'amour et de mort porté par l'écriture de Matthieu Simard, une belle lecture.

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Et voilà, déjà la dernière contribution au défi littéraire 2020 lancé par Madame lit. Ce fut un plaisir de découvrir des titres et des catégories de livres que je n'aurais pas eu l'occasion de lire sans cet aiguillon canadien. Tous mes remerciements lui sont offerts pour cette belle initiative. 12 mois, 12 lectures, 12 chroniques, que du plaisir!

Pour finir, ce mois de décembre, il me fallait rencontrer un auteur ou une autrice primé(e) par le jury du Prix littéraire France-Québec. Après avoir hésité entre « Chercher le vent », titre superbe de Guillaume Vigneault, fils de Gilles dont j'ai tant suivi la carrière de chantre de son pays et « Les écrivements » de Matthieu Simard dont le titre m'a tellement plus dans la bouche d'une enfant qui ne sait pas encore lire mais qui a compris que sont consignées dans le carnet marron les plus belles histoires de Jeanne. J'ai finalement opté pour ce récit de vie que l'enfant appellera Les écrivements! Et je ne l'ai jamais regretté.

Fourmi est devenue une adolescente. Comme bien d'autre, elle a quelques peines à garder le lien avec ses parents. C'est donc naturellement qu'elle va se réfugier auprès de Jeanne, vieille maintenant de 81 ans qui a été toujours présente, en tant que voisine, lorsque Fourmi n'était qu'une enfant, curieuse, aimant déjà la compagnie de Jeanne et tissant avec elle une de ces complicités de vie inaltérables.

De son côté, bien avant de connaître sa petite voisine Fourmi, Jeanne a eu un amour, Suzor, un amour fou, passionné, délirant, pourvoyeur de tant et tant de souvenirs. Mais un jour, Suzor est parti. Sans se retourner, sans s'expliquer. Pour lui, la fuite est un moyen d'expression. Pour Jeanne, c'est un écroulement, depuis quarante ans. Elle va tout faire pour l'oublier, pour le sortir de sa vie. Jour après jour, elle va consigner dans son petit carnet marron, les souvenirs qu'elle veut se sortir de la tête et, plus encore du coeur. Ce sont les écrivements, dira Fourmi.

Entre ces deux générations qu'une génération sépare, le petit carnet marron va devenir l'écharpe de communication qui relie leurs coeurs. Fourmi alors ne sait pas lire, Jeanne lui laisse donc ouvrir le carnet et, ensemble, elles inventent des histoires. C'est touchant, tendre, chaleureux.

Mais le coeur du roman est la mémoire. Celle que Jeanne veut vider, celle de Suzor dont elle apprend, l'âge avançant toujours trop vite, qu'il est rattrapé par Alzheimer. Et si la mémoire de Suzor était à raviver, celle de Jeanne, consignée dans ses écrivements pouvant en être l'outil ? Jeanne dont la vie est quasi derrière va partir avec la Fourmi qui n'est qu'à l'aube de la sienne. Un road trip passionnant dont le seul but est de retrouver Suzor, retrouver l'amour et se réchauffer aux feux intérieurs qui couvent encore.

C'est une très belle histoire, même si elle est triste, même si la neige, celle du Canada et celle de l'Oural y est omniprésente. Il fait froid dans ce récit. le blanc neigeux participe à l'effacement des traces. Il estompe tout, ôte les repères. Pour Jeanne, les yeux du coeur retrouveront-ils la trace de Suzor ?

Je découvre cet auteur dont je n'avais jamais entendu parler. Quel bonheur ! Il maîtrise une écriture poétique, chantante, chaleureuse même quand l'histoire nous glace le sang. Pour le belge, francophone que je suis, les expressions que je suppose typiquement québécoises ne m'ont absolument pas freiné dans mon plaisir de lire. Sans en comprendre toute la pertinence et donc la richesse, j'en ai saisi le sens dans l'ensemble du texte. Là aussi, c'était pour moi un vrai plaisir que de goûter à ce parler canadien qui fait chanter mon coeur et mon esprit.

Une superbe découverte. Merci, Madame lit !
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Bien que La tendresse attendra reste mon préféré de l'auteur, celui-ci ne m'a pas déçue. Sous un Montréal enneigé, un soir de nouvel an, le personnage principal apprend que son Amour de toujours est atteint d'Alzheimer. Bien qu'elle s'était jurée de ne plus jamais le voir, et ce, depuis plus de 30 ans, le coup est dur à encaisser. Elle décide de partir à sa recherche afin qu'il n'oublie pas leur histoire... Cette quête est également le moment pour le lecteur de revivre ce qui a mené à la déchirure de leur couple. C'est tellement bien écrit. Un livre très touchant. Et que dire des personnages qui m'ont beaucoup émus.. J'ai beaucoup aimé le personnage de Fourmi, cette jeune ado qui se tourmente sur des questions de grands. Une très bonne lecture.
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Ce roman commence en hiver et s'achève au printemps 2017.

L'hiver, c'est sans doute la saison de la vie où est arrivée Jeanne, aux quatre-vingts ans bien sonnés. C'est aussi la couleur de l'oubli dont elle a volontairement recouvert sa vie passionnée avec Suzor, parti sans revenir un soir d'hiver, il y a quarante ans. C'est la maladie d'Alzheimer qui recouvre d'un voile d'oubli la mémoire de Suzor.

Le printemps, c'est la jeunesse follement amoureuse de Jeanne et Suzor, ce sont tous les souvenirs de leur vie à deux. C'est aussi la jeune Fourmi, l'ancienne voisine de Jeanne, maintenant âgée de quinze ans, qui vient retrouver celle qu'elle appelle Mamie et qui va partir avec elle à la recherche de Suzor.

Pour cela, Jeanne est « obligée » de se souvenir. Da sa propre enfance, fragile. de la flamme que Suzor a allumée dans sa vie et qui a comblé tous les manques, jusqu'à celui des enfants qu'elle n'aurait jamais avec lui. de l'angoisse qui a envahi Suzor et a précipité son départ définitif en 1976. de ce séjour professionnel dans la Russie de la guerre froide dont ils ne sont pas revenus indemnes. Là aussi, un hiver marquant, mordant, physiquement et psychologiquement.

Jeanne a consigné tous ses souvenirs dans un gros carnet, dans ce que Fourmi appelait ses « écrivements », que la petite fille qui ne savait pas lire transformait en contes de fées et d'amour. Ils lui servent de petits cailloux sur le chemin pour retrouver Suzor, et surtout pour comprendre, décider quelles traces laisser, abandonner ou garder pour entamer, envers et contre tout, un nouveau chapitre, un nouveau printemps.

Les écrivements, c'est un roman sur l'amour, la mémoire, l'oubli, la tendresse et ce qui reste quand on a tout oublié. Les souvenirs, la vie commune de Jeanne et Suzor leur appartiennent, c'est leur vie et elle a du prix, même si elle peut paraître éloignée du lecteur, le risque de l'oubli fait frémir mais Matthieu Simard emmène ses personnages sur un chemin tout en douceur et en douleur contenues, d'une écriture légère et consolante.

Une belle lecture, qui me donne envie de découvrir encore plus l'univers de Matthieu Simard.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Entrer dans Les écrivements, c'est aller à la rencontre de Jeanne, une dame de 81 ans, qui rédige dans un cahier depuis plusieurs années son vécu. La Fourmi, alors qu'elle était enfant, a baptisé les écrits de Jeanne : Les écrivements. Jeanne est amenée à revisiter son passé en compagnie de la Fourmi devenue une adolescente, à dévoiler son histoire d'amour avec Suzor, à aborder les événements qui ont conduit à leur rupture, à partir à la recherche de cet amoureux inoubliable malgré les quarante ans qui les séparent. Jeanne réussira-t-elle à retrouver Suzor? Suzor saura-t-il la reconnaître alors qu'il souffre d'Alzheimer?

Vous l'aurez sans aucun doute remarqué, la mémoire est au coeur de ce récit. Il y a des souvenirs que l'on ne peut effacer, il y a des fantômes qui ne cessent de hanter les vivants, il y a des sentiments qui déchirent les entrailles après de longues années. La douleur s'est estompée, mais les souvenirs de l'autre ont grossi en soi comme une tumeur. Avant la mort qui inévitablement va poindre son nez, quels choix un être peut-il faire pour aller à la rencontre de son histoire d'amour la plus précieuse? Comme le mentionne Jeanne, la narratrice :

Puis il y a la mémoire, cruelle. Des odeurs, des images parfois s'impriment pour toujours, d'autres fois s'évanouissent. Les petites douleurs qu'on voudrait garder au chaud près de soi s'envolent, celles qu'on voudrait abandonner nous écrasent. Les bonheurs s'éparpillent parmi les banalités ou prennent toute la place. Nous ne choisissons pas les souvenirs qui nous empêchent de dormir ni ceux qui nous pousseront à nous lever. Et même lorsque nous réussissons à frotter si fort et si longtemps qu'ils semblent oblitérés, des années plus tard ils nous sautent au visage comme un clown de film d'horreur (p. 11)

Grâce à la mémoire de Jeanne, le lecteur découvre le drame qui a marqué le couple et qui l'a traumatisé à tout jamais suite à des événements s'étant déroulés dans les montagnes de l'Oural en URSS. Ainsi, Matthieu Simard revisite l'Affaire du col Dyatlov et le mystère entourant la mort de neuf randonneurs par le biais de son récit. Jeanne confiera ses souvenirs pour raconter ce qui a mené au départ de Suzor après leur voyage en URSS.

Mais encore, il y a beaucoup de neige dans ce récit. La neige québécoise, la neige des montagnes de l'Oural. C'est blanc, c'est pur, c'est froid, c'est morbide, c'est l'effacement, c'est l'hiver.

Je les trouve aussi beaux que nous l'étions sur ce trottoir, quand l'hiver pour une première fois nous enveloppait et que nous ne savions pas encore qu'il ne nous libérerait plus. (p. 222)

Le printemps pointera-t-il son nez après ces longs hivers? le soleil fera-t-il fondre les coeurs?

J'ai beaucoup aimé cette histoire d'amour, de mort, de neige, de traumatismes. J'ai retrouvé de très belles phrases à l'intérieur de ce bouquin. Mon coeur craque et mon âme divague sur les sentiers poétiques du texte. J'avais lu l'année dernière Ici, ailleurs de Matthieu Simard et je dois avouer que j'aime sa façon de nous raconter une histoire même si cette dernière semble improbable. C'est une escapade au milieu de couples déchirés par les événements de la vie. Et parfois, le printemps tarde à venir…

Je tiens à remercier la maison d'édition Alto puisqu'elle a eu la gentillesse de me faire parvenir Les écrivements en service de presse dans le cadre de la rentrée littéraire québécoise 2018.

https://madamelit.ca/2018/10/16/madame-lit-les-ecrivements-de-mathieu-simard/
Lien : https://madamelit.ca/2018/10..
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critiques presse (2)
LaPresse
17 octobre 2018
Ce petit roman tendre n'est pas le meilleur de Matthieu Simard; il manque d'originalité, et on se croirait parfois dans un gentil film un peu convenu vu à Sundance.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
01 octobre 2018
Avec Les écrivements, son septième roman, où une femme de 81 ans pourchasse d’anciens souvenirs, Matthieu Simard nous décline encore une fois une histoire à la première personne du singulier emplie de tendresse moelleuse, moins d’un an après Ici ailleurs (Alto).
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Mais la mémoire est un animal qu'on ne contrôle pas.
Il y a pourtant tellement de choses qu'on peut décider. Nos gestes et nos paroles, les chemins qu'on emprunte et ceux qu'on abandonne, la marque de confiture qu'on met sur nos rôties, le propriétaire de la peau sur laquelle on dépose nos lèvres, ce qu'on écrit dans un carnet le soir pour survivre jusqu'au matin. Puis il y a la mémoire, cruelle. Des odeurs, des images parfois s'impriment pour toujours, d'autres fois s'évanouissent. Les petites douleurs qu'on voudrait garder au chaud près de soi s'envolent, celles qu'on voudrait abandonner nous écrasent. Les bonheurs s'éparpillent parmi les banalités ou prennent toute la place. Nous ne choisissons pas les souvenirs qui nous empêcheront de dormir ni ceux qui pousseront à nous lever. Et même lorsque nous réussissons à frotter si fort et si longtemps qu'ils semblent oblitérés, des années plus tard ils nous sautent au visage comme un clown de film d'horreur.
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J'ai gardé le trou dans la cuisine comme dernier recours. Quand j'écrivais un souvenir dans le carnet et qu'il ne disparaissait pas parce qu'il était trop beau, je regardais le trou pour me rappeler que tout n'était pas toujours parfait entre nous deux, même dans notre maison où tout était parfait. Avec le temps on a tendance à ne retenir que les bons moments, je voulais pouvoir me rappeler ce mauvais moment chaque fois que j'ouvrais le réfrigérateur pour vérifier qu'il y avait du jambon .
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Une quinzaine d’hivers ont passé, au cours desquelles nous réapprenions chaque jour à sourire. Nous étions incapables d’oublier mais nous réussissions, dans notre solitude à deux, à nous réchauffer la moelle. Pendant quinze ans nous sommes restés beaux malgré le passé qui nous avait défigurés. Suzor parlait souvent des montagne de l’Oural et je changeais souvent de sujet. La plupart du temps il s’en accommodait. Parfois il s’effondrait le temps d’une soirée, deux peut-être, prostré dans notre chambre, et je n’avais pas le droit d’y entrer. Ce soir-là je dormais dans le salon, devant le foyer. Quand il venait me rejoindre c’était comme s’il ne s’était rien passé. Il faisait une blague sur les voisins, je riais, nous faisions l’amour comme des adolescents maladroits.

Pendant toutes ces années, Suzor et moi avons été, je crois, la plus belle chose aux doigts entrelacés à déambuler sur les trottoirs montréalais. Une petite perfection bourrée de défauts et de fractures, de chicanes et de fissures. Chacun de notre côté nous étions laids et brisés mais ensemble nous étions notre propre trousse de premiers soins, capables de survivre à tous les hivers. Du moins, c’est ce que je pensais. (p. 30)
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J’ai longtemps cru, enfant, que l’odeur de nos hivers était un privilège, je sortais en décembre, en janvier, dans le froid dehors, chez moi, j’emplissais mes narines et je me disais que les Brésiliens, les Espagnols, les Algériens ne connaissaient pas cette odeur, et que j’étais chanceuse. C’était avant la Russie. Depuis, cette odeur me rend malade. C’est encore pire depuis ton départ, depuis que par mois treize degrés en décembre tu as ouvert la porte. Chaque fois que je sors dehors et que j’aspire j’aimerais être en Algérie. (p. 118 )
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Il y a un an et demi qu'il est malade. Il est peut-être déjà trop tard pour retrouver le Suzor que je cherche, mais je n'arrêterai pas mon chemin. Je n'arrêterai plus. Cette lettre, ces mots, le j minuscule et sans point qu'il trace quand il écrit mon prénom, tout ça explose en moi. Je ne veux pas être la seule condamnée au souvenir de nos bonheurs.
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